jeudi 30 avril 2009

BD - Nouvel envol de l'Epervier


L'Epervier est de retour dans un nouveau cycle d'aventures. Le héros, corsaire imaginé par Patrice Pellerin, s'était fait rare. Ce n'était pas une panne d'inspiration de son créateur, simplement les conséquences d'un changement d'éditeur. 

L'Epervier a quitté les rivages belges de Dupuis pour accoster à Toulon, en Méditerranée, chez Soleil. Premier résultat, la série bénéficie d'un plus grand format et la prépublication de cette nouvelle aventure dans trois fascicules, comme un feuilleton, enrichis de croquis préparatoires et reportages sur le travail de recherche de Pellerin. De retour en France, Yann de Kermeur n'abandonne pas sa vie aventureuse. Il est désigné par le roi pour mener une mission de la plus haute importance au Canada, nouvelle province où les Anglais tentent de contrecarrer les projets français. 

Du Québec, le lecteur n'en verra que les premières pages car l'essentiel de l'histoire se déroule à Versailles et en Bretagne. 

Le trait réaliste de Pellerin fait merveille, rendant encore plus passionnant ce récit aux multiples rebondissements.

« L'épervier » (tome 7), Soleil Quadrants, 12,90 € 

mercredi 29 avril 2009

Littérature américaine - Refaire sa vie à 60 ans dans les pas de Jim Harrison

Jim Harrison revient à ses premières amours : un road-movie plein de vigueur avec pour héros un sexagénaire meurtri mais plein d'ardeur.

Si vous avez un petit coup de blues, notamment en constatant que vous vous faites vieux, précipitez vous sur ce roman de Jim Harrison. Vous retrouverez l'allant de vos vingt ans. Quel que soit votre parcours auparavant, vous ressortirez de ces 300 pages, lues forcément trop vite tant elles sont passionnantes, avec une pêche d'enfer et un maximum de projet.

Cliff, le héros de ce roman, avant de se lancer dans sa folle odyssée, est passé par une période noire. A 60 ans passé, il découvre que sa femme le trompe, qu'elle a décidé de vendre la ferme familiale (en ne lui laissant que 10 % du prix de vente) et pour couronner le tout il découvre sa chienne Lola, morte derrière son pick-up. Il croit l'avoir écrasée en revenant d'une de ses beuveries. Un ami lui prouve le contraire, Lola est simplement morte de vieillesse.

D'agriculteur à voyageur

Il va alors changer d'attitude. Après 25 années passées à vivre au rythme des saisons, à surveiller ses bovins et ses cerisiers, il va tenter de réapprendre à être libre comme l'air. Il monte dans sa voiture et décide de traverser les 49 états des USA en une année. Il part du Michigan et met le cap à l'ouest. Le lecteur embarque donc avec ce vieil Américain ayant décidé de remonter la pente de la plus simple des manières : toujours aller de l'avant. Cliff ne part pas complètement à l'aventure. Il a un peu d'argent de côté sur son compte en banque, l'adresse d'une fille facile et aussi celle d'une ancienne élève car avant de retourner cultiver ses terres, il a été prof de littérature.

Le premier choc pour Cliff c'est de se retrouver sans tâche à réaliser sur une ferme qui n'existe plus. Habitué à se lever aux aurores, il s'ennuie un peu le matin. Des heures immobiles durant lesquelles il réfléchit beaucoup sur son sort actuel et sa vie passée. Il découvre ainsi que la météo devient « le cadet de mes soucis ». « Une partie de l'esclavage mental qu'est l'agriculture tient au fait qu'on se dit toujours qu'il fait trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec, ou qu'une tempête risque d'abîmer les fruits. »

Insatiable Marybelle

L'autre nouveauté pour Cliff, c'est de redécouvrir qu'il peut réaliser des prouesses au lit. Son ancienne élève, Marybelle, la quarantaine, typique desperate housewife, semble insatiable côté sexe. Il n'a pas une minute de repos. Sauf quand elle se met à téléphoner à ses amies. Pourtant Cliff ne supporte pas les téléphones portables. C'était déjà une pomme de discorde avec son ancienne femme, commerciale dans l'immobilier. Même quand ils faisaient l'amour, elle refusait de l'éteindre lui expliquant : « à quoi bon rater une commission de dix mille dollars afin de me faire baiser pour la cinq millième fois ? » Résultat, Cliff, après avoir jeté dans la cuvette des WC le portable offert par son fils, lâche cette sentence définitive : « L'usage du téléphone était bien pire que de marcher sur une crotte de chien ou, la nuit, dans une bouse de vache fraîche. »

Le périple de Cliff sur les routes américaines va se prolonger quelques semaines, le temps de rencontrer, entre autres, un éleveur de serpent à sonnettes, une serveuse gagnant plus en se transformant en modèle pour peintre du dimanche ou un docteur passionné de pêche (et encore plus de femmes infidèles).

Le héros va redécouvrir cette Amérique immortelle, humaine, presque légendaire. Il va se retaper le moral au gré des rencontres et cette embellie va être contagieuse pour le lecteur qui refermera ce livre avec petit pincement au cœur à l'idée de quitter cet homme et cet univers.

« Une odyssée américaine », Jim Harrison, Flammarion, 21 € 

mardi 28 avril 2009

BD - L'hexagramme du Scrameustache


Le Scrameustache fait partie de ces séries qui semblent s'être figées dans le temps. Gos, le créateur de cet extraterrestre toujours accompagné de Khéna et d'autres bestioles vertes que sont les Galaxiens, ne se lasse pas de cet univers de science-fiction pour les plus jeunes. Il bénéficie depuis quelques années de l'aide de son fils, Walt, qui collabore au dessin. 

Après avoir été une valeur sûre des éditions Dupuis, ce personnage a rejoint Glénat pour poursuivre ses aventures comme si de rien n'était. 

Dans « La clé de l'Hexagramme », les héros vont devoir mettre à l'abri un trésor découvert dans une vieille chapelle et menacé par la cupidité d'un riche propriétaire terrien.

« Le Scrameustache » (tome 39), Glénat, 9,40 €

lundi 27 avril 2009

BD - Les Néoquantiques, second volume de Meteors


Dans un futur proche, les intelligences artificielles, les IA, ont quasiment pris le pouvoir. L'homme a abandonné son libre arbitre. Plus de guerre, mais également beaucoup moins de liberté. Ces IA, des néoquantiques, totalement virtuelles mais qui sont représentées sous les traits de singes dans la BD, en devenant trop autoritaires, sont en train de basculer dans les pires travers de l'Humanité. 

Cette série de SF signée Duval (une pointure du genre ayant déjà à son actif Carmen McCalum et Travis) et Ugaki transporte le lecteur aux confins de l'univers. Les intrigues autour du pouvoir alternent avec des courses poursuites dans l'espace, plus classiques. Notamment cette chasse entre un vaisseau pirate et des jets de la police dans les restes de la « Deng Xiaoping Station, la plus grande construction humaine extraterrestre ». 

Une sorte de grande muraille orbitale, abandonnée et rouillée. Quant aux Meteors, donnant le titre à la série, ce sont des armures sophistiquées faisant passer Robocop pour une poupée Barbie...

« Meteors » (tome 2), Delcourt, 12,90 €



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samedi 25 avril 2009

BD - Le chant du Rastaman par Mathieu Sapin


Pour devenir une rock star, rien ne vaut les conseils des chanteurs qui ont déjà aligné les disques d'or. Francis Blatte, chômeur de 31 ans, vivant seul dans un petit appartement parisien, passionné par le reggae, aimerait bien gagner le jackpot en signant une mélodie imparable. Sa vie va basculer quand le poster de son idole, Bob Marley en personne, va lui parler. 

Et lui faire cadeau d'une chanson composée en 1976 et jamais enregistrée. Francis, un peu looser sur les bords, va presque oublier la mélodie de ce tube en puissance. Pour s'en souvenir, il va devoir aller dans une cabine téléphonique l'enregistrer sur son répondeur téléphonique. C'est là qu'il va se faire voler son perfecto par une vieille dame, propriétaire de la plus grande major au monde... 

Un héros improbable, des rebondissements encore plus incroyables : cet album de Mathieu Sapin est un bijou rare, élevant le délire pur au rang d'art ultime.

« Francis Blatte » (tome 1), Dargaud, collection Poisson Pilote, 10,40 € 

vendredi 24 avril 2009

BD - Todos enfermos


Violente, très violente cette série écrite par Morvan et Dragan. Le dessinateur, Noé, semble avoir d'abord dessiné les scènes de combat sans couleur, puis il a rajouté le sang, qui gicle sous les coups, larges taches rouges d'un monde de folie. 

Le troisième et dernier opus de cette histoire se déroulant du temps des conquistadores donne une conclusion plus optimiste que le récit initial. Sur une île, perdue au milieu de l'Atlantique, les militaires espagnols sont frappés par une redoutable maladie. Très contagieuse. Ils vont utiliser les indigènes pour trouver un remède. Mais ces derniers sont eux aussi frappés par le mal. Les deux communautés vont s'affronter, bien qu'elles soient de plus en plus affaiblies. 

Il faudra le réveil de quelques consciences, dans les deux camps, pour trouver une autre solution à ce massacre programmé. 

Une BD paradoxale qui, sous couvert de scènes d'une violence extrême, apporte un message d'espoir... et de paix.

« Helldorado » (tome 3), Casterman, 11,50 € 

jeudi 23 avril 2009

Nouvelles ordinaires par Mark Greene

Vies simples ou vies ratées ? Les personnages très ordinaires de ces nouvelles, signées Mark Greene, se posent forcément la question.


Mon meilleur ami de mes jeunes années est-il toujours aussi abordable ? Mon premier amour pense-t-il encore à moi, parfois ? Que garderai-je de mon père quand il sera mort ? Ces questions, bêtes questions, les héros imaginés par Mark Green dans ce recueil de nouvelles se les posent. Ils s'interrogent d'autant plus qu'en filigrane se dessine la carte de leurs réussites, sociale, professionnelle, personnelle.

Des histoires de tous les jours, banales mais qui parfois correspondent à un moment clé de l'existence du principal protagoniste. Comme quand cet homme d'affaire, Parisien distingué, fasciné par sa coiffeuse et ses ongles démesurés, décide de la suivre, un soir, dans les transports en commun desservant la banlieue. Il ne rentrera pas chez lui et décide même d'éteindre son portable. « C'est l'heure de vérité, pensai-je. Dans un sens, ma vie n'avait été qu'une longue suite de préparatifs, une mise en place méthodique des conditions de basculement. Ce soir, j'en eus subitement la conviction, j'allais atteindre le point de non-retour. »

Premier amour

Mark Greene explore des solitudes comme il y en a tant autour de nous. Pas évidentes, pas forcément subies. Cécile est responsable du contentieux dans une grande société. Un poste important lui offrant une certaine aisance financière. Mais elle est seule à en profiter. Aujourd'hui elle a 40 ans. Ses rares amis ne lui souhaiteront pas un joyeux anniversaire. Il y a longtemps qu'elle leur a fait comprendre qu'elle n'aimait pas les anniversaires. Oui mais ce jour-là, « elle a quarante ans, et elle voudrait ne plus y penser. Elle aura beau tourner les choses dans tous les sens, elle sait qu'elle n'obtiendra ni réponses à ses interrogations, ni réconfort d'aucune sorte. » Elle se lance dans le nettoyage de la salle de bain. « Lorsqu'elle a terminé, elle se demande s'il reste encore un peu de travail. Les vitres sont propres, malheureusement. Elle a passé l'aspirateur il y a deux jours. » Le jour de ses 40 ans, elle se met à penser à son premier amour. Le jeune lycéen qui l'a embrassée pour la première fois. Elle va tenter de le retrouver, comme pour retrouver cette fougue qui l'a irrémédiablement désertée. Mais 25 ans ont passé...

Meilleur ami

Solitaire également cet homme, absorbé par son travail. Ses amis d'enfance il les a perdus de vue, petit à petit, sans raison, simplement par lassitude. « Je vivais comme un moine. Ma dernière petite amie m'avait quitté six mois plus tôt. Je n'avais même pas essayé de la retenir. » Quand il croise par hasard dans la rue son meilleur ami, ce dernier l'invite au restaurant. Toute la bande, quinze ans plus tard, se retrouve autour d'un repas bien arrosé. Il n'était pas invité, il partira le dernier.

Ces chroniques de la vie courante sonnent juste. L'auteur a beaucoup observé ses contemporains, devinant leurs doutes et espoirs dans des silences parfois lourds de sens. Il leur donne la parole, mais au final c'est un peu chacun nous qui parle.

« Les plaisirs difficiles », Mark Greene, Seuil, 16 €

mercredi 22 avril 2009

BD - Dernier concert des Blattes


Chaque génération a son groupe de rock culte. « Les Blattes » auraient pu être les Beattles des années 2000. Il ne leur manquant pas grand chose : du talent, le sens du rythme, un compositeur, de l'imagination et des instruments... 

D'accord, ils partaient avec un sacré handicap, mais qui sait ? Dans ce 3e titre de leurs formidables aventures musicales, les Blattes, imaginés par Mo/CDM et dessinés par Gaël, sont obligés de travailler pour subvenir à leurs besoins. Ils seront bagagistes à Roissy. Le plan idéal pour monter dans un avion en partance pour Seattle, faire un pèlerinage sur la tombe de Kurt Cobain. Le voyage s'arrêtera en Jamaïque. 

Et ce n'est pas le fantôme de Bob Marley qui provoquera de bonnes vibrations. Une histoire désopilante pour des loosers hilarants.

« Les Blattes » (tome 3), Le Lombard, 10,40 €

mardi 21 avril 2009

BD - Choc intégral


Quatre albums de Tif et Tondu. Ce ne sont pas moins de quatre albums qui sont regroupés dans ce 5e tome de l'intégrale des héros dessinés par Will sur des scénarios de Rosy, l'inventeur de M. Choc, le méchant de légende de cette série qui a connu son heure de gloire durant les années 60. Sur près de 200 pages vous pourrez déguster les trouvailles graphiques de Will et les intrigues, bourrées de rebondissements de Rosy. 

En préambule, dans une interview, ce dernier explique qu'il aurait voulu changer l'ambiance de la série mais que les lecteurs redemandaient sans cesse du Choc. Cela ne l'empêchait pas de saupoudrer ses récits de fantastique comme dans le dernier titre du recueil, « Le grand combat ».

« Tif et Tondu, intégrale » (tome 5), Dupuis, 22 euros 

jeudi 16 avril 2009

BD - De gros câlins très torrides et à fleur de peau


Arthur et Janet sont jeunes, s'aiment et se le prouvent sans cesse. N'importe où, n'importe comment. Arthur et Janet pourraient être les doubles de Cornette (scénario) et Karo (dessin). Cet bel album d'histoires courtes raconte au lecteur (ou lectrice) le quotidien assez chaud de ces deux tourtereaux. Cela commence par une balade dans une grande ville d'une ancienne dictature communiste de l'Est. Aujourd'hui, les mœurs des habitants sont plus libres. 

Arthur et Janet en profitent pleinement, faisant l'amour dans le couloir d'un grand hôtel, puis dans un jardin public et dans une grange. Une très bonne façon de découvrir un pays sous un jour différent. Les autres récits mettent en vedette soir d'autres partenaires (homme ou femme) voire des ustensiles détournés comme ces ingrédients d'un cake à la banane joyeusement gâchés dans une cuisine. Au final, ce sera salade de fruit car « seule la banane était plus ou moins récupérable... » 

Cette BD, pour un public averti, va au-delà de l'érotisme. Mais si certaines scènes peuvent être qualifiées de pornographiques, elles restent avant tout sensuelles, pleine de désir partagé et d'écoute du partenaire. Et jamais vulgaires.

« Arthur et Janet à fleur de peaux », Drugstore, 13 € 

mercredi 15 avril 2009

Thriller et fantastique - La Sentinelle du Complex

La prédiction de l'avenir est au centre de la seconde partie de la trilogie Complex, signée de Denis Bretin et Laurent Bonzon.


Celui qui connait l'avenir peut dominer le monde. Ce précepte, qui n'a jamais été mis en pratique, est au centre de ce roman, entre thriller et épopée fantastique. « Sentinelle » de Denis Bretin et Laurent Bonzon est la seconde partie de la trilogie « Complex ». L'action débute en 2001. Un prêtre grec, officiant dans une petite chapelle dans les sous-sols du World Trade Center, reçoit tous les matins un appel d'une femme. Angela, vivant seule avec sa fille, a des visions. Elle les raconte et se confie à cette oreille attentive. Le 10 septembre, tôt le matin, Angela téléphone au numéro habituel. Tombe sur le répondeur, débite une longue tirade en une langue ancienne et se met à réciter une liste de 2985 noms. Les identités des 1985 personnes qui trouveront la mort, le lendemain, dans l'attentat des deux tours jumelles. Dans cette liste, le prêtre grec.

Trois ans plus tard, deux agents de la police fédérale chargés d'enquêter sur les attentats découvrent le message sur le répondeur. S'ils comprennent rapidement à quoi correspond la liste de noms, ils ont plus de difficulté pour faire traduire le préambule. Une universitaire va se charger de la traduction de ce texte qui parle des « colonnes jumelles, très hautes, ils vont les toucher de leurs ailes, les deux rapaces envoyés des extrémités de la terre. » Plus loin Angela explique que « l'orgueilleuse aux larges rues va s'agenouiller, la cité aux mille tours, mise à bas, écrasée à terre ». Les deux agents, Andy et Geoffrey se lancent à la recherche de cette femme qui avait prédit l'attentat. Mais ils ne sont pas seuls à tenter de la retrouver. Angela, devenue SDF, à moitié folle, recluse dans un entrepôt, peignant sans discontinuer une fresque représentant le Tsunami qui ravagera l'Asie du Sud-Est quelques mois plus tard.

Le retour de Renzo

Ce début de roman, passionnant, voit également l'intervention, quelques années plus tard, de Crawford, le dirigeant d'une société de conseil, Oracle. Lui aussi est à la recherche d'Angela. Elle semble posséder un pouvoir qui l'intéresse au plus haut point. Il faut en fait attendre presque 150 pages pour faire le lien avec le premier roman, « Eden ». Le personnage principal du premier opus, le commissaire Renzo Sensini qui avait mené l'enquête dans cette affaire de manipulation génétique et d'éco-terrorisme. Il est en Grèce, pour quelques jours de repos. C'est là qu'il retrouve Iva Neves, une « ennemie » tombée sous le charme de ce flic bourru. Bretin et Bonzon vont placer au fil des chapitres leurs pions pour cette gigantesque partie d'échecs de dimension mondiale. 

Des milliardaires avides de pouvoir, des flics dévoués mais dépassés par les événements, une entreprise, Oracle, aux ramifications planétaires et aux buts mystérieux et Renzo Sensini vont être au centre de cette course poursuite pour tenter de « posséder » cette femme, sorte de descendante de la Pythie de la mythologie. Un suspense crescendo pour un roman qui se dévore. On est impatient de connaître la fin, le dénouement. Mais le lecteur n'a pas le don d'Angela...

« Sentinelle », Laurent Bonzon & Denis Bretin, Editions du Masque, 20 euros v

mardi 14 avril 2009

BD - Cité d'la balle, la banlieue passée à la moulinette


Non, Monsieur Relom, ce n'est pas gentil de se moquer des jeunes de banlieue ! Vous ne devriez pas être fier de rabaisser ces jeunes ayant tant de difficulté d'intégration ! Ce couplet moralisateur placé pour se donner bonne conscience, ne boudons pas notre plaisir et rions aux éclats des déboires de cette bande de bras cassés. 

D'autant qu'une fois les gags appréciés au premier degré, on constate que Relom a finalement beaucoup de tendresse pour ces cinq amis, copains à la vie à la mort. Titi, le roux, intelligent et gay, donne une belle leçon de tolérance à sa mère, fonctionnaire de gauche mais pleine de préjugés. 

Et même si au passage ils mettent la ville à feu et à sang, cela part d'un bon sentiment...

« Cité d'la balle », Lombard, 10,40 € 

lundi 13 avril 2009

BD - Petite lucarne dépressive


Klébar, un bâtard taciturne, n'a pas une vie palpitante. Il suit les humeurs de sa maîtresse, Rose, retraitée solitaire accro à la télévision. Sans être géniale, sa vie pépère se déroulait sans encombres. Jusqu'à ce jour funeste où Patrick a été viré par les dirigeants de TF1. 

Patrick c'est PPDA, le présentateur du 20 heures avec qui Rose avait noué une relation intime et fusionnelle. Mo/CDM, le créateur de ces personnages, a poussé jusqu'à l'extrême cette douce folie d'une ménagère complètement déconnectée de la réalité par abus de « lucarne magique ». 

Les gags s'enchaînent, allant crescendo, jusqu'à un dénouement confirmant que ce public est très versatile.

« Klébar le chien » (tome 2), Fluide Glacial, 9,95 € 

dimanche 12 avril 2009

Mes BD souvenirs (8)

La collectionite est une redoutable maladie. Je l'ai donc attrapée à la fin des années 70. Mon virus : les magazines BD. En fait, au début, elle était très limitée, comme mes finances... Encore lycéen, mineur de surcroit, je n'avais pas de revenu. Tout mon argent de poche passait dans l'achat épisodique des mensuels (Pilote, Métal, Fluide, L'Echo, Charlie, Circus, A Suivre...). Pour les hebdos, j'étais abonné. Dès que j'ai travaillé l'été, je suis monté en puissance.


Quand je suis rentré à la fac (rentrée 1980), j'avais suffisamment d'argent pour tout acheter. Une passion que j'ai logiquement transformé en sujet de mémoire à la fin de mes études de journalisme... Les piles n'étaient pas encore très hautes, mais de plus en plus nombreuses. D'autant qu'à l'époque les lancements étaient nombreux. C'était l'âge d'or de ce type de presse. En plus des grands classiques déjà cités sont apparus des titres plus ciblés comme Vécu (BD et histoire), Gomme (mensuel pour adolescents de Glénat), Psikopat (que du Carali au début), Métal aventure, Rigolo (les Humanos au service de l'humour, de Margerin à Jano), Corto ou le très expérimental « Journal illustré le plus grand du monde ». Ce titre avait tenté de révolutionner le concept en imprimant sur du papier journal dans un format gigantesque. Ce n'était pas extraordinaire sauf la prépublication d'une histoire de Comanche. En noir et blanc et surtout au format original des planches de Hermann. J'adorais son trait. Le voir en grand le magnifiait encore plus. Il n'y a eu que cinq numéros en 1982 et 1983. Je les avais tous achetés.


Les années 90 ont été redoutables pour toute cette presse. Les titres ont disparu les uns après les autres. N'ont survécu que Fluide et le Psikopat. D'autres ont tenté de prendre la suite. J'avais beaucoup aimé « Pavillon Rouge » de chez Delcourt. Lanfeust continue (mais est de moins en moins présent dans les kiosques), Tchô surfe sur le succès de Titeuf. Par contre je n'ai jamais accroché aux revues « d'analyses ». Notamment Bodoï, Bédéka et plus récemment « Casemate ». Pourtant, dans les années 80, j'achetais régulièrement « Les cahiers de la BD ».

Durant ces années 80, je ne jurais que par les revues, dédaignant les albums que je trouvais trop chers. C'est en décrochant mon premier job et des salaires corrects que j'ai pu additionner les deux. En plus de compléter mes collections de revues dans les bouquineries, je me suis mis à acheter une dizaine d'albums par mois. Résultat, mon problème (que j'ai toujours d'ailleurs) a été de trouver de la place pour ranger ces milliers de titres.

(A suivre dimanche prochain) 

samedi 11 avril 2009

BD - Variation sur le soldat inconnu


Un album sur la guerre de 14/18 à lire en écoutant de la musique punk. Manu Larcenet au scénario, Daniel Casanave au dessin : le duo propose une aventure rocambolesque du soldat inconnu. 

Ce soldat, officier peu recommandable, ressuscite d'entre les morts. Il se retrouve dans un gigantesque cimetière, obligé de vivre en tête à tête avec le gardien, dernier survivant de notre triste civilisation, amateur de groupes radicaux, du Clash aux Wampas. Ces deux personnalités que tout oppose vont devoir apprendre à vivre ensemble. 

Ce ne sera pas facile, certains cauchemars devront être exorcisés. Inclassable mais brillant, comme toutes les productions de Larcenet, auteur entier qui construit une véritable œuvre, titre après titre.

« Crevaisons », Dargaud, 10,40 € 

vendredi 10 avril 2009

Essai - Les Yé-yés de A à Z


Débuté en 1959, le phénomène yé-yé a 50 ans, un demi-siècle. Les jeunes qui se trémoussaient au début des années 60 sont maintenant retraités. On peut donc sans remord se pencher avec nostalgie sur cette période musicale qui a marqué l'arrivée du modernisme (et du commercial) dans la chanson française. Alain Pozzuoli se propose de guider les fans, histoire de leur rafraîchir la mémoire. Sous forme d'un dictionnaire, il présente les idoles de l'époque, les opportunistes, les éphémères, les groupes et supports ayant aidé à l'éclosion des yé-yés. Le dictionnaire a l'avantage de permettre à tout un chacun de picorer dans cette longue liste de personnalités. 

Certes il y de nombreuses pages sur les stars, de Johnny Hallyday à Claude François en passant par Sheila et Sylvie Vartan, mais l'auteur nous fait également profiter de son savoir immense sur un phénomène qui produisait des « artistes » à la pelle, sortant parfois un 45 tous les trois mois, un peu comme nos vedettes « jetables » de la téléréalité. Ainsi vous découvrirez l'itinéraire éclair d'Hector, un « rocker maudit » surnommé « le Chopin du twist ». Encore plus provocateur qu'Antoine et ses élucubrations, il s'est, au cours d'un reportage, fait cuire un œuf sur la flamme du soldat inconnu. Son principal tube s'intitulait « Je vous déteste ». 

Un « personnage à la Salvador Dali » selon Alain Pozzuoli qui avait pour paroliers Gérard Sire et Jean Yanne. Des chanteurs qui souvent prenaient des pseudonymes, le plus simple possible. En 1967 une certaine Josiane Grizeau se présente au public sous le sobriquet de Céline. Echec. Deux ans plus tard elle est de retour en Séverine. 

Enfin le succès, elle remporte même l'Eurovision en 1971 pour... Monaco. Les yé-yés qui ont même compté dans leurs rangs une religieuse, la fameuse Sœur Sourire en tête des hit-parades en 1962.

Ce dictionnaire propose également des chapitres reprenant les tubes par année, les scopitones marquants ou les films tournés par les chanteurs de l'époque. Un ouvrage très complet, sérieux, un peu pauvre en illustrations (seulement 16 pages de photos sur un total de 576) mais riche en informations et anecdotes en tout genre.

« Dictionnaire des Yé-yés », Alain Pozzuoli, Pygmalion, 22 € 

jeudi 9 avril 2009

BD - Tous tocards !

A en croire Christophe Donner, le PS n'est qu'une écurie de tocards. Mais cela n'empêche pas le joueur de parier. Et gros...


« 20 000 euros sur Ségo ! » Le titre de cette sortie de Christophe Donner donne d'emblée le ton. Associer politique de gauche et jeu d'argent c'est encore plus révolutionnaire que de faire un meeting au Zénith en tunique de soie sauvage. Si Patrick Rambaud se paie notre « fulgurant président », Christophe Donner, lui aussi chez Grasset, préfère attaquer sur sa gauche. Il frappe dans le tas, de Ségolène à Hamon, en racontant les coulisses de ce fratricide congrès de Reims.

En fait, tout commence par une envie de femme. La femme du narrateur qui veut changer les fenêtres de leur appartement. Il faut trouver 20 000 euros. Madame a une idée : « Écris un livre, un livre qui rapporte des sous ! » Plus porté sur les paris hippiques que la politique, le narrateur obtient cependant une avance de son éditeur en lui expliquant qu'il allait raconter, de l'intérieur, le congrès de Reims du parti socialiste.

La curée de Reims

C'est en constatant qu'il y a six motions en concurrence que l'idée lui est venue de parier sur le résultat. Après un rapide tour d'horizon, il se décide et lance la fameuse phrase à son bookmaker anglais. Ce texte, vif et enlevé, alterne les explications savantes sur les humeurs de turfistes (déjà lues dans les précédents livres de Christophe Donner) et des considérations sur la politique, les politiques, les partis et les militants. Avec un final immergé dans le congrès, quand tout le monde espérait le duel Martine – Ségolène.

Au début, avant de se consacrer à ses deux principales héroïnes, il tente de s'intéresser aux autres candidats. Le beau Benoît Hamon n'est pas le plus mal traité. Par contre Bertrand Delanoë en prend pour son grade quand l'auteur analyse un de ses discours : « Fidélité, rénovation, croire, changer l'Europe, justice sociale, plus de démocratie, le maire de Paris appuyait sur chacun de ces mots, comme de nouveaux clous qu'il enfonçait dans sa langue de bois. »

Ode aux banquiers

Alors que la lutte devient plus serrée, que la crise économique mondiale s'accélère, la côte de Ségolène baisse de plus en plus. Bien qu'elle ait la majorité de l'appareil du parti contre elle, les militants se montrent de plus en plus enthousiastes. Comme le narrateur. Il n'est pas convaincu de la pertinence de son programme (ce fils de communiste avoue même qu'il a voté Sarkozy), mais simplement car il est entraîné par le jeu. Il risque gros et n'a qu'un désir pour l'avenir : qu'elle l'emporte. Même à 2 contre 1, il double sa mise. Au détour des péripéties contées par le menu avec force de détails, le narrateur a cette tirade pour défendre les banquiers, en totale opposition avec l'air du temps mais très visionnaire : « Les banquiers sont les gardiens, les bergers de l'économie. Ils veillent sur nous. Seulement, à force de se faire accuser de tous les maux, leur mauvaise conscience se réveille. Déjà qu'à l'état normal ce sont des gens ravagés par le doute, si toute l'opinion se dresse contre eux, c'est fini, ils vont craquer. »

La fin de l'histoire, tout le monde la connaît : Martine Aubry l'emporte avec quelques dizaines de voix d'avance. Pari perdu alors pour Christophe Donner ? Pas sûr, le bougre a plus d'un atout dans sa manche. Ce livre par exemple. Son ton résolument caustique envers le PS et la politique en général devrait lui assurer un petit succès. De quoi payer les « fenêtres en or » tant désirées par sa femme.

« 20 000 euros sur Ségo ! », Christophe Donner, Grasset, 12 € 

mercredi 8 avril 2009

BD - Belle inconnue


Bastien Vivès, à peine 20 ans, s'est fait remarquer avec « Le goût du chlore », histoire d'amour compliquée se passant dans une piscine. Il récidive avec « Dans mes yeux », dessiné en couleurs directes (pastel et crayons de couleurs) au scénario ténu mais prenant. 

Avec en plus un parti pris narratif étonnant, chaque dessin est ce que voit le second personnage de cette histoire de séduction. On a droit à 100 pages de représentations d'une belle étudiante, rousse et parfois futile. Elle rencontre dans une bibliothèque ce garçon que l'on devine. Ils se revoient, se comprennent, s'aiment. 

Bastien Vivès a visiblement pris beaucoup de plaisir en dessinant cette jeune fille inconnue. Les cinq pages durant lesquelles elle danse sont un modèle du genre. Un album innovant à découvrir.

« Dans mes yeux », Casterman, 16 euros 

mardi 7 avril 2009

BD - Hommes bavards


Les hommes aussi tombent amoureux. Tel pourrait être l'autre titre de ce recueil de nouvelles illustrées. Gilles Lahrer raconte, Sébastien Vassant dessine. Une quinzaine de témoignages comme autant de relations possibles entre les hommes et les femmes. 

Chaque récit est précédé d'une explication, face au lecteur, du principal protagoniste. De Massimo, agent commercial à Ferdinand, écrivain, autant de cas particuliers dans lesquels il est possible de se reconnaître. 

Cela va du graveleux au poétique, du pathétique à l'émouvant. Aucune relation ne ressemble à une autre. Les femmes apprécieront, les hommes auront parfois du mal face à ce miroir déformant.

« La voix des hommes qui se mirent », Futuropolis, 22 euros 

lundi 6 avril 2009

BD - Débuts courts de Chester Brown


Chester Brown, avec Joe Matt et Seth, est un des piliers de la BD indépendante nord-américaine. Logiquement, la nouvelle collection des éditions Delcourt reprend « Le petit homme », compilation de ses histoires courtes parues entre 1980 et 1995. Ses premières œuvres, très surréalistes, encore hésitantes, côtoient des récits autobiographiques beaucoup plus longs et aboutis. 

Dans cette dernière catégorie, Helder est un classique, suivi d'un « making of » très instructif sur sa méthode de travail. Le tout est une nouvelle fois mis en abîme par de longues notes commentant ces histoires, les remettant dans leur contexte historique. Un magistral cours de BD et de création.

« Le petit homme », Delcourt, 14,95 euros 

dimanche 5 avril 2009

Mes BD souvenirs (7)


En cette année 1976, j'ai multiplié les chocs graphiques. Et découvert des univers que je ne soupçonnais pas. Exemple les BD publiées dans Métal Hurlant. Le mensuel de science fiction, créé par Moebius, Druillet et Dionnet, alternait déjà récits classiques, souvent en hommage à un âge d'or révolu, et séries résolument futuristes et novatrices. Là aussi c'est une couverture de Solé, un Père Noël évidemment, qui m'a donné l'envie de posséder le numéro de décembre 1976. J'avais feuilleté un peu les précédents numéros, mais de savourer tranquillement ces 100 pages a radicalement changé ma vision de la BD. C'était l'époque où Moebius laissait dériver son imagination au gré des errances de Jerry Cornélius. Un Garage Hermétique qui l'était souvent pour moi aussi mais à la virtuosité graphique inégalée. Et cette pointe de folie qui donnait l'impression qu'on comprenait où l'auteur voulait nous conduire alors qu'en fait ce dernier ne le savait pas du tout...

Il y avait déjà Serge Clerc (mais pas encore Chaland), Montellier, Margerin, Pétillon et Masse. Les histoires de ce dernier me laissaient très perplexe. Dessiné avec une application laborieuse, tout en gros nez et lunettes rondes, ces récits complets présentaient des mondes inquiétants, en marge, où tout un chacun se questionnait. J'étais très réceptif à ces personnages tortueux car très mal à l'aise dans ma peau à l'époque. Masse a toujours été un auteur incompris. Il a d'ailleurs depuis arrêté la BD. Il a également collaboré à (A Suivre) (voir la couverture ci-contre datant de 1984). Certaines de ses histoires se passaient dans une foule compacte où les protagonistes, serrés comme des sardines, suivaient le mouvement, perdant totalement leur libre arbitre. Je me reconnaissais complètement dans ces personnages et cette situation. Depuis, j'ai horreur de la foule.

Dans Métal Hurlant, les dessinateurs de grand talent pullulaient. Si je n'ai jamais accroché à Druillet, par contre je restais des heures devant les planches de Caza, Voss, Macedo ou Jeronaton. Des spécialistes d'un certain réalisme académique, au service d'une imagination débridée. J'ai été un fidèle inconditionnel de la revue. Suivant tous les délires de Philippe Manœuvre. J'avais même réussi à compléter ma collection. Quand la revue a cessé de paraître, en 1987 au numéro 133, il ne m'en manquait qu'une poignée. Métal en quelques années et à peine plus de 100 numéros avait durablement marqué la BD européenne. Je les avait tous regroupés dans un gros carton. Il y a trois ans, au cours d'un énième déménagement, vers la Martinique cette fois, n'ayant pas pu mettre ce carton dans le container, je le laissais en dépôt dans le studio d'un ami. Ce dernier, devant déménager dans l'urgence, sans ouvrir le carton, l'a déposé dans la rue pour s'en débarrasser. D'autres cartons ont suivi, notamment ceux contenant mes fascicules de Tintin des années 1974 à 1980. Quand il m'a appris cela au téléphone, j'ai quasiment tourné de l'œil. Aujourd'hui, près de quatre ans plus tard, j'ai fait mon deuil. Et je me dis qu'un jour, chez un bouquiniste, je trouverai un très beau lot de Métal ou de Tintin, en parfait état...

Si c'est avec Métal Hurlant que je suis véritablement devenu un collectionneur, par la suite ce sont de très nombreux titres que je suivais régulièrement, grossissant sans cesse les cartons de mes déménagements...

(A suivre dimanche prochain) 

samedi 4 avril 2009

BD - Le casting des super-héros


Si aux Etats-Unis les super-héros sont souvent pris au premier degré, en Europe, les auteurs prennent un malin plaisir de se moquer de ces vaillants et invincibles guerriers au service du Bien. Il y a eu le « Captain Biceps » et Tébo et Zep mais avant, dans les années 90, Mauricet, alors jeune dessinateur débutant, avec Janssens au scénario, a proposé dans les pages de l'hebdo Spirou sa version des héros de la loose : « Cosmic Patrouille ». 

Une série éphémère mais qui trottait encore dans la tête de Mauricet. Résultat, en plus de sa série fétiche, « Basket Dunk », il a décidé de reprendre, seul, cette série de gags qui a trouvé refuge chez Bamboo, éditeur qui s'est imposé en peu de temps leader au rayon des BD humoristiques. Le second tome met toujours en vedette Tarentule et Batmec sans oublier Robinou, à la recherche d'une première mission et qui n'a toujours pas le droit de conduire la batbagnole.

Dans cette quarantaine de gags, souvent, deux ou trois membres de la Cosmic Patrouille auditionnent des héros postulant à intégrer cette célèbre armée du Bien. Systématiquement, les vieux de la vieille ne recrutent les nouveaux que pour détourner leur pouvoir. Ainsi le « Moutard fantôme » ne servira que de barbecue pour un pique-nique, Le « Magicien » sera très utile (grâce à se lapins) pour assurer le ravitaillement en viande, « Sergent USA » et son bouclier (transformé en plateau) fera un malheur au poste de serveur, enfin « Bête-à-cornes » se révèlera (grâce à ses sens surdéveloppés, notamment l'ouïe) un radar mobile tout bénéfice pour la police. 

Une série très réussie qui n'est pas spécialement réservée aux amateurs de comics américains.

« Cosmic Patrouille » (tome 2), Bamboo, 9,45 € 

vendredi 3 avril 2009

Thriller - Le festin des anges

Le commissaire Edwige Marion, flic mais également mère, se retrouve face à un pédophile. Un polar signé Danielle Thiéry.


On a beau être commissaire principal, pas évident de s'imposer au sein d'un nouveau service. Surtout quand on arrive de province et que l'on est une femme. Edwige Marion a déjà vécu quelques aventures sous la plume de Danielle Thiéry dans la région de Lyon. Grand changement avec ce roman puisque la jeune femme vient de prendre le commandement de la police des gares. Des centaines d'agents sous ses ordres, quelques fortes têtes et peu d'enquêtes passionnantes.

Dans les premières pages, le lecteur découvre le quotidien de ces policiers de base, obligés de se coltiner tous les paumés de la capitale qui profitent de ces lieux de passage pour tenter un mauvais coup et se fondre dans la foule. Prostituées, trafiquants de drogue, resquilleurs, tagueurs et squatters échouent régulièrement dans les locaux en sous-sol du nouveau royaume d'Edwige Marion. Cette dernière a bien du mal à s'intégrer.

Professionnellement et humainement. Avec sa fille adoptive, Nina, elle a trouvé un appartement dans un quartier peu sûr. Et c'est un soir, en sortant d'un cours de théâtre, que Nina et une amie, Ange-Lou, se font agresser par un mystérieux homme conduisant "un gros 4x4, tapis dans l'ombre épaisse, tous feux éteints. L'obscurité ne permettait pas de distinguer son conducteur, mais Nina eut l'intuition qu'il n'était pas au volant. Ange-Lou s'était figée, agitée de tremblements. Quelque chose claqua derrière elles. Elles tournèrent la tête en même temps, les jambes fauchées par la peur. L'homme en noir braquait sur elles un petit fusil qu'il tenait d'une seule main. Il fit deux pas en avant et se retrouva si près d'elles que Nina perçut son odeur. Déplaisante." Le "méchant" fait peur. L'auteur, également commissaire divisionnaire dans le civil, a particulièrement soigné la description de "l'enfoiré" comme le surnomme rapidement Edwige Marion. Mêlée personnellement à cette affaire, Edwige découvrira que l'enquête est confiée à Kerman, flic ambitieux qui fut son amant. Pas à pas, on suit la progression des policiers, fourmis besogneuses visionnant des heures de vidéo surveillance, questionnant les voisins... Au final on se retrouve avec un dénouement qui offre son lot de surprises et de rebondissements. Un bon polar à la française, alternant les passages techniques et ceux beaucoup plus psychologiques.

"Le festin des anges" de Danielle Thiéry. Editions Anne Carrière. 20 euros 

jeudi 2 avril 2009

BD - Terreur en forêt


Si l'on feuillette distraitement cet album, on pourrait penser à une BD pour enfants, entre Sibylline, pour le côté animaux de la forêt, et Olivier Rameau pour les petits personnages ronds et insouciants. Il faut arriver à la page 6 pour comprendre que non seulement c'est un récit adulte, mais qu'en plus on se trouve en présence d'une histoire sortant véritablement de l'ordinaire. 

En fait, c'est tellement original et inhabituel que déflorer le principe du récit, ce coup de théâtre de la page 6, enlèverait beaucoup au plaisir de la découverte. Cette chronique sera donc volontairement peu informative. Sachez cependant que le scénario est de Fabien Vehlmann et le dessin de Kerascoët, sur une idée de Marie Pommepuy (la moitié de Kerascoët, pseudonyme d'un couple de dessinateurs). 

L'histoire d'une petite fille et de son monde imaginaire, en rose bonbon, où les princesses sont belles et coquettes, les princes charmants et valeureux. Une fillette qui voit défiler les saisons, du joyeux printemps au rude hiver. « Jolies ténèbres » se lit d'une traite, mais la « digestion » est plus longue... Certainement la BD la plus remarquable de ce début d'année.

« Jolies ténèbres », Dupuis, 16 € 

mercredi 1 avril 2009

BD - Hôtel oppressant


Le blizzard souffle sur un petit hôtel perdu au cœur du Nebraska en 1898. Trois hommes descendent du train et vont se réchauffer dans la bâtisse. Parmi eux, Svante Jonasson, un Suédois. Il est aussi inquiet que les deux autres voyageurs car l'endroit ne respire pas la sérénité. L'accueil est glacial. L'ambiance se détend quand le propriétaire des lieux propose une partie de poker. Le Suédois refuse de jouer, ne daignant même pas de donner son nom. 

Svante, à l'attitude très étrange, se met à délirer et affirme haut et fort qu'il va mourir avant la fin de la nuit. Une nuit tumultueuse qui ne fait que commencer. Ce roman graphique de 100 pages est l'adaptation d'une nouvelle de Stephen Crane. 

Devant la table à dessin on retrouve Christophe Gaultier, dessinateur de la série « Guerres civiles » avec Morvan et Ricard au scénario. 

Gaultier qui parvient à donner du mouvement et du corps à ce huis-clos oppressant et pesant. Des planches très sombres, qui font la part belle aux tronches des principaux protagonistes, le Suédois notamment, maigre, les cheveux longs et filasses, yeux exorbités, à la limite de la folie.

« Le Suédois », Futuropolis, 18 €