mercredi 13 décembre 2006

BD - La vengeance impitoyable du Bouncer


White Elk aura presque attendu toute sa vie pour se venger. Le vieil indien va faire payer à 6 hommes blancs le massacre de sa tribu. A la place, ils ont construit Barro City, ville typique du far west où Bouncer est chargé de faire respecter l'ordre dans le saloon. Dans les premières planches de ce 5e et à priori dernier album de la série de Jodorowsky et Boucq, la foule tente d'empêcher la pendaison d'un meurtrier. Le bourreau est une femme. Derrière sa voilette de veuve noire, elle sait se faire respecter. Bouncer n'est pas insensible à son charme viril. Mais la nuit, l' Indien revient et il tue. Pourchassé, il ne devra son salut qu'au Bouncer... son fils. Violente, épique, tragique, grandiose : une série devenue incontournable. 
« Bouncer », éditions des Humanoïdes Associés, 12,90 euros

BD - Bouncer et vengeance

White Elk aura presque attendu toute sa vie pour se venger. Le vieil indien va faire payer à 6 hommes blancs le massacre de sa tribu. A la place, ils ont construit Barro City, ville typique du far west où Bouncer est chargé de faire respecter l'ordre dans le saloon. Dans les premières planches de ce 5e et à priori dernier album de la série de Jodorowsky et Boucq, la foule tente d'empêcher la pendaison d'un meurtrier. Le bourreau est une femme.

 Derrière sa voilette de veuve noire, elle sait se faire respecter. Bouncer n'est pas insensible à son charme viril. Mais la nuit, l' Indien revient et il tue. Pourchassé, il ne devra son salut qu'au Bouncer... son fils. 

Violente, épique, tragique, grandiose : une série devenue incontournable.

« Bouncer », éditions des Humanoïdes Associés, 12,90 euros

mardi 12 décembre 2006

BD - Plongez dans l'obscurité du monde des Stryges

Les stryges se font très discrets dans ce dixième album de la série dévoilant leur existence à la face du monde. Mais ils restent au centre de l'intrigue et de l'action. 

D'un côté les trois héros, Jill, Nivek et Debrah, pions à le recherche de la vérité, de l'autre la puissance de Sandor Weltman, richissime homme d'affaires cherchant à découvrir le secret pour détruire les stryges. Dans cet épisode charnière, Nivek risque souvent sa peau, Jill perd une amie chère et Debrah joue de ses charmes. Pour, au final, tous se retrouver prisonniers du bunker de Weltman. 

Le suspense va crescendo, Corbeyran, le scénariste, mène parfaitement sa barque. Guérineau, sobre et économe, la joue de plus en plus série fantastique américaine.

« Le chant des Stryges », éditions Delcourt, 12,90 euros

lundi 11 décembre 2006

BD - Paillettes made in Hollywood

Des paillettes, il n'en manque pas à Hollywood. Louis et Dico, les deux héros complètement givrés imaginés par Pétillon et dessinés par Rochette, après Londres et New York, débarquent à Los Angeles pour leur troisième grande aventure. 

Louis cherche toujours un moyen de récupérer les îles anglo-normandes à la perfide Albion. Dico, schizophrène congénital, change de personnalité comme de chaussettes. Une aptitude à se glisser dans la peau des autres qui fera son succès à la Mecque du paraître. Mais ces deux originaux traînent un lourd passif, notamment quelques millions de dollars de dettes à un gag de la côte Est. 

Une surprise par page dans cet album rocambolesque et hilarant.

"Triomphe à Hollywood", éditions Albin Michel, 12,50 euros

dimanche 10 décembre 2006

Roman noir - Un prime time explosif

Satire sociale et critique féroce de la téléréalité : Pascale Fonteneau signe un cocktail détonnant et hilarant.


La vie n’est pas tous les jours rose pour Monique et Sylvie. Deux copines, depuis de très nombreuses années. Elles ne se sont pas rencontrées sur les bancs de l’école mais sur celui de la chaîne où elles travaillaient jusqu’à il y a encore un an. Mais l’hydre de la délocalisation est passée par là. La famille propriétaire depuis des décennies a vendu l’entreprise de textile à une multinationale qui s’est empressée de démonter les machines pour les installer en Roumanie. Le plan social en France était radical : tout le monde au chômage. Les anciens salariés ont monté une association avec l’aide des délégués syndicaux pour tenter d’obtenir la réouverture de l’usine. Une année de batailles médiatiques et judiciaires sans résultat.

Monique, la pasionaria

Sylvie, la narratrice de ce roman policier fortement teinté de social, raconte les espoirs du début, puis les lassitudes et maintenant la démobilisation. De la centaine de membres au moment de la création de l’association, il n’en reste plus qu’une dizaine. Monique est la secrétaire et c’est à ce titre qu’elle participe à un colloque à Paris. Elle en revient transfigurée. De veuve éplorée (son mari, lui aussi ouvrier à l’usine, lui aussi licencié, s’est suicidé de désespoir), elle revient en pasionaria politique, prête à franchir les limites de la légalité pour faire avancer sa cause. Un revirement de comportement qui est directement imputable à Richard, un soi-disant  révolutionnaire clandestin, que Sylvie doit héberger chez elle car il serait trop voyant chez Monique vivant toujours avec sa fille Magali et sa belle-mère. Richard aux discours enflammés qui ne sont pas sans effet sur Sylvie. Elle tombe dans les bras du nouvel amant de son amie de 20 ans. Mais la première action d’éclat du trio tourne mal et se solde par deux morts : un notaire et le mystérieux Richard.

Magali, la star jetable

En parallèle de cette action romantico-syndicale, Pascale Fonteneau développe la seconde intrigue de son roman : l’accession de la jeune Magali au statut de star. Car pendant que sa mère complote la nuit avec Sylvie et Richard, Magali passe un casting pour l’émission "Une étoile est née", programme de téléréalité à mi-chemin entre la Star Academy et la Nouvelle Star. Magali ayant été retenue, la vie de Monique se retrouve une seconde fois en moins d’une semaine totalement bouleversée. Reconnaissons que les meilleurs passages de ce roman se trouvent dans cette critique acerbe du fonctionnement de ce type de programme télé. En mettant en exergue les notes de la production, le lecteur comprend comment on "fabrique" ces stars éphémères, comment on les jette ensuite comme des mouchoirs en papier usagés et enfin pourquoi le public raffole des histoires tristes se terminant bien. Le suicide du père et le chômage de la mère de Magali sont du pain béni pour les rapaces de l’audiovisuel. Une bonne occasion de faire pleurer dans les chaumières, de faire croire que la célébrité de Magali est une revanche sur le destin. Mais les dés sont pipés. Reste que parfois, une individualité peut être plus forte qu’une machine industrielle. Monique va le prouver tout au long de la seconde partie de ce roman dont on souhaiterait presque qu’il ne soit pas une simple fiction, notamment dans la scène finale.

« Jour de gloire », Pascale Fonteneau, Editions du Masque, 16 €

samedi 9 décembre 2006

BD - Course contre le temps

Dans un univers steampunk parfaitement maîtrisé par Gaudin (scénario) et retranscrit par Trichet (dessin), les trois héros des Arcanes du Midi-Minuit sont confrontés dans ce cinquième album à une série de crimes étranges. 

Premier visé : Sir Francis Neydouik. Cet ancien ministre des armées, passionné d'armes blanches, est retrouvé dans son bureau, littéralement lardé de poignards, épées, sabres et autres ustensiles du même genre, pointus et tranchants. Un mystère de choix pour Jim McKalan, agent des services du Roi, aidé de sa cousine Jenna et de Beltran. Car personne ne semble avoir pénétré dans la pièce. 

Le meurtrier invisible s'en prend à divers responsables militaires avant d'annoncer clairement que le prochain visé sera le roi. Jim, à force de recherches, parvient à trouver l'origine de ce qui ressemble de plus en plus à une vengeance. Il y a 20 ans, un magicien périssait dans l'incendie de sa maison. Qui cherche aujourd'hui à punir le coupables ? 

Une série qui s'affirme d'épisode en épisode, tant au niveau graphique que du point de vue de la psychologie des personnages. (Soleil, 12,90 €)

vendredi 8 décembre 2006

BD - Guerriers virtuels

L'homme, de tous temps, a cherché à se battre sans se faire mal. Les armures servaient à se protéger. Cette logique poussée à l'extrême est le concept de « Métal », série de SF signée d'un trio américain, Brown et Alexander au scénario, Guice au dessin. 

Dans un futur très lointain, seuls les nobles ont le droit de se battre. Mais ils ne risquent pratiquement plus rien. Des armures autonomes servent de réceptacles pour leurs esprits, durant 72 heures au maximum. Si l'armure est détruite, l'esprit réintègre le corps humain, sans souffrir. Dans les deux premiers tomes parus presque simultanément, l'empereur se trouve dans une situation inédite. Victime de la trahison de son frère, le corps humain est détruit, l'esprit reste prisonnier de l'amas de ferraille. Épuisé, après une rude bataille, il est récupéré par des organisateurs de combats. D'empereur, il devient esclave mécanique.

 Un space-opéra original, très spectaculaire car Guice, le dessinateur, est un virtuose qui a déjà rodé son trait durant une vingtaine d'années en alignant comics sur comics. (Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)

jeudi 7 décembre 2006

BD - Le roi Arthur et sa bande en BD

L'adaptation de séries télé en bande dessinée a rarement été à la hauteur de l'originale. On se souvient de Caméra Café, acceptable, on oubliera les annonces d'Elie, peu convaincantes. Pour Kaamelott, c'est carrément le créateur et acteur principal, Alexandre Astier, qui a pris en charge le scénario. Et plutôt que de récrire des épisodes déjà vus, il a fourni à Steven Dupré un scénario original entrant dans le cadre très précis d'un 48 pages. Le résultat est en demi-teinte. 

Rien à redire sur l'esprit des personnages. D'Arthur à Bohort en passant par l'inégalable Perceval, on retrouve tout le ressort comique d'acteurs regardés chaque soir par 4 millions de téléspectateurs sur M6. En introduisant une armée de morts-vivants et quelques créatures fantastiques gigantesques, Alexandre Astier utilise parfaitement la possibilité de faire du très grand spectacle à moindre coût. Reste que les véritables passionnés de la série TV resteront sur leur faim.

 Les amateurs de BD devraient eux apprécier cette histoire bourrée de gags et de bons mots, à l'intrigue soignée et au dessin efficace. (Casterman, 11,95 €. Une édition de luxe de 64 pages comprenant croquis et entretiens avec les auteurs est en vente au prix de 19,95 €)

mercredi 6 décembre 2006

Polar - Parcours nocturnes

Il peut s'en passer des choses durant une nuit. Vol, fugue, coup de foudre, mort : tranches de vies nocturnes par Jean Achache.


Daniel Wis est flic. A la brigade de protection des mineurs. C'est le mot protection qui a attiré ce policier au parcours différent de ses collègues. Par exemple, pour l'incognito, c'est rapé : « Je suis un flic qui se voit. Un flic dont on se dit qu'il a une tête de flic. Un flic dont les gamins se méfient. Tant mieux, au moins comme ça, il n'y a pas d'ambiguïté. Je ne suis pas leur pote ». Au petit matin, après une nuit éprouvante, il décide de mettre sur papier l'enchaînement d'événements qui s'est achevé par la mort d'un homme. Avant la scène finale, il présente les différents protagonistes. Quelques heures auparavant ils ne se connaissaient pas. Il y a Ben, le livreur de pizza, Claire la chanteuse pop anglaise, Virginie, l'adolescente fugueuse, Kevin, son petit copain, déjà accro à l'héroïne malgré ses 12 ans, Bruno, le cambrioleur et d'autres qui joueront un petit rôle.

De l'amour à la haine

Toute une humanité, plus ou moins heureuse. La violence est en filigrane, mais les sentiments ont aussi leur mot à dire. Jean Achache raconte comment Ben, jeune black vivotant en livrant des pizzas, tombe raide dingue amoureux d'une étudiante, fille d'un diplomate, danseuse de flamenco émérite. Ils se croisent, tentent de s'apprivoiser et finalement acceptent l'évidence : l'amour frappe toujours au hasard. De l'amour il n'y en plus beaucoup dans la famille de Kevin. Pour lui, « la nuit commence par une énorme claque dans la gueule assénées par le gros Raymond son beau-père, sous le regard indifférent de sa mère, Josiane. Il a 12 ans, c'est jeune pour se faire démonter la tête par un type qu'il a toutes les raisons de détester et à qui il rend une bonne cinquantaine de kilos ». Kevin se vengera, notamment en brûlant le 4x4 du violent.

Pour Claire, la violence est loin derrière elle. Cette star de la pop anglaise revient à paris pour enregistrer son nouveau clip. Elle revient car elle a passé quelques années dans la capitale française. Avant qu'elle ne soit connue et adulée de ses fans. Elle en a gardé quelques noirs souvenirs. Ce qui explique son errance nocturne en compagnie de Pascal, le stagiaire chargé par la production d'exaucer tous ses caprices.

Presque une famille idéale

Le bonheur, on le trouve dans la description d'une famille française idéale. Du moins en apparence. Virginie, 12 ans, fuguera dans la nuit. « C'est leur dernier repas en famille et ils ne le savent pas. On voudrait pouvoir leur dire. Profitez, faites pas la gueule. Vous vous aimez profondément mais vous interprétez au pied de la lettre la partition déjà écrite et des milliers de fois rabâchée de la famille qui traverse les phases « normales » de son évolution. Demain vous vous direz que si vous aviez su, vous auriez fait autrement. » La nuit, les lieux les plus courus sont parfois étranges : les égouts, le périphérique ou des studios de télévision, anciens entrepôts transformés en petit Hollywood. C'est là que le drame va se nouer, sans éclairage ni caméra.

Les personnages sont criant de vérité, l'enchaînement des faits totalement maîtrisé par un écrivain signant son premier roman, mais ayant une belle expérience de la narration puisqu'il est à la base réalisateur de cinéma.

« Juste une nuit », Jean Achache, Editions du Masque, 16 €

mardi 5 décembre 2006

BD - André Franquin est un génie !

Alors que les aventures de Spirou et Fantasio, sous la plume de Morvan et Munuera, connaissent un très intéressant renouveau et que des histoires indépendantes et hors collection sont confiées à de jeunes dessinateurs (Fabrice Tarrin est le prochain), les éditions Dupuis n'oublient pas que la série doit énormément à André Franquin. Les deux premiers tomes de l'intégrale des aventures du groom rouge dessinées par le créateur de Gaston et du Marsupilami viennent de sortir.

Des œuvres de jeunesse datant des années 45 à 52. Si les premiers récits sont effectivement un peu maladroits, on retrouve rapidement le grand Franquin, celui qui impose sont trait tout en mouvement et dynamisme. 

Dans le tome deux on retrouve les aventures qui ont véritablement propulsé les deux héros sur le devant de la scène, du "Il y a un sorcier à Champignac" au mythique "Les voleurs du marsupilami". Ce dernier personnage, qui restera la propriété d'André Franquin, est vite devenu indispensable au succès de la série. Le tome trois de cette intégrale en 8 volumes paraîtra en mars 2008. (Dupuis, 16 euros)