« Milady » (tome 2), Ankama, 14,90 €
Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
dimanche 29 janvier 2012
La tragédie Milady racontée par Agnès Maupré chez Ankama
« Milady » (tome 2), Ankama, 14,90 €
samedi 28 janvier 2012
Le sommet de l'auto dérision selon Marc Villard et Jean-Philippe Peyraud
« J'aimerais être un saint, mais bronzé » de Marc Villard et Jean-Philippe Peyraud aux éditions Treize Étrange, 15,50 €
vendredi 27 janvier 2012
Raid des Anomymous sur divers sites : héros ou pirates ?
On ne parle que d'eux depuis quelques jours. Eux, ce sont les Anonymous, ces activistes insaisissables, mystérieux, aux visées souvent obscures, voire inquiétantes.
Site de Vivendi, gouvernement brésilien, l'Express... loin d'être coordonnés, leurs raids tapent tous azimut. Certainement car le mouvement est tout sauf structuré. Anonymous est apparu en 2006 selon Wikipédia et s'est popularisé en 2008. « Ils se présentent comme des défenseurs du droit à la liberté d'expression » explique l'encyclopédie en ligne. Cette fameuse liberté d'expression qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Les hackers sont des héros dans les dictatures, des pirates dans les démocraties. Mais selon eux, le terme de démocratie est souvent dévoyé. Les projets de loi SOPA et PIPA aux USA sont les exemples mêmes de cette volonté de régenter la toile.
jeudi 26 janvier 2012
Pour ou contre ? Les sites de débats ont le vent en poupe
Newsring, Talkeo, Netoo-débats, ils sont de plus en plus nombreux et demandent votre participation à deux niveaux : donner votre opinion, mais également lancer de nouvelles controverses.
Le plus sérieux est sans conteste Newsring. Parrainé par Frédéric Taddéi, il a une rédaction attitrée. Chaque journaliste arbitre le débat et le replace dans son contexte. C'est donc un véritable site d'information, même si au premier abord, on a l'impression d'une simple machine à pondre des OUI (en bleu) et des NON (en rouge) omniprésents sous chaque question. Les rubriques permettent de mieux s'y retrouver, avec beaucoup de politique et d'économie. Mais aussi quelques questions philosophiques comme « Peut-on revendiquer le droit à la paresse ? » (oui à 83 %) ou « La richesse est-elle immorale ? » (non à 64 %). Newsring a su, dès le début, attirer parmi ses contributeurs quelques pointures d'internet. C'est du reste la principale critique : trop d'influenceurs, pas assez de M. Toutlemonde.
Talkeo et et Netoo-débats semblent beaucoup plus simples. Des sujets très futiles sont abordés comme cet improbable «Chimène Badi : aimez-vous son nouveau style ? » et ce commentaire très limite « 30 kilos de moins c'est très bien. Par contre sa coiffure ne lui va pas du tout. » Rappel : Chimène Badi est une chanteuse...
mercredi 25 janvier 2012
Maki, le lémurien de Fabrice Tarrin, se dévergonde chez Vents d'Ouest
« Le parcours d'un puceau », Vents d'Ouest,13,90 €
mardi 24 janvier 2012
"La Rafale" sur les rails rouges de l'Indochine (Bamboo)
Une vision forte de cette période un peu oubliée de l'Histoire coloniale française. Au début on craint que le train soit omniprésent, mais la pâte de Cothias fait que les hommes et femmes prennent le dessus.
« La Rafale » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €
lundi 23 janvier 2012
Des anomalies parisiennes au centre de "Masqué", nouvelle série de Serge Lehman et Créty
Le premier tome de cette série écrite par Serge Lehman (un des meilleurs auteurs SF français) est époustouflante. D'inventivité d'abord. Ces anomalies imposent une ambiance entre progrès technologique et revival du passé. De psychologie ensuite. Les différents protagonistes, loin d'être d'un bloc, sont complexes. Créty, au dessin, renforce cette image d'un Paris futuriste où tout est possible. Certaines doubles planches méritent d'être exposées tant elles foisonnent de détails. Une série prévue en quatre tomes à paraître en moins d'une année.
« Masqué » (tome 1), Delcourt, 13,95 €
dimanche 22 janvier 2012
Charlotte Blum : «Un fan de série télé doit être patient»
Premier virage avec Twin Peaks. « C'est David Lynch qui l'a écrit et du coup une frontière a été brisée entre la télévision et le cinéma, explique Charlotte Blum. C'est devenu l'endroit où les gens du cinéma voulaient travailler. Une des raisons c'est qu'il y a une liberté extraordinaire que l'on n'a pas sur un long métrage. En plus avec la télé on est chez les gens et on des chances beaucoup plus élevées d'être regardé. »
Mais dans le vaste monde des séries télé, toutes ne sont pas sur un même pied d'égalité. Le projet développé pour un grand Network est « fabriqué à la chaîne » alors que les chaînes câblées « prennent des risques et osent des thématiques complètement nouvelles. » C'est toute la différence entre « Mentalist » et « Dexter », pourtant diffusées en France sur la même chaîne, mais pas au même horaire.
Transgénérationnel
Les séries télé, tout en segmentant le public, permettent aussi à toute la famille de se retrouver autour d'un programme divertissant. « Vampire Diaries », par exemple, tout en surfant sur la mode des vampires chez les adolescents, peut passionner la mère de famille par ses intrigues amoureuses. Et Charlotte Blum de se souvenir de sa découverte d'Urgences avec sa mère qui était accro.
Maintenant, les fans de séries ce sont des « gens qui ont grandi avec et qu'on peut étonner. Ils sont habitués à cette gymnastique d'attendre une semaine, de se concentrer parce-qu'il ne faut pas louper un bout. Un vrai fan de série est avant tout patient », souligne Charlotte Blum.
Aujourd'hui de nouvelles pratiques de consommation apparaissent. Le coffret contenant l'intégrale ou le site internet en streaming permet de tout voir en une journée. Mais cela vient souvent en complément. « Une série comme Lost, peut être vue deux ou trois fois. A chaque visionnage vous découvrirez de nouvelles choses en raison de la richesse de l'intrigue et de l'écriture. » Les séries télé, reines de l'audience, sont une véritable drogue pour certains. Et c'est logique pour Charlotte Blum « dans le sens où on a des doses distribuées à un rythme très réglé. C'est quelques chose qu'on attend, dont a besoin. On ne peut pas commencer et ne pas finir. »
« Séries, une addiction planétaire » de Charlotte Blum est paru aux éditions de la Martinière (35 euros)
Années 50
Au nom de la loi
Années 60
Les mystères de l'Ouest
Mission impossible
En pleine guerre froide, les séries américaines mettent en scène des espions d'un nouveau genre. Déguisements, gadgets, machination : l'équipe de Jim Phelps agit sans filet. Récemment rediffusé sur Direct 8
Années 70
Drôles de dames
MASH
Dérivée du film de Robert Altman, cette série explore deux mondes très prisés par les scénaristes : l'armée et le milieu médical. Avec 250 épisodes, elle fait partie des plus longues.
Années 80
Dynastie
Après le phénomène Dallas, Dynastie s'impose comme l'exemple type de ces séries centrées sur le pouvoir et la richesse. Les personnages sont souvent cupides et prétentieux. Pourtant ils sont des millions sur terre à suivre les aventures de la famille Carrington.
Seinfeld
Années 90
X-Files
Twin Peaks
Quand David Lynch, cinéaste reconnu, accepte de faire une série, cela donne Twin Peaks, souvent considéré comme la meilleure de tous les temps. Sur un grand network (ABC), les Américains de base découvraient leurs propres névroses à travers cette histoire de meurtre mystérieux dans une petite ville paumée.
Années 2000
Lost
Dr House
Les héros antipathiques sont de nouveau à la mode. Si Dexter est un serial Killer, le Dr House règne en tyran sur son service. Le toubib à la canne fait partie de ces séries s'appuyant sur un seul personnage, idéalement campé par l'acteur ad-hoc.
samedi 21 janvier 2012
Des travaux d'avenir grâce à l'inventivité d'internet
Plus le temps passe, plus le réseau prend de l'importance dans notre vie de tous les jours. La semaine dernière se tenait à Las Vegas le CES (Consumer Electronic Show) 2012, véritable vitrine des innovations dans ce domaine. Et la tendance cette année est l'arrivée d'appareils de plus en plus « connectés », du frigo à la voiture. Les tablettes ont fait des petits, se scotchant un peu partout dans la maison. Sur votre frigo, un écran vous indiquera ce qu'il y a dedans, la date de péremption de certains produits frais, voire proposera des recettes en fonction des restes. La voiture, connectée à Facebook, offrira la possibilité, entre autres, de savoir où se trouvent ses amis. Samsung a fait sensation en exposant un écran-fenêtre. Ce grand écran donne l'impression d'être une fenêtre ouverte sur le paysage que l'on veut. Les informations s'affichent en surimpression. Et on peut même fermer des stores virtuels. Dernier avantage : on n'a qu'un côté à laver....
vendredi 20 janvier 2012
Bézian dessine ses souvenirs de Bram, de l'Aude et du Canal du Midi dans "Aller-retour"
« Aller-retour », Delcourt, 16,95 €
jeudi 19 janvier 2012
Comment décrocher des drogues dures ? Passez par "Le château des Ruisseaux"
Plongée dans le monde des drogués, cette BD est inspirée de récits véritables. Presque un reportage même si les auteurs ont « mélangé » les expériences, cela reste très fort et dérangeant.
« Le Château des ruisseaux », Dupuis, 14,95 €
mercredi 18 janvier 2012
"Les petits Mythos" des Dieux en devenir par Cazenove et Larbier
« Les Petits Mythos », Bamboo, 10,40 €
mardi 17 janvier 2012
"Les faux visages" ou quand les Postiches passaient à l'attaque, BD de David B et Tanquerelle
C'est aussi passionnant qu'un polar tant les « tronches » de ces postiches sont fortes et originales.
« Les faux visages », Futuropolis, 21 €
lundi 16 janvier 2012
"Sept naufragés" : enfants perdus sur une île onirique
Ecrite par Andoryss (une jeune auteur de 30 ans), cette histoire intègre la collection « Sept » de chez Delcourt. Dessinée par Tony Semedo, elle est plus onirique que fantastique. Ces enfants perdus, dans tous les sens du terme, sont parfois attendrissants mais aussi un peu inquiétants.
« Sept naufragés », Delcourt, 14,95 €
dimanche 15 janvier 2012
"L'ombre de l'aigle" 2e partie de Kraa de Sokal chez Casterman
Une histoire poignante et des couleurs lumineuses font de cet album une des BD incontournables de la rentrée de janvier.
« Kraa » (tome 2), Casterman, 16 €
samedi 14 janvier 2012
Virus en mutation dans "Rifteurs" de Peter Watts
Camps de réfugiés
Mais dans ce futur proche, des repères restent. Les rares parties côtières épargnées sont toujours longées par un mur infranchissable. Un mur édifié pour empêcher aux réfugiés venus de toutes parts de pénétrer dans cet Eldorado rêvé. Lenie Clarke, en sortant de l'eau, telle une divinité antique, devient un sujet de conversation, puis d'admiration pour les milliers de réfugiés survivant au bord de l'eau. Parqués, mais pas abandonnés. Des machines les nourrissent au quotidien. Un magma de protéines, coupé avec de puissants médicaments pour abolir toute velléité de rébellion. Un homme, tout en se méfiant de Clarke, va lancer un vaste mouvement de grève de la faim. Cela permet aux réfugiés de libérer leur conscience, de retrouver cette volonté d'avancer, de conquérir le pays.
Le Maelström prend le pouvoir
Ce monde apocalyptique, où le clivage entre nantis et moins-que-rien est de plus en plus grand, est surveillé par des drones-robots pilotés par des techniciens bien au chaud dans leurs maisons high-tech. Le roman nous fait découvrir les interrogations d'une de ces surveillantes toute puissante : Sou-Hon. Elle tente de contacter Lenie Clarke alors qu'au même moment des incendies ravagent des régions entières et que le Maelström, l'immense réseau informatique ayant succédé à internet, voit se développer des intelligences artificielles de plus en plus autonomes.
Peter Watts, écrivain canadien, est biologiste marin de formation. Avec ce roman, il quitte son domaine de prédilection pour la terre ferme. Mais ses spéculations sur des thèmes d'actualité (gestion des réfugiés, maîtrise de l'information, nouveaux dangers bactériologiques) cachent un thème plus universel : l'exploration de la psychologie humaine. Il nous avait épaté dans « Starfish », tous les personnages étant des « déviants » (serial-killers, violeurs...). Cette fois, ils sont plus dans la norme, mais tous potentiellement sujets à de graves psychoses. Le constat n'est pas très optimiste. Mais en prendre conscience permettra peut-être d'éviter quelques catastrophes planétaires.
« Rifteurs », Peter Watts, Fleuve Noir, 24 €
Présidentielle : à la santé des candidats
Le site internet « Le vin des présidents » vient de lancer un sondage original demandant aux amateurs de vin d'associer un cru à chaque candidat à l'élection présidentielle afin de définir leur « oeno-profil ». 11 régions sont proposées aux internautes, dont le cru minervois pour le Languedoc. Hier, plus de 3700 votes étaient enregistrés, donnant une bonne indication sur l'image de chacun.
Nicolas Sarkozy, reste très « bling bling » puisque 50 % des votants lui associent le champagne. Breuvage lié au luxe et à la fête, le champagne est également le vin reflétant le mieux la personnalité de Dominique de Villepin. Ces deux candidats semblent à l'opposé complet du minervois, présenté sur le site comme un vin dont les qualités sont d'être « chaleureux, envoûtant, souple et épicé », puisqu'ils ne sont que 3 % des internautes à leur trouver une ressemblance avec ce vin rouge produit dans l'Aude et l'Hérault.
Le champion du minervois est Nicolas Dupont-Aignan, avec un 26 % à prendre avec prudence car les votes sont peu nombreux sur son nom.
François Hollande (et le parti socialiste en général) a toujours obtenu des scores élevés en Languedoc. Mais son nom n'est associé qu'à 11 % au minervois. Pourtant, si l'on a mauvais esprit, les défauts du minervois collent parfaitement avec la caricature du candidat socialiste aux Guignols : « lourd, mou, simple »...
Enfin, Marine Le Pen n'est minervois qu'à 4 %. Les votants préfèrent l'associer à 25 % à un vin d'Alsace. Un vin très féminin, puisqu'il est également celui qui symbolise le mieux... Eva Joly.
vendredi 13 janvier 2012
De la Free(ture) sur la ligne
Tout le monde était pris d'une frénésie numérique à l'annonce de la commercialisation de forfaits à 19,99 euros, voire moins si on passe déjà par la FreeBox pour accéder à internet. Comme si c'était le début d'une nouvelle ère, d'une révolution complète et absolue.
En réalité, ce n'est que l'application d'une recette low-cost ayant fait ses preuves dans le secteur très concurrentiel des fournisseurs d'accès à Internet. Arnaud Montebourg a même osé ce tweet : « Xavier Niel vient de faire avec son nouveau forfait illimité plus pour le pouvoir d'achat des Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans. » Certes les dépenses des Français pour les nouvelles technologies de l'information ont fortement augmenté ces dernières années, mais pas au point de dépasser le montant de leur loyer.
Reste que cet emballement, s'il est un peu surfait, est malgré tout justifié. Pour preuve, sur lindependant.fr, l'USAP reste le maître étalon des attentes des lecteurs. Or hier, l'annonce de la signature de Marc Delpoux au poste de manager n'a vraiment pas fait le poids face au décollage de la fusée Free Mobile.
Wayne Shelton est un retraité actif, comme ses deux auteurs Van Hamme et Denayer
Jean Van Hamme s'en donne à cœur joie dans cette histoire entre rebondissement convenu et véritable surprise. De la BD d'aventure sans prétention. Ni morale, ce qui est plus rare de nos jours...
« Wayne Shelton » (tome 10), Dargaud, 11,55 €
jeudi 12 janvier 2012
Mufle d'Eric Neuhoff et Le Seigneur de la route de Jean-Pierre Gattégno : des cocus magnifiques
Ils sont cocus, mais pas forcément contents les deux héros de « Mufle » d'Eric Neuhoff et « Le seigneur de la route » de Jean-Pierre Gattégno.Sont-ils à plaindre ces hommes délaissés ? Doit-on les prendre en pitié ou les ignorer ? Ne l'ont-ils pas cherché ? Ces deux romans très français sont, en plus de leçons de littérature, des histoires banales dans leur origine. Oui, tout passe, tout lasse, même les amours fusionnelles.
Pierre Raustampon, avant de devenir au volant d'une Mercedes « Le seigneur de la route », titre du roman de Jean-Pierre Gattégno, est un petit professeur insipide. Il a séduit la belle Madeleine car il ressemble au personnage principal d'un tableau exposé au musée des Beaux-Arts de Dijon. Mais Madeleine, insatiable, a trouvé d'autres sosies au « Portrait de jeune homme » d'Emile Savitry. Dernier en date, un riche industriel.
La Mercedes de l'amant
Un jour, rentrant plus tôt que prévu, Pierre découvre, dans son salon, les habits de l'amant de sa femme. Ne voulant pas les surprendre dans le lit conjugal, il s'enfuit. Tout en emportant portefeuille, Iphone et clé de voiture du rival. C'est une puissante berline allemande. Comme envouté, Pierre va se glisser derrière le volant et se lancer dans un road-movie très mouvementé.
Découvrant le plaisir de la vitesse, il fonce sur les autoroutes françaises, à plus de 200 km/h, il double en klaxonnant à tue-tête ces tortues se trainant à 130. Il dort sur les aires de service, paie avec les cartes bleues de l'amant et usurpe même son identité lors d'un contrôle de police. Au bout de plusieurs jours de cavale, Pierre s'étonne de la non réaction de l'industriel. Quittant l'autoroute, il reprend pied dans la réalité et frise la panique. Le policier qui l'a contrôlé a été tué d'une balle dans la tête et les corps de sa femme et de l'amant ont été retrouvés dans l'appartement de Pierre.
Recherché, il va se réfugier dans ce monde impersonnel de l'autoroute. « De nouveau un paysage connu et rassurant. L'interminable ruban gris dont les bords se rejoignaient à l'horizon. » Les affaires de Pierre se compliquent quand il est kidnappé par des apprentis braqueurs, qu'il prend conscience qu'il est aussi recherché par des tueurs russes et qu'il tombe amoureux de Muriel, la femme de son malheureux rival.
Jean-Pierre Gattégno laisse alors libre cours à son imagination, ne lésinant pas sur les coups de théâtre ni les incongruités comme cette analyse d'un hold-up, transformé... en plan de dissertation.Le souvenir de Charlotte
Tout aussi percutant est le « Mufle » d'Eric Neuhoff. Dans ce court roman, le narrateur, la cinquantaine, tombe des nues : Charlotte le trompe. « Un amant. Elle avait un amant. Quel mot étrange. Nous ne sommes même pas mariés. L'amant, c'était moi. De quoi avais-je l'air ? Ma maîtresse a un amant. La phrase sonnait comme du boulevard. » Dans un premier temps, il est totalement anéanti. En perd le sommeil. Ne pense qu'à ça. Il l'aime toujours. Cela donne de superbes pages, d'un lyrisme étonnant sous la plume d'un Eric Neuhoff habituellement plus caustique. « Tu étais noble, farouche, conquérante. Tu semblais voler de victoire en victoire. Tu t'endormais d'un coup et ton visage devenait soudain celui d'une autre. Ton long corps amolli, souple plein. C'était un vrai corps. Je m'y noyais. »
Des mois de souffrance et puis un jour comme les autres, « devant la cage aux orangs-outans, il décida de la quitter. » Une nouvelle vie commence. « Je ne t'oublie pas, Charlotte. Je prends mes distances. Je ne te connais plus. »
« Mufle » est un petit bijou d'écriture, vif, entraînant, si distrayant. Une Charlotte en papier...
« Le seigneur de la route », Jean-Pierre Gattégno, Calmann-Lévy, 17,50 €
« Mufle », Eric Neuhoff, Albin Michel, 11,90 €