mardi 31 mars 2009

BD - Le zoo de Bilal


Étrange futur que celui décrit par Bilal dans son nouvel album, "Animal'z", paru chez Casterman. Un grand coup de froid, dérèglement climatique à l'envers, a rendu les terres invivables. Seuls quelques privilégiés ou chanceux survivent sur des petits bateaux. Cet album raconte l'errance d'un groupe de ces survivants. Des hommes à l'agonie face à des animaux ayant en partie réussi leur adaptation. 

Bilal, dans ces 100 pages d'une virtuosité toujours inégalée, aborde le thème de la mutation génétique. Et si pour survivre, il suffisait de se réincarner, provisoirement, en dauphin ? Certains des personnages sont des cobayes, découvrant leurs mutation en cours. Notamment la belle Kim, attiré par les bêtes, les comprenant. On croise également, dans cet univers gelé, un sous-marin nucléaire échoué, une famille de cannibales et deux duellistes solitaires. L'auteur aime truffer ses dialogues de citations, toutes pertinentes. 

Reste le dessin. Couleurs directes, sur un fond gris bleu. Beauté des personnages, perfection des animaux. Chaque planche se laisse admirer longuement. Comme une plongée au cœur du futur. Tout simplement magistral.

« Animal'z », Casterman, 18 € 

lundi 30 mars 2009

Roman - Cinquantenaire branchée

Comment retrouver l'amour quand on a plus de 50 ans ? Ariel Ricaud a la solution : les sites de rencontres sur le net. Mais gare aux désillusions.


Charlotte est amère. Charlotte est seule. Charlotte risque de déprimer. Pourtant l'héroïne de ce roman d'Ariel Ricaud a tout pour être heureuse. Grande bourgeoise totalement à l'abri du besoin, elle a longtemps conjugué réussite professionnelle et familiale. Patronne d'une agence de communication, elle gère une petite équipe de jeunes femmes modernes et efficaces. Elle est aussi toujours dans le coup. Malgré ses 58 ans elle « assure » : svelte et sportive, elle en fait 15 de moins. Pourtant Charlotte est seule depuis près d'un an. 

Après 25 ans de mariage, trois enfants et deux petits-enfants, son médecin de mari l'a quittée pour une plus jeune rencontrée au cours de ses interminables parties de golf. Si dans un premier temps elle a compensé en travaillant d'arrache-pied, force est de constater que cette solitude commence à lui peser. Ses soirée en tête à tête avec une tranche de jambon (régime oblige) deviennent de plus en plus pénibles.

Flashée par Bel Ami

Tout changera quand elle reviendra d'un déjeuner d'affaire et découvrira ses employées regroupées devant l'écran de l'ordinateur d'Isabelle. Cette trentenaire, cherchant toujours le grand amour, s'est inscrite sur un site de rencontres, « Love-paradise.com ». Ses discussions avec divers prétendants passionnent ses collègues. Dans un premier temps, Charlotte juge sévèrement cette pratique : « Vous êtes vraiment des gamines ! Quelle idée saugrenue, vous avez du temps à perdre, Isabelle, jeune et jolie comme vous êtes, vous n'avez sûrement pas besoin d'Internet pour vous trouver un mari. » Mais, solitude aidant, Charlotte va se laisser prendre au jeu et s'inscrire, en secret, sur le site. Rapidement elle sera « flashée », se lançant dans des discussions virtuelles qui remplaceront ses soirées solitaires. Et deux des prétendants vont faire le forcing pour la rencontrer. Deux grosses déceptions car même à 50 ans passés, la priorité des hommes reste de coucher, rapidement, avec leur conquête.

Différence d'âge

Ariel Ricaud, dans cette première partie du roman, décrit avec justesse ces nouvelles pratiques de rencontres amoureuses. Son récit bascule quand Charlotte, malgré les premiers échecs, se laisse séduire par un « Bel Ami » érudit, énigmatique et patient. Derrière le pseudo de cache Alex, à peine 40 ans, presque trop beau. Ariel Ricaud bascule dans le roman psychologique, avec les interrogations d'une femme tentée de refaire sa vie avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle. Mais est-ce le grand amour ou le piège d'un gigolo astucieux ?

Le lecteur se laisse porter par les états d'âme de l'héroïne partagée entre son bonheur fou de l'instant et ces apparences qui passent mal auprès de sa famille et de ses connaissances professionnelles. Si la première partie est tout à fait dans l'air du temps, la seconde est plus profonde et universelle, plongeant ses racines dans une question vieille comme la nuit des temps : une femme peut-elle aimer un homme qui pourrait être son fils ?

« Love-Paradise.com », Ariel Ricaud, Fleuve Noir 19 € (« Vivement demain », précédent roman d'Ariel Ricaud, vient de paraître en poche chez Pocket) 

dimanche 29 mars 2009

Mes BD souvenirs (6)

Encore adolescent de la campagne, sans conscience politique ni ouverture au monde, j'ai en grande partie découvert la vie dans les BD. Pour jeunes dans un premier temps. Du premier degré, très agréable, idéal pour mon envie d'évasion d'un quotidien qui me semblait forcément étroit. Interne, dans un lycée technique donc fréquenté par 98 % par des mâles acnéiques, rapidement les discussions ont porté essentiellement sur le sexe. Un sujet sur lequel j'avais tout à apprendre. Et ce n'est pas auprès des nombreux obsédés avec qui je partageais le dortoir que je me suis éveillé mais en lisant des revues dont je n'imaginais même pas l'existence trois mois plus tôt : L'Echo des Savanes, Pilote ou Fluide Glacial.

Le mercredi, je traînais dans les librairies et maisons de la presse. Pour acheter Spirou et découvrir quantité d'autres titres. Certains, au début, me brûlaient les doigts car les couvertures étaient particulièrement suggestives. Gros seins, verges en érection, les mœurs étaient libres et s'affichaient. Premier gros choc avec l'Echo des Savanes. Je me décidais d'acheter un exemplaire en cette fin d'année 76 en raison d'un dessin de Solé. Un body-builder, tous muscles dehors, gonflait un biceps en forme de sein. A l'intérieur, tout me semblait extraordinaire.

L'œil attiré par les dessins plus classiques, je dévorais une parodie d'Alice au pays des merveilles de Wallace Wood. « Malice au pays des merveilles » mettait en scène une héroïne aux formes de femme épanouie, entièrement nue. Quand elle se penchait pour cueillir une fleur, un lapin libidineux au sexe énorme la prenait par derrière. J'apprenais par la suite le parcours compliqué et la fin tragique de ce dessinateur talentueux de Mad. Marcelé aussi dessinait des femmes aux formes épanouies, moins fermes mais tout aussi suggestives. Au sommaire également une histoire complète de Jack Palmer, première époque. Dans les numéros suivants, je plongeais dans l'histoire la plus parano de toute la BD : « L'hôpital » de Ted Benoit. Il était loin de Blake et Mortimer à l'époque. Un malade, hospitalisé pour un petit bobo, en sortait, plusieurs mois plus tard, amputé de divers membres. J'avoue n'avoir rien compris aux BD de Mandryka, le rédacteur en chef de l'époque.

L'Echo des Savanes qui l'année suivante ouvrait ses pages aux punks de Bazooka. Là non plus ne je comprenais pas tout (voire rien du tout, car finalement il n'y avait peut-être rien à comprendre...) mais cela me plaisait. Je m'intéressais à autre chose qu'à la ligne claire... Au lycée, loin de la cellule familiale, je lisais ces BD underground, audacieuses, dures et osées. De retour à la maison, les week-ends, je reprenais mon habit de petit garçon, rêvant sur des histoires plus classiques, presque plus de mon âge. Je ne les rejetais cependant pas, ce n'était pas un style à la place d'un autre. En fait je cumulais, rallongeant sans cesse mes lectures (je continuais à lire un ou deux romans par semaine), découvrant alors que mon nom me collais de plus en plus à la peau : oui je serai celui qui « lit tout ».

En même temps que l'Echo des savanes, je découvrais les autres titres de BD adultes. Chacune dans son genre, toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Avec une petite préférence pour Métal Hurlant et sa SF très novatrice.

(A suivre dimanche prochain) 

samedi 28 mars 2009

BD - Bocal story


Mieux que Prison break ! La série de gags de Nicolas Poupon, « Le fond du bocal » propose l'existence au quotidien dans un univers carcéral pire que le plus malfamé des bagnes américains. Les héros, en plus d'être enfermés dans un espace minuscule, sont exposés à la vue de tous. Des héros rouges, une prison de verre : bienvenue dans la vie trépidante des poissons rouges ! 

Pas évident de se renouveler vu la petitesse du décor. Et pourtant, l'auteur multiplie les idées et les trouvailles. Sans se répéter, il fait vivre ce petit univers de l'absurde. Comment ne pas rire quand un des personnages téléphone pour proposer un don d'eau et d'expliquer son plan d'évasion : « Une fois dans le Canadair, on le détourne vers la mer... » Quitter le bocal, c'est une obsession pour ces pauvres poissons. Des gags thématiques regroupés sous la rubrique « Dans l'enfer de Bocalcatraz ».

Publiés il y a quelques années (de 2001 à 2007) aux éditions du Cycliste, la série bénéficie d'une seconde chance chez Drugstore. Les deux premiers tomes parus à un mois d'intervalle sont une parfaite mise en bouche.

« Le fond du bocal » (tomes 1 et 2), Drugstore, 10 € 

vendredi 27 mars 2009

BD - Les 7 derniers


« Sept prisonniers » clôt la série ayant pour point commun ce chiffre. Ces prisonniers s'embarquent pour le centre pénitentiaire ultime : la Lune. 

Sept hommes et femmes condamnés à perpétuité dans ce qui va se révéler un véritable enfer. Depuis quelques années, les détenus ont pris le pouvoir dans la prison. Trois clans se sont formés et ils se livrent une guerre acharnée. Les sept nouveaux, menés par un milliardaire, ont pour objectif de découvrir un secret vieux de plusieurs millions d'années, caché dans une grotte préhistorique. 

Les coups de théâtre vont se multiplier au cours de ces 56 pages écrites par Mathieu Gabella et dessinées par Patrick Tandiang. Pour un final particulièrement sombre. Oui, cette Lune est bien l'Enfer tant redouté.

« Sept prisonniers », Delcourt, 14,95 € 

jeudi 26 mars 2009

BD - Fils du désert


Tykko est ramasseur de brouzes (excréments de kamles, sorte de chameau) dans l'oasis de Mubarre sur Troy. Un métier ingrat et qui ne suffit pas à soigner sa mère, malade. Juste avant de mourir, elle lui apprend que son père était un pirate des sables. Tykko, seul, va s'engager dans une caravane pour tenter de retrouver une jeune fille qui lui est apparue en rêve. Mais au détour d'une dune, c'est son père qui va réapparaître. 

Le premier tome de ces "Légendes de Troy" permet à Kéramidas de donner sa vision graphique du monde imaginé par Arleston. Le scénariste qui a reçu l'aide, pour ces séries dérivées, de Mélanyn. Une légende moins humoristique que la série principale, plus dramatique et grave.

« Tykko des sables » (tome 1), Soleil, 12,90 euros 

mercredi 25 mars 2009

BD - Mexique libre


Le Mexique, durant les années 20, a été un formidable pays d'espoir et de liberté. Un Eden pour des artistes voulant casser des carcans trop rigides en Europe ou aux Etats-Unis. Denis Lapière, le scénariste a proposé à Pellejero, dessinateur du très remarqué "Un peu de fumée bleue", d'illustrer l'histoire d'amour entre le photographe américain Edward Weston et Tina Modotti, fille d'émigrés italiens. 

Edward a laissé femme et enfants aux USA pour vivre pleinement avec sa maîtresse. Il photographie ce pays toujours au bord de la révolution, découvrant des artistes géniaux et torturés. 

Passion et politique font bon ménage dans ces 56 pages qui sont également un hommage aux peintres "muralistes" de cette époque.

« L'impertinence d'un été » (tome 1), Dupuis, 14,50 euros 

mardi 24 mars 2009

BD - Cédric presque marié...


Dans « Je veux l'épouser ! », 23e titre de la série, Cédric est de nouveau aux prises avec sa jeune voisine Lily. Cette petite rouquine espiègle est tombée amoureuse de Cédric. Mais pour ce dernier, la différence d'âge est beaucoup trop importante : elle a deux ans de moins que lui, bref c'est une « petite ». Mais Lily ne va pas abdique, au contraire. Elle va envahir la vie de Cédric, occultant sa relation contrariée avec Chen, sa copine de coeur. Un nouveau personnage imaginé par Cauvin et Laudec pour donner un côté un peu plus humain à la série. Car Lily vit seule avec sa mère. Dans une histoire, Cédric tente de savoir pourquoi le papa de Lily est absent. Il ne l'apprendra pas et cette absence devrait être un des thèmes du prochain album.

Lily qui exaspère Cédric mais qui au final l'émouvra profondément au cours d'une histoire de Noël très symbolique. Un album au ton un peu plus sérieux, mais avec quand même une bonne dose d'humour comme ce gag faisait un parallèle hilarant entre les mauvaises notes de Cédric et le trou dans la couche d'ozone. On y retrouve tout le génie de Cauvin, toujours prompt à s'inspirer de l'actualité du moment.

« Cédric » (tome 23), éditions Dupuis, 9,45 € 

lundi 23 mars 2009

Jeunesse - Les aventures de Pitikok


Christian Heinrich et Christian Jolibois, déjà comblés avec les aventures des P'tites Poules lancent un nouveau héros toujours destiné aux plus jeunes, à partir de 4 ans. Pitikok est un peu l'ancêtre des P'tites Poules.

Au cœur d'une Amérique encore inexplorée, il est une sorte d'Indien intrépide rencontrant de nombreux animaux. Deux albums au format carré, mettant en valeur les superbes illustrations de Christian Heinrich, paraissent simultanément.

Dans « Pitikok et la plume magique », le jeune volatile participe à une course folle pour récupérer une plume magique prisonnière d'un arbre biscornu. La plume permettra à celui qui la délivrera d'exaucer tous ses vœux. Repoussé par le vent du désert, Pitikok s'accroche à ce qu'il croit être une racine. C'est en fait la queue d'un serpent qui accepte de l'aider dans sa quête. Il devront franchir de nombreuses épreuves avant de finalement réussir à découvrir cet arbre sec et désagréable. Chaque épreuve permet à l'enfant de découvrir un chiffre tout en comprenant l'intérêt de l'entraide. Une complicité qui sera récompensée en fin d'histoire.

L'autre volume, « Pitikok et la forêt enrhumée », se passe au printemps. Alors que les premiers bourgeons apparaissent dans la forêt, Pitikok rencontre un jeune raton-laveur affamé. Les deux amis vont être confronté à un géant de glace qui ne veut pas abdiquer malgré la fin de l'hiver.

Ces deux petits albums de 32 pages, aux histoires universelles, enchanteront les plus jeunes. Le personnages principal, un petit coq rouge très sympathique, est particulièrement réussi. A noter les dessins de Christian Heinrich, particulièrement mis en valeur sur des pleines pages et dans un format un peu plus grand que les P'tites Poules.

« Pitikok et la forêt enrhumée », « Pitikok et la plume magique », Pocket Jeunesse, 6,50 € chaque volume. 

dimanche 22 mars 2009

Mes BD souvenirs (5)

En quittant le collège, j'abandonnais également la campagne. Terminé le collège de Langon, gros bourg du bordelais à 10 km de Sauternes, le village que nous habitions à l'époque, pour Talence, banlieue sud de Bordeaux. Surtout, je devenais interne, ne revenant chez mes parents que le week-end, après les cours du samedi matin. Ce fut un choc. A tous les points de vue. Inscrit dans une filière technique, le niveau ne volait pas très haut. Mais je ne boudais pas mon plaisir d'une certaine indépendance. Je découvrais une grande ville en ce mois de septembre 1976. Bus de ville, train, bibliothèque... et librairies. A la bibliothèque, le mercredi après-midi, j'empruntais des classiques à tour de bras que je dévorais le soir au cours des interminables heures d'études. Et en chemin, je m'arrêtais dans les diverses maisons de la presse. Et je découvrais qu'il n'y avait pas que Tintin, loin de là.

 


Spirou était systématiquement présenté à côté de mon hebdomadaire favori. Je n'ai pas résisté à le feuilleter. En deux ou trois librairies, je lisais l'exemplaire en entier. C'était devenu mon rituel du mercredi après-midi. Et dès que j'ai pu, je l'ai acheté. Mon maigre argent de poche allait prioritairement dans l'hebdo de Marcinelle qui venait de franchir le cap du numéro 2000. Et le sommaire était particulièrement riche et prestigieux. Un Spirou, bien évidemment (l'Ankou de Fournier) et d'autres séries comme Isabelle, Tif et Tondu, Natacha, Archie Cash ou les Tuniques Bleues qui m'ont également marqué. Mais le gros choc, le déclencheur, ce fut le Docteur Poche de Wasterlain. C'était sa première histoire. Le dessin de Wasterlain était à l'opposé des autres BD, très rondes et soignées. On avait parfois l'impression que sa plume avait accroché le papier, le trouant presque. Et l'histoire, fantastique, mystérieuse, poétique, me fascinait, notamment les mannequins prenant vie. J'ai pris l'histoire en cours (débutée en août) mais j'ai adoré.

Côté gags, j'avais l'occasion de redécouvrir les vieux Gaston (Le coin des classiques), les premiers Agent 212 et Boule et Bill. Les récits complets étaient déjà trustés par Cauvin qui signait les Mousquetaires (Sandron) et Boulouloum et Guiliguili (Mazel). Mais tout n'était pas exceptionnel. Je n'arrivais pas à accrocher au dessin laborieux de Devos et de son Génial Olivier. Je passais sans les lire les Paul Foran et autres séries espagnoles...


 Je devenais cependant fidèle et au fil des mois j'ai eu d'autres coups de cœur. En priorité pour Bidouille et Violette. Cette petite histoire d'amour contrariée, un peu en décalage avec les autres séries, me parlait car j'avais pile poil l'âge et le physique du héros. Je n'ai pas pleuré (on ne peut pas pleurer quand on vit en internat), mais l'émotion était bien réelle. J'ai une admiration sans borne pour Bernard Hislaire. Par la suite, j'ai acheté les albums, mais il m'en manque un (le tome 2, Les jours sombres) et je n'ai jamais trouvé l'intégrale parue chez Glénat (quand elle est sortie, j'étais en Polynésie, loin de tout...)

J'ai découvert Spirou dans les librairies, mais il y avait quantité d'autres revues BD à l'époque. Dites adultes, ce que je n'étais pas. Mais les couvertures de Solé (pour Pilote, Métal, Fluide Glacial ou l'Echo des Savanes) attirèrent mon œil. J'allais me déniaiser avec des récits de Franc, Wallace Wood, Pétillon ou Lauzier.

(A suivre dimanche prochain) 

samedi 21 mars 2009

BD - Love Lovemidou !


Nouveau personnage dans la série humoristique Krän Univers. Lovemidou est serveuse dans un bar de la ville de Torgnol. Régulièrement elle sert des bières à Krän et Kunu. En présence de ces deux grands guerriers, elle ne demande qu'à apprendre. La ravissante jeune femme va se révéler une fière guerrière, pleine de ressource. Son épée, longue de deux mètres et large de 40 centimètres, va faire de sérieux dégâts dans les trolls, gobelins et autres "méchants". Elle a également un sortilège de pétrification qu'elle va expérimenter sur ses deux amis : le "Nichonus pétrificus". En clair, montrez votre poitrine (si possible jeune et généreuse comme celle de Lovemidou) à deux guerriers et vous aurez 10 bonnes secondes d'avance...

Hérenguel, le créateur de Kran, a décidé de décliner son personnage de barbare ignare sous forme de gags en une ou deux planches. Il en a confié la réalisation graphique à Pierre Loyvet qui prouve, de planche en planche, qu'il est arrivé à la hauteur de son maître. Si l'héroïc fantasy trop sérieuse vous ennuie, savourez "Krän Univers", vous serez vengé et rirez à coup sûr.

"Krän Univers" (tome 3), Vents d'Ouest, 9,40 euros 

vendredi 20 mars 2009

BD - Lointaine Altaïr-3


Il y a un avant et un après Leo en bande dessinée de science-fiction. Le créateur d'Aldebaran a conquis un important public avec ses histoires de planètes isolées, sauvages, inhospitalières. Son imaginaire, sans limite, s'est mis au service d'autres dessinateurs. 

Il signe le scénario de "Terres lointaines", dessiné par Icar, nouveau pseudo de Francart (Jeepster) qui a simplifié son trait. Une femme, accompagnée de ses deux enfants, jeunes adultes, débarque sur Altaïr-3. Une plongée dans l'inconnu pour ce trio, d'autant que le mari n'est pas au rendez-vous. Dans cette ville de colons, dure et hostile, la mère trouve du travail dans un restaurant, le fils, Paul, se lance à la recherche de son père. 

Il se liera d'amitié avec un extraterrestre, un stepanerk, sorte de scorpion géant, protecteur attentif. Paul se joindra à une expédition pour se rapprocher le plus du dernier endroit où son père a été vu vivant. 

La première partie, urbaine, laisse la place à la seconde relatant l'expédition où on retrouve toute la pâte de Leo, avec végétation mystérieuse, bêtes énigmatiques et danger omniprésent.

"Terres lointaines" (tome 1), Dargaud, 10,40 euros 

mercredi 18 mars 2009


Qui était Cassio ? Qui l'a tué en 145 ap. JC ? Sa vengeance peut-elle encore être d'actualité de nos jours ? Ces questions, le lecteur se les pose tout au long des deux premiers tomes de cette série prévue en quatre titres. 

Desberg, le scénariste, a particulièrement soigné les transitions entre les événements de l'époque et leur redécouverte par une archéologue, Ornella Grazzi. En découvrant en Turquie le premier puzzle de l'énigme, elle est persuadée que Cassio, jeune et brillant avocat, par ailleurs médecin, a été assassiné par quatre personnes. Mais était-il vraiment mort ? 

Elle en doute en découvrant un texte désignant son premier meurtrier. Le premier tome, réédité pour l'occasion avec de nouvelles couleurs, plate l'ambiance. 

Le second, toujours dessiné par Reculé, dévoile un peu plus la personnalité du héros. Sous des dehors de jouisseur aimant les femmes et tous les plaisirs de la vie, il est surtout attaché au triomphe de la vérité et à l'accomplissement de sa vengeance. Une double intrigue : historique et policière.

"Cassio" (tomes 1 & 2), Le Lombard, 10,40 euros 

mardi 17 mars 2009

Science-fiction - Quand les héros doutent...

Malaise chez les super-héros. Ces handicapés d'une autre dimension se posent beaucoup de questions dans ce roman d'Austin Grossman.


Il est loin le temps de Superman, super-héros infaillible, toujours prêt à rendre service sans se poser de questions. De même, les "méchants" de cet univers, toujours en quête d'un pouvoir absolu, n'ont que rarement expliqué cette soif de vengeance. Austin Grossman dans "Un jour je serai invincible" aborde le genre comme un s'il s'agissait d'un roman psychologique. Il va imaginer toute une bande de héros, bons ou mauvais, et leur triturer l'intellect pour tenter de découvrir pourquoi ils ont choisi un camp plutôt qu'un autre, comprendre ce qui les fait avancer.

L'auteur se penche plus spécialement sur le cas du Docteur Impossible. Le méchant absolu. Au début du roman il est en prison. Comme souvent dans son existence. Car s'il a des pouvoirs extraordinaires et une imagination débordante pour tenter de devenir le maître du monde, ses plans foirent toujours au dernier moment. Notamment quand entrent en jeu les "bons", menés par CoreFire.

L'arrivée de Fatale

Emprisonné, le Docteur Impossible attend la bonne occasion pour se faire la belle. Etre méchant, c'est avant tout être patient et discret. Alors qu'il répète une millième fois son plan dans sa tête sans rien laisser paraître, l'escouade des héros positifs est inquiète. CoreFire a disparu. Le groupe d'une petite dizaine d'individualités va se renforcer avec l'arrivée d'une ancienne militaire, mi-humaine, mi-ciborg : Fatale. Gravement blessée, elle a été sauvée et "améliorée". «  Il me semblait symboliser à la perfection ce que j'étais devenu : une femme toute neuve, mystérieuse, sexy, cybernétique et dangereuse » explique Fatale qui est une des narratrices de ce roman. C'est elle qui va décrire les relations parfois tendues entre Damoiselle, Blackwolf ou Lily, la seule ayant débuté méchante (elle a même été la maîtresse du Docteur Impossible) pour finalement changer de camp.

Fatale qui a longtemps admiré les super-héros, est très impressionnée d'être devenu l'une des leurs. Des super-héros bien différents du début. « Certains d'entre eux ne portent même plus de masque. Ils ne s'encombrent plus d'identité secrète genre cadre classe moyenne ; ils sortent avec des stars, participent à des galas de charité. Même leurs pouvoirs sont plus cools : vivacité, fluidité, non-linéarité. Adieu les montagnes de muscles, place à de nouveaux pouvoirs relevant surtout du style. »

L'origine du Docteur

A l'annonce de l'évasion du docteur Impossible, c'est le branle-bas de combat chez les super-héros. D'autant que CoreFire, le meilleur d'entre eux, est toujours introuvable. Le docteur, de son côté, doit tout reprendre à zéro. Car être un super-méchant, cela signifie souvent ne pas avoir d'amis et devoir se débrouiller seul. On le suit dans cette quête insensée : devenir le maître du monde. Et l'auteur, par petites touches, grâce à des flashbacks, explique pourquoi cet étudiant insignifiant, a basculé du côté obscur et mis sa formidable intelligence au service d'une vengeance sans fin. On découvre ainsi comment il s'est choisi son surnom. C'était au tout début de sa carrière. Son premier braquage pour avoir les liquidités nécessaires à l'achat du matériel indispensable à ses expériences. « Les humiliations s'accumulent et vous savez que jamais vous ne pourrez les venger toutes, même si vous êtes infiniment supérieur à vos persécuteurs. Votre ego est ailleurs, invisible, inconnaissable. Impossible. "Je suis le Docteur Impossible !" Je criais littéralement. »

Un roman qui fascine par la complexité des personnages, loin d'être lisses et manichéens. Il y a beaucoup de souffrance et de gamberge, avec un zeste d'humour typiquement britannique pour détendre l'atmosphère et faire au final un objet littéraire unique.

"Un jour je serai invincible", Austin Grossman (traduction de Jean-Daniel Brèque), Calmann-Lévy, 19,90 euros


lundi 16 mars 2009

BD - Petiot, vie et morts


La France n'a rien à envier aux USA en matière de serial-killers. On se souvient de Landru et cet album de Rodolphe (scénario) et Jeanne Puchol (dessin) nous remet en mémoire un autre assassin célèbre : le docteur Petiot. 

Il a débuté sa "carrière" dans un gros bourg de l'Yonne. Jeune médecin il a rapidement une bonne clientèle et parvient même à se faire élire maire. Mais déjà une odeur de mort persiste derrière son passage. Femmes de ménages disparues, patients évaporés : les premières disparitions et mises en cause l'obligeront à trouver refuge à Paris, dans les années 30. Il y fera fortune et augmentera son activité durant l'occupation allemande. 

Le sinistre docteur Petiot fera croire à de pauvres malheureux qu'il va leur faire passer la ligne de démarcation. Ils ne verront que la chaudière du tueur, finalement jugé et exécuté à la Libération. Le premier tome d'une nouvelle série sur les grands « Assassins ».

« Assassins » (tome1), Casterman, 10 € 

dimanche 15 mars 2009

Mes BD souvenirs (4)


Abonné à Tintin, je recevais chaque semaine ma dose de BD que je dévorais consciencieusement. Le magazine arrivait plié, entouré d'une bande de papier où était notée l'adresse. Je les empilais dans un coin de ma chambre. Les couvertures me faisaient particulièrement rêver. J'avais pris l'habitude, tous les deux mois, d'étaler tous mes numéros sur le plancher de la pièce. Il me tardait que tout soit recouvert. Aujourd'hui, il me faudrait une sacrée surface...

En 1976, Tintin a été brièvement racheté par les propriétaire du Journal de Mickey. Une nouvelle formule qui a bénéficié de la prépublication de "Tintin et les Picaros" mais qui proposait également nombre de séries américaines. Une évolution de courte durée, les séries phares du Lombard reprenant le dessus, tout en gardant en permanence la présence de Tintin, en couverture et à l'intérieur avec la reprise des premières aventures du célèbre reporter.


Mon premier choc graphique aura été la découverte de Hermann. Notamment "Objectif Cormoran", aventure de Bernard Prince se passant en Méditerranée. Le héros, après avoir fui à la nage son bateau à la nage, tente d'escalader une falaise. Il se coupe la main. Une scène si réaliste que j'en ai frissonnais de douleur en la découvrant. Le dessin d'Hermann avait une incroyable force d'évocation. Un auteur que je suis toujours, sans jamais avoir été déçu. Comanche, toujours dans Tintin, puis les albums de Jeremiah ou de Bois Maury quand j'ai eu assez d'argent pour me les payer. J'ai quasiment toute sa production. Même les "Nic"...

Tintin proposait à cette époque du très bon (Jonathan, Rork, Bernard Prince) mais aussi des séries moins ambitieuses qui cependant me procuraient beaucoup de plaisir. Notamment les Casseurs de Duchâteau et Denayer. Ces deux flics américains, très inspirés des séries télé, étaient des casse-cou passionnés de bagnoles. Denayer prenait visiblement beaucoup de plaisir à dessiner ces bolides se fracassant les uns contre les autres. Et comme il dessinait vite, la série était présente presque à tous les numéros.

Les éditions du Lombard ont décidé de mettre en valeur ce fond du catalogue, source de nostalgie pour toute une génération. Le premier volume de l'intégrale vient de sortir le mois dernier. Ces intégrales redonnent une seconde vie à ces séries oubliées (Nahomi, Adler...) Souvent dotées de présentations détaillées et riches de dessins inédits, elles sont en plus économiques. Bref de très beaux objets qui deviennent de plus en plus indispensables dans toute bibliothèque BD digne de ce nom.

(A suivre dimanche prochain)

samedi 14 mars 2009

BD - Sombre librairie


Libraire, quel beau métier. Vendre du savoir, du rêve ou du dépaysement. Mais il existe des libraires d'une nouvelle race, ceux recrutés dans les grandes surfaces culturelles cherchant surtout à faire du chiffre. Leslie Plée en a fait partie. 

Diplôme en poche, pour son premier emploi, elle va participer à l'ouverture d'une de ces enseignes dans une zone commerciale de Bretagne. Rapidement la jeune femme va déchanter. Elle le raconte dans cette BD au dessin simple mais très parlant. D'abord, avant de vendre, il faut ranger les livres. Beaucoup de manutention. Avec en permanence un chef sur le dos. Un cadre qui prononcera cette phrase qui donne le titre au livre : « Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses ! » 

Un album sur la dure réalité du travail, rarement aussi épanouissant qu'on l'espère. Leslie Plée a finalement démissionné avant que la dépression ne l'engloutisse totalement. Et elle a fait ce livre. Le lecteur, par ailleurs client, appréciera.

« Moi vivant, vous n'aurez jamais de pauses », Jean-Claude Gawsewitch éditeur, 15 € 

vendredi 13 mars 2009

BD - Sorcière slave


Adaptée d'une nouvelle de Nicolas Gogol par Martine Müller, cette « Veillée funèbre » est un long cauchemar sans fin. Etudiant philosophe à Kiev en Ukraine, Thomas, est chargé d'aller au chevet d'une jeune femme très malade dans un village reculé de la campagne. Thomas y est conduit par une troupe de cosaques peu avenants. 

A son arrivée, le seigneur local, père de la malade, lui annonce qu'elle vient d'expirer. Il sera donc chargé de la veillée funèbre. Thomas, de plus en plus intrigué, comprend tout quand il découvre le visage de la morte. Il s'agit d'une sorcière qu'il a récemment chevauchée et humiliée. 

Cette dernière, depuis le royaume des morts, va tenter de prendre sa revanche. 

Cette histoire horrible et terrifiante, est illustrée par Jérôme Lereculey. Le dessinateur d'Arthur est très à l'aise dans ces paysages enneigés, scènes paillardes de soudards ou églises slaves peuplées de monstres ténébreux. Un album au ton unique.

« Veillée funèbre », Delcourt, 12,90 € 

jeudi 12 mars 2009

Polar - Cœurs de flics

Deux policiers tombent sous le charme d'un témoin et d'un suspect, transformant une enquête criminelle en affaire très personnelle.



Les flics aussi ont un cœur. Mais il est souvent difficile de concilier vie sociale et affective équilibrées avec un métier où l'on est toujours sur la brèche. Le commissaire Martin et son adjointe Jeannette vont en faire les frais dans ce polar d'Alexis Lecaye. Cet auteur français a déjà signé « Dame de cœur » et « Dame de Pique » avec les mêmes personnages. On les retrouve donc, avec leurs soucis quotidiens.

Martin vient de se faire plaquer par sa jeune compagne, Marion, avec qui il vient d'avoir un enfant. Le flic bourru prend presque comme un soulagement ce départ. Cela signifie dans les faits qu'il n'aura pas à assumer ses devoirs de père.

Enlevée et relâchée

Jeannette est elle aussi séparée du père de sa fille. Une enfant qui passe beaucoup de temps chez sa grand-mère car la policière est du genre stakhanoviste. Ces deux écorchés vifs, en pleine crise existentielle, se raccrochent donc à leur métier, leur devoir. Agressions dans la rue, femme battue... du menu fretin jusqu'à ce qu'une belle blonde d'une trentaine d'année, Véronique, vienne déposer plainte pour enlèvement. Un homme l'a kidnappée à son domicile. Il l'a attachée, dans un lieu clos, l'a déshabillée, l'a caressée et l'a finalement relâchée sans la blesser ni la violer. Des circonstances étonnantes qui interpellent Martin.

Jeannette, elle, se plonge dans les archives et fait un travail de fourmi de comparaison et de recoupement. Elle découvre qu'au cours des cinq dernières années six autres jeunes femmes blondes ont disparu, probablement enlevées alors qu'elles étaient seules chez elles. Le premier enlèvement aurait eu lieu dans les environs de Bordeaux. Le duo descend dont au Sud et rencontre le mari de la disparue. Un premier entretien qui sera suivi par ceux des proches des autres disparues, dans l'Est de la France et à Paris.

Ambiguïté

Petit à petit Martin et Jeannette se persuadent qu'ils ont affaire à un même criminel. Ils progressent lentement mais sûrement. Leur vie sociale s'étant considérablement réduite, il n'est pas étonnant qu'ils tombent sous le charme de certaines de leurs rencontres professionnelles. Ainsi Martin craquera pour Véronique alors que Jeannette ne sera pas insensible à la mélancolie du mari de la première disparue, ce médecin bordelais passionné de voile.

Mais comment ne pas provoquer de conflit d'intérêt quand le chef de l'enquête couche avec un témoin que le meurtrier tente d'assassiner et que son adjointe finit sa nuit dans les draps du médecin girondin, par ailleurs suspect idéal ? Alexis Lecaye a construit tout son roman sur cette ambiguïté. Sans cesse, les deux enquêteurs, qui ont aussi un cœur, sont à la limite du hors jeu. Un thriller qui va aller en s'accélérant au fur et à mesure des découvertes du duo policier. L'un comme l'autre vont se retrouver en porte-à-faux, risquant même leur carrière et leur vie pour une enquête hors normes se transformant en affaire personnelle. Un roman policier français parfaitement maîtrisé par un auteur qui aime donner de l'épaisseur à ses personnages principaux.

« Dame de Carreau », Alexis Lecaye, Editions du Masque, 20 €

mercredi 11 mars 2009

BD : Les copains selon Yomgui Dumont


Raphaëlle, Raph' pour les amis, est un véritable garçon manqué. Cette adolescente urbaine est obligée de vivre à la campagne. Un mode de vie parfois déroutant pour cette enfant du bitume. Elle a en plus un boulet à trainer : Potétoz, son chien. Fainéant, gaffeur, il parle et rarement pour briller...

 Un duo imaginé par Yomgui Dumont, découvert dans les pages d'Okapi et qui en est déjà à son troisième recueil de gags et d'histoires courtes. Un univers très contemporain : les scénarios tournent autours des blogs, de la presse people, la vie du lycée et autres technologies modernes. 

Sans oublier la drague. Raph' est mignonne et ne manque pas de charme.

« Raph' & Potétoz » (tome 3), Glénat, 9,40 € 

mardi 10 mars 2009

BD - Jumeaux turbulents


Signe des temps, la famille modèle des BD humoristiques évolue. On est loin du classique Boule et Bill. Dans le genre, Edwin et les twins fait encore reculer les limites. 

Edwin est un père célibataire, encore très ado dans sa façon de vivre. Mais il a la charge de deux bébés, des jumeaux, véritables catastrophes ambulantes prêts à tout pour l'empêcher de passer une nuit devant sa télé à regarder des films d'horreur ou d'atteindre le niveau 7 de son jeu vidéo favori. Edwin qui n'est pas insensible au charme de Zoé, mais comment la draguer sans dévoiler l'existence des deux petits monstres ? 

Ecrite par Falzar, dessinée par E411, cette série est prépubliée dans le Journal de Mickey.

« Edwin et les twins » (tome 1), Vents d'Ouest, 9,40 € 

lundi 9 mars 2009

BD - Encore des bêtises avec le Petit Spirou


Imaginé comme une récréation entre les aventures du grand Spirou par Tome et Janry, le Petit Spirou a connu un tel succès qu'il est devenu un des personnages essentiels de l'hebdomadaire. 

Ce 14e titre débute comme d'habitude par une histoire complète (Mon mariage avec ma prof de calcul) et voit l'apparition d'un nouveau compagnon de jeu, un chaton qui sera baptisé « Bien fait pour toi ! ». Toujours aussi inventifs, sans tabou tout en offrant parfois de superbes plages de poésie, ces gags feront la joie des petits et des grands. 

A noter que la créativité des auteurs ne s'essouffle pas, vous pourrez lire dans ce recueil le 500e gag de la série.

« Le Petit Spirou » (tome 14), Dupuis, 9,45 € 

dimanche 8 mars 2009

Mes BD souvenirs (3)


Lire des BD est devenu pour moi une véritable drogue. Notamment les BD franco-belges. Et en bon camé, je me souviens parfaitement de mon premier "fix". C'était aux Nouvelles Galeries de Langon, magasin peu sympathique et vieillot mais qui avait un petit rayon livres. Toujours fasciné par mon premier album de Tintin, je remarque dans le présentoir un gros album de Tintin. Mais pas des aventures du héros de Hergé. Un recueil de l'hebdomadaire. En couverture, la photo de Belmondo devant une vieille Rolls, dans le coin en bas à gauche un dessin de Michel Vaillant de Graton. A l'intérieur, ce sont une dizaine de numéros permettant de lire quatre grandes histoires à suivre. Une de Ric Hochet : "Le signe de la peur", Luc Orient : "Le 6e continent", Olivier Rameau : "L'oiseau de par-ci par-là" et Michel Vaillant. C'est surtout l'histoire de Luc Orient qui me marquera. Le héros était capturé par des hommes robots vivants au cœur d'une montagne comme des fourmis. Je me régalais également des gags. Robin Dubois était mon héros préféré (j'adorais les chevaliers teutoniques) avec Cubitus. Les récits complets complétaient mon bonheur, notamment ceux de Dani Futuro de Gimenez et Mora. Ce duo espagnol m'a initié à la science-fiction, genre que je ne connaissais pas du tout. Autre découverte, les histoires de Korrigan, dessiné par Franz dans sa période comique. Un immense dessinateur qui a mis du temps à s'affirmer, de Jugurtha aux Fous de Kaboul.


J'ai passé des heures et des heures à lire ce recueil, le 6e de la série Hebdoptimiste. J'ai même réussi à persuader mes parents d'acheter le 7e. Avec là aussi quelques belles découvertes de Tounga à Rififi. Cette dernière série de Mouminoux m'a longtemps interpellé dans un gag que j'ai mis des années à comprendre. Rififi, toujours geignard et malheureux, acceptait de jouer à pile ou face. Et il perdait tout le temps. Car on lui annonçait : "Pile je gagne, face tu perds". J'étais naïf, pas très dégourdi. Et c'est en lisant ces BD que je me suis petit à petit ouvert au monde. Mon imaginaire s'est formé, s'est enrichi. Ces deux recueils étaient le début de ma collection. J'arrivais à argumenter pour que l'on m'abonne. Ce fut fait durant l'année 1975. Depuis je n'ai jamais cessé de recevoir Tintin chez moi chaque semaine jusqu'à la disparition de ce journal qui aura marqué bien des générations, dont la mienne.

Mais comme tout lecteur de Tintin, un jour j'ai été tenté de regarder ce que faisait le grand concurrent, Spirou. Pas de chance, j'ai adoré et doublé ma dose de drogue hebdomadaire.

(A suivre dimanche prochain)

PS : Je n'ai plus mes deux recueils de Tintin. Je raconterai par ailleurs comment je les ai "perdus"... Je me suis rafraîchi la mémoire grâce au site "BDoubliées" qui est la première adresse internet que je regarde chaque matin, pour la couverture du jour, celle d'un Tintin ou d'un Spirou, souvent des années 80. Un site idéal pour les nostalgiques et les collectionneurs. 

samedi 7 mars 2009

BD - Garrot gorille


La collection "Job" de chez Bamboo offre l'opportunité à de nombreux auteurs de créer des séries certes sans prétention mais qui leur permettent quand même de montrer toute l'étendue de leur talent. 

Derrière "Les Vétos", on retrouve un scénariste pro du gag, Gilson, et un dessinateur qui est longtemps resté dans l'ombre, simple assistant, Péral. Le premier signe les scénarios de Mélusine, Garage Isidore ou du défunt et très regretté Cactus Club. Le second a repris le dessin de Billy the Cat. 

Ils proposent donc aux lecteurs de rire aux exploits de deux vétérinaires au quotidien souvent agité et stressant. Dan et Nath vont croiser dans ces 46 gags en une planche beaucoup de chiens et de chats, quelques vaches, un gorille (qui donne son titre à l'album, "Garrot gorille" et non "Vétos zozos" comme on peut le lire sur la première version de la couverture), une mygale, deux chevaux, des singes, un canari et même une mouflette. Pour cette dernière, heureusement que l'album n'est pas en odorama. 

Péral, dans un style très franco belge, semble apporter plus d'attention aux caricatures des animaux que des humains. Un album qui regorge de clins d'œil au monde de la bande dessinée, de la bestiole de monsieur Malik (le dessinateur de Cupidon et d'Archie Cash est un passionné d'insectes et de reptiles) en passant par la une d'une revue people révélant quelques secrets inavouables concernant des dessinateurs de la collection. En scrutant bien les planches vous aurez droit à quelques sourires en bonus.

"Les Vétos" (tome 1), Bamboo, 9,45 euros 

vendredi 6 mars 2009

BD - Vampire et guerrier


Pietro Battagila (Bataille en italien) est soldat. En 1917, il est sur le front italien. Au fond d'une tranchée. Malgré une infériorité numérique évidente, les gradés décident de lancer l'offensive contre les Autrichiens, à la baïonnette. Un véritable massacre. Pietro est abattu, une balle en pleine tête.  

Quelques heures plus tard, Pietro se relève au milieu d'un monceau de cadavres. Pietro est un vampire, il en faut beaucoup plus pour l'empêcher de nuire. Pietro Battaglia retrouvera les gradés et les saignera, littéralement. Ce héros de BD italien a été créé il y a une dizaine d'années par Roberto Racchioni (scénario) et Leomacs (dessin). 

Cet album de 150 pages en noir et blanc propose deux aventures du héros sanguinaire. On le retrouve également dans les années 50. Dans un petit village italien, il se mettra au service des différents candidats aux élections locales. Les communistes contre la démocratie chrétienne. Pietro, en bon anarchiste, ne fera pas de jaloux...

« Batailles », Emmanuel Proust Editeur, 16,90 € 

jeudi 5 mars 2009

BD - Les Porphyre, une famille tourmentée


Hyacinthe Porphyre a semé la terreur et la mort durant toute son existence. Ce naufrageur breton a mal fini. Pendu haut et court. Il laisse une veuve enceinte. Elle sombre dans la folie, tuant le dernier rejeton de cette sombre lignée. Du moins c'est ce que tout le monde croit. En fait, il resterait deux fils Porphyre, Konan et Gwémon. 

Le premier revient au village après des années de bagne. Le second a vécu caché, avec sa mère, dans les ruines de la propriété familiale. La violence des Porphyre va revenir sur le devant de la scène car tous cherchent à s'approprier le trésor du vieux Hyacinthe. Une meute déchaînée à laquelle se joint des bagnards évadés, des villageois rancuniers et une donzelle, noble et arrogante. 

Ce mélodrame imaginé par Balac permet à Joël Parnotte, le dessinateur, de coucher sur papier une splendide côte bretonne, sauvage et tout aussi violente que la population qu'elle abrite. Un troisième tome qui n'est pas avare en révélations sur les véritables filiations des uns et des autres.

« Le sang des Porphyre » (tome 3), Dargaud, 13,50 €  

mercredi 4 mars 2009

BD - Fabrique de malades


Magique, fantastique, effrayante : le troisième et dernier opus de la série « Le Mal » tient toutes ses promesses. Avec explication de l'origine de la mystérieuse maladie, tout en laissant une ouverture sur un monde féérique pouvant parfois interférer dans notre quotidien. Le petit village de Saint-Antoine est toujours sous le choc. 

Du suicide de la vieille Yvonne mais aussi des conséquences du Mal, une maladie s'apparentant à la lèpre et qui frappe durement les couches les plus populaires. Ces événements, le lecteur les découvre en même temps qu'un simple maçon, vivant à Saint-Antoine et bien décidé de découvrir ce qui se trame en coulisse. Il trouvera une partie de la solution à Lyon, un historien lui racontant comment les Allemands, à la fin de la seconde guerre mondiale, ont tenté de mettre au point une arme bactériologique. 

Olivier Py est le scénariste de cette bande dessinée illustrée par André Houot. Dans un style réaliste qui fait la part belle aux trognes de seconds rôles, il dessine également quelques monstres et chimères du plus bel effet.

« Le Mal » (tome 3), Glénat, 13 € 

mardi 3 mars 2009

Polar - Vieilles recettes dans "L'eau qui dort..."

Le serial killer de ce roman policier très british de Nigel McCrery est une personne âgée, experte en décoctions mortelles à base de plantes.



Tous les polars ne sont pas rythmés par des bagarres, coups de feu, courses-poursuites et déductions rapides et géniales. Ce roman de Nigel McCrery semble l'antithèse du genre. Héros policier acariâtre contre tueuse qui parvient à ses fins en obtenant la confiance de ses victimes, tel est le duel passionnant proposé dans « L'eau qui dort... ».

Violet Chambers est une personne dévouée. La soixantaine active, cela fait des mois et des mois qu'elle donne de son temps pour aider Daisy. Cette vieille dame, de plus en plus impotente, doit beaucoup à Violet. Cette dernière lui fait les courses, s'occupe de son compte en banque. Aujourd'hui cela va changer. Violet sent que sa proie est prête. Elle prépare le thé de Daisy. Un thé amélioré. A la rose de Noël. Une plante qui contient un violent poison. L'auteur décrit la lente agonie de Daisy qui se vide littéralement dans son petit salon. Une scène d'une rare intensité qui ne perturbe pas du tout Violet, tueuse sans cœur, sans sentiment, si ce n'est de la haine pour cette personne âgée. Tout ce qu'elle voit dans ce meurtre, ce sont les conséquences ménagères : « Elle décida de ne plus jamais avoir recours à la rose de Noël. Certes, la préparation était aisée et l'effet rapide, mais cela faisait trop de saletés. Le ménage n'était pas chose agréable, même sans tous ces fluides corporels. » On retrouvera Violet quelques mois plus tard. Elle a pris l'identité de Daisy (et tous ses biens), et se met en chasse d'une autre victime dans une petite localité en bord de mer.

Un cadavre rempli... de cadavres

Un chapitre pour décrire les agissement de Violet-Daisy, un autre pour suivre l'enquête de l'inspecteur Lapslie. Ce policier en arrêt maladie, souffre d'une maladie rare. Il est synesthète. En clair, ses sens se mélangent. Un bruit se transforme en goût dans sa bouche. Son adjointe, quand elle parle, à goût de citron, le légiste au coca-cognac. Parfois c'est très désagréable : les cris de ses enfants lui provoquent d'irrésistibles nausées.

Ce flic en détresse ne peut quasiment plus avoir de vie sociale. Il est pourtant choisi pour aller sur une scène de crime en pleine campagne. Un accident tout bête. La voiture rate le virage, le conducteur est tué dans le choc. Mais un second mort fait son apparition. La voiture a déterré un cadavre. « Là, dans un tas de terre, de feuilles et de fougères, il y avait un cadavre. Un vrai cadavre, plus un squelette auquel on aurait ajouté des choses qu'un corps auquel on en aurait soustrait. » Cette mort (c'est une femme) livrera une partie de ses mystères en salle d'autopsie. « Sur la table en acier inoxydable, étaient déposés les débris que le docteur avait ôtés du ventre du cadavre : cinq corps desséchés de ce qui ressemblait à des campagnols plus deux rats et une bête plus grosse du genre putois ou furet. » Ils sont morts en mangeant l'estomac du mort. Le meurtre par empoisonnement devient évident, Lapslie se lance aux trousses de cette empoisonneuse.

Cet affrontement fait tout le sel de ce roman policier donnant la part belle à la psychologie complexe des deux protagonistes.

« L'eau qui dort... », Nigel McCrery, Pygmalion suspense, 20,90 € 

lundi 2 mars 2009

BD - Maladie d'avenir dans "Le Feul"


Portée par un dessin classique et académique de Frédéric Peynet, l'histoire du Feul se termine en forme de mise en garde pour les générations futures. Jean-Charles Gaudin a profité de cette série d'heroic fantasy pour délivrer un message écologique fort. Dans ce troisième et ultime épisode, le petit groupe d'humains et de bourouwns, après s'être affronté, s'est uni pour trouver l'origine de la maladie qui décime les populations, le Feul. 

Elle semble venir de la rivière et ils remontent son lit pour finalement être capturés par une autre ethnie qui les transforme en esclaves. Ils vont travailler dans des carrières où la maladie sévit fortement. Alors que la résistance s'organise dans le camp, deux membres de l'expédition ayant conservé leur liberté vont aller dans les entrailles de la terre pour découvrir la vérité sur les origines du Feul. 

Une série qui devrait ouvrir les yeux des générations futures sur les erreurs écologiques que nous avons accumulés depuis quelques dizaines d'années.

« Le Feul » (tome 3), Soleil, 12,90 € 

dimanche 1 mars 2009

Mes BD souvenirs (2)


 Mon premier album, je m'en souviens comme si c'était hier. Il est vrai que je l'ai lu et relu car pendant des années cela a été également son seul et unique album. Je devais avoir 11 ans à peine. Pour Noël, ma grande sœur Monique m'avait offert « Le Temple du Soleil » d'Hergé. Mon premier Tintin. Pas le plus mauvais, loin de là. Je ne me souviens pas des autres cadeaux de ce Noël, mais ce Tintin restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Au début, je n'ai pas compris que c'était une suite. J'attendrai d'ailleurs des années avant de lire « Les 7 boules de cristal ». Je me contentais de cette histoire me faisant découvrir une Amérique du Sud mystérieuse entre jungle et montagne. J'ai beaucoup ri au lama fâché.

 La scène la plus spectaculaire reste, à mon avis, celle de l'attaque du condor. La progression dans la forêt vierge m'a émerveillé. Je pouvais rester des heures à détailler chaque dessin, parfois à tenter de les recopier. La galerie de portraits, en pages de garde, est resté longtemps un mystère pour moi qui n'avait pas lu les autres albums. Ce « Temple du Soleil » restera le plus beau cadeau de Noël de toute ma vie.

J'ai conservé cet album très longtemps, malgré son état de plus en plus détérioré. Il n'a cependant pas survécu à un énième déménagement (je dois approcher de la trentaine de changement d'adresse sur quatre continents différents...). Adulte, à l'aise économiquement, ma collection de BD a dépassé les 4000 titres, dont tous les Tintin. Aujourd'hui, je n'ai plus que 2000 albums. Et un seul Tintin classique : « L'affaire Tournesol », acheté il y a quatre mois... J'ai failli craquer cet hiver pour l'intégrale. Mais c'était cher (77 euros, 88 maintenant) et peu pratique. Je pense que je vais reconstituer la série des Tintin en sillonnant les vide-greniers de la région.

Tintin m'a fait découvrir la BD franco-belge. Quelques années plus tard, dans le rayon librairie des Nouvelles Galeries de Langon, j'ai réussi à convaincre ma mère de m'acheter un recueil de la revue Tintin (période Hebdoptimiste). Je plongeais une nouvelle fois dans un monde merveilleux qui a totalement changé mon existence

(A suivre dimanche prochain)