L'Afrique peut devenir la nouvelle plaque tournante du terrorisme mondial. Une réalité au cœur du nouveau roman de Jean-Christophe Rufin.
Membre de l'Académie française, engagé dans les associations humanitaires, diplomate français : Jean-Christophe Rufin ne manque pas d'étiquettes. C'est cependant sous la plus simple de toutes, romancier, qu'il se présente à nous avec « Katiba », sa dernière nouveauté. Mais il ne faut pas s'étonner si ce roman, entre espionnage et romance, puise dans l'ensemble de ses connaissances. Il est devenu un expert de cette Afrique qui, tout en faisant toujours rêver certains Européens, pourrait devenir un cauchemar dans l'avenir.
Tout débute par une prise d'otages manquée sur une piste du Sahara en Mauritanie. Un convoi de touristes italiens, intercepté par des rebelles islamistes. Des débutants. Ne maîtrisant pas bien le français. Les Italiens non plus. Une incompréhension qui se termine dans un bain de sang. Quatre morts, le déclenchement de recherches par les autorités officielles du pays et surtout la colère du « chef suprême de tous les groupes jihadistes en Algérie ».
Apprentis jihadistes
Il envoie des émissaires demander des comptes au responsable local, Abou Moussa. C'est là que l'on apprend ce que veut dire le titre du roman. « Un camp de combattants islamistes, qu'on appelle « Katiba » en Afrique du Nord, change sans cesse de lieu et d'effectifs. En dehors des actions terroristes qu'elle mène, une katiba sert à l'entraînement de nouveaux maquisards, recrutés dans toute l'Afrique de l'Ouest. La plupart espèrent repartir dans leur pays, à l'issue de leur séjour, pour y mener le jihad. » Jean-Christophe Rufin va donc nous plonger au cœur de cette nouvelle guerre religieuse, décortiquant avec minutie son fonctionnement et son but. Mais ce n'est qu'une partie du roman. L'autre s'attache aux pas de Jasmine. Cette jeune Française travaille au Quai d'Orsay. Elle est chargée du protocole dans un ministère qui y apporte encore beaucoup d'importance.
Troublante Jasmine
Jasmine est depuis peu en poste. Elle a du retrouver le chemin du travail après la mort de son mari, consul en Mauritanie. Un pays qu'elle va retrouver sous couvert d'action humanitaire pour l'association créée à l'époque par son époux. Un voyage écran effectué à la demande d'un certain Kader qu'elle semble connaître depuis des décennies. Jasmine, femme secrète, blessée, malheureuse, semble avoir des dettes d'honneur qu'elle n'a toujours pas entièrement remboursé. Elle jouera l'agent double, l'agent trouble, dans ce ballet de dupes où tout le monde s'observe. Car en plus de l'Etat français, certaines officines américaines ont décidé d'étendre leur terrain de jeu, bien conscientes que le terrorisme ne se limite plus au Moyen Orient. Reste à savoir qui manipule qui et quelle est la véritable finalité de cette partie d'échecs planétaire rythmée par de sanglants attentats.
En même temps qu'il dévoilera le véritable visage de Jasmine, Jean-Christophe Rufin remonte aux sources des commanditaires. Il démonte les rouages de la manipulation. Cela fait froid dans le dos même si ce n'est qu'un roman.
« Katiba » de Jean-Christophe Ruffin, Flammarion, 20 €
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