« Sept frères », Delcourt, 14,95 euros
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
vendredi 12 février 2016
BD : Un traître chez les "Sept Frères"
« Sept frères », Delcourt, 14,95 euros
Cinéma : Les monstres de "Chair de poule" passent du papier au grand écran
Monstres en liberté
Gale se consacre à son travail, Zack à sa voisine. Hannah (Odeya Rush), jolie brune piquante, est claquemurée chez elle. Son père ne veut pas qu'elle sorte. Elle ne se prive pas de désobéir, entraînant Zack dans des balades nocturnes étonnantes. Mais c'est rien à côté de la découverte de la bibliothèque du père d'Hannah. Ce sont les manuscrits des romans "Chair de poule". Ils sont cadenassés. Zack en ouvre un par erreur. L'abominable homme des neiges est immédiatement libéré et sème la panique en ville.Un effet boule de neige, ce sont des centaines de monstres qui se déchaînent. Pour sauver la ville de Madison, Zack, Hannah, Stine et Champ (Ryan Lee) vont devoir multiplier les ruses. Si le début du film est typique des comédies juvéniles, rapidement les monstres viennent mettre une sacrée pagaille à l'ensemble. Des zombies aux nains de jardin en passant par un loup-garou et un lutin machiavélique, les effets spéciaux s'en donnent à cœur joie. L'humour est omniprésent. Par les gaffes de Champ, les répliques de Jack Black, les mimiques de certains monstres...
L'ensemble est un film d'une rare efficacité, mélange de Goonies et de Gremlins. Un spectacle familial par excellence.
DE CHOSES ET D'AUTRES : Amour, toujours
Non, chez moi, la fête des amoureux se transforme en printemps des poètes. Sur chaque lampadaire, un gros cœur rouge est accroché quelques jours avant le fameux 14-février et des maximes, aussi belles que romantiques, sont proposées aux regards des passants curieux. Juste pour le plaisir, la beauté des mots. Ainsi, de la fenêtre de ma cuisine, depuis mardi, je peux lire de jour comme de nuit, "Je ne sais où est mon chemin, mais je marche mieux quand ma main est dans la tienne."
A trois mètres de la porte du garage, j'apprends que "Dieu a créé la nuit pour que je puisse rêver de toi".
On pourrait rire de cette poésie un peu simpliste. Mais franchement, entre ces petites phrases pleines de douceur et de tendresse et les tags incompréhensibles, insultants, orduriers voire racistes qui fleurissent sur le mobilier urbain, le choix est vite fait. D'ailleurs, les cœurs "vierges" installés de ci de là à l'intention des poètes amateurs sont chaque année respectés. Aucun détournement ni vandalisme. Nouvelle preuve que l'amour restera toujours une valeur sûre des fondements de notre société.
jeudi 11 février 2016
BD : De la philosophie au complot
« Dilemma », Le Lombard, 19,99 euros (La fin alternative est lisible sur un site internet dédié)
Cinéma : La foi à l'épreuve de la vie dans "Les Innocentes" d'Anne Fontaine
Hiver 1945. La Pologne vient d'être libérée du joug nazi. Libérée mais aussi envahie par les forces russes. Pour certains, les cinq années de crainte et de peur ne font que commencer. Dans ce pays en ruines, la croix rouge française est en mission pour soigner et rapatrier les soldats tricolores blessés au front. Mathilde Beaulieu (Lou de Laâge), jeune interne, se forme en multipliant les opérations de rafistolage de chairs blessées. Elle est sous la responsabilité de Samuel (Vincent Macaigne), médecin haïssant les Polonais. Pas étonnant quand on sait que toute sa famille est morte dans un camp à quelques kilomètres de là. Fataliste il confie à Mathilde, "Les seuls Polonais que j'aime ce sont ceux du ghetto de Varsovie. Mais ils sont tous morts". Le film d'Anne Fontaine, par cette voix de Samuel, ne se prive pas de dénoncer les persécutions des Juifs par les Polonais, catholiques parfois trop primaires. Mais eux aussi ont souffert. Pour preuve la situation des 30 religieuses d'un couvent isolé dans la campagne. Quand les soldats russes sont arrivés en libérateurs, ils ont profité de cette "prise de guerre". Toutes les religieuses ont été violées.
Grossesses compliquées
Quelques mois plus tard, Mathilde reçoit la visite de l'une d'entre elles. Elle veut l'aide d'un médecin car les grossesses de certaines ne se déroulent pas bien. Inspiré d'une histoire craie, ce film marque un tournant dans la carrière d'Anne Fontaine. Habituée aux histoires de triangle amoureux, elle plonge dans ce drame avec une sensibilité et une compréhension revigorante. Car malgré les drames personnels, les doutes, la violence de la guerre, les horreurs du passé, ce film est résolument optimiste. Mathilde, athée et rationnelle, va souvent revenir dans le couvent, se lier d'amitié avec ces femmes à l'esprit si différent du sien. Elle va surtout parvenir à leur faire accepter leur destin et ces enfants de la honte. Elle recevra l'aide d'une religieuse plus ouverte, sœur Maria, interprétée par Agata Buzek, actrice polonaise qui crève l'écran. L'amitié entre ces deux femmes que tout oppose permettra de sauver les enfants et les jeunes femmes craignant la damnation éternelle pour n'avoir pas respecté (pourtant à leur corps défendant) leur vœu de chasteté. Entièrement tourné en Pologne dans un monastère désaffecté (l'église polonaise a refusé de prêter un de ses couvents pour le tournage...), le film oppose la froideur des lieux à la chaleur des cœurs des hommes et femmes, tous liés par les mêmes épreuves. Et au final, la vie l'emporte sur la foi.__________________________________
Et Lou de Laâge devint adulte
DE CHOSES ET D'AUTRES : Patron qui s'en dédit
Souvenez-vous. François Hollande lance le Pacte de responsabilité. Des aides massives aux entreprises qui en échange s'engagent à embaucher. L'enveloppe, en deux ans, est chiffrée à plus de 33 milliards d'euros, notamment par l'entremise du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi). Gattaz, enthousiaste, lance l'opération "Un million d'emplois". Les entreprises françaises vont créer un million d'emplois et les patrons sont invités à le faire savoir en arborant un pin's spécifique.
Aujourd'hui, les pin's sont tombés aux oubliettes, de même que les emplois promis. Par contre les milliards d'aides ont fait des petits, largement redistribués en dividendes aux actionnaires. Mais le patronat français en exige toujours plus. Il entend profiter de la réforme du code du travail menée par Myriam El Khomry pour "aménager" (lire supprimer en langage patronal) les 35 heures et le CDI. Et Pierre Gattaz de se féliciter hier matin sur France Info de la trouvaille des Italiens : un CDI avec une période d'essai de trois ans.
Trois ans, souvent le temps durant lequel les patrons restent en poste à la tête des grandes entreprises. Et quand ils partent, ce ne sont pas les mains vides comme un salarié à la fin de sa période d'essai, mais les poches lestées de quelques millions en primes et autres retraites chapeau.
mercredi 10 février 2016
BD : L'Aubrac en sombre sous le pinceau de Christophe Bec
« Les tourbière noires », Glénat, 14,95 euros
DE CHOSES ET D'AUTRES : Singeries
Le singe chinois de 2016, parmi les nombreuses joyeusetés dont il pourrait être responsable, va faire monter d'un cran la tension internationale et la crise économique. La faute au feu, élément associé à cette année. Or, selon les maîtres du feng shui, cette conjonction, heureusement très rare, provoque disputes et maladies. Par extrapolation, cela nous mène aux armes et aux missiles. Justement, la Corée du Nord a tiré une fusée le week-end dernier. Fusée qui ressemble plus à un missile balistique qu'à un vaisseau spatial.
Mais comme toujours dans l'art de la divination et des prévisions astrologiques, on y trouve un volet positif. Le singe favorise aussi les technologies. Conclusion : des découvertes et innovations majeures sont au programme des 12 prochains mois.
Surtout, le singe est bienveillant avec les femmes. 2016 sera une année exceptionnelle pour elles. Tout leur réussira et elles prendront systématiquement le dessus face aux hommes. Hillary Clinton y croit. À moins que Donald Trump, prêt à tout pour accéder au Graal suprême, se fasse opérer pour changer de sexe. Il a déjà la coiffure qui va avec.
mardi 9 février 2016
Cinéma : "Chocolat", être humilié pour pouvoir exister
Au début du XXe siècle, le clown « Chocolat » brillait sur les pistes des cirques avec son comparse Footit. Roschdy Zem signe le biopic du premier artiste noir célèbre. Humilié, mais célèbre.
Omar Sy est devenu l'acteur français le plus connu au monde. Comme Jean Dujardin après « The Artist », il s'est lancé dans une carrière américaine thésaurisant le succès d'« Intouchables ». A la différence que le colosse originaire de Trappes, après des années à jouer le « noir » de service dans des sketches bas de gamme, est considéré comme un comédien à part entière au pays de l'oncle Sam. Il participe ainsi à quelques-uns des plus gros succès de ces deux dernières années comme « Jurassic World » ou « X-Men, Days of Future Past ». Cela ne l'empêche de revenir en France pour tourner des scénarios soigneusement choisis. Il porte littéralement « Chocolat » le nouveau film de Roschdy Zem. Ce biopic du clown Chocolat a bien des ressemblances avec le parcours d'Omar Sy. A la fin du XIXe siècle, un jeune esclave est acheté à Cuba et placé dans une exploitation en Europe. Après de nombreux petits boulots, il découvre le cirque. Sa vigoureuse constitution et sa peau très noire lui permettent d'endosser le personnage d'un cannibale qui, accompagné d'une guenon, fait simplement peur aux enfants venus au cirque rire des péripéties des clowns. Un clown, justement, le repère et lui propose de devenir son compère de scène. Footit (James Thiérrée) sera le meneur et Chocolat l'Auguste.
Battu mais content
Un duo irrésistible quand Footit commence à maltraiter ce « nègre » selon le vocable de l'époque, qui encaisse les coups sans se révolter comme tout bon domestique qu'il est. Un rôle de composition pour Chocolat qui a pour véritable nom Rafaël Padilla. Une identité qu'il oublie face à la gloire, l'argent et les filles faciles. Chocolat dépense beaucoup à la table des casinos et se moque des brimades quotidiennes tant que le public rie. Footit y trouve son compte. Il gagne deux fois plus que la véritable vedette qui pour lui ne reste qu'un accessoire comme un autre. Le film, dans sa rudesse des rapports entre maître et esclave, permet au spectateur de découvrir la mentalité profondément raciste qui prospérait à l'époque dans cette France, si fière de ses colonies. Chocolat tente de se rebeller, de faire reconnaître son talent, mais l'éveil des consciences n'interviendra que bien plus tard, quand dans les années 60 un vaste mouvement de décolonisation a rendu honneur et indépendance à nombre de pays. L'image des Noirs auprès de la population changera radicalement, même si le film de Roschdy Zem dénonce en filigrane un certain racisme latent toujours très présent dans notre société. Le film permet à Omar Sy de s'illustrer dans des numéros hilarants et de donner une belle épaisseur à son personnage. Même si les auteurs ont pris quelques libertés avec la véritable histoire de Chocolat, la trame principale reste la même, de l'esclavage à la gloire puis l'oubli et la mort dans la misère.
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James Thiérrée, clown dans l'âme
lundi 8 février 2016
DE CHOSES ET D'AUTRES : Hollywood sur Seine
La semaine dernière elle était à Hollywood pour "vendre" la production cinématographique française. Exactement, elle était chargée de vanter à de gros investisseurs, la hausse du crédit d'impôt sur les films étrangers, passé à 30 % au 1er janvier et désormais accessible aux productions de plus de 4 millions d'euros. On est passé d'une logique d'exception culturelle française à une simple volonté d'attirer les capitaux et les emplois sur notre sol.
Son déplacement s'est soldé par quelques annonces. Christopher Nolan (Inception, Interstellar) par exemple, tournera en France son prochain film. Logique puisqu'il s'agit de l'histoire de l'évacuation de Dunkerque durant la seconde guerre mondiale. Filmer dans les décors d'origines devait sans doute coûter moins cher que recréer le site en studio. En projet également, mais sans certitude, quelques scènes de deux films Marvel. Espérons qu'il s'agisse du nouveau Spider-Man. L'homme-araignée sur la Tour Eiffel ça aurait de la gueule.
Mais le meilleur, Fleur Pellerin l'a révélé à la fin du séjour : la suite de "Cinquante nuances de Grey" sera en partie réalisé chez nous. On retrouve bien là l'esprit français : défiscaliser une apologie du sadomasochisme. Le Marquis de Sade doit bien ricaner dans son tombeau.
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