lundi 14 janvier 2008

Roman - Amour impossible pour l'employé de la morgue

Avec « L'étreinte », Martin Gülich, écrivain allemand, nous entraîne dans les pas de Dolf, employé d'une morgue, amoureux d'une veuve.


Roman singulier et dérangeant, « L'étreinte » est le premier ouvrage de Martin Gülich bénéficiant d'une traduction en français. Le héros, bien qu'il affirme haut et fort qu'il n'est pas idiot, ressemble pourtant à un simple d'esprit. Mais doué de sentiments, bien qu'il faille avoir une sacrée carapace pour travailler à la morgue. Il assiste un médecin légiste, prenant les organes des morts, les pesant puis les replaçant dans le corps. 

Il vit dans une chambre minuscule, collectionne les insectes et n'a qu'un seul ami, Walter, ouvrier dans les chemins de fer, grand séducteur. Il abreuve Dolf de ses exploits sexuels. Mais Dolf, à, trente-huit ans, est toujours vierge. Les femmes et Dolf ? « Moi aussi, pourtant, je les déshabille, je les mets toutes nues devant moi. Puis, je m'éloigne de quelques pas et je les regarde : des jeunes, des vieilles, des grosses, des maigres, des belles, des moches, des poilues, des rasées. Des femmes mortes ». Mais les vivantes l'évitent systématiquement. « Un type qui pue le cadavre, les femmes veulent pas faire ça avec lui. C'est ça le problème ». Tout bascule quand un corps est retrouvé dans la rue. Plusieurs coups de couteau dans l'abdomen, une mort lente, pas d'identité. Durant une semaine le cadavre de l'inconnu reste à la morgue et finalement une femme vient le reconnaître. 

Elle s'appelle Natalie, est belle et désespérée. S'effondrant en larmes, elle se réfugie dans les bras de Dolf. Une étreinte qui électrise Dolf. Il tombe amoureux de cette femme qui le remercie d'être « un bon consolateur ». Mais comment la conquérir ?

Martin Gülich signe un roman âpre, parfois macabre, souvent poétique. Le personnage de Dolf, amoureux maladroit, fou et macabre fait découvrir au lecteur des extrémités que les gens normaux n'oseraient même pas imaginer.

« L'étreinte », Martin Gülich (traduit de l'allemand par Nicole Taubes), Flammarion, 15 € 

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