Maxime Chattam est obsédé par le mal. Et la violence qu'il engendre. Son thriller « La conjuration primitive » en est le parfait exemple.
Quand Maxime Chattam n'écrit pas des romans fantastiques (la série Autre-Monde), il signe des thrillers a vous filer des sueurs froides. Il semble passer beaucoup de temps à peaufiner les personnages de tueurs en série et leurs techniques. Parfois, on se demande s'il n'est pas lui-même un psychopathe devenu écrivain pour assouvir ses pulsions. D'autant que ses héros « positifs », face à l'innommable, basculent eux aussi parfois dans une forme de violence sauvage. Mais non, Maxime Chattam est juste un auteur plein d'imagination, parfaitement capable de s'immerger dans un milieu, le décrire, le comprendre, tout en ne se déconnectant pas de la réalité, de sa vie normale, forcément normale alors que le roman est violent, forcément violent.
Gendarmes en civils
Résolument français ce thriller, même si sa construction, son suspense, son dénouement, font penser aux meilleurs titres américains. Français dans le choix de la profession des « héros ». Alexis et Ludivine sont gendarmes. Mais pas des militaires à cheval sur la tenue réglementaire et habitués aux contrôles radars en bord de route. Non, ils font partie de la crème de la gendarmerie, la section de recherches de Paris. Et la plupart du temps, ils sont en civils.
Alexis est à la tête d'un petit groupe chargé d'enquêter sur des meurtres sauvages se multipliant en France. Deux tueurs sont identifiés. Le « Fantôme » car il ne laisse aucune trace dans les appartements de ses victimes. Les enquêteurs retrouvent même les portes fermées à clés. La « bête », surnommée ainsi en raison de l'état de ses victimes, dépecées, en partie mangées par leur bourreau. Deux tueurs mais une seule et unique signature, une marque, gravée à même la peau : « *e ».
Meurtres simultanés
La première partie du roman, entre les scènes de crimes abondamment décrites, détaille les recherches des enquêteurs sur la signification du symbole. Le torturé Alexis et la blonde sportive Ludivine recevront l'aide d'un profileur, Mikelis, capable de se mettre dans la tête des assassins. Tout se complique quand des cadavres sont retrouvés en Pologne et en Espagne, qu'un jeune drogué tue trois personnes au hasard dans une gare et que le Fantôme et la Bête tuent, à des centaines de kilomètres de distance l'un de l'autre, mais exactement au même moment. Plus de doute, tout est lié : les tueurs en série sévissent de concert.
Cette idée de conjuration du mal permet à Maxime Chattam de prolonger ses précédents titres (notamment « La théorie Gaïa ») sans s'affranchir des rebondissements typiques de ses œuvres. D'un petit village du Lot-et-Garonne en passant par l'Écosse et la région parisienne le lecteur sera ravi des voyages. Même si souvent c'est pour admirer des cadavres éviscérés ou des montagnes de squelettes...
Michel LITOUT
« La conjuration primitive », Maxime Chattam, Albin Michel, 22,50 €
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire