DE CHOSES ET D'AUTRES : L'attraction de la dépression
Les Anglais m'énervent. Trop brillants, trop originaux. Nous en France, quand on crée des parcs d'attraction, ils glorifient soit Disney, soit des pointures de la BD comme Astérix et prochainement Spirou près d'Avignon. Outre-Manche, vous pouvez visiter jusqu'à fin septembre Dismaland, parc d'attraction « lugubre et sinistre » tout droit sorti de l'imagination de Banksy, l'artiste de rue sans visage. Présenté comme ça, Dismaland ne semble pas particulièrement attractif (un comble pour un espace qui en porte le nom), pourtant je rêve de débourser les quatre euros demandés pour visiter la vingtaine d'animations. Loin du politiquement correct, Banksy dénonce avec violence les pires dérives de notre société. Aidé d'autres artistes aussi subversifs que lui, il propose par exemple une pêche aux canards dans une piscine remplie de pétrole avec en son centre un cormoran englué dans l'or noir. Sur le manège à cheval, un mannequin, en blouse de boucher, est assis sur une caisse de lasagnes. Les enfants peuvent faire du toboggan depuis le toit d'un fourgon de police et dans une petite rivière, des barques surchargées de mannequins-migrants tournent en rond sans jamais pouvoir rejoindre la terre ferme. C'est sale, glauque, monstrueux... et fascinant. Comme un amplificateur de notre monde en perdition. Le public répond présent, le parc ne désemplit pas. Le plus dingue en reste la localisation : une petite station balnéaire près de Bristol. Alors maintenant, quel homme politique de la région aura le courage de proposer la création d'un Port Banksy à demeure pour dynamiser le tourisme local ?
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