Dans ce roman de Colin Harrison, un avocat pour une compagnie d'assurances enquête sur les dernières heures d'un héritier tué dans un accident de la circulation.
Héros atypique, intrigue à tiroirs, cadre unique (New York) et absence de violence : « L'heure d'avant », roman noir de Colin Harrison, est tout sauf un stéréotype du genre. Pourtant on est rapidement passionné par ce récit, tout en longueurs, où le héros semble parfois trop humain pour affronter ce monde de secrets et de magouilles.George Young, héros et narrateur, raconte cette histoire avec un air bonhomme et tranquille. Comme s'il voulait ne pas être plus affecté que cela par cette histoire de mère désirant tout savoir sur les dernières heures de son fils mort écrasé dans la rue. Pourtant il ne sortira pas intact de cette éprouvante recherche dans le passé.
Cet avocat pour une compagnie d'assurances mène une vie relativement tranquille entre ses dossiers techniques, sa femme, travaillant elle aussi dans un bureau (mais pour une banque) et sa fille, étudiante. Mais il vit à New York et cette ville n'est pas comme les autres. Multitude des origines, possibilité de passer inaperçu, chance de refaire sa vie : souvent on ne sait pas exactement à qui on a affaire.
Tué par un camion-benne
La veuve de son ancien patron va lui demander un service personnel. Fâchée avec son fils Roger, elle veut savoir pourquoi, une heure avant sa mort, il s'est rendu dans un bar bien particulier. George Young hésite à s'investir dans cette étrange lubie. Il se lance finalement et découvre un DVD sur lequel se trouve un enregistrement d'une caméra de surveillance. On y voit Roger Corbett, la cinquantaine, un peu ivre, sortant du bar. « Il glissa la main gauche dans la poche de son manteau pour en extraire un petit bout de papier qu'il tenait manifestement à examiner – l'approchant de son visage, comme pour relire un message dont il venait de prendre connaissance -, quand le camion-benne d'une société privée qui arrivait sur sa droite le percuta de plein fouet. » En se rendant dans le bar, George apprend que Roger venait de donner un coup de fil avec son portable.
Peu de temps avant, il était en compagnie d'une superbe femme portant des gants. Retrouver le bout de papier, le dernier correspondant et la jeune femme lui permettrait de progresser. Rapidement il localise la femme aux gants, « une très grande brune, mince, dans les vingt-cinq ans, portant des lunettes de soleil, un manteau rouge, et... des gants. »
Jolies mains
Eliska, Tchèque, est mannequin. Du moins ses mains, utilisées pour présenter des montres et autres bijoux. Elle expliquera que son amant était très perturbé par le passé de son père, l'ancien patron de George.
Colin Harrison mène son roman comme une promenade dans le temps et l'espace. Différents quartiers de New York servent de cadre à cette intrigue qui s'étale également dans le temps. Au fil des chapitres le lecteur en apprendra un peu plus sur le base-ball, le rhodium, « un métal précieux d'une grande rareté, utilisé dans l'industrie et en joaillerie », le travail des traders, les divorces coûteux et la diaspora russe. George, lui, se retrouve beaucoup plus impliqué qu'il ne croyait au début, dans cette histoire de fils s'interrogeant sur la jeunesse de son père.
« L'heure d'avant », Colin Harrison, Belfond, 17 €