Humour non stop dans ce roman tropical déjanté de Jack Handey, célèbre gagman américain.
Hawaï, pour une majorité de Français ce sont des images de cartes postales. Des surfers bronzés, des vahinés peu vêtues voire des policiers télégéniques pour les adeptes des séries américaines du samedi soir sur M6. Il existe un autre Hawaï, celui décrit dans le roman de Jack Handey, auteur américain devenu célèbre après avoir multiplié les brèves anecdotes absurdes dans le revue d'humour « National Lampoon » puis en prêtant sa plume à l'émission satirique « Saturday Night Show », véritable institution télévisée outre-Atlantique. Ce roi du bref, de la réplique cinglante, de la situation absurde s'essaye pour la première fois au roman. Une histoire découpée en courts chapitres (plus de 80) eux-mêmes truffés de dizaines de situations cocasses et invraisemblables. Au total 200 pages et pas moins de 1000 images ou scènes incongrues. On en a pour son argent.
A la base, le narrateur, à priori Jack Handey himself, raconte comment il fait l'acquisition d'une mystérieuse carte indiquant la cachette d'un singe d'or caché dans la jungle près d'Honolulu. Comme il est passablement fauché il saute sur l'occasion. Il est vrai qu'il est au bout du bout au niveau social : « Je songeai un instant à aller réclamer une aide sociale, mais j'étais trop fier pour cela. Je décidai de mendier. Mais il faut se lever de bonne heure pour pouvoir concurrencer les lépreux, les amputés, sans parler des orphelins affamés. » Arrivé à Hawaï, il dégote un boulot de « gardien de crabes sur la plage ». Très fatigant : « Chaque soir, je revenais en marchant de travers comme on dit dans le métier ».
Cannibales et hommes-tortues
Vient le grand départ pour la quête du singe d'or. Mais on ne s'improvise pas Indiana Jones quand on ne fait pas la différence entre une antiquité et un simple bibelot pour touristes comme cette danseuse de hula fabriquée en « puantoxite, la forme solide de la puanteur. L'essence pure et cristalline de la puanteur ». Une statuette qui a de plus le pouvoir de « déclencher des catastrophes en chaîne quand on la dépose sur (je ne me rappelle plus quoi). »
Voilà donc notre aventurier en train de remonter les méandres d'une rivière hawaïenne ressemblant plus à l'Amazone qu'à un paisible cours d'eau. Les dangers sont multiples, du diabolique docteur Ponzari, lui aussi à la recherche du singe en passant par les hommes-tortues ou la bizarre tribu des Patangis, aux dictons étonnants comme « Purée de pois au réveil, matelot au dîner. » Il est vrai que « comme beaucoup d'autres tribus, ils pratiquaient le cannibalisme, mais ils n'obligeaient personne à les imiter. » Le roman, bourré de running gags (avec la danseuse de hula ou le docteur Ponzari) est mené à un train d'enfer, multipliant les invraisemblances donnant tout son sel à ces histoires totalement tarabiscotées. Un régal pour les amateurs de non sens.
« Mésaventures à Honolulu », Seuil, 16 euros
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