Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Le tout publié dans l'Indépendant du Midi sous la signature de Michel Litout.
mercredi 25 octobre 2006
BD - Jeune BD coréenne
On parle beaucoup de la Corée ces derniers temps. Celle du Nord, qui tente de maîtriser l'arme nucléaire. Au Sud, dans une démocratie très capitalistique, la jeunesse se gorge de bande dessinée. Des centaines d'albums bons marchés, comme au Japon, peu ambitieux. Mais à côté de ce volet très commercial, quelques auteurs parviennent à proposer des récits adultes et ambitieux. Une jeune bande dessinée coréenne que Casterman a décidé de mettre en avant dans une nouvelle collection. Premier exemple avec « Le marécage » de Choi Kyu-sok. Un étudiant en bande dessinée, raconte dans ce courtes scénettes de 3 ou 4 pages, sa vie en cohabitation avec trois amis. Dans une minuscule pièce, ils mangent, dorment et travaillent. Problèmes de coeur, d'argent, d'étude ou de relations constituent le pain quotidien de cette BD qui nous en apprend beaucoup sur la jeunesse coréenne. On rit souvent, mais l'émotion n'est pas absente, l'auteur donnant parfois un ton très sérieux et politique à son propos. Une belle découverte. (Casterman, Hanguk, 15,75 €)
mardi 24 octobre 2006
BD - La saga africaine du "Peuple des endormis"
Didier Tronchet, à côté de ses albums d'humour pur, dont généralement il signe les scénarios, aime se dérouiller la main en dessinant des albums plus ambitieux graphiquement, tirés de romans qu'il a apprécié. Après plusieurs adaptations des romans d'Anne Sibran, sa compagne, il s'attaque au roman de Frédéric Richaud, "Le peuple des endormis", paru aux éditions Grasset. Dans le paris du XVIIe siècle, un jeune garçon s'évade en dessinant. Pour sa mère, à l'éducation stricte et religieuse, c'est une hérésie. Mais son père apprécie le talent de son fils. Il décide de partager son secret. Dans des caves secrètes, il tente de trouver la bonne solution pour empailler des animaux. Il travaille notamment pour le Marquis de Dunan, grand séducteur, cherchant un bon moyen pour se faire remarquer par le roi. Quand il décide de financer une expédition pour explorer l'Afrique, il emmène dans ses bagages le jeune dessinateur qui sera chargé de retranscrire sur le papier tous les animaux qu'ils croiseront. Violent, cruel, sans concession, époque oblige, cet album en surprendra plus d'un. (Dupuis, 13,50 €)
lundi 23 octobre 2006
BD - Watch, l'humanitaire sans condition
L'Unesco est une administration mondiale prônant paix et éducation pour tous les enfants de la planète. Mais pour obtenir des résultats, parfois, la méthode forte s'avère être la plus efficace. C'est dans ce cadre que Michaël Le Galli, le scénariste, a imaginé un service de l'Unesco agissant dans l'ombre. La section WATCH est basée à Montréal et intervient un peu partout dans le monde et n'hésite pas à recruter ses membres parmi les services secrets des États membres. Pour cette première mission, plusieurs de ses membres se rendent au Sri Lanka tenter de mettre fin au recrutement de force d'enfants soldats par les Tigres tamouls. Dessiné par Luca Erbetta, le premier tome permet au lecteur de mieux connaître les agents de la section, leurs origines, leur vie privée, leurs inimitiés et casseroles. Le second, paraissant simultanément, les plonge dans l'action. Bien documenté, très crédible, l'histoire permet de dénoncer ces chefs de guerre prêts à tout pour avoir des troupes dociles et malléables. Le prochain épisode est annoncé pour janvier prochain. La série inaugure une nouvelle collection, Impact. (Delcourt, 10,50 €)
dimanche 22 octobre 2006
BD - Un demi dragon à l'attaque
Dans un pays ressemblant à une principauté d'opérette, le maire, industriel local, meurt sans héritier direct. Ce sont ses deux petites-filles qui devront assurer la pérennité de la prospérité de cette vallée encaissée entre les montagnes. Au même moment, un paysan découvre au fond d'une caverne un oeuf qu'il ramène chez lui. Quand il l'offre à sa femme, cela bouge dans le sac. Ce petit être sera leur fils. On le retrouve quelques années plus tard. Brüssli est le souffre-douleur des autres enfants du village. Mais il s'en moque car une jeune fille vient de lui faire un compliment. Ce n'est pas dit explicitement, mais le lecteur comprend vite que Brüssli, en fait, est un jeune dragon qui n'a pas conscience de sa véritable identité. Premier tome d'une série pour les plus jeunes, écrite par Jean-Louis Fonteneau (Inspecteur Bayard), un habitué de la littérature jeunesse. Au dessin, Etienne fait exploser les couleurs, comme dans le premier tome de Gargouilles dont il est l'auteur. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
samedi 21 octobre 2006
"La corde aux jours impairs", polar décalé
"La corde aux jours impairs", premier roman policier de Thomas Taddeus est très déstabilisant, la réalité qu'il décrit semblant toujours altérée et la société viciée.
Le héros de « La corde aux jours impairs » est policer. Un jeune flic qui vient juste de finir son école. Le lecteur se doute très vite que ce polar sortira de l'ordinaire car le héros s'appelle Bossa Nova. Son coéquipier Gabardine. Drôles de noms, mais drôle de pays également. Car l'action ne se situe pas en France ou dans un autre pays connu. Cette contrée imaginaire, fait parfois penser à une principauté, vivant recluse sur elle-même.
Bossa Nova, loyal et droit, se sent un peu mal à l'aise dans ce monde très sécurisé. Son coéquipier, plus expérimentée, plus blasé aussi, tentera de lui ouvrir les yeux sur le mode d'emploi de son boulot, de la hiérarchie. Tout débite quand ils sont appelés pour enquêter sur le décès d'un homme inconnu des services de police. Il est retrouvé pendu, avec un mot manuscrit sur la table basse : « Je n'avais pas le choix ». Tout plaide pour le suicide. Mais lors de l'autopsie, effectuée par un ami de Bossa Nova, des traces de somnifères sont retrouvées dans le sang du mort. Beaucoup de somnifère. Pris bien avant l'heure supposée du suicide. En fait, au moment de sa mort, il dormait comme un bébé.
Tueur en série
Le suicide se transforme en meurtre et le suspect en plus devient tueur en série puisque deux jours plus tard, un autre homme est retrouvé pendu chez lui, avec le même mot manuscrit, la signature du tueur. Bossa Nova va enquêter sur le passé des deux victimes, tenter de trouver un point commun, mais le premier était courtier en bourse, le second peintre sans le sou. Quand un troisième pendu, toujours avec le même type de corde, toujours un jour impair, est découvert, c'est le grand branle-bas de combat dans les hautes sphères.
Le chef de la police, contre l'avis de ses subordonnés, fait appel à un célèbre romancier, spécialiste du polar. Un homme imbu de sa personnalité, persuadé d'avoir toujours raison. Cela donne ce savoureux passage extrait d'un article qu'il publie dans le journal local pour expliquer pourquoi les autorités attendent beaucoup de lui : « Il est bien triste de voir souvent la littérature policière si souvent dénigrée, dévalorisée, par d'obtus critiques. Loin d'être un simple produit de consommation destiné à faire frissonner le lecteur, le roman policier permet d'étendre le territoire du bien en rationalisant l'inutilité du mal. Ce faisant, il indique la direction morale que se doit de prendre une communauté, une société, une civilisation ». Attention, les chevilles enflent. Avec un avocat véreux et un grand patron, Pierlouis Vinegaar, le romancier, fait partie de ces personnages que l'on se surprend à haïr avec une certaine délectation.
Mais le roman de Thomas Taddeus, sous des airs de manichéisme, est beaucoup plus riche. Bossa Nova parvient même à démasquer le tueur assez rapidement. Mais une fois en prison, un nouveau pendu vient brouiller toutes les pistes. Le lecteur est totalement désorienté et interrogatif : l'auteur a bien réussi son coup, l'entraînant sur un territoire qu'il n'aurait jamais imaginé en ouvrant ce roman.
« La corde des jours impairs », Thomas Taddeus, Flammarion, 18 €
Le héros de « La corde aux jours impairs » est policer. Un jeune flic qui vient juste de finir son école. Le lecteur se doute très vite que ce polar sortira de l'ordinaire car le héros s'appelle Bossa Nova. Son coéquipier Gabardine. Drôles de noms, mais drôle de pays également. Car l'action ne se situe pas en France ou dans un autre pays connu. Cette contrée imaginaire, fait parfois penser à une principauté, vivant recluse sur elle-même.
Bossa Nova, loyal et droit, se sent un peu mal à l'aise dans ce monde très sécurisé. Son coéquipier, plus expérimentée, plus blasé aussi, tentera de lui ouvrir les yeux sur le mode d'emploi de son boulot, de la hiérarchie. Tout débite quand ils sont appelés pour enquêter sur le décès d'un homme inconnu des services de police. Il est retrouvé pendu, avec un mot manuscrit sur la table basse : « Je n'avais pas le choix ». Tout plaide pour le suicide. Mais lors de l'autopsie, effectuée par un ami de Bossa Nova, des traces de somnifères sont retrouvées dans le sang du mort. Beaucoup de somnifère. Pris bien avant l'heure supposée du suicide. En fait, au moment de sa mort, il dormait comme un bébé.
Tueur en série
Le suicide se transforme en meurtre et le suspect en plus devient tueur en série puisque deux jours plus tard, un autre homme est retrouvé pendu chez lui, avec le même mot manuscrit, la signature du tueur. Bossa Nova va enquêter sur le passé des deux victimes, tenter de trouver un point commun, mais le premier était courtier en bourse, le second peintre sans le sou. Quand un troisième pendu, toujours avec le même type de corde, toujours un jour impair, est découvert, c'est le grand branle-bas de combat dans les hautes sphères.
Le chef de la police, contre l'avis de ses subordonnés, fait appel à un célèbre romancier, spécialiste du polar. Un homme imbu de sa personnalité, persuadé d'avoir toujours raison. Cela donne ce savoureux passage extrait d'un article qu'il publie dans le journal local pour expliquer pourquoi les autorités attendent beaucoup de lui : « Il est bien triste de voir souvent la littérature policière si souvent dénigrée, dévalorisée, par d'obtus critiques. Loin d'être un simple produit de consommation destiné à faire frissonner le lecteur, le roman policier permet d'étendre le territoire du bien en rationalisant l'inutilité du mal. Ce faisant, il indique la direction morale que se doit de prendre une communauté, une société, une civilisation ». Attention, les chevilles enflent. Avec un avocat véreux et un grand patron, Pierlouis Vinegaar, le romancier, fait partie de ces personnages que l'on se surprend à haïr avec une certaine délectation.
Mais le roman de Thomas Taddeus, sous des airs de manichéisme, est beaucoup plus riche. Bossa Nova parvient même à démasquer le tueur assez rapidement. Mais une fois en prison, un nouveau pendu vient brouiller toutes les pistes. Le lecteur est totalement désorienté et interrogatif : l'auteur a bien réussi son coup, l'entraînant sur un territoire qu'il n'aurait jamais imaginé en ouvrant ce roman.
« La corde des jours impairs », Thomas Taddeus, Flammarion, 18 €
vendredi 20 octobre 2006
BD - Petit poison deviendra grande
Elle est vraiment craquante la petite Miss Swampy. Dans son bayou en Louisiane à la fin des années 30, elle vit comme une sauvageonne en compagnie de son frère qui lui ne rêve que d'aviation de guerre. Swampy pêche le poisson-chat, capture des crapauds, se méfie des alligators... et des jeunes mâles de la région. Elle n'est encore qu'une fillette pouvant se promener torse nue sans choquer. Mais un soir, alors qu'elle surprend des espions japonais, ces derniers tentent de l'empoisonner avec des baies de Poison Ivy. Une vieille prêtresse vaudou la sauve, mais elle en garde quelques effets secondaires. En premier un corps de femme, avec toutes les rondeurs là où il faut. Mais elle découvre également que ses baisers sont empoisonnés. Quiconque touche ses lèvres trépasse dans la minute. Accusée de meurtre, elle est capturée par l'armée américaine qui va l'intégrer à la section WOW pour « Women on war ». Yann, le scénariste, retrouve toute sa truculence des premiers Innommables, Berthet, au dessin, se régale dans ce premier tome des "exploits de Poison Ivy". (Dargaud, 9,80 €)
jeudi 12 octobre 2006
BD - La vie de Landru par Chabouté, un fait divers fumeux
Chabouté, après une expérience en couleur, revient au roman BD en noir et blanc, style dans lequel il excelle. Pas de sorcellerie pour ce « Henri Désiré Landru », mais une explication tout à fait plausible de l'affaire Landru. Dans cette France saignée aux quatre veines par la guerre des tranchées, Landru, père de famille nombreuse, améliore l'ordinaire en escroquant des femmes célibataires fortunées. Il se contente de les délester de quelques liquidités. A la fin de son procès, scène d'ouverture de cet album de 144 pages, il clame son innocence, affirmant solennellement au jury qui vient de le condamner à mort « Le tribunal s'est trompé ! Je n'ai jamais tué personne ! » Et le lecteur, au fil des pages va découvrir l'incroyable machination dont Landru aurait été victime. C'est alambiqué, mais tout à fait plausible.
Henri Désiré Landru, Vents d'Ouest, 17,99 €
mercredi 11 octobre 2006
BD - Adaptation explosive d'un polar de Fajardie
Roman culte des années 70, « La nuit des chats bottés » de Frédéric H. Fajardie est enfin adapté en bande dessinée. Violent, anarchiste, sans concession, ce brûlot fait rêver des générations d'étudiants. Boris Beuzelin a osé s'attaquer au monument. Stephan et P aul, deux anciens militaires, décident de venger une belle orpheline. Jeanne raconte toutes les brimades dont son père a été victime au fil des ans. Ils n'hésitent pas à plastiquer tout ce qui est symbolique de l'oppression. Ils débutent par un bar PMU puis enchaînent par l'assassinat d'un huissier puis les boutiques des commerçants qui ont refusé de faire crédit. Avec pour apothéose la destruction « de l'odieux Sacré-Coeur des charognes versaillaises ». Beuzelin, dans un noir et blanc de rigueur, met en scène ce petit bijou d'utopie anarchiste.
La nuit des chats bottés, Casterman, 12,95 €
mardi 10 octobre 2006
BD - La Secret Box de Mounier chez Bamboo
Récit d'espionage dont le premier cycle est en trois partie, « Box » d'Alain Mounier a le potentiel d'un XIII mélangé au Décalogue. Avec un petit plus dès les premières pages : une héroïne, Erica, très sexy et strip-teaseuse de métier. L'action de cet album se déroule en plusieurs lieux dispersés aux quatre coins de la planète. Aux USA, là où Erica travaille et tente de retrouver un peu de dignité, mais également en Afghanistan où apparaît pour la première fois la fameuse « Box », vieille de 4000 ans, puis sur la Mer de Barentz, en Russie, où de gros moyens militaires sont employés par les Russes pour récupérer l'objet tant convoité. Mais finalement il finira par arriver aux USA et croisera le chemin d'Erica qui aura sa vie totalement bouleversée. Des personnages à la psychologie complexe, des forces obscures agissant dans l'ombre, un objet dont on ne sait pas grand choses si ce n'est qu'il aurait la possibilité de ressusciter les morts : Mounier parvient à agencer tous ces éléments pour transformer ces 48 pages en intrigue passionnante. (Bamboo, Grand angle, 12,90 €)
lundi 9 octobre 2006
BD - Rêves de gamin
Tuff est un petit garçon débordant d'imagination. Il est persuadé que sa peluche, représentant un koala, est dotée d'une vie propre. Souvent, quand il fait une sieste, il a l'impression de se réveiller dans des pays magiques et merveilleux. Ecrite par Curd Ridel et dessinée par Philippe Fenech, cette série, réservée aux plus petits, après le western, explore un moyen âge de légende. Parti visiter une cité médiévale, Tuff reste aux pieds des remparts pendant que ses parents s'éloignent un peu. Il se retrouve prisonnier, avec son Koala, d'arbres apparemment vivcants. Des gnomes lui passent sous le nez et ouvrent une porte magique communicant avec le royaume de Mieuzamieux. Il mettra son épée (en plastique...) au service d'un jeune prince évincé du pouvoir par le seigneur Yvon de Malempire. Il volera également au secours de la jeune princesse Sahira de Mieuzamieux. Le dessin de Fenech, chaud et rond, aux couleurs chatoyantes, est idéal pour cette histoire n'ayant d'autre prétention que de faire rêver, un peu, les jeunes lecteurs. (Soleil, 8,45 €)
dimanche 8 octobre 2006
BD - La création ultime de la Grande toile
Imaginez, dans un futur proche, une ville uniquement peublée de peintres et d'artistes. Unanima est située au fin fond de l'Antarctique. Pour y accéder, le bateau est la meilleure solution. C'est ce que choisissent Laïluka, une femme et Lorenzo, un homme. Ils vont pouvoir approcher de près Mastrangelo, l'artiste majeur de la ville qui est à la tête d'un projet gigantesque, l'oeuvre d'art ultime, "La grande toile". Mastrangelo entend utiliser les 6 000 m2 de la banquise pour y dessiner la grande toile qui donne son nom à cet album d'Agrimbau et Ipolitti, deux auteurs italiens. Mais Mastrangelo, ne veut pas imposer sa propre vision des choses, il veut que tout le monde participe. Mais sous couvert de démocratie, il espère l'unanimité pour un ralliement complet de tous les artistes à son projet. Un seul résiste, Ego. Il recevra l'appui de Lailuka qui, sans le savoir, est la seule et unique artiste ultime. Une fable triste sur la création, ses manipulations, son impossible jugement impartial. (Albin Michel, 14,90 €)
samedi 7 octobre 2006
BD - Le Spirou de Morvan et Munuera visite Tokyo
Quand Jean-David Morvan a accepté de reprendre le scénario des aventures de Spirou et Fantasio, on pouvait se douter que ce passionné du Japon emmènerait les deux personnages emblématiques des éditions Dupuis au Pays du soleil levant. C'est chose faite avec cette 49e aventure dessinée par Munuera. Nos deux héros, dès les premières pages, sont plongés dans le Japon médiéval. Pas de voyage dans le temps, simplement la visite très mouvementée d'un parc d'attraction. Ils vont rapidement croiser le chemin de deux enfants, un frère et sa soeur, au centre de cette intrigue permettant au lecteur, sur 64 pages, de découvrir tous les quartiers de la mégapole japonaise. Si Spirou est sensible à la tradition du pays, Fantasio craque pour la multitude de gadgets qui s'offrent aux heureux détenteurs d'une carte de crédit. Le personnage de Itoh Kata, magicien imaginé par Fournier, rappelle au lecteur que le monde de Spirou se nourrit en permanence des créations des différents auteurs ayant animé le personnage. En parallèle à cet album classique, un « 49Z » raconte le voyage des auteurs dans le vrai Tokyo. (Dupuis, 8,50 € et 19,50 €)
vendredi 6 octobre 2006
BD - Yann et Conrad invitent leur Tigresse Blanche à San Francisco
Alix Yin Fu, jeune et belle Chinoise en formation dans les services secrets chinois, est fin prête pour ses premières missions. Reste à savoir si elle sera une « mouche qui butine » ou une « mouche qui pique ». Dans le premier cas elle devra obtenir des informations en usant de ses charmes, dans le second on lui demandera simplement de tuer pour le Parti. C'est encore indécise qu'elle débarque à San Francisco pour tenter d'oeuvrer en pays ennemi. Elle sera placée sous la responsabilité d'un agent français, lui aussi prêt à tout pour aider le gouvernement chinois. Chantages, meurtres, séances de torture et autres joyeusetés du même acabit sont au programme de la formation d'Alix. Cette série, séquelle de l'univers des Innommables, est désormais écrite et dessinée par Conrad, sans son scénariste attitré, Yann.
Tigresse Blanche, Dargaud, 11 €
mercredi 4 octobre 2006
BD - Paris sur crime avec l'Etrangleur de Tardi et Siniac
Tardi a tenu en haleine ses lecteurs durant cinq mois avec la publication, sous forme de feuilleton, de cette BD tirée d'un roman de Siniac. Voici l'histoire reprise en un gros album de près de 100 pages offrant en plus de nombreuses variantes finales. En 1959, alors qu'un brouillard persistant s'épanche sur les rues de Paris, un mystérieux étrangleur sème la terreur. Il peut d'autant plus facilement réaliser ses forfaits que la police est en grève. Le jeune Antoine, fils d'un assassin recueilli par le policier qui a conduit son père sur la guillotine, pense connaître l'identité du tueur en série. Esbirol, libraire du quartier, semble en savoir beaucoup sur « Le secret de l'étrangleur ». Deux versions sont disponibles, simple en noir et blanc ou luxe, en couleur et avec un DVD en cadeau.
Le secret de l'étrangleur, Casterman, 14,95 ou 29 €
mardi 3 octobre 2006
Roman - La passion, la haine, la défaite
Une absence totale d'instinct", est une histoire d'amour qui finit mal. Ce roman de Sibylle Grimbert, son quatrième, entraîne le lecteur dans un tourbillon de passion, d'affrontements et de haine. Lise et Vincent se sont trouvé. Le gros et bel amour, immédiat, puissant, renversant tout sur son passage. Jeunes gens modernes, gravitant dans les milieux artistiques, littéraires essentiellement, ils s'accommodent, dans un premier temps de leurs différences flagrantes. La chair permet souvent d'aplanir ces disparités. Mais le quotidien, fait de repas, de réveils et de partages triviaux pourrit vite la situation idyllique des premières semaines. Un roman en trois parties, trois étapes d'un déchirement inéluctable : le terrain, la bataille, la défaite.
Entre New York et Paris, d'un cocktail à un dîner en ville, leur relation s'effrite, se délite. Et quand le cap est passé, on en arrive aux extrêmes : « Une nuit, elle dansa autour de lui de manière volontairement ridicule en lui chantant qu'il était gros, un gros patapouf, chanta-t-elle, en tournant comme une folle à trois centimètres de son corps, en pointant son ventre de son doigt, en se baissant et en se relevant de façon grotesque comme elle imaginait une danse indienne autour d'un totem. Le lendemain elle pleura toute la journée en lui demandant de lui pardonner. Il refusa. » Implacable dans sa logique, ce roman dresse la carte du tendre des amours désenchantées de la jeunesse des années 2000.
« Une absence totale d'instinct », Sibylle Grimbert, Seuil, 12,50 €
lundi 2 octobre 2006
BD - Après la mort de Dupa, Cubitus se modernise avec Aucaigne et Rodrigue
Difficile, très difficile de succéder à Dupa. Créateur de Cubitus, série de gags légendaire du journal Tintin (il fut même un temps envisagé de rebaptiser la revue du nom du chien blanc à queue en pompon jaune…). Dupa disparu prématurément. Le personnage devait cependant lui succéder. Après quelques années de silence, il est de retour avec cette fois deux gagmen pour renouveler son petit monde. Pierre Aucaigne, humoriste aussi connu en Belgique que Laurent Gerra en France, signe les scénarios, Michel Rodrigue, se charge du dessin avec un maximum de fidélité au trait rond et fluide de Dupa. Le second tome de ces « nouvelles aventures » voit l’arrivée d’un nouveau personnage : Bidule, le neveu de Cubitus. C’est la copie conforme, en réduction, de ce bon gros Cubitus. Il a le même esprit que son tonton, n’aimant pas qu’on le dérange en pleine sieste, surtout quand c’est Sénéchal, le chat. Ce dernier, tout en conservant son rôle de tête de Turc, est un peu moins méchant qu’avant. Plus victime que manipulateur. Aucaigne et Rodrigue n’oublient pas Sémaphore, le maître de Cubitus, qui pourrait bien ne plus être célibataire après une rencontre virtuelle sur le net…. (Le Lombard, 8,70 €)
dimanche 1 octobre 2006
BD - Les gags urgents des postiers de Godard et De Vigan
La collection Bamboo Job s’enrichit d’un nouveau corps de métiers : les postiers. Ce sont Godard (dessin) et Du Vigan (dessin) qui se chargent de tailler un costard à cette corporation de la fonction publique trop souvent décriée. Car les auteurs se moquent de certains de leurs défauts, mais dans l’ensemble les plaignent plus qu’autre chose. Il est vrai que ces employés sont souvent au contact du public et doivent régulièrement lutter pour conserver leur intégrité physique. Tel ce facteur, harcelé par une nymphomane prétextant le moindre recommandé pour le capturer dans son appartement. Où cette autre vieille dame, réclamant des intérêts sur son compte en banque affichant un très riquiqui zéro au niveau du solde. C’est compliqué aussi derrière les guichets quand les collègues s’y mettent. La jeune Marlène a le chic pour troubler la gent masculine avec des tenues affriolantes. C’est quand même très utile pour calmer le client récalcitrant. Une série s’appuyant sur des faits précis et réels pour mieux rire de l’absurdité de notre société. On reconnaît la pâte de Christian Godard, scénariste très aguerri (La Jungle en Folie, Toupet), bien servi par un jeune dessinateur déjà très sûr dans ses caricatures. (Bamboo, 9,45 €)
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