Adolescente étranglée sur un ferry, jeune mère retrouvée morte dans un container : double crime pour les policiers suédois Sjöberg et Westman.
Coup d'essai coup de maître. « La maison en pain d'épices », premier roman policier de Carin Gerhardsen s'est imposé comme un de ces petits bijoux de suspense psychologique à la suédoise. Avec « Hanna était seule à la maison », l'ancienne consultante en informatique devenue romancière confirme son talent. On retrouve les deux policiers de Stockholm au centre de la première enquête: Conny Sjöberg, le père de famille placide, et Petra Westman, belle, célibataire et parfois imprudente. Conny et Petra, faux couple, dont les déboires personnelles apportent encore plus d'humanité à un thriller qui vous fera frissonner jusqu'à la dernière page.
Avant de retrouver les figures connues, la romancière plante le décor, présente les personnages secondaires. Une jeune fille, issue d'une famille à problèmes, est étranglée sur un ferry qui fait la liaison entre Stockholm et la Finlande. Sa petite sœur de 14 ans se retrouve seule, confrontée à une situation qu'aucune adolescente ne devrait connaître.
En faisant son jogging, l'inspectrice criminelle Petra Westman découvre au milieu des buissons un nourrisson dans un état d'épuisement avancé, à proximité du cadavre d'une femme sans aucun papier d'identité.
Au même moment, une petite fille de 3 ans se réveille et découvre qu'elle est seule chez elle. Son papa est en voyage à l'étranger et sa maman est sortie avec son petit frère. Hanna se retrouve sans personne, enfermée à clé dans l'appartement familial. Et le temps s'écoule...
On tremble pour Hanna
Le roman se déroule sur trois plans différents, qui vont au final se rejoindre pour un coup de théâtre époustouflant. Si la majeure partie du récit est constitué du déroulement des enquêtes, les passages les plus marquants sont ceux décrivant l'enfermement de la petite fille. Hanna n'a que 3 ans mais est persuadée qu'elle peut se débrouiller comme une grande. Elle trouve à manger (un plat surgelé qui n'a pas le même goût que celui de sa maman mais qui reste délicieux), parvient à s'habiller, se passe de couches et va aux toilettes (une fois sur deux, mais c'est mieux que rien) et même allumer la télé (mais pas choisir le programme). On va suivre l'évolution de sa pensée, le rejet de sa mère qui l'abandonne, l'espoir que son papa (en voyage d'affaires au Japon) revienne le plus vite possible. Inquiète, elle décide de téléphoner pour demander de l'aide. Elle compose des numéros au hasard. Tombe finalement sur une vieille dame qui croit à son histoire et va tout faire pour la retrouver. Mais d'autres dangers guettent Hanna, innocente fillette, proie facile pour ces prédateurs cachés dans l'ombre, en Suède comme ailleurs...
Le portrait de la Suède proposé par Carin Gerhardsen est peu réjouissant. Petra harcelée par son supérieur hiérarchique, Sjöberg, mari aimant, obsédé dans ses rêves par une femme rencontrée au cours de sa précédente enquête. Une femme avec laquelle il va franchir le Rubicon. Pourquoi une adolescente est prête à se prostituer pour quelques billets ? Qu'est-ce qui empêche de réagir un jeune homme sous la coupe d'un père violent et d'une mère infirme ?
C'est sombre, peut reluisant mais terriblement humain. Et l'auteur, en bon feuilletoniste, ménage le suspense, notamment dans l'évolution des sentiments de ses deux principaux personnages. On referme ce livre en se disant, à juste titre, vivement la suite.
« Hanna était seule à la maison », Carin Gerhardsen, Fleuve Noir, 19,90 €
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