Dans la garrigue sèche héraultaise, les flammes dévorent tout sur leur passage. Pompiers et incendiaires s'affrontent dans la « Promesse du feu ».
A proximité du Lac du Salagou, sur les hauteurs du département de l'Hérault, le premier feu de la saison met pompiers et pilotes de Canadair en alerte. Cet incendie, qui rapidement prend de l'importance, a débuté par l'accident puis la combustion d'un 4X4. A son bord Baptiste Legendre, garde forestier. Dès les premières pages de ce thriller français signé Mikaël Ollivier, seul le lecteur sait que Legendre, mort dans sa voiture, a en fait été assassiné. Drogué, attaché à son volant, il a assisté à sa propre mort, dévoré par les flammes issues de l'essence de ses tronçonneuses renversée dans sa voiture par son meurtrier.
Un foyer qui va vite s'étendre aux alentours. Entre alors en action Târiq Amraoui, ancien de l'armée de l'air, reconverti dans la sécurité civile, pilote de Canadair 38. Ce fils d'immigré, issu des cités de la région parisienne, a découvert l'aviation en scrutant les gros porteurs rasant le toit de son immeuble. Il a beaucoup travaillé pour accéder à son rêve. Pour lui et sa mère, morte alors qu'il venait de réussir son bac avec mention.
Fascination du feu
Après des années à piloter des Mirage, il a refusé la reconversion lucrative de l'aviation d'affaires pour continuer le combat, dans le civil, contre le feu cette fois. Dans la fournaise, se trouve également Tiffany Roche, ancienne petite amie de Legendre, photographe. Armée de ses deux appareils, un Leica argentique et un Nikon numérique, elle veut capter la violence du feu au plus près. Au risque d'y laisser sa chevelure rousse.
Ces cinquante première pages permettent à l'auteur de décrire avec un étonnante précision la fascination de la photographe pour cet incendie de forêt progressant à la vitesse d'un cheval au galop : « La forêt se tordait, impuissante, soumise à la langue fauve de l'incendie qui s'immisçait au creux des racines et s'étirait jusqu'à lécher la cime des arbres qu'elle nettoyait comme des os. L'air crépitait, claquait, craquait, gémissait sous l'avancée du sinistre aux ronflements de forge. » Vu du ciel, du cockpit de Târiq, le spectacle aussi vaut le détour : « La fournaise était en vue. La limite mouvante de l'incendie mangeait la cime des arbres, des flammes gigantesques jaillissaient et disparaissaient au gré des bourrasques de vent. »
Jeune gendarme persévérant
Une fois l'incendie éteint, les avions rentrés à la base et Tiffany à l'abri, place à l'enquête. Elle sera menée par Damien Le Guen, gendarme scientifique, exactement technicien d'identification criminelle. Il fera les premières constatations sur le cadavre calciné de Legendre. L'hypothèse de l'accident semble la plus plausible. Mais c'est la première enquête en solo de Le Guen et il va explorer toutes les pistes. Celle de la petite amie, des pompiers présents sur l'incendie, à terre et dans le ciel. Aidé de sa mère, retraitée passionnée par les romans policiers, il va tenter de découvrir la vérité.
On croit alors entrer dans un roman policier plus classique mais Mikaël Ollivier va prendre ses lecteurs à revers, laissant passer du temps et orientant son texte vers un récit plus psychologique. On découvrira ainsi les névroses de Tiffany, la solitude de Damien et l'esprit de revanche de Târiq. Un trio au centre du roman qui reprendra son cours plus tragique l'été suivant pour un nouvel incendie, le dernier d'une longue série.
« La promesse du feu », Mikaël Ollivier, Albin Michel, 19,90 €
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