On va finir par le regretter notre Monarque Étincelant. Nicolas 1er n'est plus au pouvoir. Patrick Rambaud raconte ses derniers mois au Palais.
Soulagé. Patrick Rambaud remercie les Français d'avoir suivi son conseil à la fin de la cinquième chronique du règne de Nicolas 1er. En disant « Dégage ! » au « Sautillant monarque », le peuple a mis fin à un feuilleton à succès. Mais l'auteur le reconnaît dès les premières pages, « J'avoue, je n'avais pas le courage d'en reprendre pour cinq ans, tant ce travail de soutier épuise le style et le moral. » Exit donc sa « Désopilante Majesté » et place à François IV, Monsieur de la Corrèze, le roi normal. Un an après, cette version satirique et décalée de la campagne présidentielle nous remet en mémoire quelques péripéties déjà oubliées. Ainsi va la politique en France, superficielle et amnésique.
Dans cette Chronique, la dernière donc du règne de Nicolas 1er, Patrick Rambaud semble avoir pris encore plus de recul. On sent que l'auteur a mis sa plume de côté durant les joutes électorales. Comme pour laisser décanter les soubresauts d'une campagne menée au jour le jour, sans profondeur. Cela permet de mieux appréhender les erreurs des uns et des autres.
Avant l'affrontement final, notre « Croustillante Sérénité » assiste goulûment à la désignation du prétendant du « parti Social ». Il jubile quand il apprend la victoire de Monsieur de la Corrèze. Nicolas 1er et ses conseillers pensent pouvoir croquer sans difficulté ce « mou ». C'est aller vite en besogne. Premier à s'être déclaré, Monsieur de la Corrèze a surmonté l'obstacle DSK, puis bataillé contre Madame de Solférino et l'archiduchesse des Charentes. « Il aspirait au Trône dès le couffin et trépignait le jour des Rois s'il n'avait point la fève de la galette tant il désirait se coiffer de la couronne de papier doré. »
Feu Notre Prince
Le chroniqueur, comme lassé par les frasques du monarque en place, consacre presque plus de place au futur roi « normal ». Et malheureusement, il est beaucoup moins incisif. Difficile de retrouver la même méchanceté contre un homme au parcours droit et sans faille. De pamphlet, le livre devient presque éloge. Par bonheur, Nicolas 1er, avant de quitter le Palais, a dérapé de nombreuses fois. On appréciera notamment son passage au Pays Basque. Une des rares occasions où son service de sécurité a oublié de trier le peuple. Conspué, brocardé puis assiégé dans un bistrot, il découvre que la bataille sera beaucoup plus rude que prévue.
Battu, « Feu Notre Prince» a fait une sortie honorable. Apaisé, comme si lui aussi subissait ce règne et cette dernière année qualifiée de « matamoresque et dangereuse » par Patrick Rambaud. Le dernier chapitre est entièrement consacré à l'avènement de François IV. Et l'entrée en scène, enfin, de la première concubine. Bizarrement, elle est totalement absente de la campagne, mais c'est comme pour mieux exploiter les écarts de la « Marquise de Pompatweet » une fois installée au palais. Elle a un sacré potentiel cette intrigante au rôle obscur. On en regretterait presque que le feuilleton s'achève. A moins qu'un billettiste, de droite et talentueux si possible (oui, cela existe), se décide à prendre la relève de Patrick Rambaud, « écrivain précaire » selon sa biographie officielle, pour nous relater les dessous du règne de « François IV, dit le Normal ».
Michel Litout
« Tombeau de Nicolas 1er et avènement de François IV », Patrick Rambaud, Grasset, 16 €
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