Cette constatation me plonge dans le passé. J'ai 20 ans et étudie le journalisme dans une école près de Bordeaux. Le directeur de l'époque, mon maître de mémoire arbore lui aussi des cernes. J'admire ce signe d'intense travail, de lecture et d'écriture de tous les instants. Mon visage, encore poupin, est à mille lieues de ces signes extérieurs d'intellectuel posé. Il est vrai que le directeur en question multiplie les casquettes. Responsable de l'école, il ne s'en occupe que trois jours par semaine, du lundi au mercredi. Le reste du temps il vit à Paris, écrit des scénarios, des romans, signe des enquêtes dans les magazines. Deux vies en une, en somme. Aucune occasion de s'ennuyer, ma hantise. D'autant qu'à Bordeaux la rumeur court qu'il entretient une relation avec une jeune et charmante étudiante de 20 ans sa cadette.
Ces cernes sous les yeux, signature de son statut d'homme hyperactif, ne sont plus un signe recherché de nos jours. La fraîcheur avant tout. Pour s'en persuader, regardez dans votre quotidien préféré les photos des départs à la retraite qui se multiplient dans les pages villages. Je suis frappé par l'apparente jeunesse de ces futurs inactifs. Une vie de labeur certes, mais sans les stigmates.
Je suis encore très loin de la retraite (dans une bonne dizaine d'années, voire plus), mais j'en porte déjà les marques. Et paradoxalement, je m'en réjouis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire