jeudi 31 mai 2012

Billet - Candidats aux législatives et affiches improbables


Vous étiez un peu déçu, l'élection présidentielle, en dehors de Jacques Cheminade, manquait d'originalité. Vous pourrez vous rattraper avec les législatives.

Des milliers de candidats et parmi eux quelques perles. Un site, LOLgislatives 2012 répertorie les affiches les plus décalées. Près de chez nous, en Ariège, la pulpeuse Céline Bara a déjà fait le buzz. Ancienne star du porno, elle regarde l'électeur droit dans les yeux. Lequel (la gent masculine en particulier) aurait plutôt tendance à loucher sur une autre partie de son anatomie parfaitement mise en valeur sur l'affiche...

Pierre Guiraud, lui, n'en est pas à son coup d'essai. Mais cette fois, il a pu se présenter à Lodève dans l'Héraut sous son nom de scène : Pierrot le Zygo. Son emblème, un âne car Pierrot est « têtu comme une mule ! »

Le site LOLgislatives a déniché ces candidats improbables grâce à ses nombreux contributeurs. Philippe Gautry, « candidat loyal » se met en scène tel un James Bond en action avec silhouette féminine sur fond d'Assemblée nationale. Gregory Berthault, écologiste, pose tout sourire avec... un furet dans les bras.

Il y a aussi ceux qui ont un patronyme difficile à porter. Un candidat socialiste nommé Podevyn, prémonitoire même s'il ne se présente pas à Marseille ? L'herbe n'est pas plus verte à l'UMP, Jack-Yves Bohbot brigue un poste de député à Paris.

Martine Croquette, Florence Perdu, Jean-Paul Mordefroid, Annie Fouet... Vous êtes prié de voter, pas de rire bêtement dans l'isoloir !

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce jeudi matin à la dernière page de l'Indépendant) 

mercredi 30 mai 2012

Roman - Jacques-Pierre Amette et Julie Resa écrivent des histoires de rupture

Quel est le point commun entre une balade romaine et la quête d'une voiture ? Ces deux romans se concluent sur une rupture amoureuse...

Paul est-il le prénom des hommes malheureux en amour ? Paul est journaliste dans « Liaison romaine » de Jacques-Pierre Amette. Paul est informaticien dans « Un enfant ou une voiture » de Julie Resa. Deux personnages masculins principaux, un seul prénom et un statut en commun : abandonné par les femmes de leur vie. Mais si le premier roman, très littéraire, plein de référence à Rome (omniprésente dans cette belle et triste histoire d'amour) laisse un goût amer au lecteur, le second, plus léger et terre-à-terre, se termine par un de ces coups de théâtre que seules les auteurs femmes savent imaginer.

Paul, grand reporter dans un magazine parisien, est envoyé à Rome pour couvrir les obsèques de Jean-Paul II. Il y va en dilettante. La religion l'ennuie, le bal des évêques l'indiffère. Il va imaginer une ferveur dans les rues d'une capitale qui en réalité continue à vivre la « dolce vita » quels que soient les événements.

Ce qui importe à Paul c'est que Constance, sa jeune compagne, le rejoigne. Cela fait huit ans qu'il vit avec elle. Mais la complicité des premiers moments semble s'être érodée. Elle est distante, moins attentive. Paul en a conscience mais ne veut pas voir la réalité en face. Il préfère profiter du moment présent. Et n'hésite pas à déshabiller des yeux les jolies Romaines. Alors qu'il peine à écrire trois lignes sur ces obsèques historiques, il se demande « Pourquoi manquait-il une cloison dans mon espace mental pour marquer la différence entre soucis professionnels et batifolages érotiques ? Pourquoi n'avais-je pas cette paroi étanche – comme tout le reste de l'espèce humaine – qui sépare nettement les pensées divines et les zigzagantes pensées profanes qui s'étendaient comme un brouillard de concupiscence sur tout ce que j'entreprenais ? »

Paul est un doux rêveur. Pourtant il va finir par retomber sur terre. Son papier, mauvais, est refusé. Surtout, Constance lui avoue qu'elle a rencontré quelqu'un d'autre. « Le temps changea, devint profond, noir, ardoisé. Les gargouilles crachotaient de minces filets d'eau dans des vasques nues. J'observais ce jardin comme un versant du paysage destiné à disparaître, un versant de ma vie en train de s'effacer. » Jacques-Pierre Amette donne à son roman plus de profondeur, une grandeur de portée universelle. A cet instant, tout homme délaissé un jour par une femme aimée se retrouve dans ce tournis, cette fragilité.

Notre enfant, ma voiture

Le roman de Julie Resa s'achève lui aussi par le départ de la femme, Babette. Mais cette fois le Paul de « Un enfant ou une voiture » est beaucoup moins à plaindre. Informaticien, il fait en train, tous les jours, le trajet entre Chambéry et Lyon. Il en a assez de perdre son temps dans ces transports en commun toujours en retard. Il décide d'acheter une voiture et sa recherche du bolide parfait va lui faire perdre contact avec la réalité.

Babette, elle, n'a qu'un but : avoir un enfant. Épanouie dans son travail, elle espère cette grossesse. En vain.

Ces deux êtres humains, amoureux l'un de l'autre à la base, vont basculer dans deux obsessions différentes et antinomiques. Julie Resa, avec grâce, humour et brio, va se moquer de Paul, si perfectionniste dans son choix qu'il en oublie de trancher. Babette, dont on comprend le désespoir, va finalement trouver une solution expéditive pour accéder à son Graal.

Un petit roman très actuel, illustrant aussi le calvaire des Parisiens expatriés en province pour un soit-disant confort de vie qui se retourne souvent contre eux.

« Liaison romaine », Jacques-Pierre Amette, Albin Michel, 15 €

« Un enfant ou une voiture », Julie Resa, Buchet-Chastel, 13 €


mardi 29 mai 2012

BD - Pilote Tempête, quand la BD de science-fiction était publiée dans les quotidiens français


On l'a oublié aujourd'hui mais durant de longues décennies, la bande dessinée avait droit de cité dans les quotidiens français. De Varly Edition, dans sa collection BDTrésor, propose un éclairage savant signé François Membre sur une de ces séries, aujourd'hui tombée dans l'oubli, mais qui a passionné des milliers de lecteurs de 1955 au milieu des années 70.
Pilote Tempête, Storm Pilot dans sa version originale néerlandaise, est l'oeuvre de J. Henk Sprenger. Il livrait quotidiennement un strip de trois cases avec un long texte descriptif en dessous. Cette matière première, publiées dans des dizaines de journaux en France et en Belgique, a été remaniée pour en faire des histoire complètes et cohérentes, avec simplement des bulles pour les dialogues.
Pilote Tempête sera le héros de la revue Spoutnik, des éditions Artima, durant 34 numéros de 1950 à 1960. La parution cesse plus par manque de matière première que par désintérêt du public. Spoutnik (comme Météor, son prédécesseur) est aujourd'hui très recherché par les collectionneurs de comics des années 50.
Le dossier de François Membre retrace toute la carrière de ce fougueux pilote de chasse, transformé en astronaute après son enlèvement par des extra-terrestres. Il vivra des aventures dans la plus pure tradition du space-opéra, avec monstres hostiles, bébêtes envahissantes et risque de destruction de la race humaine. Si les premiers épisodes font un peu penser à Flash Gordon, les suivants se démarquent en introduisant des personnages secondaires plus consistants et des intrigues plus humaines.
Les 50 pages sont richement illustrées de dessins extraits des strips de Sprenger. Un dessin réaliste très correct, loin des bandes bâclées servant souvent à boucher des trous dans des quotidiens peu exigeants.

« Pilote Tempête » de François Membre, De Varly édition, 20 euros

lundi 28 mai 2012

Billet - Quand trop de kitch tue le kitch à l'Eurovision...


Samedi soir, je me faisais une joie de regarder le concours de l'Eurovision, un œil rivé sur les piques caustiques des twittos. Et j'ai été déçu... Le second degré est délicat à manier. Pour se moquer d'un programme, encore faut-il qu'il ait un minimum de substance. Hélas, voilà bien longtemps que cette gigantesque foire de la chanson formatée touche le fond... sans en avoir. Comment se gausser des mamies russes ? Ou de la coiffure de la chanteuse albanaise ? Certains candidats s'avèrent déjà tellement ridicules dans le kitch qu'ils annihilent d'entrée toute critique.

En lisant les tweets sur l'Eurovision, je n'ai pas plus souri qu'en la regardant tout court. Pour être honnête, quelques réflexions sur les gymnastes de la chanteuse française Anggun ont fait mouche. « C'est les pompiers gymnastes qui sautent partout là ? Planquez les bouteilles de champagne » ironise @Nophie alors que @Goethe59 estime que la 22e place de la France (sur 29) c'est parce que « Nos gymnastes étaient trop habillés... Je vois que ça ! ». Anggun n'a récolté quasiment que des éloges. Le choix était bon, la chanson assez entraînante.
Mais selon la majorité des commentateurs, la défaite était inéluctable, notamment car en Europe « la France n'est pas aimée » regrette @Aurelie_Mallow. A la fin du concours, certains comme @NaMy_24 ont demandé le recours suprême : « Hollande devrait retirer les troupes françaises de l'Eurovision. »

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi 28 mai)

dimanche 27 mai 2012

BD - Voir Biribi et mourir au centre du premier titre de la nouvelle collection "La grande évasion"


Alors que la nomination d'une nouvelle garde des Sceaux suspectée « d'angélisme » par la droite crée la polémique, la lecture de « Biribi », premier tome de la nouvelle série La grande évasion devrait remettre les pendules à l'heure. Certes on est plus laxiste actuellement, mais n'est-ce pas mieux que le sort réservé aux prisonniers au 19e siècle ? L'album, écrit par Sylvain Ricard d'après une histoire vraie et dessiné par Olivier Thomas fait froid dans le dos. Ange, souteneur Corse et soldat allergique à l'autorité, est condamné à passer quelques années dans le bagne de Biribi au cœur du désert marocain. Il va devoir tenter de survivre entre les brimades des gardiens et les humiliations des autres détenus. Mais Ange n'a qu'une obsession : s'évader. Il va longuement préparer son coup et tenter la grande traversée, sans eau ni vivres, en compagnie de trois autres parias. Une BD d'une rare dureté. Le Chaourch (chef du bagne) impose la règle des trois D : Discipline, discipline et discipline. Avec brimades à la clé à chaque désobéissance.

« La grande évasion » (Biribi), Delcourt, 14,95 €


Billet - Facebook a sa Camera au détriment de toute logique économique

Mark Zuckerberg avait un milliard de dollars à perdre. Il y a un peu plus d'un mois il annonçait avoir racheté Instagram, le logiciel de retouche et de partage de photos, pour cette somme astronomique. Hier, Facebook a officiellement dévoilé « son » propre logiciel, Facebook Camera. Il permet, à peu de choses près, de faire les mêmes opérations qu'avec Instagram. Donc, le réseau social qui vient d'être introduit en bourse a racheté très cher quelque chose qu'il avait déjà dans ses cartons... La logique sur internet est parfois déroutante.

Mais on ne manque jamais d'économistes en herbe sur le net. Et ce qui paraît une aberration financière à première vue peut être facilement expliqué. Première hypothèse, Facebook Camera n'a que peu de chance de s'imposer face à son prédécesseur. Autant anticiper l'échec et racheter la concurrence.

Autre version, Facebook Camera est un pur plagiat d'Instagram. Avant de perdre des plumes dans un procès, mieux vaut acquérir l'original pour éteindre tout risque de poursuites...

La dernière, la plus tordue : face à l'échec de l'introduction en bourse, faire diversion. Annoncer une nouveauté (même si cela n'en est pas vraiment une) permet de provoquer un contre-buzz. Au moins, tant qu'on parle de Facebook Camera sur les réseaux sociaux ou dans la presse, on ne parle pas du cours de l'action... A ce niveau, le tour d'entourloupe digne des pires politiciens est magistralement exécuté.

(Chronique ça bruisse sur le net" parue samedi 26 mai en dernière page de l'Indépendant) 

samedi 26 mai 2012

Billet - Le ridicule rend célèbre et peut rapporter gros

Depuis toujours, on peut devenir célèbre pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Un phénomène amplifié avec internet et ses milliers de possibilités de se faire remarquer. Régulièrement éclosent des « stars » éphémères. Juste le temps de nous faire sourire. Car ils sont ridicules et ils nous font rire. Ils sont anormaux face à notre normalité et cela suffit pour que, tels des moutons, on se précipite vers leurs pitoyables pitreries.

Joharno est très connu en Belgique. Joharno est un supporter du club phare d'Anderlecht. Il semble toujours à moitié ivre et annone ses réflexions brouillonnes et confuses, face caméra. Il pimente ses analyses footballistiques de quelques plaisanteries grivoises et sentences machos. Aujourd'hui, Joharno est le seul Belge à vivre du revenu de ses vidéos postées sur Youtube...

Dans le même style, en France, nous avons Jean-Pierre Herlant. Il a publié quantité de vidéos sur Youtube sur tout et n'importe quoi. Pas de mise en scène, juste un gros plan de lui avec à l'arrière l'entrée de son appartement encombré. Jean-Pierre est devenu célèbre quand un animateur radio s'est moqué de lui. Réponse immédiate de Jean-Pierre : « Arrêtez de triquiter mes vidéos. (Jean-Pierre, en plus de loucher et d'être myope, a un défaut de prononciation) Pourquoi que vous vous en faisez pas des vidéos au lieu de triquiter ? » Bilan, plus de 3 millions de vues. Tout le monde se moque de Jean-Pierre. Jean-Pierre s'en fout, il encaisse...


(Chronique "ça bruisse sur le net" parue le vendredi 25 mai en dernière page de L'Indépendant)

BD - « Sexe, désirs et petites contrariétés » c'est mieux que l'amour


Rien de tel que l'humour pour parler des choses de l'amour. Et pas le platonique, plutôt le trash, celui avec accessoires et secrétions. Pluttark explore toutes les déviances des pratiques sexuelles de ce siècle naissant. Des gags parus dans le magazine Fluide G, au dessin rond et coloré, en total décalage avec les situations parfois très extrêmes. Mais n'espérez pas vous rincer l'œil en feuilletant cet album. 

Les images sont très sages. Tout est dans les dialogues. Techniques de drague, comparatif de position, pratiques peu orthodoxes : l'auteur satisfait toutes les couches de la population, de la mamie (à la recherche d'un sextoy lui rappelant Jean Gabin), aux jeunes cadres dynamiques, pressés d'en finir avec leur compagnes pour mieux prendre leur pied en surveillant l'érection de la courbe de leurs dividendes... C'est moderne, souvent bien vu et tout le temps hilarant.

« Sexe, désirs et petites contrariétés », Fluide G. 13 € 

vendredi 25 mai 2012

BD - Tous azimutés dans le monde imaginé par Lupano et Andréae


Jean-Baptiste Andréae est un formidable dessinateur à l'imaginaire foisonnant. Si vous en doutez, plongez dans le premier tome de cet « Azimut », une série poético-merveilleuse écrite par Wilfrid Lupano. « Les aventuriers du temps perdu » se déroule dans un royaume où les lapins font de l'avion-stop, les oiseaux pondent des œufs métalliques et le roi est sous le charme de Manie, une ravissante jeune femme très attirée, elle, par l'argent. 

Un peintre, qui a croisé la route de Manie, va tout faire pour la retrouver. Il arrivera au bon moment, quand les juges suprêmes décident de condamner l'intrigante suspectée d'avoir dérobé le pôle Nord. Elle s'éclipsera en ôtant sa vaste robe (strip-tease gratuit où Andréae démontre sa parfaite maîtrise de l'anatomie féminine) pour la transformer en montgolfière. 

Avec une trouvaille par case, cette BD fait furieusement penser au monde de Lewis Caroll, avec une pointe de Moëbius dans le graphisme. A lire en se détachant de toute contingence matérielle et loin des réalités de la vraie vie, triste et grise.

« Azimut » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,90 €


jeudi 24 mai 2012

BD - Fureur verte pour une jeune Allemande perdue en Amazonie


Tout est possible dans les confins de l'Amazonie. Par exemple croiser un sous-marin allemand rescapé de la seconde guerre mondiale. Il vogue sur un bras de l'Orénoque. A ses commandes, un ancien soldat et sa fille, Eva. 

On est dans les années 60, les Indiens sont de plus en plus chassés de leurs terres, les nouveaux propriétaires règnent par la terreur. Eva, malgré ses cheveux blonds et sa beau blanche, est plus à l'aise avec les sauvages que seule et désœuvrée dans les cales du navire aux lourdes odeurs de diesel. Mais elle rêve quand même de jolies robes et de rencontres avec des hommes distingués, ceux qu'elle admire dans les vieux Paris Match volés par son père. 

Dans ce cadre atypique et avec ces personnages hors normes, Jean-Louis Fonteneau déroule un récit qui de social et d'historique va dévier vers un fantastique pur et dur. Matteo Simonacci, au dessin, donne la pleine mesure à son art quand le surnaturel prend le pouvoir.

« Furya » (tome 1), Glénat, 13,90 € 

mercredi 23 mai 2012

SF - Des combats d'enfer dans "Butcher Bird" de Richard Kadrey

Une princesse aveugle, devenue tueuse, part au combat, en Enfer, avec le renfort d'un tatoueur qui n'en croit pas ses yeux.

A San Francisco, la normalité n'a pas la même valeur qu'ailleurs. Bouillon de culture sans cesse en ébullition, si vous allez dans un bar bien précis, vous pourrez peut-être y croiser Spyder. C'est le personnage principal de « Butcher Bird », roman fantastique déjanté de Richard Kadrey. Spyder est tatoueur. Il a une petit échoppe qu'il partage avec une amie, lesbienne et spécialisée dans les piercings.

Spyder ne va pas trop bien en ce moment. Il vient de se faire larguer par sa copine et pour oublier a un peu trop bu. Titubant, il va faire un tour derrière le bar. C'est là que tout va basculer. Un gros balèze agresse Spyder. Ce dernier tente de lui décocher un direct mais « son poing s'enfonça dans la face de l'inconnu, comme si sa tête avait été désossée. » La suite est encore plus incroyable. « Les traits de son agresseur se modifièrent. La peau sembla se plisser. Les yeux désormais globuleux finirent par exploser dans leurs orbites pour devenir noirs et miroitants de facettes. Ses lèvres parurent fondre pour s'étirer en un long tube agité de contractions. Des cornes incurvées et craquelées jaillirent des tempes et, pour couronner le tout, l'assaillant avait une haleine fétide. » Spyder n'en croit pas ses yeux. Une hallucination ?

Baston en Enfer

Il n'a pas réellement le temps de se poser des questions. Il est en mauvaise posture et sent sa dernière heure venir. Le cauchemar prend fin quand la tête de l'abomination se détacha du reste du corps... Pie-grièche et son sabre viennent d'apparaître dans le récit.

Cette tueuse vêtue de cuir est aveugle. Jeune et jolie, elle explique à Spyder qu'un Bitru (le démon à tête d'insecte) a tenté de l'assassiner. Spyder, bien qu'encore chancelant, lui rétorque avec pas mal de morgue qu'il ne croit pas aux démons. Il devra réviser son jugement dès le lendemain.

Son contact avec le Bitru lui a ouvert l'esprit. Le tatoueur peut désormais voir ce que le commun des mortels ignore. Nous ne sommes pas seuls. Tout un monde de monstres, démons, fantômes et autres bestioles bizarres cohabite avec les humains. La première partie du roman, délassante, presque comique, montre la descente aux enfers de Spyder. Il croit devenir fou, puis croise à nouveau la route de Pie-grièche. Cette dernière lui donnera les clés pour comprendre ce qui lui arrive. Elle, par exemple, est une princesse déchue. Elle est devenue tueuse de démons pour survivre. Elle vient d'ailleurs de recevoir une grosse proposition de travail de la part d'une certaine Madame Cendres. Séduite par cet humain déboussolé, Pie-grièche va l'emmener dans ses bagages. Spyder, expert en démonologie dans le cadre de son travail de tatoueur spécialisé en gothique, sera peut-être utile une fois à pied d'œuvre. Elle a pour mission de dérober un livre sacré détenu par un démon au plus profond des entrailles de... l'Enfer.

Ce roman est d'une richesse incroyable. Richard Kadrey parvient à un subtil équilibre entre action, romance et magie. Action quand il faut se battre avec les plus redoutables monstres, romance dans la relation entre Spyder et Pie-grièche et magie avec l'apparition de pouvoirs transformant le petit humain perdu en redoutable Homme Rune, respecté et surtout redouté de tous. Pour couronner le tout, un humour désespéré transperce dans chaque dialogue. Comme pour mieux faire accepter au lecteur l'incroyable. Une solution à ne pas négliger dans la vraie vie.

« Butcher Bird», Richard Kadrey, Denoël, 23 € 

Billet - Un inventaire à la Prévert dans ma boîte mail

Dans ma boîte mail, catégorie messages publicitaires, on trouve tout et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi...

Que penser de ce message de Tim Godwin, de la police londonienne, m'annonçant que j'ai gagné un million de livres sterling ? Pour les toucher, il doit vérifier mon identité. Ben voyons... C'est sans doute car je le vaux bien qu'on m'offre un « rituel beauté » comprenant une trousse et trois produits « best-sellers ». D'accord, mais le flacon de « lift-minceur » pour dire « adieu à la cellulite », 30 ml ça ne va pas suffire.

« Michel, découvrez gratuitement votre avenir en un clic » m'annonce « Victoria, médium extralucide ». Chère Victoria, si vous étiez vraiment extralucide, vous sauriez qu'il n'y a aucune chance pour que je tombe dans votre panneau ! « Budget allégé pour cet été » me promet une compagnie de croisière : « le second passager à 1 euro ». J'ai une meilleure solution : 0 passager à 0 euro.

« Envie de devenir votre propre patron ? » me demande un certain nakou.fr. Sa solution : la création d'entreprise en franchise, « malgré les aléas de la conjoncture. » Effectivement, mieux vaut jouer la sécurité de l'emploi. Je cherche donc des opportunités pour entrer dans la fonction publique et ne trouve qu'un voyage aux Maldives, des réductions de 70 %, des alarmes pour « mettre ma famille en sécurité » et les dernières offres de... monsexshop.fr

Du contenu de ma boîte mail, Prévert en aurait fait un joli poème...

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce mardi 22 mai 2012 en dernière page de l'Indépendant)

mardi 22 mai 2012

BD - Un psychopathe sur la route d'Aria


Épisode familial pour Aria. L'aventurière lancée par Michel Weyland dans le grand monde de l'Héroïc Fantasy il y a 33 ans déjà, abandonne sa vie d'errance et de combats pour une vie plus sereine auprès de son fils et de ses parents. Mais un soir, elle est attaquée par un psychopathe. Cet ancien enfant battu, devenu avocat de renom, se défoule en tabassant les femmes croisées dans la rue. Heureusement Aria s'extirpe de ses griffes. Elle va tout faire pour démasquer ce dangereux individu qui se révèle également être lié à sa tante. 

Un récit sombre, avec en exergue ce fou, serial killer avant l'heure, notable déviant, protégé par la police. La belle héroïne devra faire appel à toute sa famille pour le vaincre.

« Aria » (tome 34), Dupuis, 10,60 € 

lundi 21 mai 2012

Billet - Duflot, Hollande, Morano et Obama face aux codes de la mode

Sérieux la politique ? Pas toujours. La semaine marquée par la passation de pouvoir et la nomination du gouvernement a dérapé sur des questions de mode. Ces points de détail ont pris des dimensions dantesques sur internet. Première escarmouche, Nadine Morano taille un costard de première à Cécile Duflot. La ministre écolo est allée à l'Elysée en jeans ! L'ancienne porte-flingue de Nicolas Sarkozy s'indigne face à ce « dilettantisme ». Sur le site de l'Indépendant, cette info est énormément lue, partagée et commentée. Et plus le sujet est futile, moins les internautes sont tendres. Certains s'offusquent du niveau actuel de l'UMP : « au ras de l'ourlet d'un jean, proche des talonnettes. » « Nadine sort de ton 19e siècle! » s'exclame un autre. Avec humour, certains font dans la surenchère : « Quand je serai ministre des Vacances j'irai en bermuda et débardeur. »

Et quand on croit que ces chamailleries de cour d'école sont terminées, cela reprend de plus belle pour une histoire de cravate. François Hollande, au sommet du G8 aux USA, est le seul chef de gouvernement à porter une cravate. Barack Obama le chambre un peu. Ce qui ressemble à un gentil bizutage devient une affaire d'État sur Twitter. Les mêmes qui critiquent la tenue négligée de Cécile Duflot dénoncent le lendemain le manque de souplesse vestimentaire de François Hollande... Je leur propose comme prochain débat de fond : slip ou caleçon ?

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue lundi 21 mai en dernière page de l'Indépendant)

BD - Rani, une esclave indomptable imaginée par Van Hamme, Alcante et Vallès


Rani
, série imaginée par Van Hamme et dessinée par Vallès, a fait une pause. Le temps de diffuser à la télévision l'adaptation de ce feuilleton de cape et d'épée. Revoici donc la belle Jolanne dont les péripéties sont écrites également par Alcante. Condamnée à mort, elle parvient à se sauver en endossant l'identité de Jeanne Dubois, une prostituée condamnée à l'exil en Inde. 

L'album débute par son arrivée à Mahé. Immédiatement mise en vente, elle devient pensionnaire de la maison close de Mme Rose. Une nouvelle vie commence pour Jolanne, toujours aussi belle et sauvage et surtout éprise de liberté. Un chapitre exotique idéal pour relancer l'intérêt des lecteurs pour une série populaire par excellence.

« Rani » (tome 3), Le Lombard, 14,45 €

dimanche 20 mai 2012

BD - Huis-clos végétal pour Bois-Maury au Yucatan


« El senor » Bois-Maury n'en finit plus de saluer ses lecteurs. Cette saga historique imaginée par Hermann s'est arrêtée une première fois. Quelques années plus tard, le dessinateur belge la reprenait avec son fils, Yves H. au scénario. 

Nouveaux décors, plus de tension et de violence : ce classique de la BD moyenâgeuse a bien évolué depuis les premières planches parues dans le mensuel Vécu. Ce 15e titre voit Bois-Maury au cœur de la forêt vierge du Yucatan. Il accompagne des conquistadores poursuivis par de féroces indiens. Dans cet enfer vert, sur la durée de deux jours, les occidentaux et les « sauvages » vont s'affronter. Bois-Maury est obligé de composer avec les deux camps pour avancer dans sa quête de l'or de la cité perdue. 

Formidables couleurs, planches muettes où l'action fusent : Hermann, malgré ses « septante » ans révolus, reste un des maîtres du genre.

« Bois-Maury », (tome 15), Glénat, 11,50 € 

samedi 19 mai 2012

BD - Avec Revanche, mauvais temps pour les voyous sociaux


Vous en avez marre de la crise économique et de ses conséquences ? Vous êtes directement concerné par un plan social, un patron voyou, un petit chef adepte du harcèlement ? Vous avez peut-être envie de prendre votre revanche ? Allez donc chez ce bouquiniste, vous y rencontrerez l'homme de la situation. M. Revanche ne fait pas dans la dentelle. Il adopte la méthode dure pour faire comprendre aux exploiteurs des classes populaires que le libéralisme ne permet pas tout. Revanche n'est justicier qu'en dehors de ses heures de travail. Là, il retrouve alors le costume et l'attitude stricte d'assistant de la présidente de la plus grande organisation patronale du pays...

Sous forme d'histoires courtes, détaillant à chaque fois un cas particulier, les auteurs font plaisir à tous les opprimés de la terre. Nicolas Pothier (lui-même touché par un plan social il y a quelques années) signe des scénarios où l'humour est prépondérant. Chauzy, au dessin, donne corps à ces « méchants » d'un genre nouveau, mais de plus en plus nombreux.

« Revanche », Treize Étrange, 13,90 € 

vendredi 18 mai 2012

BD - L'élève Ducobu sur tous les fronts


Le cancre le plus sympathique de France et de Navarre (de Belgique aussi, ses auteurs Godi et Zidrou étant originaires du Plat Pays) est de retour. Pour la 18e fois retrouvez Ducobu dans un album truffé de gags et de malice. Zidrou maîtrise parfaitement ses personnages. Chaque page est une merveille d'ingéniosité pour magnifier les défauts des uns et des autres.

 Ducobu en premier, toujours aussi retors pour tricher et embrouiller l'instituteur. Le fameux Latouche, parfois dindon de la farce, mais souvent vainqueur dans l'affrontement avec son élève détesté. Latouche redeviendra un enfant timide face à sa collègue Mademoiselle Rateau. Dans cet album, Ducobu participera à des jeux olympiques des cancres. Et ce sera enfin la gloire pour le meilleur d'entre eux.

Ducobu, un succès de librairie mais également sur grand écran. Le second volet de ses aventures, « Les vacances de Ducobu » (avec Elie Semoun en vedette) est toujours à  l'affiche et a dépassé le million d'entrées au niveau national.

« L'élève Ducobu » (tome 18), Le Lombard, 10,60 € 

jeudi 17 mai 2012

BD - Aliénor d'Aquitaine, jeune Reine ambitieuse


Aliénor n'est qu'une adolescente quand elle est mariée avec Louis, le futur roi de France. Lui aussi est très jeune. Le mariage à peine consommé, il doit succéder à son père. Porté sur le trône, ce gamin qui préfère la prière aux intrigues de la cour est sous la coupe de sa mère et de l'abbé Sauger. Ce sont eux les véritables maîtres du royaume. Mais Aliénor veut elle aussi avoir son mot à dire. L'ex-duchesse d'Aquitaine va jouer de ses charmes pour orienter les choix du roi. La première partie de cette série inaugurant la collection « Les reines de sang » nous fait découvrir une maîtresse femme, prête à tout pour assoir son pouvoir. 

Le scénario de Simona Mogavino et Arnaud Delalande mêle habilement grandes dates historiques et petits faits du quotidien. Les auteurs apportent un peu de romance avec le jeu trouble d'un troubadour et d'un chevalier italien, sans terre mais beau garçon et fougueux au lit. Car l'histoire d'Aliénor c'est aussi celui d'une femme maniant parfaitement l'art de la séduction pour arriver à ses fins. Et sous la plume de Carlos Gomez, elle est d'une éclatante beauté.

« Aliénor, la légende noire » (tome 1), Delcourt, 14,30 €

mercredi 16 mai 2012

Roman - Sur la route de la vie en compagnie de Maryline Desbiolles

Maryline Desbiolles observe les travaux de rénovation de la route passant près de chez elle. Un prétexte pour explorer passé et présent de ce lieu de passage.

La Fontaine de Jarrier est la route reliant Nice à Turin. La route de la montagne. Celle, tortueuse, qu'empruntaient jadis marchands, nobles et brigands. Aujourd'hui, elle est délaissée au profit de la celle du littoral. Mais elle est quand même utilisée. Et toujours dangereuse. Ces travaux font suite à un accident mortel. Et des morts, il y en a eu beaucoup au fil des siècles. Ce court roman de Maryline Desbiolles, écrit dans un style saccadé, au prétexte de raconter des travaux routiers, se penche sur des existences. Les habitants actuels, derniers des Mohicans d'une province en déshérence, et ceux du passé. Car une route n'est rien sans les hommes. Ceux qui ont décidé de la construire et ceux qui l'empruntent.

Cela commence par un face-à-face détonnant. L'auteur raconte. Sur le trottoir, Sasso, sur le chantier Mana. Le premier habite là depuis des décennies. Le vieillard, récemment veuf, est « assis sur une chaise qu'il a sortie de chez lui, et qui depuis ce qui reste de trottoir assiste sans bouger à ce qui est somme toute un spectacle faramineux. » Dans ce vacarme, Mana, « un vieux type buriné dont le bonnet cache les cheveux blancs. » Mana « a pris sa retraite de l'entreprise à 74 ans, il y a quatre ans. Il y travaille toujours, mais comme intérimaire, sa retraite est trop maigre. »

La mort au tournant

Sur cette route en réfection, recouverte de goudron frais, d'enrobé exactement, Maryline Desbiolles va y découvrir des secrets, des vies cachées, des destins. De sa création, du temps de la gabelle, à son utilisation intensive par les brigands, elle dresse le portrait historique de cette région des hauteurs de Nice. On croise donc les brigands, déguisés comme au carnaval, dérobant bijoux et vêtements de luxe aux nobles. Plus tard, dans ce virage, un jeune résistant sera abattu par des Allemands. Pas loin de l'endroit où des jeunes à scooters vont aussi perdre la vie. Mais cette fois, l'armée d'occupation n'y sera pour rien.

La vie, la mort dans les maisons aussi. Gaby par exemple a acheté cette belle et grande demeure. Elle s'y est installée avec un fiancé musclé, trop influencé par les émissions de décoration. Il va tout casser dans la maison, jetant les gravats par la fenêtre dans la cour. Et puis il disparaît. Gaby se retrouve avec une coquille vide, seule, cherchant à revendre cette ruine, par tous les moyens...

Chaussée étrillée

Et puis tout en revenant sur les vies qui jalonnent cette route, l'auteur poursuit sa description des travaux qu'elle observe, fascinée. Les travailleurs de la nuit « rabotent la chaussée, lui ôtent sa vieillerie, les couches d'asphalte ancien que la raboteuse crache dans le camion qui l'accompagne, on voit les traces des dents de la raboteuse sur la route ainsi mise à nu, la route est écorchée puis violemment lavée, la chaussée est écorchée puis étrillée par les brosses du camion avec un vacarme d'avion qui décolle. »

Ce roman sur un petit coin de France, tel un long poème en prose, fera que jamais plus vous ne regarderez un chantier routier de la même façon.

« Dans la route », Maryline Desbiolles, Seuil, 16,50 €

mardi 15 mai 2012

Billet - Les lolcats peuvent nous rendre plus intelligents !

Telle une invasion d'extraterrestres ou de sauterelles, on les trouve partout sur la toile. Les lolcats prolifèrent dans vos boîtes mail, sur les forums et ont de plus en plus de sites dédiés. Ces photos mettent en scène des chats dans des postures inhabituelles, comme s'ils singeaient des humains. Avec ou sans trucage, elles font sourire. Finissent par exaspérer aussi. Pour beaucoup elles représentent la preuve irréfutable de la futilité - voire inutilité ou nuisance - d'internet. Une théorie empirique battue en brèche par une récente étude de Kate Miltner, étudiante à la London School of Economics (LSE). Dans un mémoire de 100 pages mis en ligne, elle constate que les lolcats ont au moins une vertu : ils permettent aux internautes d'entrer en contact, de se socialiser et participent ainsi au fonctionnement d'une intelligence collective.

Oui, les lolcats rendent plus intelligents ! Certains artistes l'ont déjà compris. Ainsi des cinéastes américains ont lancé une souscription pour financer un long métrage participatif. Des scènes lolcats puisées sur la toile seront insérées dans l'intrigue.

A Lyon, un étudiant aux Beaux-Arts a mis en scène deux chats noirs au milieu de bougies et de jouets pour réinterpréter certaines oeuvres de Gilbert et Georges, les artistes anglais iconoclastes.

Dans ces deux cas, les lolcats non seulement rendent plus intelligents, mais participent à l'évolution de l'art contemporain... Enfin pas si contemporain, les premières photos amusantes de chats seraient l'oeuvre de l'Anglais Harry Pointer... en 1870.

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce lundi 14 mai 2012 en dernière page de l'Indépendant) 

BD - Éducation simiesque pour le "Roi des Singes"


Un homme parmi les singes. Un homme roi des singes. Ce thème cher à la littérature populaire est au centre des aventures de John Arthur Livingstone, écrites par Bonifay, dessinées par Meddour et mises en couleur par Paitreau. Une BD librement inspirée de la véritable vie de Saturnin Farandoul. Dans l'océan Indien, un radeau de fortune s'échoue sur une plage. Un bébé crie. Une femelle orang-outan le recueille l' humain et l'élève avec ses propres petits. Des années plus tard, des Européens découvrent cet enfant-singe. 

Capturé, il est placé dans une pension en Afrique. Saturnin, rebaptisé John Arthur, découvre une nouvelle race : les bonobos. A l'âge adulte, John Arthur est exhibé à Londres. Il fait des conférences sur son expérience et tombe amoureux d'une belle rousse. Mais au même moment, une série de meurtres de femmes aux mœurs légères met la capitale anglaise en émoi. Qui est ce monstre sanguinaire ? A-t-il un rapport avec le roi des singes ? 

Un album éclatant de couleurs, des verts de la jungle aux noirs des bas-fonds britanniques.

« John Arthur Livingstone » (tome 1), Vents d'Ouest, 13,90 € 

lundi 14 mai 2012

BD - Petit et Cro-Mignon le Larh-Don de Dav, Vatine et Cassegrain


Comment vivaient les enfants au temps des hommes des cavernes ? On sait tout de la bravoure et de l'intelligence de Rahan et Tounga, mais que faisaient-ils quand il étaient petits ? La réponse se trouve dans ce premier recueil de gags de Larh-Don, Fils de l'âge bête. Un parti-pris comique très réjouissant. Dav et Olivier Vatine ont écrit les scénarios mis en images par Didier Cassegrain.

Bref du très beau monde pour une série humoristique rapidement devenue une des vedette de la revue Lanfeust Mag. Larh-Don, blondinet gaffeur, est très peureux. La moindre petite bête le fait fuir. Aussi quand il doit partir à la chasse au T-Rex, il n'est pas rassuré. Larh-Don n'est pas seul à faire rire le public : son père, grosse brute très limitée est une ressource inépuisable de gags. Les copains de Larh-Don aussi sont des pros de la bêtise. Notamment les jumeaux Bouzhofion et Krothofess principaux générateurs d'humour caca boudin.

Mais la meilleure série de gags reste celle mettant en avant les efforts de mimétisme avec les animaux. Cela commence toujours bien mais finit en catastrophe...

« Larh-Don » (tome 1), Soleil, 10,50 € 

dimanche 13 mai 2012

BD - Enquête et kung fu avec les aventures de Ling-Ling

Ling-Ling est une jeune Chinoise téméraire. Orpheline, elle ne veut pas devenir esclave, ou pire, épouse. A 13 ans, elle rejoint un maître de kung fu. Bien qu'à la retraite, il accepte de la former. Cinq années de rudes épreuves mais aussi de joie et d'amitié pour la fillette se transformant en femme. A la fin de son apprentissage, elle part pour le vaste monde, laissant son maître au silence et à la méditation. 

Les aventures de Ling-Ling sont écrites par Escaich (la moitié de Béka des Rugbymen) et dessiné par Marc N'Guessan. Abandonnant le pur réalisme, le dessinateur toulousain simplifie son trait, lui donnant grâce et légèreté, toujours avec cette lisibilité remarquable. La première enquête de Ling-Ling, parue en janvier, raconte comment elle est embauchée au bureau des rumeurs, sorte d'officine secrète chargée de découvrir les secrets les mieux gardés. 

La seconde, chez votre libraire depuis fin avril, relate la recherche de perfection d'un calligraphe. Intrigues innovantes, planches truffées de gags, pléthore de jeux de mots, personnages attachants : cette série a tout pour elle.

« Ling-Ling » (tomes 1 et 2), Bamboo, 13,90 €






 




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samedi 12 mai 2012

Thriller - La Suède des lourds secrets dans "Hanna était seule à la maison" de Carin Gerhardsen

Adolescente étranglée sur un ferry, jeune mère retrouvée morte dans un container : double crime pour les policiers suédois Sjöberg et Westman.


Coup d'essai coup de maître. « La maison en pain d'épices », premier roman policier de Carin Gerhardsen s'est imposé comme un de ces petits bijoux de suspense psychologique à la suédoise. Avec « Hanna était seule à la maison », l'ancienne consultante en informatique devenue romancière confirme son talent. On retrouve les deux policiers de Stockholm au centre de la première enquête: Conny Sjöberg, le père de famille placide, et Petra Westman, belle, célibataire et parfois imprudente. Conny et Petra, faux couple, dont les déboires personnelles apportent encore plus d'humanité à un thriller qui vous fera frissonner jusqu'à la dernière page.

Avant de retrouver les figures connues, la romancière plante le décor, présente les personnages secondaires. Une jeune fille, issue d'une famille à problèmes, est étranglée sur un ferry qui fait la liaison entre Stockholm et la Finlande. Sa petite sœur de 14 ans se retrouve seule, confrontée à une situation qu'aucune adolescente ne devrait connaître.

En faisant son jogging, l'inspectrice criminelle Petra Westman découvre au milieu des buissons un nourrisson dans un état d'épuisement avancé, à proximité du cadavre d'une femme sans aucun papier d'identité.

Au même moment, une petite fille de 3 ans se réveille et découvre qu'elle est seule chez elle. Son papa est en voyage à l'étranger et sa maman est sortie avec son petit frère. Hanna se retrouve sans personne, enfermée à clé dans l'appartement familial. Et le temps s'écoule...

On tremble pour Hanna

Le roman se déroule sur trois plans différents, qui vont au final se rejoindre pour un coup de théâtre époustouflant. Si la majeure partie du récit est constitué du déroulement des enquêtes, les passages les plus marquants sont ceux décrivant l'enfermement de la petite fille. Hanna n'a que 3 ans mais est persuadée qu'elle peut se débrouiller comme une grande. Elle trouve à manger (un plat surgelé qui n'a pas le même goût que celui de sa maman mais qui reste délicieux), parvient à s'habiller, se passe de couches et va aux toilettes (une fois sur deux, mais c'est mieux que rien) et même allumer la télé (mais pas choisir le programme). On va suivre l'évolution de sa pensée, le rejet de sa mère qui l'abandonne, l'espoir que son papa (en voyage d'affaires au Japon) revienne le plus vite possible. Inquiète, elle décide de téléphoner pour demander de l'aide. Elle compose des numéros au hasard. Tombe finalement sur une vieille dame qui croit à son histoire et va tout faire pour la retrouver. Mais d'autres dangers guettent Hanna, innocente fillette, proie facile pour ces prédateurs cachés dans l'ombre, en Suède comme ailleurs...

Le portrait de la Suède proposé par Carin Gerhardsen est peu réjouissant. Petra harcelée par son supérieur hiérarchique, Sjöberg, mari aimant, obsédé dans ses rêves par une femme rencontrée au cours de sa précédente enquête. Une femme avec laquelle il va franchir le Rubicon. Pourquoi une adolescente est prête à se prostituer pour quelques billets ? Qu'est-ce qui empêche de réagir un jeune homme sous la coupe d'un père violent et d'une mère infirme ?

C'est sombre, peut reluisant mais terriblement humain. Et l'auteur, en bon feuilletoniste, ménage le suspense, notamment dans l'évolution des sentiments de ses deux principaux personnages. On referme ce livre en se disant, à juste titre, vivement la suite.

« Hanna était seule à la maison », Carin Gerhardsen, Fleuve Noir, 19,90 €  (également disponible en poche chez 10/18)

Billet - Pierre Salviac et le tweet de trop



Twitter ce n'est pas la troisième mi-temps d'un match de rugby très arrosée. Ni le lieu pour y dévoiler ses pires travers. Pierre Salviac, ancien commentateur du rugby à la télévision, chroniqueur sur RTL, s'est cru marrant en recommandant à ses « consœurs », de coucher utile, ainsi « vous avez une chance de vous retrouver première Dame de France ». Tollé immédiat. Beaucoup de journalistes femmes ont dénoncé sa misogynie, sa bêtise voire sa connerie. Il a bien tenté de s'excuser dans un premier temps. Mais Jacques Esnous, directeur de la rédaction de RTL annonçait la fin de la collaboration de Pierre Salviac avec la radio de la rue Bayard.

Paradoxalement, devenir la bête noire d'un réseau social n'a pas que des désavantages. Salviac, se présentant comme « vanneur et persifleur », a vite rebondit. Et de se féliciter : « Le jour où je perds un employeur je franchis allègrement la barre des 10 000 followers. »

En fait, Pierre Salviac doit avoir un sérieux problème avec les femmes de François Hollande. Avant ce tweet assassin contre Valérie Trierweiler, il avait violemment attaqué Ségolène Royal lors de son parachutage aux législatives à La Rochelle. En réaction, il voulait même se présenter car se considérant « plus légitime qu'elle ». Il y avait renoncé en février. Maintenant qu'il a un peu de temps libre, il va peut-être revenir sur sa décision ? Et créer dans la foulée le parti de la Beaufitude. Le poste de président est pile-poil dans ses compétences.
(Chronique "ça bruisse sur le net" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi 11 mai)

jeudi 10 mai 2012

BD - "Gringos locos" : trois Belges en vadrouille


En 1948, craignant une troisième guerre mondiale nucléaire en Europe, le dessinateur Jijé décide de s'expatrier aux USA en compagnie de toute sa famille. Il emporte dans ses bagages deux jeunes auteurs, Morris et Franquin. Ce périple totalement délirant fait partie de la légende de la BD franco-belge. 


Ces trois génies ne parviendront pas à se faire embaucher par les studios Walt Disney et trouveront une porte de sortie au Mexique, continuant leurs séries respectives (Spirou, Lucky Luke) depuis Tijuana. Yann, le scénariste, a cette idée d'album en tête depuis des années. Il a collecté les anecdotes de la bouche même de Franquin. 

Dessinée par Schwartz, cette épopée est très romancée. Un peu trop au goût des héritiers qui ont bloqué la parution de l'album, puis obtenu le rajout d'un texte présentant « leur vérité ». Un complément documentaire qui enrichit cet album événement, très attendu et particulièrement réussi.

« Gringos locos », Dupuis, 14,95 € 

mercredi 9 mai 2012

BD - La "deuxième génération" après la Shoah


Un peu en écho à « Maus » d'Art Spiegelman, Michel Kichka publie « Deuxième génération, ce que je n'ai pas dit à mon père ». Dessinateur de presse d'origine belge et vivant actuellement en Israël, Michel Kichka est le fils d'un rescapé des camps de la mort. Né en 1954, Michel va découvrir, ce qu'était ces camps. Dans les livres et aussi dans les histoires de son père. C'était presque un enfant quand il s'est retrouvé entre les barbelés en compagnie de toute sa famille. 

Lui seul en sortira vivant. En racontant son enfance, l'auteur raconte aussi toute la difficulté de communiquer et de vivre avec un rescapé de la Shoah. On se laisse entraîner dans ces souvenirs d'enfance entre joies simples et prises de conscience. Et le récit devient universel quand il aborde les difficultés de communication à l'intérieur d'une famille ou la perte d'un être cher (son petit frère). Un roman graphique à mettre entre toutes les mains. Des fils... et des pères.

« Deuxième génération », Dargaud, 17,95 €

mardi 8 mai 2012

BD - "Conquistador" de Dufaux et Xavier : la folie de l'or


Après la série sur les Croisades, Jean Dufaux (toujours avec Xavier au dessin), entreprend de romancer l'épopée des conquistadors. Le premier tome, fort de 64 pages, débute alors que Cortés est toujours considéré comme une divinité par l'empereur aztèque. Mais les prêtres doutent de plus en plus et les Espagnols sentent qu'il va falloir faire vite pour mettre la main sur le fabuleux trésor. Des montagnes d'or qui font saliver les nombreux mercenaires embarqués avec Cortés. 

L'album raconte comment une petite troupe est formée avec pour mission de dérober le plus de métal précieux. Premières pages sur la formation du commando, puis place à l'action et entrée en scène du fantastique. Les mercenaires ont réveillé une créature mythique et elle n'est pas contente... 

Superbement dessinée, cette série est palpitante. Dufaux est toujours aussi bon dans la création de personnages atypiques.

« Conquistador » (tome 1), Glénat, 14,95 € 

lundi 7 mai 2012

Billet - Quand mentir ou "jouer du pipeau" devient un art...

En pleine campagne électorale, on redécouvre le charme des bonimenteurs invétérés et autres affabulateurs compulsifs. Si vous n'êtes pas trop à l'aise dans le mensonge, rabattez-vous sur le Pipotronic, un petit logiciel libre adaptable à toutes les situations.

A la base, ce générateur de phrases convenues est un hommage au langage technocratique. De nombreuses versions circulent en fonction des circonstances. Admettons, vous avez réussi à vous incruster dans une soirée karaoké réservée aux prix Nobel de physique-chimie (ils sont comme tout le monde, après le boulot ils aiment se détendre). Pour bramer « Les lacs de Connemara » de Sardou ou ânonner « Voyages, voyages » de Désireless, pas de problème. Vous savez faire. 

Mais si entre les chansons il faut parler ? Rabattez-vous sur la version « Physicotron » imaginée par Lorraine Montel. « Histoire de passer pour un génie de la science, un Einstein méconnu, un type à la pointe de la modernité. Bref, pour faire semblant d'être un physicien des particules » explique-t-elle. Reste à placer dans la conversation, et au bon moment : « Inversement, les protons du noyau échangent de l'énergie avec les ondes gamma de charge inconnue en fusionnant avec des photons incidents de masse plus élevée. » Pas évident que cela impressionne un prix Nobel, mais l'effet est garanti sur cette mignonne brunette. Elle chante moins bien que Magali Vaé (c'est dire) mais a d'autres atouts remarquables.

Merci Physicotron !

(Chronique "ça bruisse sur le net" parue vendredi 4 mai en dernière page de l'Indépendant)

dimanche 6 mai 2012

BD - Paroles de bêtes dans les aventures de Cerise, fille de Laurel


Cerise est une petite fille de 9 ans comme les autres. Intelligente, joueuse, espiègle, elle aime les animaux. Tous les animaux, des chats de la maison (Brume et Pelote) aux araignées ou escargots. Aussi quand elle voit un sale gamin écraser un pauvre gastéropode, son sang ne fait qu'un tour. Recueillant la pauvre petite bête agonisant dans ses mains, cette dernière lui donne le don de communiquer avec les animaux. Un début un peu tiré par les cheveux mais qui permet ensuite à Laurel, la dessinatrice (et mère de Cerise) de multiplier les gags et histoires courtes. 

Directement inspirées de sa vie (Laurel est la célèbre blogueuse de « Un crayon dans le cœur ») ces scénettes sont parfois poétiques, souvent drôles et amusantes. Cerise, petite fille un peu naïve, est souvent la victime des blagues de sa mère. Mais elles ne sont jamais méchantes et on sent une réelle complicité entre elles. Cela fait tout le charme de ce premier album.

« Cerise » (tome 1), Le Lombard, 10,60 € 

samedi 5 mai 2012

BD - Adorable Caroline Baldwin...


La belle et sexy Caroline Baldwin poursuit son combat contre les méchants. La brune s'attaque cette fois à une organisation secrète qui projette d'assassiner, à Montréal, les présidents des Etats-Unis et de la Chine. Aventure rondement menée par André Taymans, l'auteur de la série, sa création la plus personnelle. 

D'ailleurs il décline son héroïne sur le net, avec un clip vidéo et prochainement un long métrage. Le projet n'est encore qu'en phase d'écriture, mais Caroline a suffisamment de potentiel pour qu'elle s'épanouisse sur grand écran.

« Caroline Baldwin » (tome 16), Casterman, 11,95 € 

vendredi 4 mai 2012

BD - La folle expérience du Protocole Pélican se poursuit


Second tome du Protocole Pélican, thriller scientifique écrit par Marazano et dessiné par Ponzio. La douzaine de cobayes humains, enlevés aux quatre coins du monde et conduits sur une plateforme pétrolière ne comprennent toujours pas ce que les gardiens attendent d'eux. Prisonniers, maltraités, chacun réagit différemment. Le responsable du projet semble chercher une personnalité en particulier. Et pour faire accélérer le verdict, les cobayes sont laissés seuls, sans gardiens, sur la plateforme. 

Là encore, les réactions sont très différentes... Une série angoissante pour montrer toute la folie de certains scientifiques.

« Le protocole pélican » (tome 2), Dargaud, 13,99 €

jeudi 3 mai 2012

Roman - Rallumez les Lumières, message du "Cerveau de Voltaire" de Franck Nouchi

Un illuminé, regrettant l'époque des Lumières, dérobe le cerveau de Voltaire pour tenter de cloner et ressusciter le célèbre penseur.


Roman foisonnant d'idées et de références, « Le cerveau de Voltaire » de Franck Nouchi est aussi une charge sans concession contre les penseurs d'aujourd'hui. Alors que Voltaire, en son temps, était l'intellectuel le plus connu et respecté d'Europe, que son avis était régulièrement pris par tous les « Grands » du monde, aujourd'hui les rares intellectuels font figure d'imposteurs médiatiques. C'est du moins le message développé en filigrane dans ces 200 pages, premier ouvrage de fiction de ce journaliste du Monde, tournant parfois au pamphlet.

Dans un avant-propos très didactique, le lecteur apprend que Voltaire « meurt le 30 mai 1778 dans d'horribles souffrances ». L'autopsie révèle que « le cœur était très petit, le cerveau très gros ». Les deux organes ont été conservés. Le cœur dans le salon d'honneur de la Bibliothèque nationale, le cerveau, après moultes péripéties, à la Comédie Française.

Intellectuels étrillés

De nos jours, en prévision d'une exposition hommage à Voltaire, le Professeur Grunberg, chef du laboratoire du musée de l'Assistance publique, charge la jeune scientifique Clélia Cohen de décrypter le génome du grand intellectuel. Des recherches qui donnent l'idée à un illuminé de cloner Voltaire. Dans ce but, il dérobe le cerveau de Voltaire. Le roman devient alors policier, avec l'entrée en scène du commissaire Marcel Attias. Avec la ravissante Clélia, c'est le personnage clé du roman. Ce flic un peu bourru, juif pied-noir, est une légende du Quai d'Orsay. Il a gardé un petit accent chantant. Mais « c'est un dur à cuire, l'un de ces flics incapables de lâcher une affaire tant qu'il ne l'avait pas résolue. » Attias, en plus de l'enquête de terrain, va se pencher sur l'œuvre de Voltaire et c'est à travers ses yeux que l'on redécouvre le parcours du maître des Lumières.

Et puis une revendication arrive. Une lettre anonyme qui annone que « dans une vingtaine de mois, peut-être moins, je serai en mesure de mettre au monde de nouveaux Voltaire. Pour le plus grand bien de l'Humanité qui en a tant besoin. » Le roman change à nouveau de direction, explorant les coulisses des recherches sur le clonage humain. Et Attias, tout en multipliant les interrogatoires, n'avance pas d'un millimètre.

En désespoir de cause il demande conseil à quelques intellectuels et faiseurs d'opinion. C'est la partie la plus jouissive du roman car Franck Nouchi n'est pas tendre pour les BHL, Sollers, Alain Minc et autres Plenel. Et on doit admettre dans son sillage que les penseurs de notre époque sont bien ternes en comparaison de Voltaire. C'est un peu la morale de cette histoire sans fin : un grand homme l'est surtout par son unicité. Celui du XXIe siècle n'est pas encore connu. A moins que cette histoire de clonage ne se réalise un jour...

« Le cerveau de Voltaire » de Franck Nouchi, Flammarion, 18 € (disponible également au format poche chez J'ai Lu) 

mercredi 2 mai 2012

BD - Ignition City : un western spatial de Ellis et Pagliarani


Ignition City, la porte des étoiles, la plus grande base de lancement de fusées de terre. La dernière aussi. Cette BD de Warren Ellis (scénario) et Gianluca Pagliarani (dessin) plonge le lecteur dans une uchronie steampunk à l'arrière-goût très western. En 1956, une attaque martienne a changé la face du monde. La guerre s'est déplacée au-delà de l'atmosphère terrestre. 

Certains sont devenus des héros. Comme Rock Raven, un pilote légendaire. Mais c'est du passé aujourd'hui. Rock vient d'être retrouvé mort dans un hôtel minable d'Ignition City. Sa fille, Mary, 24 ans et quelques voyages dans l'espace sur son CV, se rend dans la ville pour démasquer le tueur. Elle va tomber sur une communauté de « volants », cloués au sol, magouilleurs, malhonnêtes. De bars minables en hôtels pouilleux, elle va retrouver la trace de l'assassin et tout se règlera dans la rue, à coup de pistolets lasers.

144 pages glauques et futuristes, « Ignition City » est un des premiers titres de la nouvelle collection Comics lancée par Glénat.

« Ignition City », Glénat Comics, 14,95 € 

mardi 1 mai 2012

BD - Une "Gueule cassée" de retour au pays


La première guerre mondiale est terminée depuis quelques mois. Beaucoup d'appelés français ne sont pas rentrés. D'autres sont encore dans les hôpitaux à se faire soigner. Félix en ce printemps 1919 revient enfin dans sa ferme dans une vallée des Pyrénées. Après les combats, il a passé de longs mois à se réparer. Les éclats d'obus lui ont labouré la moitié du visage. Aujourd'hui c'est une « Gueule cassée », cachant cette immense cicatrice derrière un masque opaque. Le soldat, qui a perdu bien plus que son apparence humaine dans les tranchées, redoute le jugement de ses connaissances. 

De sa femme Esther, mais surtout de son fils. Il a dix ans aujourd'hui, et rejette ce père défiguré qui ne l'a pas vu grandir. Par chance, le retour de Félix sera éclipsé par une affaire qui fait beaucoup parler dans la vallée : un mystérieux chasseur tue le bétail des paysans. Vache, cochon, brebis : rien n'est épargné. Un policier parisien, lui aussi grand blessé de la guerre mène l'enquête.

Laurent Galandon, le scénariste, utilise cette intrigue pour parler de ces soldats marqués dans leur chair. Dan, au dessin, surfe entre oppression du héros et beauté des paysages.

« Pour un peu de bonheur » (tome 1), Bamboo, 13,50 €