samedi 28 février 2009

BD - Réminiscences du "Bunker"


Christophe Bec, cette fois associé à Stéphane Betbeder, s'affirme comme un scénariste incontournable de la BD de science-fiction. Son « Bunker », dessiné par Genzianella décrit un pays placé sous la dictature militaire d'un Impérator sur le déclin. Les services spéciaux, sorte de police politique, sont sur les traces d'Aleksi Stassik. 

Ce soldat en fuite aurait joué un rôle essentiel, il y a 25 ans, dans une catastrophe ayant provoqué des milliers de morts dans la région d'Azbuska. Dans sa cavale, il a le soutien d'Anika, la nièce de l'Impérator. Entre Aleksi et Anika une complicité va naître. Tous les deux ont une enfance secrète, des origines exceptionnelles et des talents psychiques hors du commun. Les auteurs prennent le temps de décrire les doutes psychologiques des héros. 

Cet épisode charnière dans la série (prévue en 5 tomes) donne l'occasion au dessinateur de donner sa vision de ruines industrielles, campagnes calmes et sereines et déserts envahis par des colonnes militaires.

« Bunker » (tome 3), Dupuis, 13,50 € 

vendredi 27 février 2009

BD - Charlie Schlingo dernière


Auteur de BD culte ayant élevé le « n'importe quoi » au rang de chef d'œuvre, Charlie Schlingo n'a pas été épargné par la vie. Mais il s'est bien rattrapé, profitant au maximum des rares joies encore permises sur cette terre : l'alcool, les femmes, la déconne... 

Cette biographie écrite par Teulé et dessinée par Cestac fait du yoyo entre émotion et franche rigolade. Une jambe folle à cause de la polio n'a pas empêché Charlie Schlingo de bouffer la vie à pleine dents. Le petit provincial, une fois monté à Paris, s'est lancé à corps perdu dans la bande dessinée, sa passion, cette forme d'expression qui lui a permis d'oublier son triste sort d'handicapé. 

Ses histoires loufoques sont publiées dans Hara Kiri et Métal Hurlant. Il ne rencontre pas le succès populaire, mais une poignée de fans sont fidèles. Josette de Rechange, son héroïne, va traîner ses bas résille dans quelques albums. 

Sa fin fut tragique, la seule chute pas drôle de sa carrière.

« Je voudrais me suicider mais j'ai pas le temps », Dargaud, 18 € 

jeudi 26 février 2009

roman français - Délires américains


Voix singulière dans la littérature francophone, Nicolas Pages propose dans ce roman un vaste tour d'horizon de tous les excès possibles et imaginables dans cette ville sans pareille qu'est New York. Après un court texte d'introduction à la première personne, tout le reste du récit prend la forme d'un dialogue. Entre Arnaud et Vincent dans un premier temps, dans un appartement à New York, puis Arnaud, Vincent et Lucas, dans une ferme, en France. 

Des amis, qui ont en commun d'être devenus "accros" à Big Apple. Dans la première partie, c'est Arnaud qui raconte à Vincent les aventures extraordinaires qu'il a vécu en peu de temps. En 2000, donc avant l'attentat des tours jumelles, il est étudiant. Le soir, il travaille dans un bar gay. Il est lui-même homosexuel et ne se prive pas de collectionner les aventures. Parfois il prend un cachet d'ecstasy ou une ligne de cocaïne.

Cocaïne à gogo

Sa vie va radicalement changer quand il acceptera de changer de colocataire. Dans un grand appartement il accueille Ricardo, steward brésilien faisant régulièrement des allers-retours entre les USA et l'Amérique du Sud. Il ramène dans ses bagages de l'esctasy et de la cocaïne. Beaucoup de cocaïne. Résultat leur train de vie s'améliore rapidement. « Ricardo se faisait entre dix et vingt mille dollars par semaine, explique Arnaud. Il y avait des sacs entiers de billets. On avait vraiment la belle vie. » Arnaud se souvient de cette période aujourd'hui révolue. Avec nostalgie mais aussi beaucoup de clairvoyance. 

A une question de Vincent, il se confesse presque. « Je ne m'occupais que de ma propre petite personne. Et comme j'avais le fric, j'avais ce que je voulais et qui je voulais. Je me suis repayé toute nouvelle collection de vyniles. Et pour les mecs, j'ai légèrement abusé. J'avais une assurance que je ne me connaissais pas. C'est triste, mais c'était grâce au fric. Je me suis comporté en total égoïste. Tout ce qui m'intéressait c'était mon plaisir. » Ces regrets, sincères, atténuent l'apologie de l'usage de la drogue qui semble transparaître de ce texte sans tabou.

Voyage mouvementé

Cela aurait pu continuer longtemps comme cela, mais un jour Ricardo, paniqué, craint de s'être fait repéré. Arnaud va prendre les choses en main et cacher la drogue (pas moins de trois kilos), chez un ami français, Lucas. Ricardo cessant son activité, Arnaud va récupérer la cocaïne et la revendre. Des dizaines de milliers de dollars qu'ils vont dépenser, avec Lucas, dans une traversée de l'Amérique, d'Est en Ouest.

Cette seconde partie, picaresque et toute aussi déjantée dans les excès, est au centre de la conversation à trois, en France, devant une cheminée, bien des années après. Un peu comme des anciens combattants narrant leurs exploits. Des ghettos noirs à Chicago à la rencontre d'une bande de Hells Angels en passant par les drags queens de San Francisco, c'est toute l'Amérique cachée qui est mise en exergue dans ce roman se dévorant d'une traite. On est emporté dans cette folle cavalcade, la magie du texte faisant oublier tout sens critique face à cette débauche de sexe et de drogue. Au final, un drôle de trip pour le lecteur qui sort su livre tout tourneboulé.

« I love NY », Nicolas Pages, Flammarion, 18 €

mercredi 25 février 2009

BD - Recherche graphique


Les éditions Delcourt ont eu la très bonne idée de rééditer le premier livre de Seth. Cet auteur canadien, certainement un des plus doué de sa génération, s'est imposé dans des récits aux dessins clairs et précis, en se mettant en scène. Dans ces 190 pages de format comics, il tente de comprendre pourquoi il est si nostalgique, n'aimant que les objets ayant plusieurs années. 

Il découvre dans un vieux magazine un dessin d'humour d'un certain Karo. Un auteur dont il n'avait jamais entendu parler auparavant. Il va se mettre à la quête de ses dessins, transformant cette curiosité en une véritable obsession. 

Réflexion sur la vie qui passe, la notoriété, l'accomplissement de soi, cette BD qui ne peut laisser personne indifférent.

« La vie est belle malgré tout », Delcourt, 16,50 € 

mardi 24 février 2009

BD - Trois jours d'enfance


Trois jours de crise, trois jours en enfance. Fabien, 36 ans, au chômage, quitte sa femme et se réfugie chez ses parents. Là, rien n'a changé. Sa chambre de petit garçon, ses souvenirs, le bois où il s'amusait avec ses copains du primaire. Un bois aux pouvoirs magiques puisqu'il suffit qu'il s'approche de l'ancienne cabane pour qu'il se retrouve dans son corps de gamin.

 Durant trois jours, il va revivre les soirée familiales, les bancs de l'école et les bagarres. Jusqu'à ce qu'il comprenne où cela doit l'emmener au final. 

Un roman graphique sans concession écrit par Damien Marie et illustré par Vanders, virtuose des ambiances sombres.

« Parce que le paradis n'existe pas », Bamboo, 14,90 € 

lundi 23 février 2009

BD - Histoires caïrotes


Vivant au Caire depuis plus de 15 ans, Golo s'est totalement imprégné de cette ville et de ses habitants. Aujourd'hui, il se dévoile pour la première fois. Dans cet album foisonnant, il raconte ses premières années dans cette ville gigantesque, grouillante de vie, cosmopolite et accueillante. 

Le jeune dessinateur français aux cheveux longs de la fin des années 70 va croiser la route de Goudah, « un artiste du hasard, un créateur de situations, un tourbillon de fantaisie. » Il est au centre de ces 90 pages de même que les différentes versions des Mille et une nuits, œuvre emblématique de l'Orient. 

Un regard différent sur un pays et une civilisation.

« Mes mille et une nuis au Caire » (tome 1), Futuropolis, 17 € 

dimanche 22 février 2009

Mes BD souvenirs (1)

Quand j'essaie de me souvenir de mes plus jeunes années, les images les plus fortes sont souvent liées à des bandes dessinées. Très jeune j'ai été fasciné par ce mode d'expression. Et cette passion m'est restée. Aujourd'hui encore, je jubile autant en recevant la dernière nouveauté d'une nouvelle maison d'édition qu'en découvrant, dans un vide-greniers, un vieil exemplaire d'une revue des années 60 ou 70. Ces illustrés, dans toute leurs diversités, je les ai dévorés des journées durant, vivant par procuration, déjà.


Comme beaucoup de gamins, au début des années 70, j'ai débuté en lisant les petits formats. Trois titres m'ont plus spécialement marqué : Akim, Zembla et Janus Stark. Mes rapports avec les petits formats ont débuté d'une façon très étrange. Sans argent de poche, je ne pouvais m'acheter le moindre titre. Mais un de mes copains m'a expliqué comment il lisait des dizaines de petits formats pour quelques centimes. Il fallait être patient et ne pas trop rêver sur les couvertures. Sa combine était de récupérer les invendus. Dans le minuscule village de Gironde que nous habitions, une sorte d'épicière vendait également un peu de presse. En fait, des invendus elle ne renvoyait que la couverture, arrachée sans ménagement, gardant tout le corps de la revue.


Ces petits formats, sans couverture, faisaient mon régal. Une fois tous les trois mois, je me rendais dans le magasin et en ressortais avec un carton plein. Je ne choisissais pas. Mais je me précipitais sur les Akim et Zembla, les deux héros qui me plaisaient le plus. Certainement en raison de l'exotisme des histoires. L'Afrique, les animaux sauvages, les tribus de "sauvages"... Les personnages secondaires étaient aussi assez réussis, notamment dans Zembla. Mais déjà je trouvais que certains dessins avaient l'air "ratés". Je tentais déjà de copier certaines cases, sans succès. Parfois, je trouvais les bras du héros trop maigres, ou les jambes disproportionnées par rapport au reste du corps. Je n'avais pas suivi de cours d'anatomie, mais mon œil repérait déjà ces imperfections.


Le seul héros qui m'a véritablement marqué reste Janus Stark. Cette BD anglaise, assez sombre, mieux dessinée que les productions italiennes, m'avait véritablement fasciné. Pas véritablement les intrigues, mais la capacité du héros de se déformer pour passer dans de minuscules ouvertures. Déjà gros, je devais inconsciemment rêver d'être tellement maigre que je pourrais passer sous une porte avec un peu de volonté.

Il va de soi que ces revues, sans couverture donc vite abîmées, ne restaient que peu de temps entre mes mains. Je n'avais pas encore cette volonté de conserver, de collectionner. Je les échangeais avec les copains, voire les jetais après consommation. Les petits formats ont donc été mes premières BD. Pas chères, en noir et blanc, elles m'ont éduqué l’œil, fait rêvé de contrées lointaines. Une bonne préparation avant de découvrir les maîtres absolus qui signaient dans les hebdos, plus chers mais en couleurs : Pif, Tintin et Spirou.


Des petits formats je n'en ai jamais acheté par la suite. Je feuilletais juste dans les librairies, étonné de leur médiocrité. Aujourd'hui ils n'existent plus du tout, si ce n'est quelques rééditions de Blek le Roc, le seul western qui ait trouvé goût à mes yeux. Le papier à jauni, comme nos souvenirs.

(A suivre dimanche prochain) 

samedi 21 février 2009

Science-fiction - Brèche dans le temps

La problématique du voyage dans le passé et une féroce caricature de la téléréalité sont au centre de ce roman signé Christophe Lambert.


En 2060, le voyage dans le temps est devenu une mine pour la télévision qui fait revivre à ses téléspectateurs les moments clés de notre Histoire dans l'émission "Vous y étiez". Mais le public se lassant rapidement, il va falloir trouver un événement fondateur, intense, pour garder les sacro-saintes parts de marché. Un jeune créatif a l'idée qui fait mouche : le débarquement de juin 44 en Normandie. Reste à trouver les volontaires pour aller filmer cette bataille aux airs de boucherie. La production sélectionne deux hommes aux caractères opposés. Gary Hendershot est reporter de guerre. Mitch Kotlowitz est un historien. Gary est un habitué aux missions casse-cou. Encore plus depuis ce funeste jour où sa jeune femme s'est tuée en voiture. Mitch, divorcé et père d'un garçon de dix ans, est un pur intellectuel. Il s'est spécialisé dans les reconstitutions historiques mais cela reste du domaine du jeu.

UN FUTUR FLUCTUANT

Le principe du roman posé, Christophe Lambert a tout loisir de mieux décrire la psychologie des deux héros en puissance et surtout de mieux expliquer les règles du voyage dans le temps. Première directive : ne jamais interférer dans l'action au risque de modifier le futur. Ne pas révéler aux "Pastiens" (les habitants du passé) d'où on vient et ne jamais laisser dans le passé un élément de la technologie du futur.

Les premières heures du programme se passent sans encombre. Les deux envoyés spéciaux filment et décrivent l'embarquement des milliers de soldats, leurs angoisses et espoirs. Le lecteur se doute que quelque chose va coincer dans les rouages du temps quand Mitch, une fois sur la plage, voit un général se faire abattre sous ses yeux. L'historien sait parfaitement que normalement cet homme n'est pas mort le jour du débarquement. Au contraire, c'est le fameux général Cota, héros du débarquement, meneur d'hommes d'exception. S'il n'est plus là, le débarquement risque carrément d'échouer, donnant la possibilité aux armées nazis de se remobiliser, voire de gagner la guerre.

Les deux envoyés spéciaux n'ont plus le choix, ils doivent absolument infléchir le cours de l'histoire, suppléer l'absence de Cota, se transformer en leaders. L'échec serait synonyme pour eux de disparition pure et simple...

Sans avoir le brio de certains romans de Philip K. Dick, grand maître de l'uchronie (reconstitution fictive de l'histoire, relatant des faits tels qu'ils auraient pu se produire), ce récit brillamment mené par Christophe Lambert ne se perd pas en considérations scientifiques, l'auteur préférant décrire minutieusement le quotidien de ces soldats morts pour la liberté.

Certaines scènes du débarquement, déluge de feu et de mort, permettent d'avoir une idée très précise de l'enfer vécu par ces soldats. Quant au paradoxe temporel, il vous réserve encore bien des surprises.

"La brèche" de Christophe Lambert. Fleuve Noir.15 euros (également en poche chez Pocket, 6,80 €)

vendredi 20 février 2009

BD - Vieillesse trash


Laetitia Coryn a 25 ans et sait parfaitement dessiner les petites filles déguisées en princesses. Mais Laetitia Coryn s'intéresse plus aux personnes âges, les vieux. Car Laetitia Coryn ne fait pas dans le politiquement correct. Les papis et mamies qui évoluent dans ses gags en une planche sont incroyables. 

Toujours portés sur le sexe (plutôt tendance sado-maso...), ils ont également la fâcheuse habitude de jouer avec leurs excréments, de martyriser leurs animaux de compagnie et se moquer des jeunes. Certains gags sont carrément immondes. Mais pour connaître ses limites, ne faut-il pas les franchir parfois ? Pervers Pépère à côté fait figure de boy-scout. 

Exemple le fibrome utérin (de la taille d'une balle de tennis) de grand-mère, transformé en jokari par un papi joueur, bien content de faire plaisir à moindre coût à son petit-fils. Si Laetitia Coryn dessine les enfants et adultes sans trop les caricaturer, il n'en est pas de même pour ses personnages favoris, surchargés de rides, plis et autres horreurs physiques habituelles dès que l'on passe les 70 printemps. 

Un album à ne pas mettre entre toutes les mains à base d'humour noir porté à son plus haut niveau.

« Le monde merveilleux des vieux » (tome 2), Drugstore, 10 € 

jeudi 19 février 2009

Roman jeunesse - Quand un autiste enquête après "Le bizarre incident du chien pendant la nuit"


Christopher Boone vit dans une petite ville anglaise en compagnie de son père. Agé de 15 ans, Christopher est différent des autres adolescents. Il est autiste. Pas mongolien, loin de là, mais il n'arrive pas à intégrer une vie sociale normale. Par exemple il adore les maths. Résoudre des problèmes est un jeu d'enfant pour Christopher. Et compter le calme. Mais Christopher ne supporte pas qu'on le touche. Dès qu'il est contrarié il grogne ou se met à crier. Il est parfaitement conscient de ses problèmes comportementaux. 

Vers le milieu de ce roman de Mark Haddon, Christopher liste ces actions qui le desservent. Il relève notamment : "Crier quand je suis fâché ou déconcerté, ne pas aimer ce qui est jaune ou brun, refuser de manger si différentes sortes d'aliments se touchent, frapper les autres, détester la France..." Bref la vie avec Christopher n'est pas toujours facile. Son père qui l'élève seul est souvent sur le point de craquer.

Qui a tué le chien ?

Un événement dans le quartier va faire basculer la vie de Christopher. Un jour, il découvre le corps du chien de la voisine, transpercé par une fourche. L'adolescent, qui aime lire les romans policiers, se met en tête de découvrir le meurtrier du pauvre animal. Il va se lancer dans une enquête, et raconter dans un cahier la progression de ses recherches. C'est ce livre que le lecteur découvre, la prose d'un autiste qui raconte sa vie comme il pense. Parfois c'est très clair, d'autre fois c'est particulièrement tordu et emberlificoté.

Son enquête va conduire Christopher loin de son monde quotidien. Il va devoir prendre le train puis le métro et se déplacer seul à Londres. Or, Christopher a peur de la foule. Il compare son esprit à un disque dur d'ordinateur. Il a des difficultés à faire plusieurs choses en même temps et quand il est sollicité par trop de nouveautés à la fois, il se met en vrille et se déconnecte.

De l'évolution de l'espèce humaine.

Quand il est en train par exemple, le simple fait de regarder le paysage le trouble au plus haut point car il ne peut s'empêcher de tout observer et de tout enregistrer, avec les possibles conséquences : " Ça m'a fait penser qu'il devait y avoir des millions de kilomètres de voies ferrées et qu'elles passaient toutes devant des maisons, des routes, des rivières et des champs, et ça m'a fait penser au nombre incroyable de gens qu'il y a dans le monde et ils ont tous des maisons, des routes pour y rouler dessus, des voitures, des animaux domestiques et des habits et ils déjeunent tous, ils vont au lit et ils ont des noms et ça m'a fait mal à la tête aussi, alors j'ai refermé les yeux, j'ai compté et j'ai grogné." Durant son périple, Christopher aura quelques blancs du même type. A côté de ces situations extrêmes il est doté d'une intelligence réellement supérieure à la moyenne, parvenant parfois à analyser la situation avec une justesse extrême. A propos de l'évolution des humains et des religions, il a une théorie imparable : "Les gens qui croient en Dieu pensent que Dieu a mis l'être humain sur terre parce qu'ils s'imaginer que l'être humain est le meilleur animal du monde.

Mais l'être humain n'est qu'un animal et il évoluera pour produire un autre animal, et cet animal sera plus intelligent que l'être humain et il enfermera les hommes dans un zoo, comme nous enfermons les chimpanzés et les gorilles."

Laissez-vous emporter au pays des chiffres, des listes et de la logique imparable par Christopher Boone. Vous ne le regretterez pas et ne regarderez jamais plus les autistes avec les mêmes yeux...

"Le bizarre incident du chien pendant la nuit", Mark Haddon, Pocket Jeunesse, 19 euros 

mardi 17 février 2009

BD - Affaires à suivre


Denis Robert, en enquêtant sur les « affaires » et plus spécialement celles transitant par la société Clearstream au Luxembourg, a donné un grand coup de pied dans la fourmilière. 

Mais de justicier blanc dénonçant des exactions, il s'est retrouvé dans le costume de l'accusé, ruiné de procès en procès. Comment en est-il arrivé là ? Il le raconte dans cette BD (prévue en trois tomes) dont il assure le scénario, Yan Lindingre s'occupant du découpage et Laurent Astier des dessins. 

Denis Robert revient sur ses débuts dans le journalisme, ses désillusions dans un groupe de presse et ses premiers succès de librairie. Il fut célèbre, il est acculé. Cela se lit comme un polar. Mais la fin est toujours à l'écriture...

« L'affaire des affaires », Dargaud, 22 € 

lundi 16 février 2009

BD - Mère et mer


Histoire de famille chaotique, femme seule, mer omniprésente : cet album de 150 pages en noir et blanc est portée par les mots poétiques de Lætitia Villemin et le dessin précis et énergique de Guillaume Sorel. Ephémère est le nom de cette femme que les auteurs suivent durant toute une vie. 

Fillette ayant perdu ses parents, elle se raccroche à ce qu'il y a de plus rude dans cette Bretagne éternelle : l'océan. Une femme séduisante, séduite, abandonnée. Elle aura un enfant d'un photographe de passage. Un fils qui lui aussi la laissera seule face à cette mer, mangeuse de mère. 

Un album à lire face aux embruns, avec en bruit de fond ces vagues incessantes, si puissantes, immortelles.

« Mâle de mer », Casterman, 14 € 

dimanche 15 février 2009

BD - Ne tombez jamais malade


Voilà l'une des plus anciennes séries du catalogue Dupuis et malgré les décennies, elle n'a pas pris une ride, le ressort humoristique étant toujours aussi fort. La légende prétend que c'est lors d'un séjour à l'hôpital que Cauvin a imaginé ces "Femmes en blanc", essentielles pour la bonne guérison des patients. 

Il a confié le dessin de ces gags et récits complets à un jeune illustrateur, grand spécialiste des gros nez et capable de dessiner dix planches en une seule journée : Bercovici. A croire que Cauvin fait exprès d'être malade pour s'imprégner du milieu et trouver de nouvelles idées. 

Ce 31e tome intitulé "Rentabilité maximum" est désopilant, tout en tirant de plus en plus vers un humour noir, voire macabre. Comme cette histoire sur la meilleure façon de persuader une veuve de donner les organes de son mari fraîchement décédé. Autre moment d'anthologie, la visite d'un ministre, impromptue mais annoncée la veille, pour laisser le temps à la direction de remettre l'hôpital en état et de "trier" les patients. 

Une BD d'une redoutable efficacité qui donne envie de ne jamais tomber malade...

"Les femmes en blanc" (tome 31), Dupuis, 9,45 € 

samedi 14 février 2009

BD - Mémé en momie


Série destinée aux plus jeunes mais pouvant intéresser les plus grands, "Khéti, fils du Nil" est lancé pour la première fois dans une grande aventure en plusieurs parties. Dans cette Égypte des pharaons, Khéti décide d'aider sa jeune fiancée Mayt dans l'épreuve quelle traverse. Sa grand-mère, la doyenne du village, est morte. 

Les obsèques sont prévues dans la soirée. Mais pour que son âme n'erre pas sans fin, il faut dessiner sur le modeste sarcophage en bois les formules magiques qui lui ouvriront le chemin du paradis. Khéti va donc recopier les formules sur des bandes de lin et les retranscrire une fois la cérémonie terminée.

 Problème, quand les deux enfants et leur chat, Miaou, pénètrent dans la tombe, il sont entraînés avec Mémé dans l'au-delà. 

Cette histoire, très instructive sur les rites mortuaires de l'Égypte, est écrite par Isabelle Dethan, passionnée par ce pays et cette période. Au dessin, Mazan, de plus en plus perfectionniste, maniant la couleur comme personne.

"Khéti, fils du Nil" (tome 3), Delcourt, 9,95 €

vendredi 13 février 2009

BD - Les quatre de Baker Street dans l'affaire du rideau bleu


Une nouvelle fois, l'Angleterre Victorienne et les personnages de Sherlock Holmes inspirent des auteurs français. Djian et Legrand se sont associés au scénario pour imaginer la vie mouvementée de certains « auxiliaires » du grand détective imaginé par Conan Doyle. Billie, Charly et Black Tom sont des gamins des rues, utilisés parfois comme guetteurs ou suiveurs par Holmes. 

Dans cette première aventure, ils vont se lancer, seuls, sur les traces d'un proxénète ayant enlevé une adolescente, Betty, la fiancée de Black Tom. Leur enquête (assez mouvementée) dans les bas-fonds de Londres va les conduire dans une maison close, le Rideau bleu, qui a décidé de vendre aux enchères à ses riches clients une « authentique jeune fille » selon les termes de la patronne du lieu. 

Les trois gamins, aidés par un quatrième membre de la bande, vont tout faire pour libérer Betty. 

L'histoire mêlant déduction et humour, est dessinée par Etien, un auteur au trait vigoureux et expressif, appelé à un bel avenir.

« Les quatre de Baker Street » (tome 1), Vents d'Ouest, 13 € 

jeudi 12 février 2009

BD - Fuite majeure


Attention, en lisant ce roman graphique de Cati Baur, toute femme vivant difficilement son statut de « ménagère de moins de 50 ans » pourrait être tentée de faire comme l'héroïne, Marie. 

Cette mère de famille, un soir, en rentrant de vacances avec mari et enfant, se dit, lors d'un arrêt sur une aire d'autoroute : « C'est maintenant ou jamais ! ». Un peu de rouge à lèvres et elle monte dans la cabine d'un camionneur, cap au sud. Marie s'invente une autre vie, loin de son train train, se faisant des amis, des amants dans des endroits où seule l'apparence compte. 

Une fuite en avant, comme si elle n'avait plus que quelques semaines à vivre. 

Récit intimiste, léger et grave à la fois, par une dessinatrice qui sait donner du sens à son récit.

« Vacance », Delcourt, 14,95 € 

BD - Le grimoire des souhaits avec Talisman de Debois et Martin


Pour leur 40e anniversaire, les éditions Glénat lancent de nombreuses séries et les présentent sous un double rabat reprenant la couverture d'un côté et une image-poster de l'autre. Parmi ces nouveautés, Talisman de Debois et Martin devrait plaire aux plus jeunes. 

Une histoire fantastique prometteuse, écrite par un maître du genre et dessinée par une illustratrice espagnole ayant fait ses gammes auprès de Guarnido. Edwin McGill, écrivain à succès, est en panne d'inspiration. Un état qui nuit à ses relations avec sa femme et sa fille, Tara, préadolescente à l'imagination débordante. 

Quand il tombe malade puis sombre dans le coma, les finances de la famille passent au rouge et la vie de Tara devient encore plus difficile. Jusqu'à ce qu'elle découvre dans un coffre, au grenier, une cape magique lui permettant de réaliser ses souhaits. Une cape ayant appartenu à son père et qui pourrait être la cause de sa maladie. 

Un conte prenant avec des personnages très attachants.

« Talisman » (tome 1), Glénat, 13 € 

mercredi 11 février 2009

BD - La captive de Wild River


L'Amérique sauvage, celle des grands espaces, du gibier à profusion et des Indiens, est au centre de cette série écrite par Seiter et dessinée par Wagner. Le souffle de l'aventure balaie cet album qui donne une parfaite idée de la difficulté de vivre et survivre en ces temps rudes et sans loi. 

Robert Frazer, un de ces pionniers, a vu sa vie basculer quand des Indiens Crows ont enlevé sa femme et son fils de six ans. Le lecteur va suivre en parallèle les efforts de Robert pour monter une expédition afin de retrouver sa famille et la vie de la mère et de son enfant dans une tribu indienne de plus en plus belliqueuse face à l'arrogance des Blancs colonisateurs. 

Dans ce déchaînement de violence, le frère de Robert va tenter de calmer le jeu. Mais ce n'est pas évident quand des fanatiques religieux entrent en scène et crucifient des Indiens pour l'exemple. 

Un western des temps anciens, âpre et sanglant, dans des décors grandioses superbement dessinés par Wagner.

« Wild River » (tome 2), Casterman, 11,50 € 

mardi 10 février 2009

Roman jeunesse - La 25e heure est fantastique

A Bixby, quand arrive minuit, durant une heure, tout s'immobilise et les créatures du « monde ancien » prennent possession de la ville.


« Darklings », « grouilleurs »... sous ces noms se cachent des créatures millénaires. Elles apparaisent dans les rues de Bixby, petite bourgade de l'Amérique profonde, à minuit, quand tous les habitants s'immobilisent durant une heure, l'heure secrète. En débarquant à Bixby en provenance de Chicago, la jeune Jessica Day ne se doute pas que ses nuits vont rapidement prendre une étrange tournure.

Le premier tome de cette trilogie fantastique de Scott Westerfeld (le créateur de la série Uglies) débute comme un classique roman pour teenagers. Jessica, en ce jour de rentrée scolaire, découvre son nouveau lycée. Et les élèves. Parmi eux des adolescents normaux, d'autres aux looks différents, peu conventionnels. Rex, large manteau noir et épaisses lunettes de vue est le souffre-douleur des petits caïds. Mélissa a en permanence des écouteurs sur les oreilles, comme pour s'isoler du brouhaha général. Dess, passionnée de maths, « habillée tout en noir, avec des verres fumés et une masse de colliers scintillants ».

Diamants en suspension

Ces trois amis remarquent immédiatement que Jessica n'est pas comme les autres. Jess fait partie des midnighters, les enfants nés à minuit pile. Une particularité qui leur permet de rester éveillés durant l'heure secrète. La jeune héroïne le découvre durant sa première nuit dans cette nouvelle maison. Au début, elle croit que c'est un rêve. « La pièce était inondée de lumière. Jessica la détailla, troublée par l'étrangeté de la scène. La nuit même avait quelque chose de bizarre. La clarté semblait provenir de partout, froide et bleutée. Elle ne dessinait aucune ombre et la chambre paraissait sans relief, pareille à une vieille photo défraîchie. » Étonnée par cette ambiance, elle regarde par la fenêtre. Et découvre une scène incroyable : « Jessica se frotta les yeux, mais les diamants qui flottaient devant elle refusaient de disparaître. Il y en avait des milliers, comme suspendus à des fils invisibles. » Elle devra sortir pour comprendre que ce ne sont que des gouttes de pluie, figées dans l'air et l'espace durant cette fameuse heure secrète.

La seconde nuit sera beaucoup moins féerique. Attirée dehors par un chat, elle le verra se transformer, « pétrifiée d'horreur ». « Le corps du chat s'allongea, s'affina, tandis que sa queue grossissait comme s'il y tassait sa masse. Ses pattes rentrèrent dans ses flancs et sa tête se réduisit, s'aplatit, des crochets sortirent de sa gueule. Le chat s'était transformé en serpent. » Elle apprendra qu'il s'agit d'un grouilleur. Inoffensif selon les autres midnighters venus à sa rescousse alors qu'elle était sur le point de se faire boulotter par un darkling, espèce plus agressive, ayant pris l'apparence d'une grosse panthère. Rex va expliquer à une Jessica incrédule les règles de l'heure secrète. Notamment comment survivre. Les autres midnighters ont un pouvoir, Jessica tarde à découvrir le sien. Mais ce qui est le plus étonnant c'est cette volonté des darklings de l'attaquer, comme si elle représentait un danger pour eux.

Passionnante, inventive, malgré quelques clichés typiques de ces récits pour adolescents américains, l'histoire de ces Midnighters nous réserve encore bien des surprises. Le second tome sortira en mai prochain, l'ultime épisode étant programmé pour novembre. En attendant, ne vous réveillez pas à minuit pile !

« Midnighters, l'heure secrète », Scott Westerfeld, Pocket Jeunesse, 13,50 €

lundi 9 février 2009

BD - Trois épées et de la magie


De l'espionnage à la magie, il n'y a parfois qu'un fil ténu. Niklos Koda, héros imaginé par Dufaux et dessiné par Grenson, utilise ses dons de magiciens pour soutirer secrets et informations confidentielles. Ce magicien, pilier de la collection "Troisième Vague", vit dans son dixième album la fin d'un premier cycle. 

Le club Osiris a de plus en plus de difficulté à résister aux assauts de son ancien protecteur, le Bureau 9. Et les derniers membres soupçonnent Koda de trahison. Ses pouvoirs pourraient l'avoir fait bascule du côté sombre de la magie. Dans les faits il n'en est rien. 

Si Niklos a fait appel à un puissant sorcier maîtrisant l'écoulement du temps, c'est pour sauver sa fille, Seleni. Une fillette qui se révèle avoir au passage récupéré quelques pouvoirs redoutables. On devine que ce personnage va prendre de l'ampleur dans les prochains tomes de cette série vedette. 

Si le scénario est parfois obscur (c'est souvent de la magie noire), on reste sous le charme du trait réaliste de Grenson, de plus en plus à l'aise, se permettant des compositions audacieuses, soignant les gros plans de ses principaux personnages. 

En cadeau, avec cet album, quatre nouvelles cartes de tarot, dont celles des "Trois épées" et des "Anges noirs".

"Niklos Koda" (tome 10), Le Lombard, 10,40 euros

dimanche 8 février 2009

BD - Navis et le monde flottant


Morvan, scénariste français, est fasciné par le Japon. Au point qu'il y a emménagé et a décidé d'installer un studio sur place. Logiquement, Philippe Buchet, le dessinateur de "Sillage", sa série vedette, est du voyage. Baignant dans cette atmosphère depuis quelques mois, c'est logiquement que le duo a imaginé une aventure de Navis se déroulant sur une planète ressemblant étrangement au Japon médiéval. 

La jeune Terrienne, unique survivante de son espèce, est dans de sales draps. Jugée dans le précédent album, elle n'a plus le droit de travailler pour la Constituante, le gouvernement de Sillage, cet immense vaisseau spatial, sorte d-arche de Noé de l'univers. Elle a cependant encore un soutien : son avocat, très intéressé par les qualités de guerrière de Navis. Il l'embauche comme reporter pour tenter de tirer au clair une histoire de massacre de militaires de la Constituante sur la planète RiBhehn par des milices traditionalistes. 

Elles s'opposent au nouvel empereur désirant s'allier avec Sillage, notamment pour utiliser ses armes modernes. Une superbe parabole sur le Japon d'antan, les défauts du modernisme et l'apprentissage. Navis va passer entre les mains d'un maître d'armes faisant furieusement penser au Yoda de la guerre des Etoiles. 

Le 11e titre de la série, parenthèse esthétisante, est intitulé "Monde flottant" en raison du graviton, un minerai très commun sur RiBhehn, inversant l'effet de la pesanteur. Le dessin de Buchet (et ses couleurs) est d'une incroyable inventivité. Entre beauté des paysages et rudesses des machines, il trouve un équilibre qui n'a pas d'égal.

"Sillage" (tome 11), Delcourt, 12,90 euros  

samedi 7 février 2009

BD - Signé D.


Le couple Ayrolles (scénario) Maïorana (dessin) s'est reformé après avoir signé sept tomes de Garulfo. Ils se lancent dans une histoire de chasseur de vampire en tout point passionnante et réussie. 

Dans 62 pages denses et mouvementées, ils présentent les trois principaux personnages de cette aventure se déroulant dans le Londres du XIXe siècle. Richard Drake est un explorateur, viril, impétueux, moustachu et pas insensible au charme de Miss Catherine Lacombe, jeune femme à l'esprit libre, se sentant enfermée dans son milieu familial, ses parents désirant la marier à Lord Faureston, un riche héritier, mystérieux, poète et dansant parfaitement la valse. 

Un triangle amoureux classique qui va vite exploser car Faureston se révèle être un vampire lorgnant plus sur le cou de la délicate Catherine que sur sa dot. Une Miss Lacombe tiraillée entre deux hommes, attirée par la délicatesse de Faureston, elle apprécie aussi la rudesse de Drake. 

Un premier tome palpitant à ne pas manquer.

« D » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 

vendredi 6 février 2009

BD - Écrivain visionnaire



Fernando, écrivain en mal d'inspiration, a résolu son problème. Après avoir fumé de l'herbe chilienne fournie par un ami, il est entré en transe et a écrit un roman étonnamment réel. Il découvrira plus tard que ses écrits se sont effectivement réalisés. Le même principe est à la base du second tome de cette série.

 Fernando commence à raconter la vie de Wanda, jeune prostituée qu'il a rencontré une fois pour se « documenter » sur son métier. L'album, dessiné par Nathalie Berr, raconte, en parallèle, l'enquête de Fernando pour retrouver Wanda (la jeune femme a disparu), et les faits antérieurs, relatés dans le manuscrit en cours du romancier. Des trottoirs de Paris aux palaces de Monte-Carlo, il suivra la trace de la jeune femme avec quelques truands, violents et typiques, aux basques.

 Alexis Robin, le scénariste, jongle parfaitement sur les deux plans, le lecteur étant tenu en haleine tout en découvrant au fil des pages le destin tragique de Wanda.

« Borderline » (tome 2), Bamboo, 12,90 € 

jeudi 5 février 2009

BD - Sommeil compliqué


Imaginez votre état de fatigue si vous aligniez plusieurs nuits blanches d'affilée. Vous seriez énervé, irritable, confus, épuisé... C'est l'état du héros de cette série écrite par Callède et dessinée par Pignault. Jason Newman, avocat brillant, voit sa côte baisser. Normal, cela fait plusieurs jours qu'il n'a pas fermé l’œil de la nuit. 

Il n'en peut plus, est sur le point de craquer. Son salut pourrait venir de sa petite amie, journaliste, qui a entendu parler d'un professeur à la technique étonnante mais efficace. En plein procès criminel, Jason prend deux heures pour tenter le tout pour le tout. 

Il passe dans la machine du docteur, mais n'en ressort pas indemne. Certes il dort près de 24 heures d'affilée, mais au prix d'horribles cauchemars dont les personnages semblent s'immiscer dans sa vie réelle. 

Cette BD fantastique est prometteuse même si le lecteur, en tournant la dernière page, se pose encore plus de questions qu'en découvrant la première.

« Asthénie » (tome 1), Dupuis, 13,50 € 

mercredi 4 février 2009

Littérature française - Romancier blessé dans "Impardonnables" de Philippe Djian

Un jour, on dit non. C'est notre dernier mot. On ne pardonne plus. Philippe Djian, dans « Impardonnables », décortique ce moment où tout bascule.


La vie de Francis pourrait être idéale. Écrivain ayant rencontré un beau succès, il est à l'abri du besoin. Vivant dans une grande villa au Pays Basque, il vient d'avoir 60 ans, se ménage physiquement, vit avec sa femme, Judith, beaucoup plus jeune que lui. Sa fille, Alice, est une actrice renommée, presque une star, une people, assurément. Mais Francis comprend, ce matin-là, que rien ne sera plus comme avant. A l'aéroport, il se doute qu'Alice ne sera pas dans l'avion en compagnie de son mari et de ses deux fillettes. Alice a disparu. Francis vit cet événement hors normes dans une angoisse absolue car si actuellement la vie de l'écrivain est calme et posée, ce ne fut pas le toujours le cas. Il y a un peu plus d'une dizaine d'années, il a vu sa femme et sa fille aînée brûler dans sa voiture. Il tenait Alice, adolescente, dans ses bras.

Francis va tout mettre en œuvre pour retrouver Alice. Fugue ou enlèvement, les policiers piétinent. Le père va engager un détective privé pour enquêter. Une détective, une amie d'école, la meilleur dans la région. Francis va se rapprocher de cette femme solitaire qui, elle aussi, a des problèmes avec sa progéniture. Son fils vient de sortir de prison, après quelques années derrière les barreaux pour un braquage ayant mal tourné.

Puzzle de personnages

Ce roman de Philippe Djian est comme un puzzle dont on découvre sans cesse de nouveaux morceaux, sans connaître l'image finale. Les morceaux ce sont les personnages qui vont se multiplier, se croiser, avoir des relations les uns avec les autres. Avec cependant Francis en figure centrale, narrateur et acteur de cette histoire remuant un passé sombre et nauséeux. Il est spectateur de la déconfiture de son couple. « Dix ans de mariage nous laissaient sonnés, elle et moi. Singulièrement groggy. Incapables d'expliquer clairement ce qui nous arrivait. Comme anesthésiés. Nous ne parvenions pas à le formuler mais ne faisions pas semblant de l'ignorer. » Il va se rapprocher de Jérémie, le fils de la détective. L'aider dans sa réinsertion, lui trouver un petit boulot : suivre discrètement Judith qu'il soupçonne d'adultère. Ce petit jeu d'espionnage va se révéler dangereux et dévastateur.

L'autre intérêt de ce roman réside dans les digressions du narrateur sur son statut de romancier à succès. Philippe Djian semble y avoir mis un peu de son ressenti, notamment quand il écrit : « Il n'était pas facile d'expliquer comment l'on pouvait passer trente années devant une feuille blanche et encore moins que le moteur de cette folie était le style – ce gouffre, cette prison, cette tanière d'où l'on parlait de l'absolue nécessité d'une phrase, de sa beauté, de sa vibration secrète, sans ciller. » L'auteur a prouvé qu'il faisait partie de ces esthètes du paragraphe, ce roman en est le dernier exemple en date.

« Impardonnables » de Philippe Djian, Gallimard, 17,50 € 

mardi 3 février 2009

BD - Allez Paillar !


Le rugby des villages a sa BD. Les Rugbymen, de Beka (scénario) et Poupard (dessin) sont de retour. Un série vedette de chez Bamboo qui cumule plus d'un million d'exemplaires vendus. 

Dans ce nouveau recueil, l'équipe de Paillar recrute un 3e ligne d'exception. Jonas Frilung, Sud-Africain au gabarit impressionnant (c'est un clone de Jonah Lomu), est surnommé le Sécateur. Il plaque plus vite que son ombre. Le ballon, il ne le touche pas beaucoup, par contre les adversaires font les frais de ses bras d'acier. 

En fin de volume, une dizaine de planches propose les vacances de l'équipe dans un camping au bord de la Méditerranée. Les Rugbymen versus les baigneuses : de Paillar au paillard...

« Les Rugbymen » (tome 7), Bamboo, 9,45 € 

lundi 2 février 2009

BD - Taureau ET vache


Si Cauvin a un peu réduit sa production (il fut un temps où ce scénariste produisait un tiers des publications Dupuis), il ne se contente pas de ses titres vedettes (Tuniques Bleues, Cédric, Femmes en blanc...) et sait prendre des risques. 

Il lance une nouvelle série avec un dessinateur talentueux, David de Thuin, au trait simple et expressif. Un fermier, voulant augmenter son cheptel, achète un taureau sur un marché. Désiré, c'est le nom du bovidé, se révèle avoir un secret inavouable : mâle, il se sent vache. Il est incapable de se reproduire avec Rosette, la vache de la ferme. 

Sur cette idée farfelue, Cauvin propose 46 pages d'un dialogue savoureux, plein de sous-entendus formant une jolie ode à la différence.

« Coup de foudre » (tome 1), Dupuis, 9,45 € 

dimanche 1 février 2009

BD - Cartable magique


Rentrée des classes pour la jeune Nina. Cette fillette de dix ans ne se doute pas que cette année scolaire sera exceptionnelle. Deux êtres merveilleux viennent d'emménager dans son cartable : Sybil, une fée et le Pandigole, valet de chambre de la petite fée, glouton et farceur. 

Nina va profiter des pouvoirs de Sybil pour améliorer son quotidien : devoirs faits d'un coup de baguette magique, rencontre avec d'autres êtres magiques. Dont certains qui ne veulent pas que du bien à la jeune héroïne. 

Une série plus spécialement destinées aux filles (elle a été prépubliée dans la magazine Witch) écrite par Michel Rodrigue et dessinée par Antonello Dalena, Italien formé sur Skydoll et Monster Alergy.

« Sybil, la fée cartable » (tome 1), Le Lombard, 9,45 €