dimanche 31 décembre 2023

Pour les plus jeunes, trois bandes dessinées locales à mettre sans hésitation au pied du sapin



La boîte à musique.
Carbone, pseudonyme de Bénédicte Carboneill, ancienne institutrice en Pays catalan, a lâché l’Éducation nationale pour se consacrer entièrement à l’écriture. Des romans jeunesse et puis une entrée remarquée dans la bande dessinée. 



Dès le premier tome de La boîte à musique, elle a trouvé son public passionné par les aventures de la jeune Nola dans le monde magique de Pandorient, contenu dans une simple boîte à musique que lui avait offert sa maman avant de disparaître. Dessiné par Gijé, le premier cycle de 5 albums vient d’être édité sous forme d’une intégrale, parfaite pour découvrir ou redécouvrir ce monde enchanté qui fera rêver petits et grands. 




Droit au but. Et de 20 ! Pas des buts, mais des albums de la série Droit au but. 20 albums dessinés et en grande partie scénarisés par Jean-Luc Garréra, l’auteur de BD Coursannais. 20 titres en 15 ans et un minot qui est devenu aussi célèbre que les joueurs de la Canebière : Nino. 



Une aventure inédite dans laquelle il affiche son « amour du maillot ». Et des maillots célèbres il y en a eu à l’Olympique de Marseille. Le grand-père de Nino en possède quelques-uns, mais ne retrouve plus celui de Maradona. Une mission exaltante pour Nino. 

Pour cet album anniversaire, une édition collector est proposée avec 16 pages supplémentaires sur les joueurs légendaires de l’OM, de Papin à Boli en passant par Pirès.  



Bonnie & Clo. Les fêtes de fin d’année permettent aux amateurs de fruits de mer de profiter pleinement de leur passion gustative. Notamment s’ils habitent près de la mer. Mais méfiez-vous des « Tentacules de la mer », titre de la troisième (et malheureusement dernière) aventure de Bonnie & Clo. 


Ce duo (un petit garçon et son chien) est sorti de l’imagination de Carbone, Marie Tourat et Pauline Roland, un trio originaire du Pays catalan et de l’Aude.  

On retrouve avec plaisir le dessin tout en caricature cartoonesque, de Pauline Roland. L’autrice de Port-la Nouvelle abandonne Bonnie & Clo pour se lancer dans la réalisation, en solo, d’une BD adulte. 


« La boîte à musique » (intégrale), Dupuis, 288 pages, 40 €

« Droit au but » (tome 20), Hugo BD, 11,95 € (édition collector, 14,95 €)

« Bonnie & Clo » (tome 3), Jungle, 64 pages, 13,50 €

BD - "Le monde oublié", avant Tarzan...

Contrairement à ce que croient nombre de lecteurs français, Edgar Rice Burroughs n’est pas le romancier d’un seul héros, Tarzan. Il a écrit quantité de romans qui ont tous connu le succès. Pour faire redécouvrir aux nouvelles générations ces histoires héroïques, souvent teintées de science-fiction, les éditions Glénat proposent une collection à son nom.

Deux premiers titres viennent de paraître, Un monde oublié et La princesse de Mars. Dans le premier, adapté par Corbeyran et dessiné par Gabor, le héros raconte comment, en voulant fuir les soldats allemands en pleine seconde guerre mondiale, il se retrouve dans un monde où les dinosaures sont encore omniprésents.

En plus de la survie au quotidien, les rescapés doivent aussi s’entendre car il y a autant d’Américains que d’Allemands. C’est sans doute cette partie de l’histoire (écrite en plein conflit mondial), qui a le plus vieilli.

Le second titre, La princesse de Mars, est un classique. Adaptées au cinéma, sans succès, les tribulations de John Carter sur Mars prennent une autre dimension grâce au découpage de Morvan et au dessin de l’Italien Biagini. John Carter, aventurier cherchant des pierres précieuses dans le désert, en fuyant les Indiens, se retrouve projeté à la surface de Mars.

Cela peut parfois sembler incohérent mais au final c’est toute l’inventivité sans limite d’Edgar Rice Burroughs qui transforme l’aventure en chef-d’œuvre de science-fiction. La suite de ces deux titres est annoncée début 2024 et deux autres titres rejoindront la collection : Tarzan et Au cœur de la Terre.

« Un monde oublié » et « La princesse de Mars », Glénat, 64 pages, 15,50 €

samedi 30 décembre 2023

Cinéma - “Past Lives” ou les regrets des amours manquées

Pour son premier film, Celine Song, dramaturge américaine d’origine coréenne, a puisé dans son passé et la culture de son pays natal. Past Lives, sous titré en français Nos vies d’avant, parle de destin, de déracinement, de choix de vie et d’amour. La première scène du film semble énigmatique. Une femme acoudée à un bar entre deux hommes. Une Asiatique entre un autre asiatique et un Européen. Qui est qui ? Quelles sont leurs relations ? On n’entend pas ce qu’ils disent. On constate simplement que la femme parle plus à l’Asiatique, que l’Européen semble comme mis à l’écart.

La suite se déroule en Corée du Sud, 24 ans plus tôt. Nora et Hae Sung sont amis. Ils se chamaillent souvent, s’apprécient aussi. Ils ont 12 ans. Mais Nora disparaît de la vie de Hae Sung car ses parents émigrent au Canada. Ce n’est que 12 ans plus tard que Hae Sung la retrouve. Elle est romancière, installée à New York. Malgré les années et la distance, ils vont se retrouver, parler comme s’ils s’étaient quittés la veille.

Les deux premières parties du film sont d’une justesse absolue. On devine l’attirance des deux enfants l’un pour l’autre. Et puis la vie décide autre chose. Une sorte de destin immuable, imperturbable. C’est Hae Sung qui recherche Nora. Elle est flattée mais comprend que cette relation la rapproche de son ancienne vie. Or, elle veut réussir et s’intégrer dans ces USA si exigeants. Alors, elle demande à son ami coréen de faire une pause dans les appels. Une pause de 12 ans. Nora va se marier avec un écrivain new yorkais, Arthur (John Magaro), Hae Sung aussi aura une compagne rencontrée lors de ses études en Chine.

La fin de Past Lives se déroule 12 ans plus tard. Hae Sung peut enfin venir à New York. Les retrouvailles, toutes en délicatesse et non-dits, donnent l’occasion aux deux comédiens d’exprimer toute la mesure de leur talent. On comprend alors que les membres du trio du début du film ce sont ces trois qui passent une dernière soirée avant le retour vers l’Asie de Hae Sung. Nora et Hae Sung se posent des questions sur leur parcours et choix, sur ces vies qui auraient pu être les leurs, ensemble. Si…

 Film de Celine Song avec Greta Lee, Yoo Teo, John Magaro


 

vendredi 29 décembre 2023

BD - Haut les flingues !


Nouvelle livraison d’histoires courtes peaufinées par Tiburce Oger et illustrées par de grands dessinateurs. Cette fois il raconte le destin de quelques gunmen, ces hors-la-loi qui ont fait parler la poudre.

Certains très connus comme Billy The Kid (illustré par Bertail), d’autres plus anonymes comme la redoutable Black Evil (dessins de Vatine) à l’improbable Mary, vedette d’un cirque, pendue en place publique pour meurtre bien qu’elle soit… un éléphant.

« Gunmen of the West », Bamboo Grand Angle, 112 pages, 19,90 €. Il existe une édition luxe en noir et blanc de 120 pages à 29,90 €

Cinéma - “Milady” ensorcelle les Trois Mousquetaires

Suite très attendue de l’adaptation au cinéma du roman d’Alexandre Dumas. Une seconde partie construite autour des errements de Milady. 


Enfin de retour ! Les Trois Mousquetaires repartent à l’assaut du box-office français. L’adaptation du roman a été scindée en deux parties. Après le succès du premier volet (3,3 millions d’entrées), place à la suite. Un long-métrage moins mouvementé et virevoltant.

Après la rencontre entre les quatre compagnons et la présentation des protagonistes, les adaptateurs se sont permis d’approfondir la personnalité de chacun. Avec la volonté de mettre en avant la belle et mystérieuse Milady interprétée par Eva Green. Du siège de La Rochelle aux bas-fonds de Paris en passant par le Louvre, les spectateurs seront entraînés dans des cavalcades, duels et combats épiques.

Les comédiens donnent tout dans cette grosse production française qui devrait faire rêver petits et grands. Le casting, qui a dérouté certains, trouve dans ce second opus toute sa justification. François Civil, jeune d’Artagnan fougueux et séducteur, devra écouter son cœur pour départager les deux belles du film : Milady et la charmante Constance (Lyna Khoudri). Les Mousquetaires, chacun dans leur style, sont attachants.

Vincent Cassel torturé et secret, Romain Duris enjôleur et Pio Marmaï bagarreur et bon vivant. Le roi est toujours interprété par le très étonnant Louis Garrel (presque le ressort comique du film…) et parmi les nombreux seconds rôles, notons la présence dans le premier volet de Raynaldo Houy Delattre, comédien d’origine audoise qui interprète Rochefort, un des sbires du cardinal Richelieu.

Et si vous voulez vous remettre le début de l’histoire en tête avant de rejoindre Milady, vous avez la possibilité de revoir la première partie sortie en vidéo chez Pathé dans des éditions riches de nombreux bonus.

Film de Martin Bourboulon avec François Civil, Eva Green, Pio Marmaï, Vincent Cassel, Romain Duris, Louis Garrel, Lyna Khoudri

jeudi 28 décembre 2023

BD - Undertaker retrouve Rose

Autre dessinateur de western qui vaut largement ses grands anciens : Ralph Meyer. Installé à Barcelone depuis quelques années, il poursuit les aventures graphiques de Jonas Crow, l’Undertaker ambulant, un croque-mort qui se déplace de ville en ville avec son corbillard et son animal de compagnie si symbolique : un vautour.


Jonas qui déprime sérieusement. Il a perdu la trace de la femme qu’il aime, Rose Prairie. Quand il reçoit une lettre de la petite d’Eaden City au Texas, signée de sa belle, il reprend espoir. Patatras, si Rose a disparu, c’est pour retrouver… son mari, Mister Prairie, médecin. Et si elle a besoin de Jonas, c’est pour une sépulture particulière : celle du bébé d’une femme qui veut avorter.

La première partie de ce nouveau cycle toujours écrit par Xavier Dorison plante le décor : Texans arriérés, folie religieuse, envie de lynchage. L’Ouest sauvage légendaire, celui où les armes font office de code civil.

« Undertaker » (tome 7), Dargaud, 64 pages, 16,95 €

Sur Netflix, très inquiétant “Le monde après nous”

Netflix lance une nouvelle mode. Après les films de Noël, la plateforme propose en fin d’année le film pessimiste. Il y a eu Don’t look up, voici Le monde après nous sur la fin du monde civilisé connu.

On retrouve au scénario et à la réalisation Sam Esmail (Mr Robot) et le couple Obama à la production. Côté distribution c’est du haut niveau aussi : Julia Roberts, Mahershala Ali, Ethan Hawke…

Tout commence par un week-end idyllique. Amanda et Clay louent une superbe villa près de New York, isolée dans des bois. Rapidement, internet est coupé. Que se passe-t-il ? Ils se posent encore plus de questions quand le propriétaire débarque en pleine nuit. Commence alors un long cauchemar sur l’effondrement de la civilisation américaine et ses conséquences.

Réaliste et très inquiétant.

mercredi 27 décembre 2023

Récit - Les Pyrénées, solitude et quiétude à retrouver dans « Journal d’une montagne » de Rémi Huot

Une année seul dans la montagne pyrénéenne vers le pic de Madres. Rémi Huot livre son « Journal d’une montagne », écrit dans un abri inconfortable, un simple orri en pierre sèche.


Écrivain voyageur, Rémi Huot, installé dans les Aspres depuis quelques années, a voulu écrire un livre plus statique après sa quête de l’ours (Dans les forêts de l’ours) et son cheminement en Bretagne (À fleur d’eau). Il a donc décidé de raconter une année en montagne. 12 mois à réfléchir, seul, sur le monde et la nature, depuis un simple « orri » (abri de pierre sèche utilisé antan par les bergers en estive) près de Nohèdes dans les Pyrénées-Orientales mais avec vue sur les sommets d’Ariège et de l’Aude.

Un défi physique et intellectuel qu’il présente dans les premières pages : « Comptant les nuits et contemplant les jours, je souhaite rester ici des mois durant et témoigner de la valse des saisons ; pour sentir à plein corps les durs froids de l’hiver, les sévères radiations de l’été, les pluies d’automne et les vents printaniers. »

Quatre saisons, une montagne 

Pour raconter ces quatre saisons, Rémi Huot est régulièrement monté à « son » orri, pour grelotter les nuits hivernales sur « le sommier de glace », admirer les étoiles les nuits estivales, écouter les oiseaux revenus au printemps. Le texte est découpé en quatre parties, comme autant de saisons.

Avec ses particularismes, comme si au fil des mois le décor, la vie, changeait du tout au tout. Avec une constance, la solitude et la quiétude. États amplifiés par une volonté de dépouillement comme pour s’opposer à la société civilisée de surconsommation.

Un sentiment que l’auteur tente de partager avec son lecteur à travers des réflexions aussi simples que touchantes : « Je ne me sens pas coupable d’être heureux d’un rien. Je me sens responsable d’être malheureux avec beaucoup. Un reste de solitude et une moitié de couleur dans le ciel conviennent à la liberté. »

Dans sa montagne, Rémi Huot en profite pour admirer les animaux. Les oiseaux notamment, lui qui a une formation d’ornithologue. Il part à la recherche des nids d’aigles, admire les traquets motteux qui s’activent pour nourrir les petits « de chenilles vertes ou d’un bourdon aux jolies rayures jaunes », tente de comprendre une « phrase vieille comme le monde » qu’un troglodyte éructe derrière son oreille droite, constate le départ des premiers migrateurs, les martinets.

Observateur de la nature préservée des hommes, Rémi Huot est tel un Thoreau moderne qui lui a raconté sa vie dans les bois. Pourtant la présence humaine n’est pas rare dans cette montagne. En été il croise des chasseurs, des randonneurs et se désole de l’arrivée de « six cents personnes, réunies dans la forêt de Lapazeuil pour vivre en communauté, le temps d’une lunaison, et pour trouver une harmonie avec le monde naturel. » Un camp fait de yourte et de tipis qui perturbe le « domaine vital d’un couple de chouettes Tengmalm. » Un des participants est pourtant fier de la grandeur du campement. L’auteur a parlé avec lui. Sans plus. « Je n’ai pas osé lui répondre que la grandeur que je cherche dans les montagnes déteste la popularité, et qu’une forêt populaire est une forêt en danger. »

Alors pour préserver ces secteurs magiques, on ne peut que vous conseiller de n’y aller qu’avec parcimonie. Mieux vaut, au final, vivre la nature par procuration tant qu’il existe des plumes talentueuses comme celle de Rémi Huot.

« Journal d’une montagne » de Rémi Huot, Le mot et le reste, 232 pages, 21 €.

mardi 26 décembre 2023

BD - Bouncer à l’épreuve

À la fin du précédent album, le lecteur a laissé le Bouncer, ce manchot taciturne, presque heureux et apaisé. Il riche, a des amis, une femme qu’il aime et une affaire prospère à Barro City. Mais c’est mal connaître Jodorowski, le scénariste, qui va rapidement apporter du noir dans ce tableau enchanté. Cela arrange Boucq, le dessinateur, qui excelle quand la tension est au maximum.

Les problèmes arriveront par l’intermédiaire de l’or ramené du Mexique. L’armée américaine vient le récupérer. Un détachement commandé par le colonel Carter, héros de la guerre, reconnaissable grâce à son œil de verre. Ensuite tout s’enchaîne rapidement. La fièvre de l’or…

Bouncer va voir la mort frapper tout ce qu’il aime.

Le titre de ce 12e album, Hécatombe, est tout sauf mensonger. Une histoire au long cours, de 144 pages, planches d’une grande beauté et expressivité signée par un François Boucq qui est depuis quelque temps au niveau des plus grands, de Giraud à Hermann.

« Bouncer » (tome 12), Glénat, 144 pages, 24,95 €

Cinéma – “L’innocence” des enfants incompris

Un des meilleurs films de 2023 sort entre les fêtes. "L’Innocence" de Kore-eda est un drame sur l’enfance incomprise.

À ceux qui doutent que le cinéma puisse être considéré comme un art à part entière, on ne peut que conseiller d’aller voir un film de Hirokazu Kore-eda pour s’en persuader. On peut débuter par Une affaire de famille, palme d’or à Cannes en 2018. Mais le plus simple reste de profiter de la sortie en salles ce mercredi de L’innocence, sa dernière réalisation, pour pénétrer dans son monde, sa magie cinématographique, sa rigueur scénaristique et ses allégories.

Un film qui n’a remporté « que » le Prix du scénario à la dernière édition de la grand-messe du cinéma sur la Croisette. Récompense plus que justifiée tant la construction du long-métrage est parfaite, exemplaire, sorte de bréviaire que l’on devrait montrer dans toutes les écoles de cinéma.

Le film est découpé en trois parties autonomes, trois fois la même histoire, mais vue par différents protagonistes : la mère du jeune Minato, le professeur Hori puis enfin le regard conjugué de Minato et son ami écolier, Eri. Trois pièces d’un même puzzle qui joue sur les apparences, l’incompréhension, le secret et la honte.

Comme une fresque sur toutes les difficultés rencontrées par deux jeunes garçons dans une école japonaise gangrenée par le harcèlement et la volonté de sa direction pour conserver sa bonne réputation. Le spectateur qui ose se laisser emporter par le récit se trouve ballotté entre plusieurs hypothèses avant tout remettre en ordre… et se retrouver encore plus déstabilisé par une fin plus qu’ouverte. Du grand art dans la construction, mais jamais gratuit, toujours au service du propos.

Premier point de vue, celui de Saori (Sakura Andô), mère de Minato (Soya Kurokawa). Elle élève seule ce gamin de plus en plus renfermé. Le père est mort dans un accident. Quelques détails vont alerter la maman inquiète. Minato a perdu une chaussure, s’est coupé les cheveux, seul dans la salle de bains ou a mis de la boue dans son thermos d’eau. Quand il revient blessé, elle se persuade que c’est son professeur, Hori (Eita Nagayama), qui le malmènerait en classe. Elle va tout faire pour qu’il soit renvoyé.

Deuxième acte avec le ressenti du fameux professeur. Un homme solitaire et romantique. Amoureux d’une hôtesse de bar, il est très attentif aux enfants dont il a en charge l’éducation. À plusieurs reprises, il prend la défense du jeune Eri (Hinata Hiiragi), le souffre-douleur de la classe. Minato ne serait pas le dernier à profiter de sa faiblesse. Obligé d’avouer des violences fictives, Eri va sombrer avant de tout comprendre.

C’est la fameuse troisième partie du film, celle qui va scotcher le spectateur dans son fauteuil, incrédule face à cette vérité qu’il n’a jamais envisagée. Un film coup de poing sur l’amitié secrète et incomprise entre deux enfants différents, dont la fin va longtemps hanter notre imaginaire.

Film japonais de Hirokazu Kore-eda avec Sakura Andô, Soya Kurokawa, Hinata Hiiragi, Eita Nagayama

Thriller - Apprenties romancières piégées dans « La Reine du noir »

 Une romancière célèbre, un vieux manoir, cinq jeunes autrices ambitieuses : cocktail parfait pour un thriller littéraire d’exception signé Julia Bartz. 


À l’heure de la grande révolution woke, certaines romancières ne se posent plus la question. Un personnage masculin dans mon roman ? Totalement superfétatoire ! Ainsi pas l’ombre d’un homme dans les protagonistes essentiels de La Reine du noir, roman de Julia Bartz.

La narratrice, Alex est une jeune New-yorkaise rêvant de faire carrière dans l’édition. Elle survit avec un petit emploi, mais rêve de grand roman, de tirage faramineux et de célébrité mondiale. Comme son idole, Roza Vallo. Al, désespérées souffre du syndrome de la page blanche après une grosse brouille avec sa meilleure amie, Wren. Tout pourrait changer quand les deux apprenties romancières sont sélectionnées, avec trois autres filles, à une retraite d’un mois dans le manoir de Roza, pour écrire un roman tout en bénéficiant des conseils de la romancière. Mais quand elles se retrouvent isolées dans cette région montagneuse, coupées du monde par d’importantes chutes de neige, le rêve se transforme en cauchemar.

Ce thriller, teinté de fantastique, met les femmes en avant. mais il y a forcément dans le lot des « méchantes » pour amener la tension dans le récit. Des femmes qui selon l’autrice doivent trouver les ressources pour se libérer : « Quand on était une femme, on avait une tâche à accomplir, qui consistait à feindre d’apprécier tous ceux qui vous piétinaient en vous laissant des marques sur le visage. Mais ici, dans ce cachot souterrain… les règles habituelles ne s’appliquaient pas. Ici-bas, les femmes pouvaient être aussi franches qu’elles voulaient. »

Un premier roman très réussi, avec une variation de styles et d’ambiance prometteurs.

« La Reine du noir » de Julia Bartz, Sonatine, 448 pages, 24,50 €

lundi 25 décembre 2023

Cinéma - “Rebel Moon” sur Netflix, du grand spectacle… mais déjà vu


Les anciens se souviennent sans doute de la publicité pour la boisson Canada Dry. Rebel Moon, nouveau film de Zack Snyder disponible depuis le week-end dernier sur Netflix, est le Canada Dry de Star Wars. Le réalisateur ne s’est pas embarrassé à chercher l’inspiration. Il s’est simplement lancé dans la mise en valeur d’effets spéciaux remarquables, de combats spatiaux spectaculaires et de bagarres homériques.

Pour ce qui est de l’histoire, c’est un décalque, à peine modifié, de l’intrigue de la Guerre des Étoiles mâtinée d’un peu des Sept mercenaires.

Alors on en prend effectivement plein la vue, mais nos neurones ne peuvent s’empêcher de répéter en boucle : « ça me rappelle quelque chose… ». Dommage, la réalisation est grandiose, mais il manque cette nouveauté qui permet à un film de rester dans toutes les mémoires.

Saluons cependant la performance de Sofia Boutella, actrice franco-algérienne de plus en plus en vogue à Hollywood.


 Un film de Zack Snyder avec Sofia Boutella, Charlie Hunnam, Ed Skrein

BD - Ecole magique sur « L’île du Crâne »

La collection Jungle Pépites continue de proposer des adaptations en BD de romans jeunesse de qualité. Avec L’île du Crâne, c’est au monde imaginé par Anthony Horowitz que les jeunes lecteurs auront accès en images.

Maxe L’Hermenier se charge des textes, Clément Lefèvre des dessins. Bien avant Harry Potter, un auteur anglais a imaginé une école qui ne recevait en son sein que de jeunes sorciers aux pouvoirs balbutiants. David Eliot est un élève difficile. Une nouvelle fois exclu, il fait le désespoir de ses parents. À moins que Groosham Grange sur l’île du Crâne n’arrive à le canaliser.

Le jeune garçon va découvrir que ce lieu a tout du cauchemar éveillé. Isolé, sinistre : les professeurs sont inquiétants et les autres élèves hautains. De plus, la nuit, il se passe de drôles de choses. Avec deux amis arrivés avec lui le même jour, il va tenter de s’évader. Mais est-ce bien raisonnable d’essayer d’échapper à son destin ?
Une très jolie BD avec des dessins modernes tout en couleurs directes numérisées. De plus David a suffisamment de personnalité pour que les jeunes lecteurs s’identifient à lui. Et à son pouvoir.

« L’île du Crâne » (tome 1), Jungle, 72 pages, 16,95 €

dimanche 24 décembre 2023

Des beaux livres en cadeaux : toujours une bonne occasion pour faire plaisir

 Offrir un livre pour les fêtes de fin d’année c’est l’assurance de satisfaire membres de la famille ou amis. Vous trouverez dans cette page nos idées de lecture, mais n’hésitez pas à demander conseil aux libraires ou de simplement feuilleter un ouvrage et écouter votre cœur.

Cinéma. Ciné illimité pour rire de films sérieux


Peut-on rire des films sérieux ? Oui, deux fois oui si l’on en croit l’équipe de L’arrière cuisine, collectif d’auteurs qui sévit depuis quelques années sur le net et qui a converti quelques-unes de ses meilleures trouvailles en livre hilarant.

Ciné Illimité ce sont des fiches sur 224 films, passés à la moulinette, avec anecdotes, points forts et points faibles. Tous les styles sont analysés, du chef-d’œuvre absolu (Apocalypse Now) au film de genre (Massacre à la tronçonneuse) en passant par la chose filmique innommable (Cinéman).

Des analyses subtiles qui vous parleront si vous avez vu le film. Ainsi, parmi les points forts de Mulholland Drive de David Lynch cette constatation : « Tout fan de Cyril Hanouna qui regarde ce film a une chance sur deux de faire un AVC avant la fin. »

Dans un autre genre, un des points faibles de Shining de Stanley Kubrick : « Quand on voit la gueule de l’hôtel et son emplacement, on se demande qui y vient en vacances, même en été. »

« Ciné Illimité », Marabout, 288 pages, 32 €

Légendes. Mieux comprendre les Esprits du Nord


Les mythologies nordiques s’affranchissent de la froidure. Runes, dieux et autres légendes ont tendance à entrer dans le quotidien de tout occidental un peu curieux des différentes croyances et pratiques religieuses ou magiques. Si vous vous demandez encore qui est Freya, dans quel cas il faut fabriquer un taufr ou comment prier les vaettir en pratique, ce gros livre de Sentulia est pour vous.

L’autrice, « spécialisée en mythologie scandinave, en fabrication de grimoires et de reliures, mais également en magie nordique », explique point par point les grandes lignes de ce vaste sujet. Vous apprendrez ainsi que Freya, déesse de l’amour (charnel et sentimental) est une divinité très sollicitée par les Humains.

Et pour les vaettir, n’oubliez pas au final le blot, un bol d’alcool versé au pied d’un arbre…

« Esprits du Nord », Secrets d’étoiles, 272 pages, 27 €

Science-fiction. Les noires prévisions de Christophe Bec dans ses Inexistences


Auteur de la région (né en Aveyron, longtemps installé à Albi), Christophe Bec a débuté comme simple dessinateur avant de se consacrer essentiellement à des scénarios de thrillers ou de séries de science-fiction. Avec Inexistences, grand et gros albums, il revient au dessin tout en creusant d’autres pistes puisqu’il mélange roman, peintures et BD dans cette histoire pour le moins pessimiste.

Dans un futur à peine noirci, les derniers Humains tentent de survivre dans un monde désolé. Le froid, la roche, les ruines sont omniprésentes dans ce monde halluciné où la violence semble la dernière loi en vigueur.

Comme une prédiction de ce visionnaire talentueux de ce qui attend les générations futures, malgré la COP 28 et les voitures électriques…

« Inexistences », Soleil, 152 pages, 29,95 €

Science-fiction. Le texte original du roman "Une princesse de Mars"


Si Elon Musk rêve d’aller sur Mars, c’est peut-être en raison de ce roman d’Edgar Rice Burroughs paru aux USA en 1912. Une princesse de Mars est la première des aventures de John Carter. Le premier roman de science-fiction aussi, celui qui a en grande partie codifié le space opéra et la fantasy.

On retrouve ce texte fondateur dans une superbe édition à la couverture rigide, aux aplats dorés et à la composition large et aérée. Un superbe écrin pour plonger avec délectation dans cette aventure improbable et parfois un peu datée dans son virilisme où un aventurier américain est confronté au peuple martien, des géants dirigés par une princesse d’une rare beauté, Dejah Thoris.

« Une princesse de Mars » d’Edgar Rice Burroughs, Hoëbeke, 352 pages, 28 €

Classique. Don Quichotte de la Manche revisité graphiquement par les frères Brizzi


Paul et Gaëtan Brizzi, frères jumeaux, après une jolie carrière dans le cinéma d’animation, ont consacré leur talent graphique à adapter des grands textes de la littérature mondiale. Après Céline et Vian, ils se sont attaqués à l’Enfer de Dante l’an dernier et en cette fin 2023 ils proposent leur vision d’un roman moins sombre : Don quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes.

Essentiellement en noir et blanc avec cependant quelques passages en quadrichromie (crayons de couleur pastel du plus bel effet), l’album de 200 pages offre une vision très personnelle de cette ode à la folie dans l’Espagne médiévale.

Une redécouverte tant la version des Brizzi est originale et époustouflante de virtuosité.

« Don Quichotte de la Manche » adapté par Paul et Gaétan Brizzi, Daniel Maghen, 200 pages, 29 €
 

Comics. Hitman, méchant tueur et héros attachant


Présenté comme « le chaînon manquant entre Preacher et The Boys », la série Hitman écrite par Garth Ennis et dessinée par John McCrea a longtemps fait figure de comics le plus violent et insolent du marché.

Le héros, un tueur à gages, est mordu par un extraterrestre. Au lieu de mourir dans d’atroces souffrances, il développe des superpouvoirs comme la télépathie ou la vision à rayons X. Il deviendra Hitman et accepte dès lors des contrats sur le dos des super vilains. Dans le premier tome de cette intégrale, il croise souvent la route de Batman (qui cherche toujours à l’arrêter, ça reste un tueur…), le Joker et quantité de créatures qui adorent les humains. Surtout au petit-déjeuner.

C’est irrévérencieux (on retrouve l’esprit Boys) et dessiné dans une noirceur de bon aloi.

« Hitman » (tome 1), Urban Comics, 576 pages, 39 €

Nature. Orcas, au royaume des orques


Une petite baignade dans les eaux froides de la Norvège au nord du cercle polaire arctique, ça vous tente ? Ce qui paraît particulièrement improbable devient possible avec la magie des beaux livres. Le photographe animalier Stéphane Grazotto, après avoir suivi une famille de cachalots, a décidé de braquer ses objectifs sur les orques.

Ces mammifères marins majestueux ont pour habitude de se réunir chaque hiver dans la zone pour se goinfrer de harengs. Les poissons s’amassent par millions dans les eaux sombres et mystérieuses d’un fjord. Les orques les suivent et en profitent pour se faire un festin. La magie de la nature capturée par le photographe qui a plongé au plus près de ces redoutables prédateurs.

Un livre à l’italienne pour une jeune maison d’édition, Axoloti, qui entend sensibiliser à l’environnement par l’art et la science.

« Orcas », Éditions Axoloti, 160 pages, 29,90 €

Jeux. Résoudrez-vous Les énigmes de Sherlock Holmes ?


Si vous vous sentez l’âme et la perspicacité d’un Sherlock Holmes, ce livre d’énigmes est pour vous. Nicole Masson et Yann Caudal ont imaginé 150 énigmes et jeux divertissants qui mettront à rude épreuve vos petites cellules grises (Hercule Poirot aussi était un redoutable détective).

Dans les lieux emblématiques de Londres, face à son ennemi de toujours Moriarty, ; Holmes devra décrypter des messages codés, repérer des suspects ou découvrir qui est coupable dans ces jeux où quelques indices, s’ils sont savamment analysés, permettent de trouver la solution.

Sur le même principe, résolvez aussi les énigmes proposées à la sagacité de Lady W., jeune femme futée de la cour d’Angleterre au XIXe siècle.

« Les énigmes de Sherlock Holmes », Mango Éditions, 208 pages, 15,95 €

Un album jeunesse - Pauline voyage

Pas spécialement contente la jeune Pauline. Pourtant elle est passagère sur un paquebot pour une croisière dans le grand Nord à admirer ours blanc et baleines. En compagnie de la reine de Belgique, Fabiola et de son fils, Baudouin.

Mais Pauline, ce qu’elle voulait, c’est voyager avec son père. Alors elle va lui écrire tous les jours, racontant les péripéties de cette croisière.

Écrit par Marie Desplechin avec de grandes illustrations de François Roca, cet album nous apprend que le persil est parfait contre le mal de mer, que Pauline aimerait se marier avec le mousse et qu’elle sauve une cantatrice des griffes d’un ours affamé. Adorable !

« Pauline voyage », l’École des Loisirs, 48 pages, 19 €

samedi 23 décembre 2023

Un classique - Histoire d’Arthur Gordon Pym par Edgar Allan Poe


Inventeur, pour certains, du roman policier ou fantastique, Edgar Allan Poe avait d’autres cordes à son arc. Notamment le récit d’aventure. L’Histoire d’Arthur Gordon Pym, réédité sous forme d’un joli ouvrage à couverture rigide, raconte le périple d’un jeune homme à travers les mers du monde entier.

Un texte bourré de péripéties, dans une nouvelle traduction, plus fidèle au texte d’origine que celle proposée à l’époque par Charles Baudelaire. Un roman complété par une longue nouvelle, inédite en France, Journal de Julius Rodman. Un autre voyage dans des régions américaines inexplorées. La description des régions sauvages est renversante.

« Histoire d’Arthur Gordon Pym » d’Edgar Allan Poe, Phébus, 352 pages, 26 €

vendredi 22 décembre 2023

Polar - La mer, lit de « La mariée de corail »

En plus de découvrir la rude vie des marins-pêcheurs canadiens, ce roman policier de Roxanne Bouchard offre une exploration poétique et naturaliste de la Gaspésie, région située à l’est de Montréal. 


Le froid s’accorde parfaitement avec le roman policier. Les polars nordiques (Suède, Norvège, Danemark) ont conquis la France, puis l’Islande a imposé sa noirceur. Toujours plus à l’Ouest, découvrez les enquêtes de Joaquin Morales, policier québécois sorti de la plume de Roxanne Bouchard et déjà croisé dans son premier roman, Nous étions le sel de la mer.

Morales est toujours en poste à Caplan, au sud de la Gaspésie. La belle Catherine a mis les voiles. Le voilà seul à se demander si son mariage avec Sarah peut être sauvé.

La routine est bousculée quand il est envoyé en renfort à Gaspé pour devenir l’enquêteur principal chargé de la disparition d’Angel Roberts. Cette femme, marin-pêcheur à la barre d’un homardier, a disparu la nuit du 10e anniversaire de son mariage. Signe particulier : elle avait revêtu sa robe de mariée. Le bateau est retrouvé au large, moteur arrêté, vide. La mariée a-t-elle été enlevée ? Ou plus probablement est-elle tombée à l’eau. Une course contre la montre s’engage car en cette fin septembre, l’eau est froide. Mortelle.

Secrète Gaspésie

Le début du roman se consacre à ces recherches et l’arrivée de l’enquêteur Morales, passablement perturbé. Car en plus de la disparition de sa maîtresse, il a dû abandonner à Caplan son ami Cyrille, pêcheur, mourant d’un cancer en phase terminale. Sans compter sur l’arrivée inopinée de son fils aîné, Stéphane, ivre mort, cuisinier à Montréal mais lui aussi en bisbille avec sa blonde.

Il a donc l’esprit ailleurs quand il rencontre les agents qui vont le seconder. Et là aussi, Roxanne Bouchard propose des personnages hauts en couleur. Lefèbvre, agent tire-au-flanc, qui détester aller sur le terrain préférant de loin le désordre de son bureau. Simone, membre de la police de la pêche, experte de ce milieu très fermé, cassante, limite arrogante avec Morales, ce policier venu de la ville aux origines.. mexicaines. Rajoutez au cocktail la famille de la disparue, une aubergiste trop joyeuse et une prof de yoga trop belle et vous avez tout pour concocter un roman policier haletant.

Reste le décor, le plus important dans l’œuvre de Roxanne Bouchard, cette Gaspésie, reculée, sauvage, hermétique. Morales tente de comprendre le territoire et ses habitants. Difficilement car « la Gaspésie le défie par sa lenteur, mais aussi par la douloureuse expérience de l’intimité. Ici il faut avoir une compréhension intime des gens pour résoudre une affaire. En ville, tout est cru, plus dur : on tue avec violence pour de la drogue, de l’argent. Les criminels qui assassinent des inconnus parlent d’exécution, de vengeance, et crachent sur leurs victimes. Ici, les meurtriers souffrent tellement de leur méfait que la prison devient un châtiment juste, presque apaisant. » Les hommes, la nature, la mer. Plonger dans un roman de Roxanne Bouchard c’est partir en voyage dans des contrées inconnues, rudes mais avant tout poétiques.

Avec Joaquin Morales on se découvre l’envie de courir sur les falaises avec la mer pour seul horizon, de sentir ces embruns, voir ces fous de Bassan plonger ou explorer des forêts noires et secrètes. Par contre, vu la rudesse du métier, on a moins envie d’aller attraper du homard ou des crevettes au large. Pourtant c’est sans doute là que se trouve la solution à l’énigmatique disparition.

« La mariée de corail » de Roxanne Bouchard, L’Aube noire, 448 pages, 21,90 €

 

jeudi 21 décembre 2023

En vidéo, “Yannick”, star des planches


Si son prochain film s’attaque au mythe Dali (sortie le 7 février), Quentin Dupieux s’intéresse au théâtre dans Yannick qui vient de sortir en DVD et blu-ray chez Diaphana.

Un film court, percutant, révélant l’immense talent de Raphaël Quenard. Dans un théâtre parisien, le public rit mollement au jeu de Pio Marmaï et Blanche Gardin. Un spectateur ose s’indigner de la piètre qualité en échange de places relativement chères.

C’est Yannick (Raphaël Quenard), veilleur de nuit de province, monté à Paris passer du bon temps. Mécontent, il va littéralement prendre en otages comédiens et spectateurs.

Une comédie douce-amère remettant en cause abruptement la perception de l’art par le public et sa fabrication par des comédiens trop routiniers.


mercredi 20 décembre 2023

Cinéma - “Les colons” n’ont pas de pitié pour les « sauvages »

Film de Felipe Gálvez Haberle avec Sam Spruell, Mark Stanley, Camilo Arancibia, Benjamin Westfall


Le Chili, immense pays qui se cherche encore, n’a pas attendu Pinochet pour faire de la violence et la force ses principaux outils pour tenir sa population. Le film de Felipe Galvez Haberle, Les colons, raconte comment les gros propriétaires terriens ont décidé d’exterminer les Indiens pour permettre l’élevage intensif. Terre de Feu, début du XXe siècle. Quelques hommes travaillent comme des forçats. Ils posent des clôtures dans ces prairies infinies.

Bientôt, moutons et bovins vont occuper l’espace. Le problème ce sont les Indiens. Ils se moquent des clôtures. Et les animaux, même domestiques, restent des proies pour ces chasseurs-cueilleurs. Le problème peut être résolu par quelques mercenaires sans foi ni loi. 

Parmi eux le lieutenant MacLennan (Mark Stanley), ancien soldat anglais, Bill (Benjamin Westfall) un cow-boy américain et un métis, Segundo (Camilo Arancibia), choisi par le premier car il connaît le pays et tire bien au fusil. Un trio dépareillé, jamais d’accord, mais qui n’a qu’un objectif : faire place nette. Ils chevauchent les grands espaces, traversent vallées, cols et vastes plaines, pour traquer ces Indiens. Et les abattre. Comme des animaux nuisibles. 

Un film étouffant, malgré les décors naturels purs et gigantesques, car la sauvagerie n’est pas là où notre civilisation occidentale l’a placée. Les colons sont des prédateurs, jamais rassasiés, toujours affamés de sang frais. Seul Segundo a des scrupules, se pose des questions. Mais il est lui aussi asservi par la véritable sauvagerie du lieutenant. Il va laisser faire, complice passif d’un génocide qui ne semble avouer son véritable nom qu’aujourd’hui, un siècle après les faits. Ainsi va l’Histoire du Chili, comme de ses voisins américains.   


Une sélection de quelques beaux livres à offrir pour les fêtes de fin d'année

Il est venu le temps des cadeaux. Offrir un livre c’est l’assurance de faire plaisir. Et cela marche aussi pour soi car il n’est pas interdit de se gâter en cette fin d’année. . Une première sélection de beaux livres pour tous les goûts, de la littérature (régionale ou policière) aux histoires pour les plus petits en passant par la BD ou le cinéma de genre.

BD - Donjon Bonus


Ce grand et bel album passionnera tous les fans de l’univers de Donjon mais aussi ceux qui s’intéressent à la fabrique de cette série unique en son genre. Comment Lewis Trondheim et Joann Sfar se sont rencontrés ? Qui a eu l’idée du Donjon ? Pourquoi un kyste aux fesses est-il important ?



Les réponses à ces questions sont apportées avec la reproduction des premières pages de scénario et découpages de Sfar, augmentées des recherches graphiques de Trondheim. Une collaboration à distance qui passe également par de nombreux courriers.

« Donjon Bonus », Delcourt, 160 pages, 39,95 €

Région - Mots et merveilles d’Occitanie


Inutile d’expliquer que l’Occitanie est une des plus belles régions de France. Un petit chauvinisme renforcé avec la publication, sous la coordination de Jean-Paul Azam, de cette anthologie littéraire illustrée. On retrouve des passages de romans ou récits portant sur les plus beaux lieux.

Alors savourez les mots de Claude Simon sur tramway de Perpignan ou Michel Roquebert décrivant les citadelles du vertige, autre nom des châteaux cathares.

« Mots et merveilles d’Occitanie », Le papillon rouge éditeur, 29,90 €

Enfants - Tout Zuza


Les petites aventures de Zuza et de son crocodile sont parues entre 1998 et 2010. L’École des Loisirs propose l’ensemble de ces petits contes du quotidien écrits et dessinés par Anaïs Vaugelade dans un gros volume de 244 pages.

Zuza, une petite fille, y raconte comment elle dîne, prend son bain ou part en voyage. Toujours avec son gros crocodile, doudou encombrant mais si gentil. Douze histoires au total, destinées à être racontées aux enfants à partir de 3 ans.

« Tout Zuza », L’École des Loisirs, 19 €

Saveurs - Tour de France des fruits et légumes


Noémie Vialard et Stéphane Houlbert, passionnés de cuisine, ont fait le tour de France des fruits et légumes remarquables. Car chaque région ou ville a sa spécialité. Les très connus comme le piment d’Espelette, les plus discrets comme l’aubergine de Valence.

Dans ce panier aux saveurs authentiques, quatre concernent nos départements : les célèbres cerises de Céret et haricot de Castelnaudary et les plus méconnus, mais tout aussi délicieux, oignon de Citou et céleri branche vert d’Elne.

« Tour de France des fruits et légumes », Delachaux et Niestlé, 256 pages, 32,90 €

Monographie - William Vance


Dessinateur talentueux, William Vance a longtemps été un de ces artisans de l’ombre, illustrant ses histoires dans un style réaliste solide et efficace. Tout a changé avec le succès de la série XIII. En plus de tirages astronomiques, ses originaux sont devenus très recherchés.

Mais qui est cet auteur belge décédé en 2018 ? Réponse dans cette monographie basée sur une série d’entretiens avec Patrick Gaumer. Le dessinateur parle de sa formation académique, de ses séries préférées mais aussi de ses scénaristes, de Greg (Bruno Brazil) à Jean Van Hamme (XIII).

« Monographie William Vance », Dargaud, 408 pages, 45 €

Cinéma - Zombies


Ils ont acquis une célébrité mondiale. Les Zombies sont devenus des incontournables du cinéma d’horreur et aussi des BD et des séries télé depuis The Walking Dead. Un mot d’origine haïtienne, décortiqué par Claude Gaillard et Guillaume le Disez dans ce superbe livre.

Le phénomène est exploré très largement, un chapitre abordant même les zombies en France avec le premier film de ce genre si particulier, Les raisins de la mort, tourné sur le Larzac en 1977 par Jean Rollin.

« Zombies », Glénat, 352 pages, 35 €

Un manga - The Commonbread


Premier manga de Mujiha, The Commonbread associe science-fiction, monde apocalyptique et… nourriture. Sur cette Terre (à moins que cela ne soit une autre planète…) ravagée par une catastrophe oubliée, les rares habitants survivent grâce au Commonbread.

Un aliment fourni par l’Église, seule nourriture autorisée par le clergé. Le lecteur découvre ce monde de ruines avec Haruka, jeune femme intrépide, une fouilleuse. Elle arpente les bâtiments délabrés à la recherche des vestiges du passé. Dans le premier tome, elle découvre un boîtier contenant une intelligence artificielle. Haruka qui cherche désespérément un aliment qu’elle n’a goûté qu’une seule fois : du curry.

« The Commonbread » (série complète en quatre volumes), Véga Dupuis, 8,35 €