Le héros décalé d'Olivier Gay, quitte l'Hexagone pour sa quatrième aventure. Danger permanent malgré le cadre idyllique : une ile paradisiaque dans l'Océan Indien.
Quand un écrivain tient un bon personnage, il s'y accroche et ne lâche pas l'affaire. Olivier Gay a débuté sa carrière avec un roman policier mettant en scène les déboires de Fitz, un dandy qui passe ses nuits dans les clubs à séduire les femmes et revendre de petites doses de cocaïne. Fitz, fataliste, pleutre, sans foi ni loi. Pas spécialement le héros auquel on aime s'identifier. Et pourtant...
Tout le talent d'Olivier Gay est de rendre sympathique ce prétentieux à qui on aimerait parfois fracasser une bouteille de vodka sur le crâne. Ses histoires de cœur, sa fidélité en amitié, ses gueules de bois lui confèrent un côté gros nounours qu'on désire protéger. Pour cette quatrième aventure, Fitz va délaisser les boites branchées de Paris pour se frotter aux plus grosses fortunes de la planète, sur une île paradisiaque dans l'Océan indien, au cours d'une vente aux enchères d'œuvres d'art rares et hors de prix.
Service à rendre
Mais tout commence par une soirée comme toujours dans la vie de Fitz. Il danse et drague, tout en repérant des clients potentiels. Pas de chance, la jolie nénette sur qui il flashe est en réalité une flic des stups. Heureusement une fusillade dans le club lui permet de prendre la poudre d'escampette. Chez lui, il est accueilli par un message de Bob, son ami hacker. Ils communiquent par ordinateurs interposés. Fitz a une dette envers Bob et ce dernier entend bien se faire rembourser. Il demande à Fitz de se faire passer pour un riche amateur d'art, de participer à la fameuse vente aux enchères et de profiter de son séjour sur l'ile pour poser un mouchard espion sur l'ordinateur du milliardaire organisateur.
Une mission à la OSS 117. Ou tendance San Antonio quand Frédéric Dard le faisait voyager aux quatre coins de la planète. Le roman est bourré d'ironie sur les doutes de Fitz. Il sait que la mission n'est pas sans risque. Comme il ne peut refuser, il décide de se préparer physiquement en demandant à son ami Moussah, colosse officiant comme vigile, de lui apprendre les rudiments du combat. « Pendant des années, je n'avais joué que le rôle de victime. Je m'étais laissé attacher, tabasser, tirer dessus, cogner dans la rue, dans mon appartement, sans jamais pouvoir riposter (…) J'avais envie, pour une fois, de ne pas me montrer aussi faible et ridicule que d'habitude. » Mais en deux jours, impossible de faire des miracles. Verdict de Moussah : « Y a des mecs doués, et des mecs pas doués. Toi, tu es juste irrécupérable. » Donc une fois sur l'île, Fitz va encore en prendre plein la tronche.
Par chance il est toujours aussi intelligent et est accompagné de Jessica, son ex petite-amie par ailleurs commissaire de police rompue, elle, à tous les arts martiaux. Autant roman psychologique que polar, « Trois fourmis en file indienne » fourmille de scènes cocasses, de personnages hauts en couleurs et de coups de théâtre alambiqués, grande spécialité d'Olivier Gay.
« Trois fourmis en file indienne », Olivier Gay, Éditions du Masque, 16 €
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