Première enquête de l'inspectrice Alice Madison sous la plume de Valentina Giambanco, « 13 jours » est un thriller à mille lieues du manichéisme.
Si Valentina Giambanco, malgré son origine italienne plante le décor de son premier roman à Seattle dans le Nord-Ouest des États-Unis, elle est anglaise depuis près de 30 ans. Après avoir travaillé dans le cinéma, elle se lance dans l'écriture avec « 13 jours », thriller qui rencontre immédiatement, et à juste titre, un grand succès en Grande-Bretagne et dans une dizaine de pays. Tous les ingrédients sont réunis dans ces 500 pages, de l'héroïne au passé complexe aux « méchants » animés par des vengeances sans fin.
Après quelques scènes courtes pour planter le décor et présenter succinctement les différents protagonistes, le lecteur entre dans le cœur du sujet avec la découverte d'une famille assassinée chez elle, les Sinclair. C'est la femme de ménage qui prévient la police. « La chambre des parents, grande ouverte, lui révéla la scène : quatre corps alignés sur le lit -les deux garçons entre les deux adultes- figés dans une immobilité de pierre, les mains liées et les yeux dissimulés par un bandeau, appuyés contre les oreillers luisants de sang. » L'enquête est confiée à Brown, un vieux de la vieille et sa toute nouvelle équipière, Alice Madison qui vient de rejoindre la criminelle.
Deux suspects
Rapidement les analyses des scientifiques déterminent la méthode du tueur : une balle dans la tête pour l'épouse et les deux enfants, une mort plus lente pour le père, étouffé par une surdose de chloroforme. Surtout quelques brins d'ADN sont retrouvés dans les liens et une empreinte sur un verre. Une vieille connaissance de la police de Seattle refait son apparition : Cameron. Insaisissable depuis des années, il est suspecté de plusieurs meurtres. Sinclair est un ami d'enfance de Cameron. Adolescents, ils ont été brièvement kidnappés au bord d'un lac. A l'époque ils étaient trois. Cameron et Sinclair ont pu s'échapper. David, le troisième de la bande, n'a jamais été retrouvé. Les kidnappeurs non plus.
La jeune Alice, pour sa première grosse affaire, est scrutée par son coéquipier. Elle ne le sait pas, mais elle passe un test. Brown a toujours une longueur d'avance sur elle, expérience oblige. Mais à force de travail et de réflexion, elle va rapidement trouver ce qui cloche dans cette scène de crime. La piste Cameron est trop évidente. Et si tout n'était qu'une machination pour faire porter le chapeau à cet homme au passé trouble et aux mains tâchées de sang ? Et que veut dire l'inscription « 13 jours » tracée sur un mur de la chambre ?
Valentina Giambanco joue avec nos nerfs. Un autre suspect fait son apparition, Alice va le traquer. Cameron aussi. Il existe un contentieux entre les deux tueurs. Ils sont animés par un même but : solder les coups reçus dans leur enfance. Ce final à trois s'annonce sanglant. Pour preuve cet extrait, réflexion d'un des protagonistes : « Il finirait par le trouver. Il lui faudrait sans doute un peu de temps, mais quand il l'aurait en face de lui, il exigerait des réponses et lui accorderait en retour une fin rapide. Ce serait le seul geste de compassion qu'il aurait à son égard, et il savait déjà qu'il en tirerait une grande satisfaction. On ne peut pas ressusciter les morts, alors autant s'accorder quelques petits plaisirs. » Toute l'ambiance du roman est dans cette citation...
Michel LITOUT
« 13 jours » de Valentina Giambanco, Albin Michel, 22,50 €
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