lundi 31 mai 2010

Roman - Malheur au vaincu

Trois hommes au sommet d'une colline. Un officier surveillé par deux soldats insurgés. Huis clos en pleine nature signé Hubert Mingarelli


Verbe précis et soigneusement ciselé pour qu'il sonne juste : un texte d'Hubert Mingarelli se reconnaît rapidement. Il a la simplicité des très grands romanciers. Simplicité du style mais également des situations. Avec quelques constantes, des repères immuables. Dans ses romans, souvent, les personnages sont des soldats, ou du moins des hommes, entre solitude et camaraderie forcée. Et puis les pays sont toujours imaginaires. Cette fois il ressemble à une de ces dictatures de l'Est ayant reconquis leur liberté. Les romans signés Hubert Mingarelli sont de formidables armoires, remplies de tiroirs que le lecteur prend plaisir à ouvrir pour y découvrir scènes fortes ou belles réflexions.

Trois hommes dans la nuit

« L'année du soulèvement » raconte une nuit partagée entre trois hommes : un officier prisonnier et ses deux geôliers, simples soldats issus du peuple des insurgés. Avant d'être jugés, les officiers sont isolés. San-Vitto doit donc être conduit au sommet d'une colline par Daniel et Cletus. Le premier, jeune, désinvolte, pressé, renâcle à rejoindre cet endroit isolé où il a l'impression de ne servir à rien. Cletus, par contre, entend bien profiter de cette escapade. Cela fait déjà de longs mois qu'il est soldat au sein de cette troupe improvisée. De longs mois à se battre, à regretter d'avoir quitté sa région, ses racines. Cette mission, il l'accueille comme une parenthèse apaisante. Mais il n'oublie cependant pas qu'il est le chef. Il imposera une discipline de fer à Daniel et des conditions de détention assez dures pour San-Vitto.

La nostalgie de Cletus


Du trio, Cletus est le plus intrigant, le plus insaisissable. Mais par petites touches, Hubert Mingarelli va dévoiler des pans de son passé, de sa vie d'avant. Cletus est las de cette guerre, des combats, de son exil. Alors qu'il garde San-Vitto, il ne peut se projeter dans l'avenir, quand tout sera terminé. « Il se dit qu'un jour ou l'autre, quand il marcherait dans la neige, loin d'ici, chez lui, la distance aiderait à rendre les choses et les événements d'ici lointains et irréels. » Cletus plonge dans une rêverie salutaire « Alors il pensa aux forêts sous la neige et aux premières branches des sapins si lourdes qu'elles ploient jusqu'au sol. (...) Il pensa au soleil blanc et froid qui lui indiquait toujours l'heure, et au ciel lumineux et aux traces des bêtes dans la neige. » Mais à côté de ces passages poétiques, la situation de tension perdure. Cletus sait parfaitement quel sort attend San-Vitto. Et ce dernier n'arrive pas à profiter de ces derniers instants de relative tranquillité. « San-Vitto posa sa tête contre le mur, ferma les yeux puis les rouvrit aussitôt. Sa peur et sa solitude étaient trop grandes pour qu'il les garde fermés. » Avant la fin de la nuit, d'autres hommes en armes viendront chercher San-Vitto. Cette pensée obsède Cletus. Cletus, le solitaire emporté par la folie des hommes.

« L'année du soulèvement », Hubert Mingarelli, Seuil, 16 € (La photo de l'auteur est de Brice Toul) 

vendredi 28 mai 2010

Nouvelles - Camille de Casabianca raconte le cinéma, ses métiers, ses doutes


Actrice, scénariste, réalisatrice : Camille de Casabianca a toujours baigné dans le milieu du cinéma. Fille d'Alain Cavalier, elle s'est construit une carrière éclectique, du second rôle dans « PROFS » au scénario de « Thérèse » en passant par « C'est parti », le documentaire au long cours sur la naissance du NPA d'Olivier Besancenot. Mais Camille de Casabianca aime aussi écrire. Après un premier roman « Le lapin enchanté », elle propose cette fois huit nouvelles, exercices d'autofiction, où elle radiographie huit métiers ou situations propres au 7e art.

Sportifs de haut niveau

On la découvre actrice, dans une obscure production d'un Pays de l'Est, accompagnatrice de son fiancé, un cinéaste célèbre, en Pologne, ou tentant de persuader un monstre sacré du cinéma français de participer au casting de son prochain film. Elle se met en scène, se dévoile, raconte ses doutes, ses découragements ou joies. Loin des paillettes d'un milieu aimant le papier glacé, elle explique simplement la « tambouille » nécessaire à la naissance d'un film. 

Deux nouvelles plus longues sortent du lot. « Le héros dans l'ombre » raconte le tournage d'un documentaire sur l'équipe de France de judo. Exactement, les préparatifs pour les championnats du monde à Barcelone. La réalisatrice mettra des semaines pour se faire accepter par tous. Elle suit plus spécialement un champion mettant son titre en jeu. Elle espère qu'il sera une nouvelle fois sacré. Les vainqueurs ça marche toujours auprès du public. Catastrophe, il perd dès le premier tour. Le champion est désolé : « J'ai niqué le film ». Mais Camille de Casabianca écrira, plus tard, « Personne ne sait encore que le fim sera encore plus intéressant avec lui qui perd. Et que, ironie du sort, ce sont ces bobines de celluloïd qui rafleront des prix. »

Pénible promotion

Changement d'ambiance dans « Le jour j », « Récit d'une sortie ». En 1995, Camille de Casabianca écrit, produit et réalise « Le fabuleux destin de Mme Petlet ». Cette comédie a la particularité d'avoir en vedette Maïté, la célèbre cuisinière télévisuelle du Sud-Ouest pour son premier (et unique) rôle au cinéma. Après un tournage qui semble s'être passé sans trop de problèmes, elle va vivre un long cauchemar quand viendra l'heure de la promotion. Plus d'un mois à sillonner la France pour présenter un long-métrage qui plaît, mais sans plus. Et surtout, Maïté semble se désintéresser de cette pourtant nécessaire promotion, elle prend même tout le monde à contre-pied en expliquant sans cesse qu'elle se « trouve horrible ». 

La réalisatrice (qui fut également actrice, cela aide) parvient à faire bonne figure face aux public, partenaires et diffuseurs. Mais le soir, dans les hôtels miteux, c'est désespoir et crise de larmes. Cette nouvelle est la plus personnelle, la plus touchante, celle où l'auteur se dévoile le plus. Le film n'a pas été un grand succès, mais n'a pas été le dernier de Camille de Casabianca. Elle a su rebondir, retourner derrière la caméra, se mettre à nouveau en danger. Tout en continuant à écrire.

« Nouvelles du cinéma », Camille de Casabianca, Editions Leo Scheer, 17 € 

jeudi 27 mai 2010

Humour - Une « vie de merde », ça n'arrive pas qu'aux autres !


Vous trouvez votre existence terne, sans saveur, triste ? Avant de plonger dans une grave dépression, lisez ce livre et dites-vous que finalement, cela aurait pu être pire. « Vie de merde » est apparue sur internet il y une paire d'années. Rapidement, ce site de témoignages a regorgé d'anecdotes croustillantes, visitées chaque jour par des milliers de personnes. Le principe est simple. En quelques lignes, vous racontez une mésaventure vécue dans la journée. Une situation honteuse qui vous permet, au final, d'affirmer que vous avez une « vie de merde ».

Succès oblige, ces VDM se sont déclinées sur papier (pour tous les Français qui n'ont pas internet, imaginez quel type de VDM ils sont obligés de subir...) et le premier volume vient d'être repris au Livre de Poche. Pour quelques euros (5,50 exactement) vous pourrez vous délecter des malheurs des autres. Avec en prime quelques commentaires d'internautes, parfois aussi bidonnants.

En trois grandes catégories, Maxime Valette et Guillaume Passaglia ont sélectionnne la crème du pire, Pénélope Bagieu se chargeant d'en illustrer une vingtaine. Pour vous donner un petit avant-goût, ce témoignage dans la partie « Grands moments de solitude » : « Aujourd'hui, je voulais faire peur à ma petite femme en me cachant derrière une porte, puis surgir tel un zombie. Elle m'a dit : « Arrête, il y a ton ventre qui dépasse. » VDM »

Pour les grands drogués (on devient rapidement accro), le site viedemerde.fr est toujours actif. Chaque jour des dizaines de nouvelles VDM sont validées par des experts de la chose. Pour débuter la journée, c'est le meilleur antidépresseur qui soit...

« Vie de Merde », Le Livre de Poche, 5,50 €  

mercredi 26 mai 2010

BD - Folie maternelle


Décidemment, les éditions Dargaud ont l'art de dénicher des auteurs espagnols talentueux. Après Blacksad (Guarnido et Canales) et Jazz Maynard (Roger et Raule), voici une nouvelle signature qui devrait refaire parler d'elle : Jordi Lafebre. 

Ce Barcelonais illustre un récit complet de Zidrou qui fera pleurer dans les chaumières. Une petite ville du Nord de la France, les années 30 ; Camille, une jeune femme un peu simplette est sur le point d'accoucher. On ne connait pas le père. Et l'enfant ne survit pas. Lydie est morte à la naissance. Mais Deux mois plus tard, Camille se persuade que son bébé est revenue. Et elle va élever cette enfant imaginaire, avec la complicité de tout le quartier. 

On se fait happer par cette tendre et folle histoire d'amour maternel et on se surprend à vouloir prendre dans ses bras cette petite fille virtuelle...

« Lydie », Dargaud, 14,50 € 

mardi 25 mai 2010

BD - Fascinante Majipoor


Majipoor, saga foisonnante de Robert Silverberg, est du pain béni pour David Ratte, le dessinateur chargé de l'adaptation de ce monument de la science-fiction. Le premier tome était enthousiasmant, cette suite est décoiffante. 

Toujours sur un scénario de Jouvray, Ratte donne sa vision des dragons des mers, d'une ville portuaire grouillante d'activité et surtout de l'île du sommeil, cette contrée de pèlerinage où chaque évolution de sa conscience correspond à un secteur géographique. 

Le lecteur suit les pas de Lord Valentin, le Coronal de Majipoor, lancé dans une folle quête pour reprendre possession de son château et faire cesser l'oppression de son peuple. Le réalisme de ce monde imaginaire est à couper le souffle.

« Majipoor » (tome 2), Soleil, 12,90 € 

lundi 24 mai 2010

BD - Amour glauque


L'amour se moque des classes sociales. En fait on nous ment dans les jolis romans à l'eau de rose. Dans la réalité, qui se ressemble... s'accouple. Parfois il y a des exceptions. C'est le thème de cet album de Grégory Mardon, adapté d'une nouvelle de Russell Banks.

Sarah est une américaine divorcée, la quarantaine, ouvrière, joignant difficilement les deux bouts car elle élève seule ses trois enfants. Paul est un jeune avocat, lui aussi récemment divorcé, beau comme un dieu grec, riche, sportif. Un soir, Paul et Sarah se rencontrent au comptoir d'un bar. Ils se parlent, se comprennent. Ils s'aimeront, mais en cachette.

Une œuvre forte, qui prend aux tripes, devenue un classique de la littérature féministe.

« Sarah Cole », Futuropolis, 17 € 

samedi 22 mai 2010

Bd - Canardo accompagne « Le voyage des cendres »


Canardo, détective privé le plus typé de la bande dessinée belge, se transforme en nurse le temps de cette aventure mouvementée et pleine de clins d'œil à une certaine belgitude. Hector Van Bollewinkel, le parrain de la mafia belge, vivant depuis des lustres en Amérique, rongé par un cancer généralisé, décide de se suicider avant d'être transformé en « grabataire larmoyant » selon son expression en préambule de son testament. 

Un testament un peu particulier. Il déclare léguer toute sa fortune à ses deux petits-enfants, Harry et Monica, des jumeaux, si ces derniers répandent ses cendres en un endroit bien précis dans son pays natal. Les deux ados, mal élevés, violents et avides, vont donc découvrir le Plat Pays en compagnie d'un chauffeur hors pair : Canardo en personne. Une visite guidée qui ne sera pas de tout repos car les descendants d'Hector son attendus au tournant par quelques vieilles connaissances. 

Du « ring » bruxellois au port de Zeebrugge en passant par une mine près de Marcinelle ou les boules de l'Atomium, Canardo (aidé par une gouvernante flamande au caractère rigide mais aux mœurs plus laxistes) protègera les jumeaux et les encombrantes cendres du grand-père. 

C'est aussi sombre que l'humeur du héros, encore plus fatigué que son imper. Toujours écrit et dessiné par Sokal, c'est un roman noir absolu, reflet d'une certaine Belgique, triste et désenchantée.

« Canardo » (tome 19), Casterman, 10,40 €

jeudi 20 mai 2010

BD - Premières vacances à Matha


Jean-Claude Denis va avoir 60 ans. Un âge vénérable mais toujours la même fraîcheur. Difficile de réaliser que cet album de BD sur l'adolescence, la liberté, la rébellion, est l'œuvre d'un quasi retraité. Jean-Claude Denis va avoir 60 ans, mais dans sa tête il est resté cet adolescent un peu timide, ouvert aux autres, désirant absolument s'en sortir c'est à dire ne pas faire le même métier que ses parents, vivre de ses créations culturelles. 

Dans cette France d'avant mai 68, Antoine, lycéen, est également guitariste dans un groupe de rock. Il est amoureux de Christelle, en apprentissage dans une pharmacie. Ils se voient en coup de vent. Et attendent impatiemment les vacances. Avec leurs copains, ils vont tous se retrouver à Matha, une petite ville balnéaire près de l'île d'Oléron. Les premières vacances sans les parents. 

64 pages de bonheur, de communion, de découverte et surtout d'émancipation.

« Tous à Matha » (première partie), Futuropolis, 16 € 

mercredi 19 mai 2010

BD - Rions de notre nostalgie


Surfant sur la vague d'un certain revival, Turalo a imaginé des séries de gags portant sur la nostalgie des années 70 et 80. Mais il a pour une fois mis de côté ses idées un peu limites (comme imaginer le blog d'un célèbre dessinateur mort et enterré...) pour faire dans la nostalgie, gentille et assumée. 

Les années 70 sont dessinées par Pol et les années 80 par Gildo. Dans le premier on retrouve des références à Columbo, les drogues douces, Casimir ou Superman. Dans le second place à Hulk, Indiana Jones, l'inspecteur Gadget ou Véronique et Davina (de Gym Tonic). Dans les années 70, le ressort comique est assuré par l'affrontement entre deux frères, l'un baba-cool, l'autre CRS. Cela fonctionne souvent à merveille. 

Pour ce qui est des années 80, c'est la complicité entre deux cousins qui est mise en avant. Deux adultes qui ont encore un cerveau de gamin. Au grand désespoir de leurs compagnes beaucoup plus matures. De la bonne BD de délassement, idéale pour un cadeau ou pour se remémorer les joies du temps passé.

« J'aime les années 70 », « J'aime les années 80 », Drugstore, 9 € 

lundi 17 mai 2010

Polar - Thierry Jonquet broie du noir


Ce gros volume hommage reprend quatre romans policiers de Thierry Jonquet, disparu l'an dernier. Quatre romans noirs, parfaits exemples des récits que cet écrivain et militant de gauche aimait signer. « Les orpailleurs », « Moloch », « Mygale » et « La Belle et la Bête » sont regroupés dans cette somme de plus de 1 000 pages. 

Les personnages sont déchirés, les situations extrêmes. Intrigues au cordeau, psychologies fouillées, rebondissements : les romans policiers de Thierry Jonquet sont des bijoux qu'on a parfois quelques difficultés à digérer. Il écrivait des textes à des lieues des romans formatés, lisses, prévisibles. Thierry Jonquet, à son corps défendant, était devenu un exemple, un maître du genre. 

En plus de ses œuvres, vous pourrez mieux connaître l'homme en lisant une longue préface de Martine Laval et une postface de Patrice Bard.

« Romans noirs », Thierry Jonquet, Folio Policier, 10,90 € 

dimanche 16 mai 2010

BD - Secrets de contrebandiers


En rachetant le secteur BD de Robert Laffont, les éditions Delcourt ont donné une seconde chance à de nombreuses séries. Exemple avec « Le secret du Mohune » de Rodolphe (scénario) et Hé (dessin). La réédition du premier tome précède de deux mois le second opus et vous ne devrez attendre qu'un mois supplémentaire pour en découvrir la troisième et dernière partie. 

Une série complète en moins de six mois, les bédéphiles impatients apprécient. Cette libre adaptation de « Moonfleet », le roman de John Meade Falkner, nous entraîne sur les rivages de l'Angleterre au 18e siècle. Le jeune Jim découvre, par hasard, le repaire caché des contrebandiers locaux. Il deviendra leur complice car pour survivre dans cette société profondément inégale, il faut parfois savoir tricher. Jim qui sera déchiré entre l'amour qu'il porte à Mary Maskew et la haine vouée au père de cette dernière. 

Avec en plus, en fil conducteur, la recherche d'un diamant légendaire qui aurait appartenu aux Mohune, une famille maudite qui semble toujours hanter la région.

« Le secret du Mohune » (tomes 1 et 2), Delcourt, 12,90 € 

samedi 15 mai 2010

BD - Esclaves révoltés


Indéniablement, certaines séries ont besoin de temps pour s'imposer. « His Majesty's Ship, H. M. S. » est de cette trempe. Une superbe histoire de marine et de pirates ancrée dans la réalité historique, donnant l'occasion au lecteur de sillonner toutes les mers du globe. 

Nous retrouvons donc John Fenton, médecin de sa majesté affecté à la Marine. Il est à Gibraltar mais n'y reste pas longtemps. Une nouvelle mission l'envoie dans les Caraïbes. Il est chargé de découvrir qui est le traitre dans l'entourage du gouverneur des Grenadines. Une mission très secrète, où il voyage incognito car il doit également obtenir des nouvelles d'un jeune officier capturé par les rebelles de la région. Seiter, le scénariste, sous couvert d'aventure, nous en apprend beaucoup sur la révolte des Garifunas. Ces hommes, issus du mélange d'esclaves noirs et d'Indiens Caraïbes, ont fait tremblé le Royaume Uni en cette fin du 18e siècle.

 Des hommes qui ont tenté de mettre fin à leur joug, parfois en utilisant les mêmes armes que leur tortionnaires : la torture, le viol et les exécutions sommaires. Roussel, au dessin, apporte précision et efficacité à ce récit historique passionnant.

« H. M. S. » (tome 5), Casterman, 10,40 € 

vendredi 14 mai 2010

Bd - Les vampires et le détective


Nouvelle variation autour du personnage de Sherlock Holmes. Sébastien Cordurié, le scénariste, a imaginé une trajectoire du détective virant vers le fantastique. Tout débute, comme souvent, quelques temps après l'affrontement entre Holmes et Moriarty dans les chutes de Reichenbach. Contrairement à ce que tout le monde croit, le détective imaginé par Conan Doyle n'est pas mort. Mais il fait tout comme, découvrant une liberté qu'il entend mettre à profit pour voyager dans le monde entier. 

Une escapade qui va prendre fin à Paris. C'est là qu'il va être recontacté par la couronne britannique pour mettre fin aux agissement d'un vampire sanguinaire. Car les vampires ne sont pas une invention. Ils prospèrent même dans cette Angleterre victorienne, protégeant la couronne qui fait le nécessaire pour taire leur existence. Mais quand l'un d'entre eux décide de ne plus jouer le jeu, le sang gicle et les nobles tremblent. 

On retrouve l'ambiance des romans avec ce petit plus fantastique qui élargit les horizons. Laci, au dessin, excelle dans les décors et ne lésine pas sur le noir pour assombrir l'ambiance.

« Sherlock Holmes et les vampires de Londres » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

jeudi 13 mai 2010

Roman - Troublante Afrique

L'Afrique peut devenir la nouvelle plaque tournante du terrorisme mondial. Une réalité au cœur du nouveau roman de Jean-Christophe Rufin.


Membre de l'Académie française, engagé dans les associations humanitaires, diplomate français : Jean-Christophe Rufin ne manque pas d'étiquettes. C'est cependant sous la plus simple de toutes, romancier, qu'il se présente à nous avec « Katiba », sa dernière nouveauté. Mais il ne faut pas s'étonner si ce roman, entre espionnage et romance, puise dans l'ensemble de ses connaissances. Il est devenu un expert de cette Afrique qui, tout en faisant toujours rêver certains Européens, pourrait devenir un cauchemar dans l'avenir.

Tout débute par une prise d'otages manquée sur une piste du Sahara en Mauritanie. Un convoi de touristes italiens, intercepté par des rebelles islamistes. Des débutants. Ne maîtrisant pas bien le français. Les Italiens non plus. Une incompréhension qui se termine dans un bain de sang. Quatre morts, le déclenchement de recherches par les autorités officielles du pays et surtout la colère du « chef suprême de tous les groupes jihadistes en Algérie ».

Apprentis jihadistes

Il envoie des émissaires demander des comptes au responsable local, Abou Moussa. C'est là que l'on apprend ce que veut dire le titre du roman. « Un camp de combattants islamistes, qu'on appelle « Katiba » en Afrique du Nord, change sans cesse de lieu et d'effectifs. En dehors des actions terroristes qu'elle mène, une katiba sert à l'entraînement de nouveaux maquisards, recrutés dans toute l'Afrique de l'Ouest. La plupart espèrent repartir dans leur pays, à l'issue de leur séjour, pour y mener le jihad. » Jean-Christophe Rufin va donc nous plonger au cœur de cette nouvelle guerre religieuse, décortiquant avec minutie son fonctionnement et son but. Mais ce n'est qu'une partie du roman. L'autre s'attache aux pas de Jasmine. Cette jeune Française travaille au Quai d'Orsay. Elle est chargée du protocole dans un ministère qui y apporte encore beaucoup d'importance.

Troublante Jasmine

Jasmine est depuis peu en poste. Elle a du retrouver le chemin du travail après la mort de son mari, consul en Mauritanie. Un pays qu'elle va retrouver sous couvert d'action humanitaire pour l'association créée à l'époque par son époux. Un voyage écran effectué à la demande d'un certain Kader qu'elle semble connaître depuis des décennies. Jasmine, femme secrète, blessée, malheureuse, semble avoir des dettes d'honneur qu'elle n'a toujours pas entièrement remboursé. Elle jouera l'agent double, l'agent trouble, dans ce ballet de dupes où tout le monde s'observe. Car en plus de l'Etat français, certaines officines américaines ont décidé d'étendre leur terrain de jeu, bien conscientes que le terrorisme ne se limite plus au Moyen Orient. Reste à savoir qui manipule qui et quelle est la véritable finalité de cette partie d'échecs planétaire rythmée par de sanglants attentats.

En même temps qu'il dévoilera le véritable visage de Jasmine, Jean-Christophe Rufin remonte aux sources des commanditaires. Il démonte les rouages de la manipulation. Cela fait froid dans le dos même si ce n'est qu'un roman.

« Katiba » de Jean-Christophe Ruffin, Flammarion, 20 € 

mercredi 12 mai 2010

BD - Parodie extrême par Yann et Conrad


A l'époque, dans les années 80, cette parodie de Bob Morane avait fait grand bruit. Il est vrai que Yann et Conrad, les dynamiteurs des Hauts de page de Spirou, les créateurs des Innommables, avaient placé la barre très haut. Bob, petit, malingre, hanté par l'image du père parti avec la bonne, est harcelé par Carlotta, la femme d'un ami. 

Mais Bob Marone n'en a que pour son compagnon d'aventures, Bill Galantine, solide Ecossais, qui vibre... sous ses coups de reins. Car dans ce pastiche acidulé, nos deux héros sont homosexuels. Ils se retrouvent coincés dans le passé, à affronter un dinosaure blanc. 

Parus initialement chez Glénat, ces deux albums sont repris dans une intégrale au look soigné : dos toilé, couleurs d'époque et en bonus quelques esquisses, peintures et autres planches inédites.

« Bob Marone » (intégrale), Dargaud, 25 € 

mardi 11 mai 2010

BD - Petits Hommes, grands de la BD


Pierre Seron a longtemps été considéré comme le meilleur disciple de Franquin (certains militaient d'ailleurs pour qu'il reprenne les aventures de Spirou). Un dessinateur discret, efficace et productif. Il ne s'est quasiment consacré qu'à une seule série : Les Petits Hommes. 

Les éditions Dupuis, dans leur collection des intégrales, entreprend la réédition, dans l'ordre chronologique, des aventures de ces petits héros, devenus minuscules après avoir été touchés par une météorite. Le premier volume reprend plusieurs histoires non publiées en album, l'occasion de découvrir les premiers pas d'un futur grand. Car Seron, sous un certain classicisme, a toujours aimé les expériences : des planches à l'italienne à l'intervention des lecteurs en passant par l'utilisation d'autres héros (Khéna). 

Un bel hommage pour un dessinateur injustement oublié mais qui continue à publier chez Bamboo.

« Les Petits Hommes » (intégrale, tomes 1 et 2), Dupuis, 24 € chaque volume 

lundi 10 mai 2010

BD - L'aventurier ultime


Bernard Prince est le prototype parfait du héros de BD aventurier, libre et humain. Il est né de l'imagination débordante de Greg, durant ces années 60 au cours desquelles il lançait un personnage tous les trois mois. Le dessin en a été confié à Hermann, encore débutant. Il deviendra au fil des albums un des meilleurs dessinateur réaliste de sa génération. 

Bernard Prince qui va reprendre du service, mais avant de découvrir la nouveauté (en août prochain), plongez dans les débuts de la série grâce à cette superbe intégrale. Une redécouverte grâce au format plus grand et le long dossier qui revient sur la genèse de la série. 

Le volume 1 reprend les cinq premiers titres avec en bonus de nombreuses gouaches illustrant les couvertures du Journal Tintin.

« Bernard Prince » (intégrale, tome 1), Le Lombard, 35 €

samedi 8 mai 2010

BD - Un album à déguster


Une bande dessinée peut-elle avoir du goût ? Dans le sens de goûteuse, comme un de ces plats raffinés que l'on sert dans les restaurant étoilés. « Lord of Burger » tente de concilier histoire dessinée et grande cuisine. Une association étonnante qui l'est un peu moins quand on découvre que Christophe Arleston en signe le scénario. Le créateur du monde de Troy (Lanfeust, Trolls...) est un grand épicurien. Il n'a jamais caché son attirance pour les grands crus et les tables renommées. Il a simplement tenté, en compagnie d'Alwett, de faire découvrir aux lecteurs de BD le fonctionnement d'un restaurant 3 étoiles. Avec cependant une bonne dose de comédie et de suspense. Alessandro Caprese est à la tête du Clos des épices. Son talent de cuisinier a permis à ce restaurant gastronomique d'obtenir les légendaires trois étoiles au guide rouge. Alessandro connait la réussite derrière les fourneaux. 


Par contre, côté famille, il est en échec. Sa femme, pâtissière sans génie, est internée dans une clinique psy, sa fille Ambre refuse de cuisiner, sa passion étant la sculpture sur glace et son fils, Arthur, bien que très doué, travaille carrément pour un fast-food...

Mais quand le chef est assassiné, ses enfants vont tout faire pour maintenir le restaurant à flot pour permettre de rembourser les dettes. Ce premier tome de 100 pages plante parfaitement le décor en reproduisant assez bien l'ambiance survoltée dans les cuisines de ces temples du bien manger. Le personnage d'Ambre est particulièrement développé et on sent que derrière la volonté de cette jeune fille se cache l'âme de son père. 

Côté dessin, Balak et Zimra sont deux jeunes passés par la filière de l'animation et marqués par les mangas japonais. Cela donne une BD très vive, pleine de mouvement et d'action. Certes cela ne mérite pas encore trois étoiles, mais le résultat peut facilement prétendre à un premier macaron.

« Lord of Burger » (tome 1), Glénat, 10 € 

vendredi 7 mai 2010

BD - Le petit chat est mort


La nouvelle aventure de Jeremiah, le héros solitaire créé par Hermann, a des airs de règlement de compte en famille. La famille. Pas évident de vivre avec cette entité réductrice quand on ne jure que par la liberté. Jeremiah est de retour auprès de la belle Léna. Avec son mari elle élève son enfant. Un gamin qui ressemble étrangement à Jeremiah. 

Un toit, un travail, une femme, des enfants... On sent le héros hésiter. Mais son naturel libertaire va revenir au galop et le mettre dans de fâcheux draps. Un soir, il intervient dans une bagarre. Il cloue le bec à une brute qui tabassait un mineur. Ce dernier avait eu l'affront de critiquer Ricky, le fils pourri gâté du patron de la mine. Ricky, haineux, violent, autoritaire, une véritable peste. « Un bon garçon » selon sa mère, aveuglée. Ricky qui va tenter de se venger de Jeremiah.

Dans cette histoire de révolte ouvrière et de règlement de compte, l'action semble un simple prétexte pour étaler tout au long des pages la difficulté pour certains parents d'assumer leur progéniture. Un message personnel de l'auteur ?

« Jeremiah » (tome 29), Dupuis, 10,95 € 

jeudi 6 mai 2010

BD - Aux sources de l'inspiration de Jules Verne


Deux jeunes auteurs espagnols rendent hommage au génie de Jules Verne dans cette série pour adolescents. 

Jules Verne, avant de devenir l'écrivain à l'imagination foisonnante, a été un enfant. Et déjà il était enclin à inventer des histoires. Nous sommes en novembre 1857 près de Nantes, le jeune Jules Verne a déjà pour ambition de vivre de sa plume. Avec son frère Paul et sa cousine Caroline, ils se voient déjà en train de voguer sur les mers, à la découvert de l'île de Robinson Crusoë. En fait un ilot sur la Loire. 

Mais l'aventure est quand même au coin du bois. Un énorme dolmen et un fantôme provoquent une belle frousse aux enfants. Cet album, signé Jorge Garcia (scénario) et Pedro Rodriguez (dessin) est une extrapolation sur les sources d'inspiration de Jules Verne. 

Un peu de fantastique, un soupçon d'aventure saupoudré de vie familiale : l'ensemble est très plaisant. En bonus, une nouvelle en fin d'album raconte la rencontre entre le jeune Jules Verne et les deux auteurs espagnols, voyageurs dans le temps.

« Les aventures du jeune Jules Verne » (tome 1), Glénat, 9,40 € 

mercredi 5 mai 2010

BD - Mémoire fugitive


En couverture, les auteurs de Re-mind annoncent la couleur : « La technologie du FBI n'a plus de limites ». Cette série (en deux parties seulement) est à la frontière entre thriller et science-fiction. Tout commence le 11 septembre 2001. John Geb est médecin aux urgences. Il est au pied des tours. Il parvient à sauver une femme en arrêt cardiaque. Elle lui en sera reconnaissante, avouant après coup avoir vu sa vie défiler devant ses yeux. 

Un phénomène bien connu du FBI qui a mis au point un appareil permettant de filmer cette vie en accéléré. Il faut juste être là au bon moment. Une formidable machine à aveux. Car si la personne ne veut pas parler, il suffit de l'abattre pour récupérer toutes ses connaissances. Une vie contre des informations. Les froids agents du FBI ne se posent pas longtemps la question. John va en faire les frais, obligé de mettre son fils à l'abri car il détiendrai des révélations sur un possible attentat. 

Palpitant, digne d'un film à grand spectacle américain, cette BD d'Alcante (Pandora Box) est illustrée par l'Italien Andrea Mutti (Nero).

« Re-mind » (tome 1), Dargaud, 10,95 € 

mardi 4 mai 2010

BD - Ric Hochet et les acteurs


Ric Hochet a été, durant des décennies, un des héros emblématique de l'hebdo Tintin, le journal des jeunes de 7 à 77 ans. 77, un chiffre symbole, qui est en couverture du 77e titre de la série imaginée par Duchâteau et dessinée par Tibet. Un chiffre maudit également car il marque la mort de Tibet. « Ici 77 ! » aura été le dernier album entièrement dessiné par Tibet, mort en janvier dernier. 

Ric Hochet se plonge cette fois dans le milieu des feuilletons télévisés. Il doit démasquer un tueur dans l'équipe de tournage d'une série policière. Il se trouve surtout face à des acteurs qui cabotinent en diable. La vieille star sur le retour qui ne veut pas laisser la place à la jeune première, l'acteur en fin de carrière que les producteurs veulent à tout prix faire mourir pour injecter un peu de jeunesse dans la distribution, le scénariste frustré, le metteur en scène ayant la folie des grandeurs mais pas le budget... 

Duchâteau prend beaucoup de plaisir à brocarder un milieu qui ressemble parfois étrangement à celui de la BD.

« Ric Hochet » (tome 77), Le Lombard, 9,95 € 

lundi 3 mai 2010

Roman - Les papys pètent les plombs

« Série Z », de J. M. Erre, est un roman déjanté où un scénariste immature imagine un film de série Z joué par des acteurs retraités de seconde zone.


Amateurs de bon goût à la française, passez votre chemin. « Série Z », roman de J. M. Erre a tendance à dépasser les bornes. Rien ne semble trop osé pour cet auteur à la plume alerte. Il y a du San Antonio dans les situations scabreuses qu'il imagine. Du politiquement incorrect, à la Jean-Pierre Mocky, un cinéaste régulièrement cité dans ce roman hommage aux nanars, de France et d'ailleurs.

Félix Zac est mieux connu sur le net sous le pseudo de Docteur Z. Il anime un blog entièrement consacré aux pires films de séries Z. Félix, 33 ans, père d'une petite Zoé encore bébé mais déjà turbulente, vit un peu aux crochets de son amie, Sophie. L'animation du blog ne rapporte pas un centime et, au contraire, l'achat de dizaines de cassettes vidéo dans les vide-greniers, grève sérieusement le budget familial. Pourtant Félix sent que son heure est venue. Il va proposer à un producteur son scénario de film d'horreur : « L'hospice de l'angoisse ».

La société secrète des VV

J. M. Erre ne livre pas toutes ces informations d'un bloc. Il aime distiller lentement et entrelarder de digressions les différentes séquences. Entre notes du blog, coupures publicitaires et apartés avec un lecteur de Knokke-le-Zoute, on a droit notamment à de longs extraits du scénario qui vaut son pesant de cacahuètes. L'action se déroule dans une maison de retraite n'accueillant que des acteurs en fin de vie. Tous plus cabotins les uns que les autres, ils sont mesquins, méchants, séniles et rarement propres.

Or en moins de deux mois, quatre pensionnaires ont disparus. De quoi faire cogiter les membres de « la société secrète des VV, alias les Vétérans Vigilants ». A moins que cela ne soit les « Vaillants Valides » ou les « Vigoureux Vioques ». Pour en faire partie il suffit de réussir les trois épreuves de base : « Courir le cent mètres en moins de cinq minutes, retrouver en quelle année nous sommes en moins de dix secondes, changer sa couche tout seul. » Le lecteur sait à partir de ce moment que les personnes âgées du roman ne seront pas forcément très fréquentables. D'autant que certaines sont d'anciennes stars du cinéma porno et que malgré le poids des années, ils sont toujours partant pour quelques galipettes, les contorsions en moins, l'arthrose en plus...

Boucheries productions

Tout se complique pour le héros, Félix, quand il rencontre son futur producteur : « Isidore Boudini, le roi de la bidoche discount ». Ce boucher accueille Félix dans son abattoir rempli de cadavres environnés de rivières de sang. Et lui explique qu'il cherche un scénario pour son fils qui s'est mis en tête de devenir cinéaste. Il tique un peu en lisant le début du scénario (trop de vieux, pas assez de sexe et d'hémoglobine), mais semble emballé après que Félix lui ait assuré qu'il pourrait y rajouter, selon les désirs du producteur, « de la mamelle et du cannibale. » Sans oublier « un monstre marin et un extraterrestre ». Le gros problème pour Félix c'est l'hospice existe vraiment de même que ses personnages. Et la police enquête justement sur ces disparitions qui sont en fait de véritables meurtres. Son scénario transforme Félix en suspect numéro 1.

Totalement déjanté, un peu foutraque mais regorgeant de trouvailles, ce roman, entre la parodie et le polar, est un réel hommage à ce cinéma du pauvre, où souvent le meilleur était dans le titre du film. Des titres repris comme tête de chapitres, de « Y a un os dans la moulinette » (Raoul André, 1974) à « Arrête de ramer, t'attaques la falaise » (Michel Caputo, 1979).

« Série Z » de J. M. Erre, Buchet-Chastel, 20 € 

dimanche 2 mai 2010

BD - Tranches de vies à l'américaine


La nouvelle BD indépendante américaine regorge de talents mis en valeur dans Outsider, la nouvelle collection des éditions Delcourt. Gabrielle Bell est indéniablement une très belle découverte. Scénariste et dessinatrice de ces courts récits, elle a débuté en s'auto-publiant puis s'est lancée dans une longue autobiographie. 

De sa vie, on en retrouve des bribes dans les onze histoire courtes reprises dans ce recueil de 150 pages. La première est comme un uppercut. Une jeune femme, venue s'installer à New York, se sentant de plus en plus insignifiante, se transforme en chaise et débute une nouvelle vie, immobile. 

Gabrielle Bell raconte également la rencontre entre un grand artiste contemporain et une étudiante des beaux-arts dont les tableaux, très figuratifs, plaisent au jeune fils du sculpteur. Des tranches de vie entre insignifiance et banal ennui. Au final, magie de la création, cela se transforme en recherche graphique et littéraire de très haut niveau.

« Cecil et Jordan à New York », Delcourt, 17,50 € 

samedi 1 mai 2010

BD - Un quartier en fête


Cette BD de 80 pages a des airs de « Plus belle la vie ». Amélie Sarn et Marc Moreno ont écrit le quotidien de ce quartier où il fait encore bon vivre. L'illustration en a été confiée à Julien Mariolle qui signe son premier album et fait preuve, d'entrée, d'une forte personnalité dans son dessin, entre caricature gros nez, avec des décors réalistes et l'apparition de quelques scènes animalières criantes de vérité. 

Mme Mouchet, une charmante retraitée, ouvre et ferme ce premier tome. Elle parle à ses canaris, fait ses courses chez l'épicier du coin, houspille Aziz, son fils, un peu trop turbulent à son goût, croise Raymond, le balayeur, Robert Lesec, le pied-noir regrettant son village natal et Mlle Chmolowski, vieille fille qui débute sa tournée pour demander de l'aide dans l'organisation de la fête du quartier. 

Attendrissant par certains côtés, cette histoire est pourtant ancrée dans notre réalité sociale, notamment quand un couple d'homosexuelles tente vainement de louer un appartement dans le quartier.

« Le temps des cerises », Soleil Quadrants, 15 €