jeudi 9 janvier 2014

Cinéma : Philomena, quintessence de l'amour maternel

50 ans après, Philomena, tente de retrouver la trace de son enfant, Anthony, adopté quand elle était adolescente. En compagnie d'un journaliste, cette quête se transforme en enquête.
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Parfait dosage entre intelligence, émotion et humour, le film de Stephen Frears ne peut laisser personne indifférent. Surtout pas les mères. Ni leurs enfants. C'est en cela que Philomena est universel et recommandable en tout point de vue comme parfait antidote à une époque égoïste et dénuée de toute compassion.
Le film doit beaucoup à l'interprétation de Judi Dench, grande actrice anglaise, parfaite dans le rôle de cette vieille dame, pétrie de foi catholique, mais rongée par le remords. Mais l'ensemble fonctionne grâce à l'opposition avec le journaliste Martin Sixsmith qui endosse les traits de Steve Coogan, également producteur du film. Martin, ancien de la BBC, vient d'être viré de son poste de directeur de la communication d'un ministre travailliste. Il a servi de fusible après une bévue du cabinet. Il ne se laisse pas faire, tente de dire sa vérité. Le rouleau-compresseur de la communication des puissants est cependant beaucoup plus forte. L'avant-propos est important car il façonne la personnalité de Martin. Sûrement trop snob, mais attaché aux faits et obnubilé par le triomphe de la vérité.

Mère célibataire
Dépressif, au chômage, il se résout à accepter l'offre d'un grand magazine à faire de « l'aventure humaine », genre qu'il exècre. La fille de Philomena est entremetteuse. C'est elle qui parle pour la première fois à Martin de l'histoire de cette fille mère, placée chez les sœurs après la découverte de sa grossesse et à qui on a enlevé son bébé. C'était il y a 50 ans. Philomena a refait sa vie. Longtemps infirmière, elle est à la retraite. Cette Irlandaise pur jus est toujours catholique. Malgré tout le mal causé par les « méchantes nonnes » à cette jeune fille qui a « fauté ».

philomena, frears, dench, coogan, irlandeMartin et Philomena se rendent au couvent de Roscrea pour tenter de trouver la trace de cet enfant qui aujourd'hui doit avoir 50 ans. Ils se heurtent à un mur. Et de toute manière toutes les archives ont brûlé... Alors que Philomena est sur le point de se résigner, Martin découvre que tous les enfants irlandais nés à Roscrea, ont été adoptés par des couples d'Américains. La suite de l'enquête se fera à Washington, voyage quasiment royal pour une Philomena émerveillée par la grosseur des portions aux USA. Un voyage en tête à tête entre le journaliste trop sérieux (qui en plus a longtemps été en poste pour la BBC aux USA) et la vieille dame. Un décalage qui amplifie l'affrontement entre ces deux archétypes britanniques : l'intellectuel lettré citant TS Eliot et la simple employée toujours surprise par les rebondissements prévisibles des romans à l'eau de rose. Un rebondissement, il y en un d'énorme au milieu du film. On craint alors que Stephen Frears ne tourne en rond, rallonge la sauce pour tenir la distance. C'est oublier le talent du cinéaste et surtout sa fidélité à l'histoire véritable servant de base. Résultat, le rire cède la place aux larmes, la comédie au mélodrame. Sans jamais trop en faire. 


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