Il réalise et interprète le rôle principal, Ben Stiller porte sur ses épaules « La vie rêvée de Walter Mitty », jolie parabole sur le dépassement de soi à l'affiche cette semaine.
La vie, la vraie, n'a souvent rien à voir avec un film d'Hollywood. Pas de héros intrépide, encore moins de jolie femme en détresse à sauver. L'existence de Walter Mitty est insipide : travail triste dans les archives photos d'un magazine, célibataire, timide et renfermé. Mais finalement Walter est heureux comme ça. Son secret ? La possibilité de déconnecter de cette morne réalité pour rêver une vie plus exaltante. Mais au lieu de le faire couché en plein sommeil, il a tendance à rêver sa vie dans des endroits publics comme le quai d'une gare ou un ascenseur. Au risque de rater son train ou son étage... Walter pourrait se contenter de ces escapades palliatives si la belle Cheryl ne déboulait pas dans son train-train. Elle vient d'être embauchée dans le service comptabilité du magazine. Walter la croise dans les couloirs, à la machine à café... Elle devient l'héroïne des rêves éveillés de Walter. Mais pour une fois, cela ne lui suffit plus. Walter, fou amoureux à la timidité maladive, n'ose pas déclarer sa flamme. Comme dans un de ses rêves incongrus, il décide de s'inscrire sur le même site de rencontre que Cheryl pour la séduire sans qu'elle sache qu'il est un collègue de travail. Encore faut-il qu'elle le remarque. Son profil manque de relief : voyages : néant, passions : néant...
Volcan et skate-board
Le film de Ben Stiller, son cinquième derrière la caméra, est ouvertement romantique. Le comique américain met un peu ses outrances en sourdine pour camper cet homme, anodin en surface, extraordinaire à l'intérieur. Une belle performance d'acteur, Walter se transformant par la force des choses en véritable aventurier. Le binoclard empoté des premières minutes devient, par amour du travail bien fait (et de la belle Cheryl interprétée par Kristen Wiig), un intrépide routard dévalant les volcans en skate-board ou plongeant dans les eaux glacées de l'Atlantique Nord depuis un hélicoptère.
Les véritables ennuis de Walter arrivent sous la forme de jeunes technocrates à la barbe parfaitement taillée. Le journal vient d'être racheté. Terminé la parution papier, il faut transformer la vieille institution en site internet. Pour le dernier numéro, la couverture sera signée de Sean O'Connell, archétype du reporter photographe. Mais le négatif choisi est introuvable. Ce sera le fil rouge du film : Walter, responsable de cette perte, va devoir le retrouver, quitte à mouiller sa chemise, voire à la déchirer par moments.
Le tournant du film est marqué par le morceau emblématique du groupe pop canadien Arcade Fire, « Wake Up ». Finis les rêves, Walter doit se réveiller et faire place à l'action. Une transition si spectaculaire que le spectateur est longuement persuadé qu'il s'agit d'une nouvelle séquence onirique qui n'en finit plus. Ben Stiller paye de sa personne, sillonnant le globe, du Groenland à l'Himalaya en passant par l'Islande aux paysages toujours aussi époustouflants. Les effets spéciaux du début (course poursuite dans les rues de New York à la Spiderman mâtinée de Surfer d'argent) ne sont plus nécessaires : la nouvelle vie de Walter Mitty lui donne l'opportunité de connaître enfin les poussées d'adrénaline des grands reporters. Autant d'expériences qui lui permettent d'étoffer sa page de profil sur le site de rencontres du début de film. Mais ça, c'était avant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire