jeudi 26 février 2009

roman français - Délires américains


Voix singulière dans la littérature francophone, Nicolas Pages propose dans ce roman un vaste tour d'horizon de tous les excès possibles et imaginables dans cette ville sans pareille qu'est New York. Après un court texte d'introduction à la première personne, tout le reste du récit prend la forme d'un dialogue. Entre Arnaud et Vincent dans un premier temps, dans un appartement à New York, puis Arnaud, Vincent et Lucas, dans une ferme, en France. 

Des amis, qui ont en commun d'être devenus "accros" à Big Apple. Dans la première partie, c'est Arnaud qui raconte à Vincent les aventures extraordinaires qu'il a vécu en peu de temps. En 2000, donc avant l'attentat des tours jumelles, il est étudiant. Le soir, il travaille dans un bar gay. Il est lui-même homosexuel et ne se prive pas de collectionner les aventures. Parfois il prend un cachet d'ecstasy ou une ligne de cocaïne.

Cocaïne à gogo

Sa vie va radicalement changer quand il acceptera de changer de colocataire. Dans un grand appartement il accueille Ricardo, steward brésilien faisant régulièrement des allers-retours entre les USA et l'Amérique du Sud. Il ramène dans ses bagages de l'esctasy et de la cocaïne. Beaucoup de cocaïne. Résultat leur train de vie s'améliore rapidement. « Ricardo se faisait entre dix et vingt mille dollars par semaine, explique Arnaud. Il y avait des sacs entiers de billets. On avait vraiment la belle vie. » Arnaud se souvient de cette période aujourd'hui révolue. Avec nostalgie mais aussi beaucoup de clairvoyance. 

A une question de Vincent, il se confesse presque. « Je ne m'occupais que de ma propre petite personne. Et comme j'avais le fric, j'avais ce que je voulais et qui je voulais. Je me suis repayé toute nouvelle collection de vyniles. Et pour les mecs, j'ai légèrement abusé. J'avais une assurance que je ne me connaissais pas. C'est triste, mais c'était grâce au fric. Je me suis comporté en total égoïste. Tout ce qui m'intéressait c'était mon plaisir. » Ces regrets, sincères, atténuent l'apologie de l'usage de la drogue qui semble transparaître de ce texte sans tabou.

Voyage mouvementé

Cela aurait pu continuer longtemps comme cela, mais un jour Ricardo, paniqué, craint de s'être fait repéré. Arnaud va prendre les choses en main et cacher la drogue (pas moins de trois kilos), chez un ami français, Lucas. Ricardo cessant son activité, Arnaud va récupérer la cocaïne et la revendre. Des dizaines de milliers de dollars qu'ils vont dépenser, avec Lucas, dans une traversée de l'Amérique, d'Est en Ouest.

Cette seconde partie, picaresque et toute aussi déjantée dans les excès, est au centre de la conversation à trois, en France, devant une cheminée, bien des années après. Un peu comme des anciens combattants narrant leurs exploits. Des ghettos noirs à Chicago à la rencontre d'une bande de Hells Angels en passant par les drags queens de San Francisco, c'est toute l'Amérique cachée qui est mise en exergue dans ce roman se dévorant d'une traite. On est emporté dans cette folle cavalcade, la magie du texte faisant oublier tout sens critique face à cette débauche de sexe et de drogue. Au final, un drôle de trip pour le lecteur qui sort su livre tout tourneboulé.

« I love NY », Nicolas Pages, Flammarion, 18 €

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