Avec « Le papillon de Siam », Maxence Fermine nous entraîne dans le sillage de Henri Mouhot, explorateur français du 19e siècle.
Qui n'a pas rêvé, un jour, d'enfiler un costume d'explorateur et de découvrir des contrées encore préservées ? Certes, de nos jours, il n'existe quasiment plus de terre vierge. Mais il y a 150 ans, les cartes du monde étaient encore pleines de trous. Ce sont ces zones inconnues qui ont poussé Henri Mouhot à quitter son milieu de petit bourgeois de Montbéliard, en Franche-Comté, pour le royaume de Siam. Cette vie, marquée par une quête et une découverte, Maxence Fermine la raconte dans ce roman à la facture classique, comme un peu datée mais totalement en osmose avec l'air du temps d'époque.
Le jeune Henri s'est mis à rêver d'explorations en fréquentant les rayons poussiéreux de la bibliothèque de son école. Il s'ouvre de nouveaux horizons et se promet de quitter dès que possible son petit quotidien pour courir le monde. Il s'imagine notamment en train de parcourir les forêts du Siam, un pays d'Asie qu'il ne connaît qu'à travers le livre écrit par un religieux, Mgr Jean-Baptiste Pallegoix. Il se jure d'aller lui aussi dans ce pays où tout semble différent et merveilleux.
Partir. Facile à dire. Moins à faire. Cette opportunité de quitter le cocon familial il l'a en devenant professeur de français pour un diplomate russe. Il découvre Saint-Pétersbourg et à la fin de sa mission débute un tour d'Europe. C'est en Italie qu'il rencontre sa future femme, une écossaise, nièce d'un explorateur. Un signe.
Papillon insaisissable
Pourtant ce mariage va le sédentariser quelques années. Mais le démon du voyage va le reprendre et avec beaucoup de culot, après avoir essuyé un refus du gouvernement français, il va proposer ses services aux Anglais pour explorer ce Siam qui le fait toujours rêver. Il aura gain de cause avec cependant une priorité : capturer un Papillon de Siam.
C'est lord Rosse, président de l'Académie royale des sciences de la couronne britannique qui lui décrit cet insecte rarissime « De taille gigantesque, aux couleurs mêlées d'or, de bleu et de vert, c'est une variété nouvelle et inconnue, véritable merveille de la nature. » Henri Mouhot embarque en 1858 pour un voyage qui sera l'aboutissement de sa vie.
Maxence Fermine raconte avec une forte empathie ce périple, à croire que le romancier était dans les bagages de l'explorateur. Henri retrouve sur place Mgr Pallegoix, l'écrivain et inspirateur de sa jeunesse. Durant des années, inlassablement, le Français va sillonner les forêts, vallées impénétrables et montagnes vertigineuse à la recherche de ce papillon. Il le croisera une fois, mais sera incapable de la capturer.
Désespéré, prêt à abandonner, il va par hasard découvrir les ruines d'une ville inconnue. Une seconde fois sa vie va basculer. « Il se trouve au cœur d'une cité bâtie par une civilisation disparue depuis des siècles. Une ville à la fois minérale et végétale, dont il ne subsiste qu'un amas de ruines, un cimetière de grès envahi par la végétation. Une cité de silence et de mystère. C'est là, dans ce lieu hors du temps, alors qu'il cherche désespérément un papillon qui se dérobe à lui, qu'Henri Mouhot parvient au cœur du tombeau d'une race disparue. » Henri Mouhot n'a pas trouvé son papillon, mais il a révélé au monde entier Angkor, ville-temple considérée par certains comme la 8e merveille du monde...
« Le papillon de Siam », Maxence Fermine, Albin Michel, 14,50 €
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