Chronique : RIP Léon Vivien sur Facebook
« Je ne suis plus un homme du vingtième siècle, je suis un soldat de Crécy, un soudard du Moyen Âge, un fantassin sans armure. J'ai peur, Madeleine. Je t'aime. Ils arriv » Léon Vivien, instituteur, a posté son dernier message sur Facebook le 22 mai 1915 à 12 h 20. L'opération du Musée de la Grande Guerre s'est achevée dans la boue, les larmes, le sang et la violence. Comme la vie de millions de soldats, des deux camps. Plus de 56 000 personnes ont suivi le destin brisé de Léon et la détresse de sa femme, Madeleine, jeune maman d'un petit Aimé qui ne connaîtra jamais son père. Au cours des mois d'avril et mai 1915, Léon prend conscience de l'horreur de cette boucherie. Après l'enthousiasme de l'entraînement et la naissance de nouvelles camaraderies, la folie des officiers, la rage des ennemis et les conditions de vie en constante détérioration plombent le quotidien des tranchées. La veille de sa mort au combat, Léon, de plus en plus réaliste, raconte comment la troupe est équipée de nouvelles armes : « Des couteaux de boucher ; c'est idéal pour dépecer l'ennemi et ça nous rappelle ce que nous sommes, nous, les biffins : rien de plus que de la viande en uniforme... » En illustration, terminés les sourires de Poilus sûrs de leur force. Les monceaux de cadavres et les champs éventrés par les obus donnent une idée de l'enfer. Et puis il y a le dernier message de Madeleine après le statut inachevé de Léon. « Réponds-moi, je t'en supplie... » Toute la détresse d'une génération sacrifiée. Poignant.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.
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