mercredi 30 décembre 2009

Polar - Montagne vertigineuse

Ce thriller de Karine Giebel se déroule exclusivement en montagne. C'est d'ailleurs le personnage principal de ce roman vertigineux.


Envie d'une grande bouffée d'air pur ? Prenez ce roman policier de Karine Giebel et plongez dans cet univers merveilleux mais aussi très dangereux qu'est la montagne. Rendez-vous sur les hauteurs des Alpes de Haute-Provence, vers les villages d'Allos et de Colmars-les-Alpes. Des lieux touristiques, zones habitées de cette vallée vivant essentiellement de l'afflux des visiteurs du parc naturel du Mercantour.

C'est là que vit Vincent, guide touristique l'été, vivotant de petits boulots le reste du temps. Juste de quoi entretenir sa maison, l'Ancolie, dominant la vallée, plantée en haut d'un chemin escarpé et défoncé. Vincent, le personnage principal de ce drame psychologique mené de main de maître par un auteur qui s'impose de titre en titre comme une des plus brillante du genre.

Séducteur sans cœur

Vincent n'est pas spécialement sympathique dans les premiers chapitres. Ce quadragénaire parfaitement conservé, très sportif, est un grand séducteur. Mais il a un principe : jamais plus d'une nuit. Il séduit ainsi une jeune stagiaire de l'office de tourisme qui ne résiste pas plus de deux jours à son charme. Le lecteur apprendra un peu plus tard que cette attitude, par bien des aspects abjecte, est conditionnée par l'échec de son couple. Sa femme, un jour, est partie. Avec un touriste. Depuis elle occupe ses rêves. Ses cauchemars plus exactement. Accumuler les conquêtes c'est un peu comme une vengeance. Cela n'empêche pas qu'il est surnommé le « cocu »par les villageois. Et détesté par toutes les femmes qu'il a jeté comme un mouchoir en papier après utilisation.

Il ne faudra pas longtemps à Servane pour percer les défenses de Vincent. Cette jeune gendarme, dont c'est la première affectation, lui demande de lui faire découvrir la région. Il la conduit en excursion à travers les sentiers pour arriver sur les berges du lac d'Allos. Elle va découvrir un spectacle grandiose : « Quelques larges plaques de glace étincelante dérivaient à la surface, vestiges de l'hiver si rude à cette altitude. Le ciel et les tours se reflétaient dans ce lac-miroir, y dessinant un relief inattendu. »

Le roman alterne les descriptions de cette nature qui semble tant inspirer Karine Giebel et les moments de tension ou d'action. Ainsi, quand un de ses collègues est retrouvé mort au fond d'un ravin, Vincent ne croit pas à la chute accidentelle. Il va retourner sur les lieux avec Servane et tenter de retrouver les preuves du meurtre qu'il suspecte. Le roman va alors basculer vers sa partie thriller. Vincent devra faire face à certains fantômes du passé. Une épreuve qu'il tentera de surmonter avec l'aide de la belle Servane, de moins en moins insensible au charme du guide.

Si les précédents romans de Karine Giebel étaient courts et incisifs, allant droit au but, celui-ci est plus long (près de 500 pages) et plus abouti. Elle s'est concentrée sur l'exploration de la personnalité de ses deux héros. Le roman y gagne en densité.

« Jusqu'à ce que la mort nous unisse », Karine Giebel, Fleuve Noir, 19 € 

mardi 29 décembre 2009

BD - Intégrales made in Delcourt


Les éditions Delcourt se sont fait une spécialité d'éditer des intégrales essentielles en fin d'année. Cela donne de beaux cadeaux, des objets de collection et l'occasion de redécouvrir des séries. Ainsi ne manquez pas le premier tome de l'intégrale de Sillage de Morvan et Buchet. En 150 pages et pour 25 euros vous découvrirez les trois premiers tomes de la série SF de référence de ces 15 dernières années. Autre titre majeur du catalogue Delcourt, « Golden City ». 

Là aussi ce sont les trois premiers tomes de la BD de Pecqueur et Malfin que vous pourrez déguster d'un coup dans ce volume de la collection Long métrage. Golden City est une ville majestueuse bâtie sur l'océan, à l'abri de la surpopulation et de la violence qui règnent sur le continent. Un pays à part, qui a ses codes et ses secrets. 

Si vous accrochez, n'hésitez pas à acquérir la nouveauté de cette fin d'année, le tome 8, intitulé « Les naufragés des abysses ». Enfin pour les plus jeunes, ne manquez pas « Le vent dans les saules », la superbe adaptation du roman de Kenneth Grahame par Michel Plessix. Les quatre premiers tomes d'un coup, 126 pages de rêve, pour 25 euros. 

lundi 28 décembre 2009

BD - Hélène Bruller n'a plus d'amis

Dans le genre « je dis ce que je pense, même si cela fait mal » Hélène Bruller est championne olympique. Elle s'attaque cette fois à ses amis. Elle l'explique dans une préface destructrice : « Je vais dire plein de gentilles choses sur mes amis... Mais surtout des tas de saloperies au cas où ils m'auraient trahis sans que je le sache ». Et c'est parti pour une revue d'effectif où le cynisme est magnifié par un esprit d'observation exacerbé. 

Hélène présente sa tribu qu'elle réunit pour un grand repas. De Fabrizio, le hype gay à Loula la bombe, ils en prennent tous pour leur grade. On découvre au passage des personnages que l'on connaît par ailleurs, Humour man par exemple, alias Philippe, le mari de la dessinatrice, également connu sous le sobriquet de Zep. Cela donne une autre vision du créateur de Titeuf. Le portrait de l'éditeur d'Hélène Bruller, Benoît, est lui aussi gratiné. 

Le mix d'un premier de la classe avec un teenager trash... Un album décapant, qui nous venge d'amis qui nous énervent. Le problème c'est pour Hélène Bruller. Il y a de fortes chances pour qu'aujourd'hui elle n'ai plus beaucoup d'amis...

« Love », Drugstore, 13,90 € 

dimanche 27 décembre 2009

BD - Jessica Blandy épicée

Alors que le premier tome d'une intégrale Jessica Blandy est annoncé pour fin février, Renaud et Dufaux poursuivent la publication de ce spin off de la série originale. « La route Jessica » est un road movie mouvementé et sanglant. On suit le parcours de deux mercenaires, des tueurs, Soldier et sa fille. Ils ont une liste de noms. Ils ont pour mission d'éliminer ces personnes. Des hommes et femmes qui gravitent dans l'entourage de Jessica Blandy. 

Ils pistent donc la belle blonde. Cette dernière est au Mexique. Elle va tenter de sauver son fils adoptif, Rafaelle. Adolescent rebelle, il est sur le point d'intégrer le gang d'Atapulta. Un des plus sanguinaires de la région, dirigé par Anita Royola surnommée Piment rouge. Ce n'est pas parce qu'elle aime cette spécialité locale : « Anita est le piment rouge. Si tu la caresse, tes mains brûlent. Si tu l'embrasses, ta bouche est en feu. Si tu l'aimes, tu ne seras plus que cendres. » 

Cet album, en couleurs directes, est peuplé de belles femmes, toutes plus cruelles les unes que les autres. D'Anita à Salina en passant par la fille de Soldier ou la mystérieuse infirmière, elles sont toutes élégantes et... sans pitié. Elles font quand même rêver. Comme si la beauté pardonnait tous les excès...

« La route Jessica » (tome 2), Dupuis, 13,50 € 

samedi 26 décembre 2009

BD - Victor Sackville sur la frontière

En bande dessinée, il y a les héros immuables, où chaque aventure n'est qu'une péripétie sans conséquence sur son caractère (Ric Hochet en est l'archétype...) et puis ceux qui évoluent en fonction des événements qui traversent leur existence. Victor Sackville est un bel exemple de cette seconde catégorie, le 22e titre de la série marquant un tournant dans les aventures de ce héros imaginé par Borile et Rivière et illustré par Carin. 

L'agent secret anglais est envoyé à Anvers en Belgique. Le pays est occupé par les Allemands. Il s'agit pour Victor Sackville et son ami Pavel de trouver le successeur au chef du réseau de résistance de la ville de Vlissuigen, ville frontière essentielle dans la communication des informations collectées par les nombreux espions officiant durant la guerre 14/18. Dans une ville sous la coupe d'un occupant sans pitié, les deux héros vont découvrir que les apparences sont parfois trompeuses. Ils rencontrent Jeanne Laroche, résistante de la première heure, une des plus efficace, mais qui passe aux yeux de la population pour une traître vendue aux Allemands. 

Une belle parabole sur ces gens ordinaires, agents de l'ombre, mettant l'amour de leur patrie plus haut que leur réputation.

« Victor Sackville » (tome 22), Le Lombard, 10,40 € 

vendredi 25 décembre 2009

BD - Lanfeust, le retour

Il était parti, bien malgré lui, dans les étoiles. Il est de retour dans son monde d'origine. Lanfeust n'a vieilli que d'une année alors que presque 20 ans se sont écoulés en réalité. Se basant sur ce principe qui chamboule tout, Arleston, le scénariste, toujours secondé par Tarquin au dessin, se propose de raconter l'odyssée de Lanfeust, « Lanfeust Odyssey » après consultation des têtes pensantes du marketing des éditions Soleil. 

Alors que la belle C'Ian, mariée et retirée dans un castel protégé de la magie, élève ses enfants, Lanfeust est obligé de s'inscrire à la faculté pour achever ses études. Dans le même temps, Hébus, le troll, est envoûté et vendu à un vulgaire marchand qui l'utilise à de basses besognes. Ce premier tome est avant tout une mise en place. Il faut redécouvrir les personnages vieillis, Cixi, Nicolède et le fils de C'Ian, le très prétentieux chevalier Alcybiade Or-Azur. Il y a un peu moins de gags, plus d'action et le rythme est plus percutant. 

Tarquin sur ces 64 pages très dynamiques, a moins chargé son dessin. Il est plus épuré, encore plus en mouvement. Il semble avoir pris beaucoup de plaisir. Un plaisir qui est partagé par le lecteur, fan ou pas de la première série, tant l'ensemble est efficace.

« Lanfeust Odyssey » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

jeudi 24 décembre 2009

BD - La fin de la malédiction des trente deniers

Repris par Jean Van Hamme au scénario et divers dessinateurs, la série Blake et Mortimer est devenue un des best-sellers de fin d'année. Cette fois, l'illustration de cet album avait été confiée à René Sterne, le créateur d'Adler. Il n'a pu mener à bien son projet, fauché par une maladie foudroyante dans la force de l'âge. Après quelques années de mise en sommeil, « La malédiction des trente deniers » est enfin achevée. 

C'est Chantal de Spiegeleer, la femme de Sterne, qui a relevé le défi. Le résultat est très concluant, nombre
de lecteurs ne voyant aucune différence dans cette passation de témoin en cours d'aventure. Ce 19e titre débute par l'évasion d'Olrik d'une prison américaine. Il va devenir le bras armé d'un nouveau méchant, Belos Beloukian, riche armateur arménien derrière lequel se cache un criminel nazi, cruel et ambitionnant de devenir le maître du monde. Pour cela, il doit mettre la main sur les trente deniers qui représentent le salaire de la trahison de Judas. 

Ce mélange de croyance religieuse et de mégalomanie fasciste donne le ton incomparable de ces albums. Cette fois c'est Mortimer qui intervient le plus, en Grèce, aux paysages méditerranéens et lumineux.

« Blake et Mortimer » (tome 19), Blake et Mortimer éditions, 14,50 € 

mercredi 23 décembre 2009

BD - Les voyages de Jonathan

Jonathan, série portant sur l'histoire d'un jeune Européen amnésique, découvrant la vie et le Tibet, a lancé la carrière de Cosey. Cet auteur suisse a beaucoup mis de sa propre vie dans cette BD d'aventure penchant de plus en plus vers une certaine quête spirituelle. 

Dans cette réédition en intégrale (le tome 2 vient de paraître), vous bénéficierez d'un format un peu plus grand permettant de mieux apprécier la finesse du trait du dessinateur, ainsi que d'un dossier de présentation, richement illustré, replaçant ces histoires dans leur contexte historique. Une redécouverte à ne pas manquer. (Le Lombard, 20 €) 

mardi 22 décembre 2009

Romans-photos extrêmes

Hara-Kiri, journal bête et méchant, a marqué plusieurs générations. Les dessins de Reiser, Cabu, Wolinski, les fausses pubs et les romans-photos du Professeur Choron. Le meilleur de ces histoires courtes parodiant les productions style « Nous deux » est repris dans un best-of de 240 pages.

Une sélection des récits les plus emblématiques de ces années où tout était permis, où on pouvait rire de tout. Des premières séances en noir et blanc avec les auteurs du journal pour acteurs aux grandes productions avec stars (Renaud, Gainsbourg, Thierry Le Luron, Coluche) et jolies filles dénudées, c'est toute une époque de grande liberté qui revit. (Éditions Drugstore, 30 €) 

lundi 21 décembre 2009

BD - Offrez-vous le meilleur de Franquin

Les éditions Dupuis poursuivent la publication des aventures de Spirou et Fantasio par Franquin en intégrale. Le tome 8 reprend les « Aventures humoristiques » soit les derniers récits signés Franquin pour cette série, sur la période 1961-1968. Avec ces albums, les derniers qu'il réalise pour la série, Franquin accomplit un exploit paradoxal ; nerveusement épuisé, de surcroît lassé par le personnage de Spirou, il livre néanmoins trois ultimes histoires qui feront date dans la série, tant par leur tension graphique que par leur virtuosité narrative. (Dupuis 18 €)

Par ailleurs, Dupuis propose également pour ces fêtes de fin d'année le fac-simile de l'album "Spirou et Fantasio", paru en 1948, regroupant les quatre premières aventures dessinées par Franquin, aventures au cours desquelles il prend ses marques par rapport au style de son maître, Jijé, et affirme progressivement le sien. (Dupuis 32 €)


Vous pouvez également découvrir une autre facette de Franquin avec la réédition du recueil des 30 exemplaires du Trombone Illustré, le supplément clandestin et adulte publié dans l'Hebdo Spirou à la fin des années 70 et dont il a été le chef d'orchestre. On retrouve au sommaire Delporte, Roba, Jannin et quantité d'auteurs moins marqués jeunesse, de Moebius à Mézières en passant par Tardi ou Brétécher. (Dupuis 70 €) 

dimanche 20 décembre 2009

BD - Le Noël des éditions Dupuis

Les éditions Dupuis ont décidé cette année de proposer un « merveilleux Noël » mettant en avant quelques uns de leurs auteurs et séries vedettes. Ainsi le dernier album des Tuniques Bleues, « Sang bleu chez les Bleus » (53e titre de la série de Lambil et Cauvin) sort dans un coffret agrémenté de deux figurines en résine. En plus de la BD (toujours aussi désopilante), vous aurez deux pièces de collection avec un Chesterfield de 13,5 cm et un Blutch de 11,5 cm, le tout pour 29 euros.

Pour Boule et Bill, c'est la nostalgie qui est proposée dans un coffret reprenant les fac similé de trois petit livres qui ont fait rêver bien des enfants il y a quelques décennies. Roba, dessinateur, était également un excellent illustrateur aimant mettre ses personnages vedettes dans des images en couleurs directes, dignes de plus beaux albums jeunesse. La réédition des trois albums de la collection Carroussel propose des histoires de Boule et Bill en ville, à la montagne et à la campagne. Ce coffret de titres devenus introuvables est proposé au prix de 45 €.

Le cadeau le plus fun pour cette fin d'année c'est ce tirage spécial du tome 4 des Nombrils. Les trois filles imaginées par les Canadiens Dubuc et Delaf sont une caricature impitoyable mais très juste d'une certaine jeunesse. Les adolescentes se reconnaissent parfaitement et porteront certainement les badges offerts avec le livre. Quatre badges de 3 cm de diamètres et deux de 5 cm. L'un présente les trois héroïnes, le second cette affirmation définitive : « Marre d'être gentille » (15,95 €).

Enfin ne ratez pas l'intégrale du Privé d'Hollywood. Cette série policière écrite par Rivière et Bocquet a véritablement lancé la carrière de Berthet. Un classique de 160 pages à savourer dans une version noir et blanc (19 €). 

dimanche 13 décembre 2009

BD - Les intégrales Dargaud, luxueuses, rares et incontournables

Noël, Nouvel An... La période des cadeaux. Et une BD, si elle est bien choisie, fera toujours plaisir. Depuis quelques années les maisons d'édition ont parfaitement compris le phénomène. Car s'il est bine un moment où on regarde moins à la dépense, c'est en décembre. Pas étonnant donc si la période est marquée par un raz-de-marée d'intégrales. 

Les éditions Dargaud, dans cet exercice, sont en pointe. Et cette année encore, quelques titres sont incontournables. Voici une petite sélection de ces pépites, qui ne sont pas bon marché, mais qui contenteront tous ceux qui aiment les beaux objets ou les pièces de collection.

En premier lieu ne manquez pas l'intégrale de « Rapaces », la série de vampires urbains, très portés sur le sexe, écrite par Dufaux et dessinée par Marini. Les quatre tomes de la série sont regroupés dans ce recueil encore plus grand que le format original. 240 pages sous une couverture en relief donnant encore plus de cachet à l'ensemble. Et au final, c'est même moins cher que d'acheter les titres indépendamment puisq'il ne vous en coûtera que 39 euros.

 Un peu plus cher, mais aussi plus rare, le coffret Fred. Il reprend quatre albums indépendants les uns des autres. Des récits complets en dehors des séries, mais avec toute la poésie et l'inventivité du créateur de Philémon. « Le conteur électrique », « Le corbac aux baskets », « La dernière image » et « Le magic Palace Hotel » forment ce coffret mettant à l'honneur un créateur qui sera une nouvelle fois sous les projecteurs à Angoulême. Pour 54 euros, vous vous offrez une plongée dans un monde poétique si apaisant face à notre triste réalité...

 Autre maître de la bande dessinée de ces trente dernières décennies : Gotlib. Le maître de l'humour ne sort pas de sa retraite (bien qu'il vienne de signer une couverture de Fluide Glacial, exploit qu'il n'avait pas réalisé depuis des années), il s'agit de la réédition en intégrale des ses « Trucs-en-vrac ». Des fonds de tiroir inclassables. Mais des fonds de tiroir chez Gotlib, cela correspond à des chefs-d'œuvres d'auteurs à l'imagination et l'humour moins développés. C'est à redécouvrir, d'autant que ces 200 pages ne sont vendues que 20 euros.

 
Beaucoup plus récente, la série Kenya. Imaginée par Rodolphe et dessinée par Léo, cette histoire en cinq albums (242 pages) passionnera tous ceux qui aiment les animaux imaginaires, les grands espaces et le mystère. Vous pourrez lire d'une traite tout le premier cycle et ce pour 35 euros. Une bonne occasion de réviser avant la sortie, en mars prochain, du premier titre du nouveau cycle.

 
Enfin tous ceux qui n'aiment pas le politiquement correct retrouveront avec plaisir les aventures des Innommables. Ce trio, imaginé par Yann et Conrad dans les pages de Spirou, est devenu par la suite une série se déroulant en Asie puis aux USA. Le duo d'auteurs a délaissé le trio de choc depuis quelques années. Ils ne travaillent d'ailleurs plus ensemble, Conrad préférant dessiner ses propres histoires écrites avec sa compagne. Après une première intégrale se déroulant à Hong Kong, il s'agit cette fois du cycle coréen, 192 pages pour 25 euros. Les Mac, Tim et Tony ont secoué le monde parfois trop sage de la BD d'aventure. Osons le l'avouer : ils nous manquent...


samedi 12 décembre 2009

BD - Rafles et conséquences


Suite et fin de cette saga historique écrite par Richelle et dessinée par Wachs. Dans le Paris de 1941, occupé par les Allemands, les Français tentent de survivre. On suit la trajectoire de deux familles. Celle de Lucien et de Charlotte, deux jeunes qui s'aiment. 

Le premier, juif, verra sa famille déportée après avoir été victime de la rafle du Vel' d'hiv. La seconde abandonnera son père, policier et alcoolique. Il fera pourtant partie des rares fonctionnaires français à démissionner, ne cautionnant pas le zèle de l'administration dans la « politique d'épuration » demandée par l'Allemagne. 

Un récit qui sonne vrai. Rien n'était évident à l'époque. Survivre était une priorité. Mais certains, ils étaient rares, ont quand même fait des choix courageux.

« Opération vent printanier » (tome 2), Casterman, 15 € 

vendredi 11 décembre 2009

BD - Intrigues temporelles par Chanoinat et Castaza

Le succès d'une série d'aventure et d'action dépend souvent de la stature du « méchant ». Que serait Blake et Mortimer sans Olrik, Lefranc sans Axel Borg ? « Les aventuriers du temps », débuté comme une série fantastique assez classique, commence à prendre une nouvelle tournure avec l'arrivée de la méchante, Jade, belle blonde aimant voyager dans le temps pour trucider les grands tyrans de l'Histoire. 

Une Jade bien mystérieuse et à la plastique irréprochable. Ses courbes voluptueuses s'épanouissent sous le pinceau de Castaza, le dessinateur de la série écrite par Chanoinat. 

Si vous aimez les intrigues et paradoxes temporels vous accrocherez forcément à cette BD dont les épisodes sont publiés à un rythme effréné.

« Les aventuriers du temps » (tome 3), Le Lombard, 10,40 € 

jeudi 10 décembre 2009

BD - La renaissance du mystérieux Flagada


Imaginé au début des années 60 par Charles Degotte, le Flagada fait partie des animaux imaginaires légendaires de la BD. Avec le Marsupilami, il a survolé durant des décennies les pages de Spirou, dans des mini-récits puis des gags et des histoires à suivre. 

Son créateur l'a délaissé pour animer les Motards. Le Flagada qui renaît de ses cendres grâce à Zidrou (scénario) et Bercovici (dessin). La seconde aventure, « L'île Recto-Verso », se déroule sur une île où deux communautés s'affrontent. 

Le Flagada et ses amis (qui sont à la recherche d'une île à pignoufs, l'aliment préféré du héros, se retrouvent au centre de cette querelle surréaliste. Un hommage presque aussi délirant que l'original.

« Le Flagada » (tome 2), Glénat, 9,40 € 

mercredi 9 décembre 2009

Littérature - Nouvelles de genre

Trois anthologies de nouvelles, trois genres, un point commun : ces jeunes auteurs sont les futures stars de la littérature française.

Que vous soyez science-fiction, thriller ou littérature générale, ces trois recueils de nouvelles vous donnent l'occasion de découvrir la crème de la nouvelle génération. Si « Retour sur l'horizon » célèbre les dix ans de la collection « Lunes d'encre » de Denoël, « L'empreinte sanglante... » joue dans la catégorie thriller et « Disneyland » offre l'opportunité à neuf jeunes auteurs français de donner leur vision du célèbre parc d'attraction de la région parisienne.

Dix ans de « Lunes d'encre »


Ce livre-anniversaire célèbre les dix ans de la collection Lunes d’encre et les cent ans de la science-fiction française. Quinze nouvelles où on traverse un Canada hanté par les drones de Dieu. On chemine vers une forme de vie impalpable entre Mars et Jupiter, et dans les couloirs d’un lieu qui contient tous les lieux. On subit un lavage de cerveau magico-marxiste, on explore l’esprit des morts en quête d’œuvres d’art inédites, on prend contact avec des entités orbitales capables de changer l’Histoire.

On se pose aussi beaucoup de questions : sur les propriétés chimiques de la potasse, la tête robotisée de Philip K. Dick et d’autres mystères plus ou moins solubles dans le réel. En gardant l’esprit ouvert, on peut même y découvrir un poème en prose et deux romances postmodernes.

En quinze nouvelles sélectionnées par Serge Lehman, un panorama de la science-fiction la plus actuelle par quelques-uns des maîtres français du genre. On notera parmi ceux-ci : Fabrice Colin, Emmanuel Werner, Éric Holstein, Catherine Dufour, Jean-Claude Dunyach, Laurent Kloetzer, Thomas Day, Léo Henry, Philippe Curval ou Xavier Mauméjean. Un instantané très réussi de la littérature imaginaire française actuelle. (Denoël, 25 €)

Neuf auteurs au pays de Mickey

Quand la fine fleur de la nouvelle génération d'écrivains français se rend à Disneyland, ce n'est pas pour le plaisir, mais pour le travail. Ils sont neuf, d'Ariel Kenig en passant par Tania de Montaigne, Nicolas Rey, David Abiker, Barbara Israël, Nicolas Bedos, Pierre Stasse, Simonetta Greggio et Thomas Lélu qui ont accepté d'écrire une nouvelle inspirée d'un séjour à Disneyland. Le concept, qui serait une idée (pour ne pas dire une commande) de Disneyland, était assez casse-gueule, mais au final l'ensemble est plaisant et divertissant. Car ce pays magique a eu le don de débrider l'imagination des auteurs qui n'ont pas cherché à descendre ce temple de l'amusement tarifié. Le résultat est frais et distrayant. (Flammarion, 17 €)

Suivre l'empreinte sanglante


« L’Empreinte sanglante d’un pied nu, la suivre au long d’une rue… » Tel est le point de départ des sept nouvelles inédites de ce recueil. Huit auteurs de renom du thriller français contemporain se sont amusés à suivre les règles d’un petit jeu d’écriture : donner corps à une idée en devenir depuis presque un siècle et demi, posée par l’un des pères de la littérature américaine, Nathaniel Hawthorne, dans un texte au nombre de signes limité. Pour, à l’unisson, entraîner les lecteurs sur les traces de L’Empreinte sanglante en donnant plusieurs versions des faits et autres pistes à suivre, qui révéleront à l’occasion autant de reflets de leurs univers respectifs…

Raphaël Cardetti, Maxime Chattam, Olivier Descosse, Karine Giébel, Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Laurent Scalèse et Franck Thilliez ont relevé ce défi apportant chacun leur style et leur univers. Cela donne un ensemble très éclectique où chaque lecteur amateur du genre trouvera l'angoisse nécessaire à son bonheur... (Fleuve Noir, 18 €)

samedi 5 décembre 2009

Le destin brisé de la femme accident de Lapière et Grenson



La seconde partie de « La femme accident », un superbe portrait de femme signé Lapière et Grenson était très attendue. Le premier, scénariste de Charly ou du bar du vieux Français, offre un récit dense et social à Olivier Grenson que l'on n'attendait pas dans ce registre. Le dessinateur de Niklos Koda signe des décors industriels (terrils et usines abandonnées) criants de vérité. Mais ce diptyque doit sa réussite au personnage de Julie. Cette jeune femme a grandi dans la misère. Elle fait tout pour s'en sortir. Tout et plus. 

Aujourd'hui elle est devant les jurés, accusée du meurtre de Théo, son petit ami. En parallèle à l'audience, Julie se confie au lecteur, explique son parcours, de la crasse de Charleroi aux restaurants de luxe parisiens, maîtresse d'un riche homme d'affaires. Puis son retour au pays, son investissement dans une boutique avant le drame. 

Une histoire d'amour et de passion, simple et belle à la fois où le dessin en couleurs directes colle parfaitement à l'ambiance de l'intrique.

« La femme accident » (tome 2), Dupuis, 15,50 €

vendredi 4 décembre 2009

BD - Initiation d'un Parfait dans "Je suis Cathare"


La série « Je suis Cathare » de Makyo et Calore est avant tout une BD mystique. Une réflexion sur ces hommes et femmes qui en plein Moyen âge ont fait la démarche de devenir « Parfaits ». Une volonté de revenir aux sources du christianisme, au premier jour du Christ et de son humilité. Le lecteur, dans cette troisième partie, suit le parcours de Guilhem Roché.

 Il est en train de retrouver la mémoire. Petit à petit, lentement. Il vit de nouveau avec sa femme, a chassé son frère et est en route vers Aryens. Mais il se fait arrêter à Carcassonne. Le bûcher lui est promis. Heureusement il a un protecteur, une sorte de garde du corps, qui va réussir à le faire évader. Il est vrai que Guilhem a un don inestimable. Il peut guérir par simple imposition des mains. Dans ces 48 pages dessinées par Calore, on découvre comment le héros est devenu amnésique. 

L'occasion pour Makyo de décrire minutieusement les rites d'initiation imposés aux hommes désirant devenir des Cathares, des Parfaits...

« Je suis Cathare » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 3 décembre 2009

BD - "Marie des dragons", guerrière gironde


Les auteurs de fantasy connaissent parfaitement les recettes pour appâter le lecteur. Et dans le genre, l'héroïne « jeune, rebelle et à forte poitrine » est d'une redoutable efficacité. « Marie des dragons » en est l'exemple parfait. 

Écrite par Ange et dessinée par Démarez, cette série offre son lot de filles dévêtues se battant contre de grosses brutes ou des monstres improbables. Mais si le personnage principal avance tous charmes dehors, elle a quand même une personnalité. Ayant échappée, adolescente et par miracle, au massacre de son village, elle parcours le pays pour retrouver ses frères et sœurs transformés en esclaves. Mercenaire, elle se vend au plus offrant, tuant et massacrant avec une froide indifférence. Mais sa rencontre avec un moine soldat, ayant fait vœu de chasteté, va bouleverser sa vie et lui faire prendre conscience qu'un autre monde existe. 

Un album distrayant, agréable à l'œil et plaisant.

« Marie des dragons » (tome 1), Soleil, 13,95 € 

mercredi 2 décembre 2009

BD - Les souvenirs de Sologne de Françoise Xenakis

Françoise Xenakis, dans ce recueil de nouvelles, raconte le destin étrange des veuves blanches de Sologne.

Une France qui n'existe plus, une France du passé, de la tradition, est au centre de ces nouvelles signées François Xenakis. La romancière y raconte le destin des veuves blanches. En Sologne, après la première guerre mondiale, « chaque village avait ses veuves blanches, des jeunes femmes qui avaient perdu leur fiancé ou leur bon ami officiel à la guerre 14-18. » Un phénomène qui s'est reproduit après la guerre de 39-40. Elles ont été logées par la commune durant toute leur existence. A une condition : « Elles se devaient d'être des vierges irréprochables. » Ce sont quelques unes de ces existences, imaginaires mais fort plausibles, que Françoise Xenakis raconte dans des textes entre reportage social et vagabondage nostalgique dans la mémoire de femmes qui ont, pour la plupart, « connu une vie de recluses. »

Adrienne Couvreur écrit à Bernard Pivot

Dans les premiers textes, l'auteur mêle description minutieuse du phénomène et souvenirs personnels. « Mes veuves blanches habitaient, le plus souvent, de minuscules maisons d'une seule pièce, renfermant la cheminée où elles cuisinaient et le lit », se souvient Françoise Xenakis. « J'aimais leur foyer conçu d'évidence pour une personne. Oui, j'aimais ces vieilles maisonnettes et la chèvre, souvent blanche elle aussi, attachée à un piquet qu'elles déplaçaient chaque jour. »

Le texte principal est une longue lettre d'Adrienne Couvreur, fille de l'assistance publique, à Bernard Pivot. La veuve blanche s'adresse à l'animateur de télévision (on est en 1988), car elle estime qu'il peut comprendre son parcours à sa juste valeur. Tombée amoureuse, dès l'école, de Marcel Quenot, elle s'installe et se met en ménage avec lui, contre l'avis de leurs parents. Ils sont à peine sortis de l'adolescence.

Une petite période de bonheur avant que la guerre n'éclate en 1939. Marcel est mobilisé. Monte au front. Et disparaît... « J'attends donc Marcel et j'ai soixante-cinq ans » explique Adrienne. Jamais elle n'a abandonné l'espoir de son retour. Une certitude puis une obsession, voire une folie.

Elle allait tous les soirs à l'arrêt de bus, persuadée qu'il serait là, à l'attendre, un peu perdu après toutes ces années retenu prisonnier en Allemagne ou en Russie. Des années au cours desquelles elle s'est desséchée sur place, à oublier de vivre pour soi. Une lettre parfois pathétique et touchante.

Marcel et ses deux veuves

La nouvelle « Comment Marcel Lemoine épousa une veuve blanche. L'impensable arriva et tourna mal » elle aussi devrait prendre le lecteur aux tripes. Marcel, 42 ans, vieux garçon prend un jour son courage à deux mains et se rend chez Émilie, une veuve blanche qui lui a tapé dans l'œil. Elle n'est pas là. Mais sa voisine, Bernadette, veuve blanche elle aussi, discute un peu avec Marcel. Rapidement ils seront mariés et auront une petite fille Marilyn. Marcel, Bernadette et Émilie formeront un triangle amoureux sur plusieurs dizaines d'années, cherchant ou repoussant le bonheur au gré de leurs humeurs.

Un texte d'une vingtaine de pages qui aurait sans problème pu être développé pour devenir un roman dense et passionné.

« J'aurais dû épouser Marcel », Françoise Xenakis, Éditions Anne Carrière, 17 € 

mardi 1 décembre 2009

BD - Amours coupables


Récit intimiste, histoire de femmes, révélée par petites touches, « Les petits adieux » semblent marquer un tournant dans la carrière de Magda. Dessinatrice au trait réaliste et aérien, elle a connu la consécration avec « Charly ». Cette fois c'est Marvano qui signe l'intrigue de cet album de 70 pages. 

Christine, mère célibataire élevant seule sa fille, Fran, est bénévole dans une association d'écoute de personnes en détresse. Elle reçoit régulièrement des coups de fil d'une jeune fille se plaignant de sa mère. Des confidences qui font écho à sa propre vie

. Les auteurs ont choisi d'aborder un thème difficile, la pédophilie, sans rien montrer ni dire ouvertement. Avec subtilité et délicatesse. Le message n'en est que plus fort.

« Les petits adieux », Le Lombard, 15,50 € 

lundi 30 novembre 2009

BD - Alef-Thau entre rêve et coma


Entre rêve et réalité, le monde d'Alef-Thau, imaginé par Jodorowsky, connaît une seconde naissance sous le pinceau de Nizzoli. Cette série, initialement dessinée par Arno, conte les aventures d'un enfant tronc récupérant ses membres au cours d'une longue quête semée d'embûches. 

Dans cette suite, le dessinateur de la série, au sortir d'une séance de dédicaces, est renversé par une voiture. Plongé dans le coma, il va revivre les aventures de son héros. 

La narration alterne découverte de ce monde fantastique et réalité des hôpitaux, la femme du dessinateur devant se battre pour empêcher les toubibs de « débrancher » son mari. C'est poétique, splendide au niveau graphique et toujours aussi mystique. Du pur Jodo !

« Le monde d'Alef-Thau » (tomes 1 & 2), Delcourt, 13,95 € 

dimanche 29 novembre 2009

BD - Gare aux Bobos !


Dupuy et Berberian poursuivent leur entreprise de démolition de l'entreprise Bobo. Et de ses satellites : traders, financiers, politiques et autres intellectuels politiquement corrects aux mœurs écœurantes. Après avoir brocardé le bobo de base, celui de Paris (enfin, certains quartiers de Paris...) le duo va s'intéresser à quelques spécimen qui ne voient dans cette nouvelle façon de vivre qu'une occasion de s'enrichir encore plus et encore plus vite. On suit par exemple la vie trépidante d'Alban Ninque, digne représentant de la France d'en haut. Il est conseiller. Des puissants. 

Quand une journaliste lui demande de se présenter, il déclare en toute modestie : « Je suis ce qu'on appelle un esprit. Certains disent cerveau. Je trouve que c'est indélicat. Parce qu'on oublie l'âme. Et l'esprit, ce que je suis, c'est le cerveau plus l'âme. » Dans les faits, il utilise ses relations (au gouvernement ou dans la finance) pour étouffer scandales et autres grosses dégueulasseries qui ont tendance à enflammer l'opinion publique. On pourrait penser que c'est une caricature tant il est abject. En réalité un tel monstre existe. Ils sont même plusieurs. 

On les voit régulièrement pontifier, donner leur avis d'expert, à la télévision pour faire la promotion de leur dernier ouvrage. Si les histoires courtes de ce recueil dont le personnage principal est Alban Nique sont assez dures, les autres, plus légères, font sourire. Comme ce voyage pittoresque au Chiroubistan ou cette chasse au chevreuil du Bénin.

« Global Boboland », Fluide Glacial, 11,95 € 

samedi 28 novembre 2009

BD - "La fleur que tu m'avais jetée", première partie du voyage d'Akai


Cela ressemble à une ballade rock japonaise, cela devient une histoire fantastique aux multiples tiroirs. Le premier tome du « Voyage d'Akai » est une excellente surprise due aux talents conjugués de Massimiliano de Giovanni (scénariste) et Andrea Accardi (dessinateur). 

Ce duo italien est passionné par la culture nippone et a popularisé certains mangas de l'autre côté des Alpes. Le héros c'est Akai. Jeune, beau, autoritaire. Le roi de son quartier. Mais cela ne reste qu'un petit caïd, entraînant dans son sillage quelques fidèles comme Shiroi, adolescent secrètement amoureux de son mentor. Quand un cirque a la prétention de donner quelques représentations, Akai y appose son veto. Simplement car il n'a pas été prévenu. Un face-à-face tendu qui se termine par l'intervention d'une cartomancienne qui annonce à Akai qu'il n'a pas un destin commun : « Tu vivras longtemps, dans la richesse, seulement si tu atteins une ville au Nord, la légendaire Mirai. » 

Akai se laissera convaincre et partira en voyage. C'est ce périple, plein d'imprévus et de rencontres, que les auteurs vont nous conter. Il y sera notamment question d'un mariage fastueux où le petit groupe donnera une représentation de Carmen, la musique préférée d'Akai. Il y croisera la route d'un tanuki, créature mythique qui le défiera dans un match de sumo. 

Entre modernisme et poésie, cette série a une petite musique très particulière. Ensorcelante, envoutante...

« Le voyage d'Akai » (tome 1), Dargaud, 13,50 € 

vendredi 27 novembre 2009

BD - Le retour du trio le plus anarchiste de la BD

Les Pieds Nickelés sont de retour. Dans une version encore plus politiquement incorrecte. Il est vrai que les trois arnaqueurs imaginés par Forton et longtemps animés par Pellos ont un vieux fond d'anarchistes. Trap et Oiry, les repreneurs de cette année 2009, ont décidé de creuser la fibre sociale du plus célèbre trio de la bande dessinée française. 

Premier thème abordé dans cet album intitulé « Pas si mal logés ! », les sans logis victime des marchands de sommeil. Tout débute par la sortie de prison de Croquignol. Classique. Il découvre que quelques quartiers de Paris ont changé, l'arrivée de riches Bobos ayant précipité la mort de certains petits commerce, notamment les débits de boisson. Quand il retrouve ses deux compères, Ribouldingue et Filochard, c'est pour partager un pont. Ils squattent alors le seul endroit allumé : une laverie automatique. 

Là ils ont l'idée de la transformer en « Lave Hôtel », l'occasion de rincer les clients. Parmi eux des joueurs de poker, marchands de sommeil sans états d'âme. La suite de l'aventure se déroule dans un vieil immeuble, promis à la destruction et accueillant une multitude de sans papiers payant des loyers exorbitants. Mais notre trio va intervenir et prendre l'argent où il se trouve : du côté des exploiteurs. 

On retrouve gouaille et satire de notre société. Une reprise énergique et réussie.

« La nouvelle bande des Pieds Nickelés » (tome 1), Delcourt, 9,95 €

jeudi 26 novembre 2009

BD - Evolution express face au "Nuisible" ultime


Très ambitieux le scénario de ce thriller futuriste de Mathieu Mariolle dessiné par Alfio Buscaglia. Un peu complexe aussi parfois. Mais rapidement on s'attache aux personnages et leurs mondes, différents mais qui vont se rejoindre au gré des événements tragiques frappant Paris en ces fêtes de Noël. 

Alors que des groupes pharmaceutiques testent de nouveaux médicaments, en prenant des risques à la hauteur des enjeux financiers, des défenseurs des animaux pénètrent dans un laboratoire pour rendre leur liberté à des chiens, singes et rats utilisés comme cobayes. 

Pendant ce temps, Yukiko, jeune inspectrice à la police criminelle enquête que le meurtre d'un enseignant chercheur. Égorgé par un de ses élèves en plein cours. Ces péripéties, la veille et le jour de Noël, sur fond de montée des intégrismes religieux, débouchent par une véritable révolution dans tout ce qui est vivant. Et si tout ce qui n'était pas humain s'unissait pour éradiquer ce nuisible dominant ? 

Mariolle arrive à nous passionner malgré une certaine complexité du propos. Le dessin de Buscaglia, au trait réaliste et épuré, fait parfois penser à du Paul Gillon plus appliqué.

« Nuisible » (tome 1), Glénat, 13 € 

mercredi 25 novembre 2009

BD - "Alerte sur Fangataufa" ou Geluck et Devig dans les rôles de Hergé et Jacobs


On connaissait l'humour au deuxième degré, Philippe Geluck fait beaucoup mieux en signant le scénario d'une BD dessinée par Devig qui doit se lire au 15e degré, au minimum. « Alerte sur Fangataufa », première aventure du reporter Scott Leblanc semble à première vue une sorte d'hommage aux récits de la Ligne claire des années 50. Entre Hergé et Jacobs, avec savants, inventions et méchants voulant détruire la planète. 

Le héros, journaliste au magazine Bien en vue, a un animal de compagnie qui le seconde dans ses aventures. Et c'est là que tout dérape. Scott se balade en permanence avec un canari en cage répondant au nom de Tino. Un reporter qui est beaucoup plus sensible à la cause animale qu'aux malheurs de l'Humanité. Ainsi, quand son rédacteur en chef lui demande un reportage sur le professeur Moleskine, possible Nobel, Scott plutôt que de l'interroger sur ses dernières découvertes, ne s'intéresse qu'à son chat... En bref, le héros est complètement à côté de la plaque. 

Pourtant il va se retrouver au centre d'un complot visant à empêcher la France à maîtriser la bombe atomique. Rapidement le lecteur est fasciné par la bêtise de Scott et suit ses aventures avec un plaisir ironique allant crescendo jusqu'au dénouement final.

« Scott Leblanc » (tome 1), Casterman, 12 €

mardi 24 novembre 2009

BD - Jean-Louis et son encyclopédie

Personne ne vous souhaite d'avoir un Jean-Louis dans votre entourage. Jean-Louis, le héros calamiteux imaginé par Fabcaro, est professeur. De ces remplaçants arrivés on ne sait d'où et qui se révèlent rapidement une plaie dans une équipe soudée et motivée. 

Jean-Louis est un savant mélange de gaffeur, d'égoïste et de prétentieux. Gaffeur quand il demande si le mari d'une de ses collègues n'est pas du signe du cancer. Perdu, il vient de mourir, la semaine dernière, d'un cancer justement... Son égoïsme est doublé d'une radinerie affligeante et la prétention est évidente quand il fait lire quelques chapitres de son « Encyclopédie ». Ce tissu d'ineptie répond à des questions essentielles comme « Où se situe l'Australie environ ? » ou « Pourquoi est-il préférable de ne pas être aveugle ? » 

Les déboires de Jean-Louis (de ses collègues plus exactement) sont présentées sous forme de strips d'une efficacité redoutable. La partie encyclopédie, plus dense, se présente sous forme de demi-planche pour chaque question.

 Ce premier album d'un héros qu'on espère récurrent couvre presque toute une année scolaire. Un humour noir et vache qui manque parfois dans la production comique trop lisse et politiquement correcte de ces dernières années.

« Jean-Louis », Drugstore, 10 € 

lundi 23 novembre 2009

Roman historique - Dante, le poète profileur

Ambassadeur de Florence envoyé remplir une mission secrète à Rome, Dante Alighieri va enquêter sur de mystérieux assassinats de femmes.


Dante, poète, écrivain, fierté de l'Italie, est également depuis quelques années héros de roman policier. Dante en profileur, c'est une idée de Giulio Leoni et si cela peut paraître incongru au premier abord, le résultat est très plaisant. Dans « La croisade des ténèbres », Dante va devoir se rendre à Rome en tant qu'ambassadeur de Florence. La ville attend beaucoup du poète et de sa force de persuasion. Alors qu'il est en pleine rédaction de son œuvre majeure, Dante rechigne à quitter son confort et mettre à mal son inspiration. Mais ses commanditaires savent comment manœuvrer le lettré. Il recevra en échange de ses services un manuscrit de Virgile. Le choix est vite fait.

Cadavre dans le fleuve

Flanqué de deux autres ambassadeurs (qu'il s'empressera d'abandonner Dante n'aimant pas le travail d'équipe), il se rend à Rome. L'occasion donnée à l'auteur pour décrire minutieusement les environs de la ville et toutes les petites gens qui y vivent. Le héros s'y rend en barque. Un voyage de nuit, éprouvant et inquiétant. Arrivé sur la terre ferme, il est le témoin d'une première scène peu banale. Des pêcheurs ramènent le corps d'une jeune femme. Tout le monde pense qu'elle s'est noyée, mais l'œil expert et aiguisé de Dante se doute qu'elle a été assassinée. Il découpe sa tunique et découvre un spectacle d'horreur : « La cavité thoracique était vide : on ne distinguait que les blanches saillies des côtes, noyées dans la chair grise. Le ventre, également vidé, fourmillait de petits poissons. L'assassin ne s'était pas contenté de tuer, il s'était acharné avec perversité sur la malheureuse, la découpant comme un animal de boucherie. »

Cherchant un logis pour son séjour, il se rend dans une maison dans un quartier excentré. Et là il retrouve le cadavre de la jeune femme, veillé par sa mère, la logeuse. Dante, bouleversé par le chagrin de la famille et constatant que la police ne fera rien pour démasquer le coupable affirme à la mère éplorée « Bien, la vieille. Ta fille sera vengée. »

Dépouille dans un sarcophage

Il se met à fureter dans les bas-fonds de la ville découvrant que ce n'est pas la première femme découverte assassinée et atrocement mutilée. Mais son enquête ne lui fait pas oublier sa mission. Il se rend à la curie pour rencontrer le pape Boniface, entouré du collège des cardinaux, « pareil à une couronne, inondant la salle d'écarlate. » A la curie où il va croiser une autre femme : Jeanne la Papesse. Cette femme qui avait réussit à se grimer en homme et à se faire élire pape, est enterrée dans une crypte secrète. Dante assiste à l'ouverture de son sarcophage. « Un corps vêtu d'une robe blanche qui reflétait la lumière des torches apparut. La tête était surmontée d'une tiare de la même couleur, et les petites mains fines qui reposaient sur la poitrine semblaient être croisées depuis peu, tant la peau paraissant élastique et les muscles des doigts relâchés. »

Ce roman offre plusieurs niveaux de lecture. Les passionnés d'histoire seront fascinés par la richesse des descriptions de Rome et de ses habitants, alors que les amateurs de polar apprécieront un suspense palpitant et la progression de l'enquête de Dante. Une belle réussite qui permet également aux lecteurs de mieux apprécier l'œuvre de ce poète, monument européen encore trop méconnu

« La croisade des ténèbres », Giulio Leoni (traduction de Nathalie Bauer), Belfond, 20 € 

dimanche 22 novembre 2009

Roman - Petit loup deviendra grand


Roman d’adolescence, roman de rupture et de formation, "Ainsi va le jeune loup au sang" de Christophe Donner raconte, souvent avec sensibilité, parfois avec une crudité extrême, la période d’émancipation de Samuel. Dans les années 60, après la mort de son père, il vit dans une maison menacée de démolition en compagnie de sa mère. Cette dernière, enseignante en dépression perpétuelle, s’accroche à cette maison, dernier espoir d’avoir une vie "normale". Mais la mairie de Paris arrive à l’épuiser. Il est vrai que le quartier est promis à un bel avenir avec la construction de la tour Montparnasse. Samuel connaît bien ce chantier. Régulièrement il y part en vadrouille la nuit. Tout tourne autour de cette construction. De ce monstre en devenir. Symbole d’un avenir glorieux, de la puissance de la technologie, des bureaux modernes et du capitalisme triomphant.

Une petite bande résiste pourtant. Le symbole c’est la maison de la mère de Samuel qu’il faut sauver. Mais très vite ce combat désespéré n’est qu’une façade pour quelques zonards, profitant de la bonté d’une pauvre femme. 

Le chef du groupe met la mère de Samuel dans son lit. L’adolescent n’admet pas cette trahison. Il part en vrille. Drogue, prostitution et finalement action violente contre la tour. Il est seul car sa mère, après quelques tentatives de psychothérapie, préfère s’enfoncer dans la folie et l’enfermement dans un asile.

Pris et jugé, Samuel se retrouve en prison. Le garçon, écorché vif, va découvrir un monde effroyable. La peur dans un premier temps puis il se forge une résistance à toute épreuve.

Il y a du Genet dans ce roman pour le côté prison, homosexuel et violent. Mais c’est en fait à Céline que Christophe Donner fait le plus de références. Le style y est, avec un peu plus de modernité. Mais surtout, les générations actuelles se reconnaîtront dans ces tentations et dérives. Samuel a franchi ce miroir qui nous a tous un jour tenté. L’autre côté n’est certainement pas mieux, mais définitivement différent…

« Ainsi va le jeune loup au sang » de Christophe Donner, éd. Grasset, 18 € 

samedi 21 novembre 2009

Roman - Folies de la guerre


Nous ne sommes pas à l'abri : les folies guerrières du siècle dernier pourraient très bien se reproduire. Claire Béchet, dans ce roman non situé dans le temps ni l'espace (on sait simplement que l'action se déroule dans un futur proche en Europe, dans un pays en guerre), parle avec justesse de la solitude des hommes et des femmes. L'évolution de notre société semble programmée pour toujours plus d'individualisme.

 Conséquence les personnages de cette histoire ne communiquent pratiquement pas entre eux. Pourtant Anna, l'héroïne, est journaliste. Elle part en reportage de l'autre côté de la frontière, dans la zone des combats, accompagnée d'un photographe qui lui servira également de guide et d'interprète car Joseph est originaire de la région. Arrivés à destination, ils sont accueillis par un ancien professeur, au chômage forcé, dans une grande maison qui a résisté par miracle aux bombardements.

L'auteur décrit longuement les froides conséquences de cette guerre. Les derniers habitants, ceux qui n'ont même pas eu la force ou la volonté de fuir les combats, survivent chichement dans ces décombres, tristes, sans véritable but si ce n'est de rester vivant. Anna, avant de rencontrer le chef de guerre, s'imprègne de cette ambiance sinistre pour son reportage.

Un soir, le professeur lui explique : « Nous n'avons plus de chants. Nous avons même oublié que nous chantions, que nos voix savaient faire autre chose que hurler, protester ou se lamenter. Nous n'en avons pas parlé, non, nous ne nous sommes pas donné le mot, non, c'est arrivé comme ça, sournoisement, et nous avons perdu le goût de chanter. »

Anna, en explorant le village, tombe en arrêt devant une grande ferme isolée. Attirée par le bâtiment, elle y pénètre et se retrouve prisonnière de la dernière locataire. Anna, prise en otage par une mère devenue folle d'avoir perdu ses fils à la guerre, glisse du statut de prisonnière à celui d'esclave. Docile et silencieuse, elle fait tout ce qu'on lui demande. Comme résignée, gagnée elle aussi par la fatalité qui s'est abattue sur la région. Pourtant elle résiste intérieurement. « Chaque matin elle se levait, se rasseyait au bord d'un lit qui n'était pas son lit, la tête dans les mains pour rattraper des miettes de rêves échappées du sommeil et les retenir au chaud de sa mémoire. Comme elle ne possédait presque plus rien, la moindre possession lui était devenue précieuse. Et les miettes des rêves qui avaient été siens lui appartenaient. »

Ce roman glacial, décrivant un monde qui nous pend au bout du nez avec des personnages dramatiquement solitaires, ne laissera personne indifférent.

« Les chants recousus » de Claire Béchet, Calmann-Lévy, 15 € 

jeudi 12 novembre 2009

BD - Rire du priapisme à l'impuissance avec Martin Veyron


Martin Veyron a connu un formidable succès avec « L'amour propre... » mettant en vedette ce fameux point G permettant aux femmes de jouir comme jamais. Dans « Blessure d'amour-propre » il propose une mise en abîme de ses affres de créateur, victime de son best-seller. 

Martin Veyron a vieilli. Il est grand-père et a des problèmes de prostate. Mais sa notoriété n'a pas faibli. Quand il va récupérer la voiture de sa femme à la fourrière, en présentant sa carte d'identité, le policier de service le reconnaît et regrette qu'il n'ai pas fait « L'amour propre 2 ». Un Veyron qui a par ailleurs des soucis financiers. 

Ses BD suivantes se sont beaucoup moins vendues. Aussi quand il reçoit la visite d'une jeune journaliste désirant réaliser un documentaire sur le Point G, il accepte de témoigner contre une rémunération. Et pour faire vécu, la journaliste propose qu'il teste sa technique de recherche de point G sur elle. Arrivé à cette scène, on se dit que ça y est, les pages osées vont s'enchaîner. Perdu ! 

L'auteur prend tout le monde à contre-pied. Le sexe n'est plus aussi simple et débridé de nos jours. Ses problèmes de prostate vont rendre Veyron impuissant et la journaliste est désespérément frigide. Et paradoxalement, ces 80 pages sont incroyablement... jouissives.

« Blessure d'amour-propre », Dargaud, 14,50 €

mercredi 11 novembre 2009

BD - Manchette et la Princesse


Jean-Patrick Manchette, dont toute l'oeuvre est désormais disponible dans la collection Folio Policier, a porté le roman noir français au sommet. Il a été souvent adapté au cinéma (rarement avec justesse) ou à la télévision. Mais son univers est aussi une mine pour la BD. Après Tardi, c'est Cabanes qui s'attaque à une de ses œuvres : « La Princesse du sang ». Mais ce roman, le dernier de Manchette, est resté inachevé. 

C'est donc son fils, Doug Headline, qui en a signé l'adaptation y apportant une fin que les lecteurs n'auront jamais la chance de lire. Dans les années 50, à Paris, Londres et Cuba, le lecteur suit la destinée d'Alba Black. Cette fillette, enlevée contre une rançon, échappe à un carnage et est finalement retrouvée, des années plus tard, par une photographe animalière retirée dans la jungle cubaine. La petite s'appelle désormais Négra et vit comme une sauvageonne avec son sauveur de l'époque, Victor. 

La photographe, Ivory Pearl, ayant connu les affres de la guerre, va prendre la fillette sous son aile quand les tueurs retrouvent sa trace. Personnages attachants, intrigue mêlant argent et géo-politique, Manchette était moderne. Cabanes l'adapte fidèlement.

« La Princesse du sang » (tome 1), Dupuis, 15,50 € 

mardi 10 novembre 2009

BD - La mauvaise herbe pousse en Grèce


En Grèce, dans les années 30, l'arrivée au pouvoir de militaires aux tendances fascisantes a provoqué la mort d'un style de musique : le rébétiko. Cette partie ignorée de l'histoire de ce pays européen est mis en lumière dans cet album magistral signé David Prudhomme. Sur une centaine de pages aux couleurs pastels de cette Méditerranée languissante, il raconte la vie de ces musiciens, devenus les ennemis du pouvoir, simplement pour exacerber le sentiment national et dénoncer la prétendue fainéantise de ces nomades inventeurs du blues grec. 

Armés de leur bouzouki, ils jouent, chantent et fument du haschich. C'en est trop pour les tenants de la « troisième civilisation hellénique ». Stravos, amateur de jolies filles, à l'esprit particulièrement frondeur, et Markos, à peine sorti de prison (où il a joué un dernier morceau pour le directeur, accro à ces airs) déambulent dans cette ville en pleine mutation. Ils vivotent et résistent jusqu'à ce qu'ils aient l'opportunité de quitter l'Europe pour aller enregistrer un disque aux USA. 

Un récit fort, politique et poétique ; certainement le meilleur album de cette seconde partie d'année 2009.

« Rébétiko », Futuropolis, 20 € 

lundi 9 novembre 2009

BD - Robert Crumb et l'origine du monde


Robert Crumb, souvent considéré comme le pape de la BD underground américaine, prend ses lecteurs à contre-pied en proposant une ambitieuse adaptation graphique de la Genèse. Mais il ne s'agit en aucun cas d'un virage mystique de cet auteur américain, chantre de la nature installé depuis une dizaine d'années en France, dans un petit village des Cévennes. Surtout connu pour ses personnages féminins plantureux et dominateurs, il a simplement voulu proposer une adaptation d'un « texte puissant avec plusieurs strates de sens qui plongent profondément dans notre conscience collective, notre conscience historique. » Et face à l'ampleur de la tâche, il a préféré se tenir au plus près de l'original, préférant laisser certains passages « dans leur état d'imprécision alambiquée plutôt que de trafiquer un texte aussi vénérable. »


Le résultat est d'une richesse étonnante. Graphique en premier lieu. Crumb n'a rien perdu de son trait, rond, où de multiples hachures donnent tout le relief de ses personnages. Dieu semble toujours courroucé, les hommes fautifs et piteux. Les femmes, et elles sont très nombreuses dans la Genèse leur rôle de procréatrice étant sans cesse mis en valeur, sont responsables du péché originel mais sont aussi les appuis fidèles de ces hommes et femmes dont les vies ont façonné notre monde.

En signant cette Genèse, Robert Crumb fait la grande bascule côté public. Car ceux qui ont aimé les élucubrations de Mr Natural, BD irrévérencieuse, libertaire et libertine, ne seront certainement pas sensibles à cette adaptation fidèle d'un texte ayant traversé les siècles, même si Crumb explique que la « Bible n'est pas la parole de Dieu mais la parole des hommes. »

« La Genèse » de Robert Crumb. Denoël Graphic. 220 pages. 29 euros 

vendredi 6 novembre 2009

BD - Trop moderne ce collège !


La série Zap Collège de Téhem se transforme le temps d'un album en véritable cauchemar pour les élèves. Le personnage principal, Jean-Eudes, fils de diplomate, revient en France après quelques mois passés en Afrique. Il quitte les cases en pleine brousse pour se retrouver dans un collège Claude-François relooké et à la pointe de la modernité. Les profs ont laissé la place à des robots, les surveillants à des sortes de videurs de boite de nuit à la carrure de rugbymen néo-zélandais. La mentalité aussi à fortement évolué. C'est la prime au mérite. 

Bien malgré lui, il décroche une des meilleurs notes à son stage en entreprise et remporte un voyage au Yapon, pays où la technologie est déjà reine. 

Ce récit de 48 pages, bourré de gags, est aussi (et avant tout) une parabole sur les bienfaits du progrès pouvant se  transformer en méfaits s'ils tombent dans de mauvaises mains. Et de démontrer que parfois, les profs ne sont pas si terribles que cela. Ils ont encore cette étincelle d'humanité qui fait qu'un cours peut devenir passionnant.

« Zap Collège » (tome 5), Téhem, Glénat – Okapi collection Tchô !, 9,40 €