Dans « Chante ton bac d'abord », David André a filmé l'année scolaire de cinq élèves d'un lycée à Boulogne-sur-Mer. Ils préparent leur bac et nous le racontent... en chansons.
Il y a Nicolas, le poète, Rachel, la grosse tête un peu timide, Gaëlle qui se rêve en marionnettiste, Caroline l'indécise partagée entre le désir de devenir archéologue.. ou tatoueuse et Alex, le fils de rocker totalement « je-m’en-foutiste » et on le serait à moins quand, comme lui, on réchappé à un cancer à l'âge de trois ans. Cinq jeunes de 17 ans, pas encore adultes mais plus vraiment adolescents. Cinq amis conscients que l'obtention du bac est la porte ouverte pour tous leurs rêves, le ticket d'entrée dans un autre monde où ils auront enfin les coudées franches. Cinq « belles âmes » vedettes d'un documentaire de David André au ton unique.
Le réalisateur a eu l'idée de génie de faire chanter ses témoins. Le film est ainsi entrecoupé de 11 plages musicales courtes. Gaëlle est la première à pousser la chansonnette. On la voit dans son quotidien, avec ses amis, en cours, affrontant ses parents sur sa future orientation professionnelle, puis dans une grande fluidité de narration, elle chante sa vie, ses envies, ses désespoirs et ses doutes. Alors, une grosse boule d'émotion étreint l'estomac du spectateur qui n'a pas totalement oublié sa jeunesse. On constate que la musique reste un des meilleurs vecteurs de sentiments. Alex, avec sa bouille ronde, sa crête rouge et ses piercings dans les lèvres, s'est façonné un personnage. Il se dévoile complètement quand il entre dans une église et chante sa philosophie de vie. Caroline, quasiment mutique face à ses parents, paumée dans ses paradis artificiels, prend une tout autre dimension quand elle chante son désir d'évasion, sa volonté de « partir loin d'ici ». Le documentaire, loin de se contenter de la vision des jeunes, donne également la parole aux parents. Le « panel » est très représentatif, de la maman au chômage totalement démissionnaire au papa angoissé par les débouchés professionnels à la maman excessivement fière des bons résultats de son « poussin ». L'ensemble est d'une cohérence, d'une force et d'une vérité que n'atteindra jamais aucune fiction. Jusqu'à la chanson finale, où les jeunes, ensemble, chantent leur tristesse de se séparer à la fin de ces belles années lycée.
A l'heure des télé-réalités idiotes, déformant l'image de la jeunesse actuelle, ce film donne une vision beaucoup plus positive, plus optimiste et pleine d'espoir. Car oui, les rêveurs ont encore une place dans notre société.
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