Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
samedi 9 juin 2007
BD - Voleurs de momie
Le premier tome de « Smoke City » est la classique introduction racontant la reformation, six années plus tard, d'une bande de cambrioleurs réputés géniaux. C'est Carmen la première qui prend l'initiative « diable en robe moulante », elle vient solliciter Cole, oubliant ses exploits dans l'alcool fort. Ils iront ensuite récupérer Moe, qui a mis ses talents informatiques au service de la police. Puis il feront évader Harper, expert en arts martiaux avant de faire sortir Franklin de l'asile psychiatrique où ce grand psychopathe (et père de Cole) tente de retrouver ses esprits. Un dernier, Hideaki, décline la proposition mais se fait remplacer par sa meilleure élève Miyako. Une fois le groupe reconstitué, ils vont tous aller voir leur commanditaire, M. Law, richissime collectionneur d'art qui désire qu'on lui dérobe une momie. Sa momie. Il s'agit en fait d'une arnaque à l'assurance. Mais l'arnaque n'est peut-être pas là où on le croit. Un polar, qui semble dévier vers le fantastique, écrit par Mariolle et dessiné tout en couleurs d'ambiance par Benjamin Carré.
("Smoke City", Delcourt, 12,90 €)
mardi 8 mai 2007
Roman - Une fenêtre jaune sur l'inconnu
L'imagination de Serge Brussolo n'a pas de limite. On a même l'impression que cet écrivain ne la maîtrise pas complètement. Certains de ses romans, débutant dans une direction, prennent parfois une toute autre orientation en cours de récit. « La fenêtre jaune », thriller inédit paru directement au Livre de Poche, en est l'exemple même.
Cela débute comme un thriller classique. Très américain. Mais au milieu de l'ouvrage, l'ambiance générale change totalement, basculant dans une science-fiction cauchemardesque toujours chère à Serge Brussolo. Cassidy débarque donc au coeur du désert californien. Cette romancière, spécialisée dans la littérature pour la jeunesse, est interpellée quand elle apprend qu'une voiture vient d'être découverte au sommet d'un piton rocheux totalement inaccessible. Une voiture accidentée. Comme si, après un choc, elle avait été projetée à des centaines de mètres d'altitude.
Légendes indiennes
Cassidy n'est pas par hasard dans cette région. Elle est la recherche de son frère et de son fiancé, disparus quelques mois auparavant. Pour tenter de retrouver leurs traces, elle loue la même maison isolée qu'eux. Elle y découvre un capharnaüm mécanique dantesque. Avant de s'évaporer, ils ont mis au point une voiture à turbine surpuissante pouvant atteindre des vitesses extrêmes. Le début de cette enquête, entre constatation policière et légendes indiennes de la région, est très classique. Serge Brussolo insiste simplement sur l'angoisse de cette jeune femme, seule au milieu du désert.
Une solitude qui ne dure pas. Elle croise la route de Ziggy Starboy, un illuminé qui lui explique dans quelles circonstances les deux hommes ont disparu. Sur la longue piste d'une base aérienne militaire abandonnée, certaines nuits, une mystérieuse fenêtre jaune mobile se matérialise. Il est persuadé qu'il s'agit de l'ouverture sur un monde parallèle. Mais pour arriver à la franchir, il faut se déplacer aussi vite qu'elle. Une fenêtre qui fonctionne dans les deux sens. Ziggy a déjà récupéré sur la piste des hommes affublés d'un scaphandre doré. Mais ils sont tous morts quelques heures après leur arrivée. Quand Cassidy découvre ces humains, littéralement momifiés dans une salle spéciale, elle commence à croire Ziggy. Et prend sa décision : elle aussi va tenter de franchir cette fenêtre jaune. Pour retrouver son fiancé, pour ramener son frère.
A la page 110, « D'une détente des cuisses, Cassidy plonge à l'horizontale en direction de la fenêtre jaune. La lumière l'avale ». A la page 111, c'est presque un nouveau roman qui débute.
De l'autre côté de la fenêtre, le monde décrit par Serge Brussolo est totalement différent. Mais mieux vaut ne pas en dire plus. Car c'est bien là, dans cette formidable capacité à nous étonner, que réside tout l'intérêt des romans de cet auteur hors normes. Précisons simplement qu'il est question d'une société fermée, terrorisée, où les cauchemars des enfants sont monnaie courante. Un monde angoissant que vous n'êtes pas prêt d'oublier...
« La fenêtre jaune », Serge Brussolo, Le Livre de Poche, 6,50 €
lundi 7 mai 2007
BD - Une tête pas chère
Il y a à peine un peu plus d'un an, les éditions Futuropolis lançaient la collection 32. 32 pages pour moins de 5 euros. Echec commercial. Mais cela ne décourage pas les éditeurs de trouver des solutions innovantes. Paquet, maison suisse, lance donc en ce mois de mai la collection « Tekap ». Des albums de 30 pages, en couleurs et avec couverture cartonnée pour 5 euros pile poil. Parmi les trois premiers titres, une histoire de pirates par Artur Laperla, auteur du remarquable « Voleurs de chiens ». Au début du 18e siècle, le jeune botaniste Lafleur est envoyé aux Antilles pour y effectuer des recherches. Mais, arrivé sur place, il est enlevé par des pirates. Ils demandent une rançon. L'employeur de Lafleur ne voulant pas payer, il est conduit sur une petite île pour y être exécuté. C'est là que son chemin va croiser celui de Wilson l'enragé, pirate redoutable, victime d'une malédiction. Il ne reste de la terreur des Caraïbes que la tête. Une tête très persuasive qui va sauver Lafleur puis l'entraîner dans des aventures maritimes entre magie vaudou et sanglantes batailles maritimes.
("La tête de Wilson l'enragé", Paquet, 5 €)
mardi 3 avril 2007
BD - Trop mortel, frissons garantis
jeudi 22 mars 2007
BD - Valamon, destin exceptionnel
Reno, jeune dessinateur talentueux, a un seul et gros défaut : il est lent, incroyablement lent. Après avoir débuté dans les pages de Tchô, en racontant les histoires (comiques) des Womoks, il vient de franchir le pas et signe avec Valamon une série réaliste d’héroic-fantasy. Décors, costumes, animaux : il laisse libre cours à l’imagination de sa plume, le tout agrémenté de couleurs qu’il ne laisse le soin à personne d’autre de réaliser. Dans un petit village, Valamon est un jeune homme orphelin recueilli par le prêtre de la communauté. Quand il annonce à son mentor son intention de prendre la relève, ce dernier est fou de joie. Un chevalier par contre désapprouve ce choix car Valamon est un redoutable bretteur. En fait, l’orphelin accepte cette charge religieuse pour devenir un notable, ce qui lui permettra d’épouser la femme qu’il aime, Fassendre. Le jour de la cérémonie, le destin de Valamon va basculer. Il se saisit du poignard de la cérémonie et égorge le haut responsable religieux. Valamon a reconnu l’assassin de son père. C'était il y a 18 ans. Le scénario de Jarry laisse entrevoir des aventures très mouvementées pour un jeune héros en devenir.
(Delcourt, 12,90 €)
MAJ : le tome 2 n'est jamais paru...
lundi 12 mars 2007
BD - Chaînon manquant
L'homme de Néandertal a disparu il y a des siècles et des siècles. Supplanté par l'homme de Cro-Magnon dont nous ne sommes que les descendants. Dans cette grosse BD de 150 pages signée Gary Frank, l'auteur américain imagine que ces primitifs ne l'étaient pas tant que cela.
Et ils n'ont pas disparu, mais ils se cachent, pour éviter tout contact avec notre race, beaucoup trop belliqueuse à leurs yeux. Jusqu'au jour ou des militaires américains tuent un de ces singes recouvert de fourrure au cœur de l'Alaska.
Dans un récit très mouvementé, Frank raconte comment une ranger et un agent secret aident Bob, dernier représentant de sa race, à fuir l'armée américaine.
Entre théorie du complot et science-fiction urbaine, cette BD aux multiples personnages est superbement dessinée.
« Kin », Bamboo, 16,90 euros
dimanche 11 mars 2007
Roman - La mort à l'hôpital
Son père à l'agonie dans une chambre d'hôpital, Midgley, la quarantaine, fait le bilan de sa vie dans un roman très british d'Alan Bennett.
Alan Bennett est très connu en Grande-Bretagne. Ses pièces de théâtre, romans et séries télévisées remportent un immense succès populaire. Il est d'autant plus connu qu'il interprète parfois les personnages qu'il a imaginés.
C'est le cas de Midgley, le héros de ce court roman, adapté du scénario d'une dramatique tournée pour la BBC en 1982. Midgley est professeur. Il est dérangé en plein cours. L'hôpital le cherche car son père, 74 ans, vient d'être admis en «soins intensifs ». Retrouvé inanimé chez
lui par la femme de ménage. Pratiquement dans le coma, après deux journées passées étendu sur le carrelage de sa cuisine. Midgley décide de se rendre immédiatement à l'hôpital et c'est cette longue attente près de son père mourant qu'Alan Bennett raconte avec une férocité toute britannique. Car c'est bien connu, lors des coups durs, on a une forte propension à se remettre en cause. Midgley ne fait pas exception.
Au contraire. Il culpabilise de ne pas être allé voir son père dimanche dernier.
Comme pour expier cette faute, il a la ferme intention de rester à ses côtés jusqu'à son demier souffle. Cela ne devrait pas trop durer car le premier docteur rencontré, «un jeune Pakistanais pâlichon », lui confie d'emblée: «La pneumonie s'est bien installée, son cœur est très affaibli. Tout bien considéré, il est probable qu'il ne passera pas la nuit. »
L'éveil des sens
En compagnie de sa tante Kitty, insupportable commère passionnée par les affres de la famille royale et les nouvelles maladies rares, il va se remémorer les derniers instants passés avec son père conscient, cherchant dans le moindre détail un signe qu'il aurait pu interpréter comme un avertissement. Le vieillard, connecté à de multiples machines, ne bouge pas.
Inconscient, sans réaction. Midgley tente de se persuader qu'il va se réveiller et que tout va redevenir comme avant. Malgré les paroles définitives du docteur. Il attend, entre espoir et crainte, fatigué mais déteminé. Jusqu'à ce qu'un nouveau personnage fasse son apparition: « Midgley regagna la chambre et s'assit aux côtés de son père. En son absence, une infirmière était arrivée, une femme à la peau mate, un peu grassouillette, moins hautaine et apparemment plus humaine que les autres. À vrai dire, elle n'était pas d'une propreté exemplaire. Ses cheveux étaient ramenés à la va-comme-je-te-pousse sous son bonnet et ses bas filaient en plusieurs endroits. Elle entreprit de redresser les couvertures, se penchant au-dessus du corps inerte de telle sorte que son derrière se retrouva bientôt à quelques centimètres du visage de Midgley. » Et ce qui devait arriver arriva. Malgré sa petite vie casée et l'agonie de son père, Midgley va être irrésistiblement attiré par cette femme.
Alan Bennett raconte magistralement le cheminement intellectuel du héros, fils indigne, mari infidèle ; humain tout simplement.
« Soins intensifs », Alan Bennett (traduction de Pierre Ménard), Denoël, 12 €
samedi 10 mars 2007
Polar - Passé irlandais
Irlande secrète, Irlande mystérieuse, Irlande sombre. Ce thriller de Julie Parsons explore le côté obscur de l'Île émeraude
Quand il arrive dans la région de Cape Clear, à l'extrême sud de l'Irlande, Adam se fait très vite des amis. Il est vrai que ce jeune Anglais, blond, grand et avenant, a un charme indéniable. A la recherche de petits boulots, il s'embarque sur des chalutiers et c'est en revenant d'une sortie en mer qu'il découvre Trawbawn. Une grande bâtisse, entourée de jardins savamment entretenus par Lydia Beauchamp. Lydia est une vieille femme bien seule depuis le suicide de son mari, Alex, et le départ de sa fille Grace. Lydia et Grace Beauchamp, deux femmes écorchées, séparées par une génération mais tourmentées toutes les deux par un passé qu'elles tentent d'enfouir dans les années mais qui revient inexorablement à la surface.
Douloureuses naissances
Lydia et Grace sont donc les deux héroïnes de ce thriller verdoyant de Julie Parsons, néo-zélandaise installée en Irlande depuis presque un demi-siècle. Lydia était une jeune infirmière anglaise pleine de vie jusqu'à ce qu'elle tombe enceinte d'un chirurgien marié.
Elle garde l'enfant, Grace, et refait sa vie en Irlande,. trouvant un boulot dans un hôpital psychiatrique. C'est là qu'elle rencontre Alex, un patient doux et dépressif. Ils se marient, Grace a ainsi une véritable famille. Un concours de circonstance fait qu'ils échouent dans la grande demeure de Daniel Chamberlain, à Trawbawn. A la mort de ce dernier, Lydia hérite de la propriété quelle bonifie en ouvrant au public les magnifiques jardins.
Tout irait pour le mieux si Grace, à l'âge de 16 ans, ne tombait à son tour enceinte. L'adolescente refusant de dévoiler le nom du père, Lydia fait le nécessaire pour que ce bébé ne soit pas un frein à l'ascension sociale de sa fille. Placée dans une institution, dès que le petit Daniel vient au monde, il est adopté par un couple stérile. Grace, tenant sa mère pour responsable, quitte le foyer familial et poursuit, seule, ses études à Londres. Brillante enseignante, elle se marie et a une petite fille, Amelia, aujourd'hui âgée de 16 ans.
Le lecteur découvre au fil des événements ces parcours de femmes blessées et comprend que Lydia et Grace ne se sont plus parlées depuis 28 ans, autrement dit la naissance de Daniel.
Regrets éternels
Adam, pivot du roman, va quitter son rôle de gentil garçon pour se transformer en ange de la mort, outil d'une vengeance mûrement réfléchie. Il va s'immiscer dans la vie de ces deux femmes déchirées de tristesse malgré le temps passé.
Ainsi, Grace, après une journée de travail,« s'offrirait le luxe de se souvenir. De son bébé à elle, son petit garçon. Arraché à elle à six semaines. Lorsqu'il avait été capable d'ouvrir ses yeux bleus laiteux et de la fixer, une minuscule ébauche de sourire flottant autour de ses petites lèvres molles. Ce soir, où Amelia n'était pas là et où elle avait la maison pour elle seule, elle regarderait le dessin du bébé et elle laisserait libre cours à ses larmes ». Et au même moment, dans sa grande maison vide, Lydia endure un véritable calvaire: « La douleur était devenue intolérable. Une souffrance atroce montait des profondeurs de son être. Elle avait envie de gémir, de sangloter. De supplier qu'on la pardonne, qu'on la comprenne. Mais il n'y avait personne pour entendre ses suppliques".
Julie Parsons utilise ce roman policier pour décortiquer et expliquer comment le passé et les regrets peuvent vous consumer lentement, de l'intérieur.
« Le sablier d'or », Julie Parsons, Calmann-Lévy, 20 €
vendredi 9 mars 2007
Polar - Papy mafia avec "La fille de l'arnaqueur" d'Ed Dee au seuil
Eddie Dunne, ancien flic alcoolique, s'est reconverti en grand-père gâteau. Mais son passé le rattrape quand des inconnus enlèvent sa fille
Ed Dee, ancien lieutenant de police de New York spécialisé dans le démantèlement du crime organisé, puise dans son expérience personnelle du terrain pour signer des polars d'un étonnant réalisme. Que cela soit dans les faits et gestes des policiers comme des truands, tout sonne juste. Une peinture sociale sans fioritures. Son personnage principal, par exemple, a probablement existé.
Eddie Dunne a longtemps été un flic de base à New York. Un bon flic, presque exemplaire. Mais il a été entraîné dans les excès par son coéquipier, un Italien dont tout le reste de la famille faisait partie, corps et âme, de la Camorra. Devenu alcoolique, surpris par sa hiérarchie dans une réception en compagnie de tous les truands italiens de la région, il a dû quitter la grande maison sans les honneurs.
Et pour survivre, il a accepté de servir de garde du corps à un important mafieux russe installé aux USA. Pas dangereux comme job, mais terriblement compromettant. Quelques années pour se constituer une bonne cagnotte, histoire de vivre décemment une retraite enfin calme et sereeine.
Grand-père gâteau
Aujourd'hui, il passe beaucoup de temps avec sa petite-fille, Grace. Il héberge même sa mère, Kate, depuis qu'elle s'est séparée de son mari. Dans les premières pages, très bucoliques et enfantines, il accompagne Grace à l'école.
Et en revenant chez lui, il découvre que Kate vient d'être enlevée par des inconnus. Eddie contacte ses anciens collègues, attendant un signe des ravisseurs. Mais ces derniers ne se manifestent pas. Qui en veut à Eddie au point de s'attaquer à ce qu'il a de plus cher, sa famille?
Malgré les avertissements de la police locale, il décide d'enquêter du côté de ses anciens employeurs. Il contacte donc Anatoly Lukin, vieil homme fatigué, totalement paranoïaque et riche à millions après ses arnaques à la sécurité sociale: « Quoi qu'ait pu faire Lukin en Russie, il n'avait pas recours à la violence en Amérique. C'était un escroc, un trafiquant de chèques falsifiés qui s'en prenait aux grandes administrations et aux grosses entreprises. » Aux yeux d'Eddie, « il n'était pas pire que les conspirateurs de Wall Street en costumes Armani ou que les voleurs enfermés dans leur tour d'ivoire au sein de la plupart des grosses sociétés. »
Comme un uppercut
Lukin le met sur la piste de Borodenko. Un jeune caïd russe aux méthodes expéditives. Il veut tout le pouvoir et n'hésite pas à faire le vide autour de lui. Eddie soupçonne Borodenko d'être l'instigateur de l'enlèvement et une véritable guerre se déclare entre l'ancien flic d'originaire d'Irlande et le gangster slave, ex-agent du KGB. Les recherches d'Eddie permettent au lecteur de pénétrer dans les lieux les plus malfamés de New York, de côtoyer des escrocs et tueurs en tout genre, des nervis russes en passant par les coqs italiens et les gitans insaisissables. Toute une faune effrayante pour le commun des mortels, pas pour un père à la recherche de sa fille. n polar sec et efficace, comme les uppercuts que décochait Eddie, dans sa jeunesse, quand il gagnait quelques dollars entre les cordes d'un ring.
« La fille de l'arnaqueur », Ed Dee, Seuil Policiers, 21 €, également en Points policier, 7,8 €.
jeudi 8 mars 2007
BD - Alack Sinner et le Secret américain
Pas facile de prendre sa retraite quand on a passé toute sa vie à chercher la vérité. Alack Sinner, ancien policier, ne se résout pas à devenir un ancien détective privé. A New York, en août 2001, il vient de rouvrir son bureau et s'apprête à devenir grand-père. Et le travail ne manque pas. Il suffit qu'il croise une de ses anciennes maîtresses, Jill, pour qu'elle l'engage.
Devenue conseillère de la présidence, elle voudrait en savoir un peu plus sur les hommes qui la suivent sans relâche. Et il accepte même un second travail, surveiller le jeune fils de la femmed'un ponte de la mafia. Pas très compliqué, mais rapidement très dangereux.
Le jeune homme est enlevé et assassiné. Deux anciens mafieux, contactés par Sinner sont eux aussi exécutés. Et pour couronner le tout, la propre fille de Sinner est enlevée... Munoz et Sampayo reviennent à leur héros favori. Pour signer un album en noir et blanc qui donne une explication malheureusement très plausible aux attentats du 11 septembre 2001. (Casterman, 14,75 €)
mercredi 7 mars 2007
Roman - Pamela hésite entre deux hommes...
Annie Lemoine romance un triangle amoureux. Pamela n'arrive pas à choisir entre deux hommes. L'indécision jusqu'au drame
Pamela hésite. Pamela doute. Rester fidèle ou tenter l'aventure ? Dans la première scène de ce roman au style très épuré, la jeune femme est littéralement à genou devant son compagnon. Elle lui demande de l'aide. De l'aide pour choisir. Choisir entre lui et l'autre. Il le prend mal. Pour lui c'est un aveu de l'infidélité qui pourtant n'a pas encore eu lieu.La suite de cette histoire d'amour et de déchirement, c'est l'autre homme qui la raconte.
Après un mariage raté, il explique avoir « renoué sans appréhension avec un statut que je n'aurais jamais dû abandonner: celui de célibataire. Un célibataire qui teste joyeusement toutes sortes de produits, pourquoi le cacher, de la blonde et jeune Suédoise (exigeant une belle énergie) au professeur de lycée plus posé (dernier essai en date). Ce butinage me convient parfaitement. Pas d'engagements ? Surtout pas de plan à long terme. »
Attirance irrésistible
Un quadragénaire moderne partant en vacances avec ses copains, multipliant les conquêtes sans lendemain. Et puis, un soir, la grosse tuile : sa rencontre avec Pamela. Et immédiatement une attirance charnelle irrésistible. L'envie de la revoir, de partager tout et n'importe quoi avec elle. Et dès la seconde rencontre elle lui donne son numéro de téléphone portable, comme une invitation à lui faire la cour. Les rencontres sont d'une rare intensité.
Au moment des au revoir, il doit serrer Pamela dans ses bras: «Je suis resté le plus naturel possible.
Je priais pour qu'elle ne sente pas mon cœur contre ma poitrine et fantasmais sur une résolution immédiate de l'intrigue par elle en quelques mots : Je reste avec vous... Nous nous aimons n'est-ce pas ? »
Mais la réalité est tout autre. Pas de grande déclaration et encore moins de décision définitive.
Elle le voit en cachette, se contentant d'aiguiser son désir par des SMS laconiques. Ils vont boire des cafés en terrasse ou admirer des expositions. Mais le soir, c'est toujours vers l'autre que Pamela retourne. Le narrateur, lui, se laisse entraîner sans résister dans cet amour impossible. Au grand dam de ses copains.
Rencontre avec l'autre
Quand il lui déclare ouvertement sa flamme, elle préfere couper les ponts. Il ne parvient pas à l'oublier. Au contraire passe des heures à contempler sa photo. Il est totalement ensorcelé. Jusqu'à ce qu'il ait à nouveau des nouvelles d'elle. Par l'intermédiaire de l'autre. Et pour la première fois, ils vont se rencontrer... dans une chambre d'hôpital. Second roman d'Annie Lemoine, «La vie d'avant» dresse le portrait d'une femme déchirée. Incapable de choisir, comme paralysée de peur par le mal qu'elle pourrait faire en avantageant l'un par rapport à l'autre. Pamela est une femme à fleur de peau, au bord du gouffre.
«La vie d'avant », Annie Lemoine, Flammarion, 14 €.
mardi 6 mars 2007
Roman - Tragique coup de couteau à Nîmes
Déprime au cœur de la féria de Nîmes. Le héros de Jean-Pierre Milovanoff, chômeur de 51 ans, a-t-il encore le droit à l’espoir ?
Une petite vie tranquille. Avec ses hauts et ses bas. Mais tranquille. Isidore a 51 ans. Ouvrier spécialisé dans une usine depuis des années, quand il reçoit sa lettre de licenciement, tout s’écroule. Petit, timide, timoré, il n’a que peu de ressemblance avec le sud (Nîmes exactement) qui héberge ce roman de Jean-Pierre Milovanoff.
Le chômage, cette bête insidieuse qui lentement mais sûrement ronge une vie de labeur et d’efforts. Isidore, dans son petit meublé, se réjouit pourtant de l’arrivée du printemps et des robes courtes des passantes. « Le flâneur chanceux aurait mille occasions, préparées ou imprévues, de découvrir sous les étoffes parcimonieuses la chair inaccessible et douce que l’hiver garde en réserve dans ses pelisses… ». Les femmes, Isidore les aime passionnément mais s’en méfie. Certes il y a eu Gabrielle. On comprend en vivant les errances de ce paumé que Gabrielle a beaucoup compté. Mais elle n’est plus là.
Père violent
A une certaine époque, il a parfois rêvé à un destin plus rieur. Lui aussi aurait pu séduire… Si… Une enfance malheureuse, une père violent, une taille très inférieure à la moyenne, un travail inintéressant et un bégaiement fatidique dans les moments d’émotion l’ont fortement handicapé. Il a su se protéger, au fil des années, des brimades et désillusions. « Si son voisin de palier le plaisantait sur sa taille il disait «Attendez, je n’ai pas fini de grandir !» Ainsi va la vie. Dans un monde peuplé d’imbéciles, qui sont méchants faute de mieux, il fallait bien garder quelques cartouches dans sa ceinture et se tenir sur ses gardes ».
Le bourgeois et le chômeur. Le premier jour de la feria, Isidore prend une grande décision après avoir acheté un chapeau. Il va quitter sa chambre meublée et vivre dans un jardin, sous un figuier qui semble très accueillant. S’en suit un coup de folie. Sanglant. Sa psychiatre lui évite la prison en le plaçant homme à tout faire chez son fiancé, Odilon. C’est ce dernier qui raconte l’histoire d’Isidore. Car paradoxalement, alors que le chômeur était au bout du rouleau, c’est ce bourgeois égoïste et pédant, qui va le remettre sur les bons rails en lui offrant son amitié. Jusqu’au jour où Gabrielle refera son apparition.
Jean-Pierre Milovanoff explore la profondeur de ces vies extrêmes. Entre Isidore et Odilon, un gouffre. Qui se comble lentement, au gré des embryons de conversation autour de la piscine ou du gravier de l’allée. Ils se découvriront même bien des points communs. La vraie vie est au cœur de ce roman émouvant.
« Dernier couteau », Jean-Pierre Milovanoff, Le Livre de Poche, 5,50 €
lundi 5 mars 2007
Thriller - Folie et manipulation
Vigo Ravel, en réchappant à un attentat, découvre une vaste machination dont il semble être le pivot. "Le syndrome Copernic" est un roman français entre thriller et fantastique.
Quand on est persuadé être un malade mental et que l'on découvre qu'en réalité on est normal, il faut du temps pour s'adapter. C'est la trame de ce roman d'Henri Loevenbruck se passant dans une France contemporaine.
Tout commence par un attentat dans une tour de la Défense. Il y a des centaines de morts. C'est à ce moment que Vigo Ravel prend la parole. Le narrateur explique : « J'ai 36 ans et je suis schizophrène ». Ce matin-là, il allait voir son psychiatre, mais arrivé dans le hall de l'immeuble, il a entendu des voix dans sa tête et a deviné qu'il devait quitter ces lieux avant que tout n'explose.
Après une fuite éperdue dans la capitale, il dort presque une journée complète. Ce n'est que 36 heures après l'explosion qu'il retourne sur les lieux de l'attentat pour avoir des nouvelles de son médecin. Premier étonnement, les secours lui affirment qu'il n'y avait pas de cabinet médical dans la tour. Des incohérences qui vont aller crescendo. Ses parents sont injoignables, l'entreprise qui l'employait n'existe plus, deux hommes en survêtement gris tentent de l'enlever. Il décide alors de ne plus prendre les médicaments qu'il avale depuis des années. Le choc est rude mais salutaire.
Protocole 88
Errant dans Paris, se demandant s'il ne devient pas complètement fou, il ne doit son salut qu'à un message mystérieux, déposé à l'accueil de l'hôtel miteux où il a trouvé refuge. Le petit papier affirme qu'il n'est pas schizophrène, que son vrai nom n'est pas Vigo Ravel et qu'il doit trouver les protocole 88. Arrivé à ce stade du récit, le lecteur se demande quand va prendre fin ce cauchemar. Car en ne suivant que le héros se posant de plus en plus de questions, on se sent emporté avec lui dans la spirale de la folie. Il faut l'arrivée d'un second personnage principal pour stopper la descente. Agnès, jeune inspectrice de police, tape dans l'oeil de Vigo. Malgré sa timidité maladive, il trouve le courage de lui offrir un verre dans un bar. C'est attablé face à elle que Vigo découvre une première clé : les voix qu'il entend dans sa tête ne sont pas des hallucinations mais les pensées des gens proches.
La suite du roman, de plus en passionnant, raconte de façon très réaliste l'enquête de Vigo et d'Agnès pour découvrir la réalité. Henri Loevenbruck, après un début très angoissant, finit par de l'action et de grandes révélations. Manipulations, expériences interdites, secret d'Etat, le futur décrit par l'auteur nous pend au bout du nez. Un récit qui devrait certainement intéresser des producteurs de cinéma.
« Le syndrome Copernic », Henri Loevenbruck, Flammarion, 19,90 €
dimanche 4 mars 2007
BD - Mousquetaires mystiques
Il faut parfois plusieurs tentatives avant de trouver son style, ou du moins la série correspondant le mieux avec son univers graphique. Exemple avec Belladone dessinée par Pierre Alary. Très doué, il est passé par la prestigieuse école des Gobelins, puis a longtemps travaillé dans l'animation.
Son trait, nerveux et précis, a servi deux séries différentes avant de véritablement éclater dans Belladone, BD scénarisée par Ange. Une histoire de cape et d'épée dont le troisième tome, bouclant un premier cycle, vient de paraître. Marie, jeune femme élevée aux Indes, est de retour dans son pays natal, la France. Cette fine lame est au service de la Chambre secrète, une unité chargée d'assurer la sécurité de Louis XIV.
Victime d'une diabolique machination, Marie se retrouve dans l'obligation de tuer le roi. Très dramatique, plein d'action et de violence, cet album permet aux auteurs d'en dire un peu plus sur l'enfance de Marie et surtout de lui donner l'occasion de retourner aux Indes. Ce sera le décor du prochain cycle.
("Belladone", Soleil, 12,90 €)
samedi 3 mars 2007
BD - Virginie, nostalgie de jeunesse
Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien. A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie. Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD. Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre".
(Delcourt, 7,90 €)
BD - Cauchemar au sanatorium
Cette bande dessinée terrifiante serait basée sur des faits réels. Une chose est sûre : le Waverly Hills Sanatorium a véritablement existé. Cet établissement américain était spécialisé dans le traitement de la tuberculose. Entre 1920 et 1960, on estime à plus de 63 000 le nombre de personnes qui y ont trouvé la mort.
Sur cette base, et en voyant les photos du bâtiment, Christophe Bec a imaginé une histoire se déroulant dans les années 50. Doris, jeune divorcée sans le sou, amène sa fille Cora au Sanatorium. Pour payer les soins, elle accepte de devenir aide-soignante. Elles vont donc s'installer toutes les deux dans ce lieu chargé de secrets et de mystères. Cora, la première, se doute qu'il s'est passé des choses horribles entre ces murs.
Elle reçoit régulièrement la visite d'un homme lui racontant des histoires épouvantables. Un homme invisible aux yeux des adultes.
L'ambiance de peur panique va aller crescendo, Stefano Raffaele, au dessin, maîtrisant parfaitement ces décors sombres et cauchemardesques.
("Pandémonium", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
vendredi 2 mars 2007
BD - Virginie, nostalgie de jeunesse
Son premier amour, qui ne se souvient pas de son premier amour ? Généralement c'était sur les bancs de l'école. Des jeux innocents, sans lendemain. Un redoublement, un déménagement... il existe tant de bonnes raisons pour oublier. Kek, alors qu'il avait 9 ans, était très amoureux de Virginie. Et cette dernière le lui rendait bien.
A la récréation ils se faisaient des bisous, en cours ils s'échangeaient des mots doux. Et puis le père de Virginie a trouvé du travail à Grenoble. La famille a quitté Dunkerque, Kek s'est retrouvé seul. Mais il pensait régulièrement à Virginie.
Bien des années plus tard, comme pour conjurer une malédiction, il s'est mis en quête de cette petite fille. Il a raconté ses recherches sur un blog dessiné qui a rapidement attiré des milliers de visiteurs chaque jour. Un travail de narration rigoureux, une approche dessinée originale : il n'en fallait pas plus pour que Lewis Trondheim remarque et publie cette BD.
Cela donne un petit album très romantique pour "une histoire qui sent la colle Cléopâtre". (Delcourt, 7,90 €)
jeudi 1 mars 2007
BD : BigFoot, le western décalé de Dumontheuil
Très librement adaptée d'un roman de Richard Brautigan, cette BD vient prouver une fois encore l'incroyable richesse de l'univers graphique de Nicolas Dumontheuil. Révélé par "L'enclave", reconnu comme un grand créateur avec "Qui a tué l'idiot ?", cet auteur complet vient de rejoindre Futuropolis.
Dans ce western décalé, on découvre les pérégrinations de deux tueurs à gages, Ned et Zed. Ils prennent à peu près tous les contrats, ne lésinant pas sur les balles pour arriver à leurs fins. Mais depuis quelques temps, Ned a un gros problème. Comme s'il était devenu humain du jour au lendemain. Conséquence, il est incapable de tuer. Nos deux pistolleros vont être embauchés par une fausse indienne, mais vraie beauté, pour retrouver une soeur jumelle mystérieusement disparue.
De la Louisiane à Hawaï en passant par les montagnes Rocheuses, Ned et Zed vont croiser le chemin de Saswatch, équivalent peau-rouge du Bigfoot. Découpées en 24 courtes séquences, ces 72 pages entraînent le lecteur dans une folle spirale de sexe et de violence.
("BigFoot", Futuropolis, 16 €)
mercredi 28 février 2007
BD - Efficace le vieux Wayne Shelton
Baroudeur dans l'âme, Wayne Shelton est quand même prudent, très prudent. Quand il se lance dans une opération, il en étudie tous les tenants et les aboutissants. Sauf quand c'est une jolie femme en pleurs qui lui demande.
Conséquence, Wayne Shelton se retrouve, dans les premières planches de sa sixième aventure écrite par Cailleteau et dessinée par Denayer, en difficulté dans un pays africain en pleine révolution. Il a pour mission de délivrer un journaliste français pris en otage par les rebelles.
Le personnage, imaginé par Jean Van Hamme, est donc animé par un nouveau scénariste. Ce dernier tente de l'humaniser un peu. Dans cet album, il est presque amoureux...
Action, coup de théâtre, retournement de situation : la machine fonctionne parfaitement : une bonne BD de distraction, efficace et dépaysante.
« Wayne Shelton », Dargaud, 9,80 euros
mardi 27 février 2007
BD - Nombrils sans pitié
Depuis quelques temps elles font les beaux jours de Spirou chaque semaine. Les Nombrils ce sont trois jeunes filles fréquentant le même lycée. Elle sont amies, mais dans ce trio elles ne sont pas sur le même pied d'égalité.
Jenny et Vicky, mignonnes et surtout garces, sont persuadées que tous les garçons sont à leurs pieds. Karine, la troisième de la bande, surnommée également l'asperge, est timide, introvertie, serviable et très naïve. Mais Karine a quelque chose de spécial qui a tapé dans l'oeil du beau Dan. Conséquences Jenny et Vicky vont passer tout cet album (le second de la série) à tenter de briser cette idylle naissante.
C'est très actuel, pas du tout politiquement correct, et cela plaît beaucoup aux adolescents d'aujourd'hui. Imaginés par un duo québécois, Delaf et Dubuc, ces gags font toujours mouche.
« Les nombrils », Dupuis, 8,50 euros
lundi 26 février 2007
BD - Déroutant cet homme nylon
Hermann, dessinateur réaliste d'excellence (Bernard Prince, Comanche, Jeremiah...) ne s'est que très rarement aventuré dans la BD comique.
Cet « Homme nylon » n'est pas à proprement humoristique, mais il a donné l'occasion au dessinateur belge d'explorer un autre style, déjà mis en avant avec la série Nic. Sur un scénario très alambiqué de Kirstein, il a illustré la quête de cette jeune femme à la recherche de son père arborant « une chevelure de nylon dorée, drue, résistant à tout vent ».
Aidée d'un détective privé, elle retrouve le professeur Rutherford sur fond de manipulation génétique et de conquête du pouvoir.
Totalement déroutante, l'histoire permet à Hermann de dessiner quelques scènes à la limite du surréalisme, avec femme à moustache et esquimau égaré.
« La vie exagérée de l'homme nylon », Le Lombard, 13 euros
dimanche 25 février 2007
Roman - Amazone et musique
Un piano blanc dans l'enfer vert. La quête racontée par Maxence Fermine conduit le lecteur au bout de nulle part.
Sur les bords du Rio Negro, au cœur de l'Amazonie, les habitants du petit village d'Esmeralda croient rêver : un piano blanc vient de faire son apparition. Un piano sur un radeau. Avec un musicien noir au clavier qui joue des airs de jazz. Une arrivée qui fait sensation dans cette bourgade où le colonel Rodrigues règne en maître.
Amazone Steinway est le seul rescapé d'un naufrage. Son smoking blanc fait sensation auprès des petits planteurs qui vivotent de la culture du café. "On aurait dit qu'il sortait tout juste d'une soirée mondaine et qu'il n'avait pas eu le temps de se changer. En quelque sorte, cet homme venait d'un monde qui n'était plus le leur depuis bien des années. Un monde où les hommes possédaient encore le goût d'un certain art de vivre, se rasaient de frais, cultivaient l'élégance et le raffinement". Une fois passé le choc, reste à savoir ce que ce curieux équipage vient faire dans ce trou perdu, à la limite du Brésil et du Venezuela.
Le piano contre un bateau. Amazone ne sera pas disert. Il parle simplement d'une promesse faite à une femme. Que son arrivée à Esmeralda n'est qu'une étape. Il compte aller plus loin. Il lui faut un moyen de transport. Amazone décide de jouer son piano aux dés avec le colonel. Le piano contre un bateau. Mais l'ancien militaire a plus d'un tour dans son sac. Il gagne le piano blanc. Amazone n'a plus qu'une solution : prendre son mal en patience et jouer des mélodies jazz chaque soir dans la taverne de Rodrigues. Ce dernier se retrouve alors au premier plan.
L'auteur, Maxence Fermine, alterne avec bonheur les flash-backs sur les différents protagonistes de cette étrange aventure. Rodrigues, après un coup d'Etat manqué, a trouvé refuge dans ce petit village non répertorié sur les cartes. Il a décidé de devenir riche. Une première tentative dans le caoutchouc se solde par une faillite.
L'envol des papillons. Il lui faudra trouver une idée de génie pour enfin s'enrichir : élever des papillons. Mais rien de plus aléatoire. Surtout quand on a un employé distrait qui oublie de fermer la porte de la serre... "Devant leurs yeux ébahis, les papillons, sortis de leur léthargie, s'envolèrent un à un dans le ciel en un ballet majestueux. L'un après l'autre, jusqu'au dernier. Comme des billets de banque leur glissant entre les doigts emportés par le vent. Le colonel comprit que jamais, plus jamais de sa vie, il ne serait ruiné d'une façon aussi merveilleuse."
Un musicien noir illuminé, un colonel cupide, un barman suisse et un Indien yanomani, c'est finalement le quatuor qui se forme à Esmeralda pour prolonger ce voyage improbable du piano blanc en Amazonie. Un périple aventureux, limite mystique, dont l'auteur ne distillera que lentement les motifs. Comme pour préserver au maximum la magie de cette quête improbable. Une merveilleuse initiation au voyage, la démonstration de la force colossale de l'amour.
« Amazone », Maxence Fermine, Albin Michel, 16 €, Le Livre de Poche, 5,50 €
samedi 24 février 2007
Roman - Les immeubles Walter
Étrange petit roman que ces « immeubles Walter » de Stéphane Denis. Entre fait divers crapuleux, initiation amoureuse, mémoires du siècle et révélations sur un grand écrivain de droite mort tragiquement : Pierre Drieu La Rochelle.
Le narrateur, jeune homme plein d’avenir et d’ambition, est à la recherche d’un appartement dans Paris pour y débuter une existence oisive et dorée d’écrivain en devenir. Dans sa quête d’un nid douillet et accueillant, il bénéficie de l’aide d’une grande dame propriétaire d’une bonne partie des Immeubles Walter, résidence de prestige dans un quartier huppé de Paris. Il deviendra un confident de cette héritière d’un richissime industriel. Elle lui demandera d’écrire sa vie. C’est là qu’il découvrira cette liaison longtemps cachée entre l’écrivain brillant, mais beaucoup trop engagé (du mauvais côté) durant l’occupation allemande.
Quelques scènes pittoresques mettent en scène Drieu La Rochelle, avant sa déchéance et son suicide. Mais par ailleurs, le jeune écrivain qui n’a pas ses yeux dans les poches, découvre que la veuve est également l’objet de toutes les attentions d’un groupe d’amis qui se révèlent en réalité des escrocs en puissance. Ecrit avec beaucoup de distance, ce roman de Stéphane Denis a un petit air de « hussard » de la grande époque. Quant à la morale… chacun pourra se la fabriquer en toute conscience.
« Les immeubles Walter », Stéphane Denis, Fayard, 11 € ou Le Livre de Poche, 4,50 €
vendredi 23 février 2007
BD - Maladie foudroyante
Le Feul, série écrite par Jean-Charles Gaudin et dessinée par Frédéric Peynet, a un petit air de ressemblance avec Aldebaran de Léo. L'histoire raconte la progression d'un petit groupe, confronté à un monde hostile, avec des créatures fantastiques et des rapports humains compliqués.
Il y a quand même, fantasy oblige, un peu plus d'action, notamment de combats, et le dessin de Peynet, très réaliste et détaillé, laisse peu de place à la rêverie ou l'imagination du lecteur. Il est cependant d'une grande efficacité. Les explorateurs, chargés de trouver l'origine de la maladie dite du Feul en train de décimer la population, traversent donc les terres grises et croisent le chemin des Brohms.
Ces êtres, guerriers et violents, tuent de paisibles paysans ou les transforment en esclaves. Durant ce périple, face au danger, chacun réagit selon ses habitudes ou convictions religieuses. Cela provoque des tensions mais au final tout le monde fait l'effort de comprendre l'autre.
Un apprentissage de la différence qui a valeur d'exemple. (Soleil, 12,90 €)
jeudi 22 février 2007
BD - Cathare Cut
« Le bûcher » est le dixième et dernier épisode de la série Mémoire de cendres racontant l'existence tumultueuse et passionnée de la blonde baronne Héléna de Lorac. Cette femme entière a pris fait et cause pour les Cathares. Au cours de cet hiver 1243, elle est réfugiée au sommet de Montségur, château cathare dans l'Aude, assiégé par les armées françaises, bien décidées à en finir avec ces « hérétiques ».
Elle sera rejointe par son frère, désirant mourir au pays, et la compagne de son fils. Ce dernier découvre qu'il est père. La fillette, capturée par l'armée adverse, sera libérée avant la reddition des assiégés. Dans une précision de détails historiques, Philippe Jarbinet raconte par le menu les dernières heures de ces « Parfaits », conduits sur le bûcher par les inquisiteurs. Héléna en réchappera.
La suite de son existence sera calme. Terminée l'aventure. A moins que... Le personnage a beaucoup d'admirateurs. Ils ne diraient pas non à un prolongement des aventures. (Glénat, 9,40 €)
mercredi 21 février 2007
BD - Makabi apprend à être flic
Au point de vue scénario, cet album, le 4e de la série Makabi, est certainement ce qui s'est fait de mieux ces 5 dernières années. Originalité des personnages et construction de l'intrigue : Luc Brunschwig a trouvé le bon tempo pour une BD policière faisant la part belle à la psychologie.
Lloyd Singer, petit comptable du FBI, se décide à franchir le pas. Il intègre le centre de formation pour devenir un véritable agent de terrain. Ses collègues de promotion, comme quand il était au lycée, le prennent en grippe. Il devient souffre-douleur. Sauf que Lloyd peut se transformer en Makabi, justicier masqué, as de la lutte à main nue. L'apprentissage de Lloyd est expliqué en parallèle avec sa contribution au témoignage d'une ancienne reine de beauté, victime d'un serial killer qui l'a défigurée. Traumatisée, elle se coupe du réel. Seul un singe lui fera rompre son mutisme.
Ce double fil rouge, qui trouvera sa conclusion dans le prochain épisode, est dessiné par Olivier Neuray de plus en plus à l'aise dans ce genre. (Dupuis, 9,80 €)
mardi 20 février 2007
BD - Frissons urbains
Elles vont vous glacer le sang ces légendes urbaines. Corbeyran et Rémi Guérin ont concocté quatre histoires courtes, contemporaines et horribles, confiées aux dessinateurs Guérineau, Henriet, Formosa et Damour.
Chaque histoire bénéficie d'une petite présentation par un mystérieux homme, caché derrière des petites lunettes rondes et un grand imper. Il explique le contexte, comme pour préparer l'esprit du lecteur à ce cauchemar du réel. En ouverture, l'histoire de la baby-sitter donne le ton. Un cran dans l'horreur est franchi avec l'histoire de cette étudiante, terrorisées par un monstre sanguinolent grattant derrière sa porte.
La plus décoiffante reste celle de cette adolescente, souffrant de cauchemars, retrouvant le calme et la sérénité grâce à son chien, présence nocturne rassurante, notamment quand il lui lèche la main. Sauf que cette nuit-là, le chien ne pouvait plus lécher personne...
Un genre qui a connu ses heures de gloire et que ces auteurs remettent au goût du jour.
("Légendes urbaines" Dargaud, 13 €)
lundi 19 février 2007
BD - Quand la religion se fait guerrière
Mystique, violent, visionnaire, le premier tome de cette nouvelle série est d'une noirceur absolue. Au Moyen âge, dans le centre de la France, Hermance Languedolce est un enfant aux dons de plus en plus renommés. Il guérit toutes les maladies.
Mais uniquement quand il est en compagnie de sa mère. A la mort de cette dernière, il est banni, rejeté. Il sera finalement recueilli par des gitans. Au même moment, venu du nord de l'Europe, Karlis, dit Live Noir, terrorise les populations. C'est en pillant une église qu'il va être touché par la grâce de Dieu.
Le barbare sanguinaire met son épée au service de l'Eglise. Avec un seigneur normand, ils forment une armée, la milice sacrée, pour aller sur le tombeau du Christ. En cours de route, il enrôlera Hermance. Ce dernier retrouvera son don au contact de Live Noir. Philippe Thirault, le scénariste, ne lésine pas sur les massacres, dessinés par un Lionel Marty qui utilise des litres d'encre rouge.
("Le rêve de Jérusalem", Dupuis, 13 €)
dimanche 18 février 2007
BD - Vers de nouveaux mondes avec "Eclipse"
"Eclipse" se situe entre Starship Troopers et Robocop, cette BD de science fiction foisonne de vaisseaux spatiaux, de créatures extra-terrestres et de combats titanesques. Mais l'héroïne est bien humaine. Mika, délicieuse blonde, a perdu son papa quand elle était très jeune.
On apprend dans les premières pages qu'il a été condamné à mort, à tort. Tout le monde croit qu'il a été exécuté, mais en réalité il a servi de cobaye pour fabriquer les premiers droïdes robots. Des machines de guerre très puissantes animées par les cerveaux des « volontaires ». Ils permettent à la Terre de repousser l'attaque des müdes, créatures sanguinaires et conquérantes. Des années plus tard, Mika, devenue une scientifique renommée, lance une expédition vers les mondes inexplorées à la recherche de nouvelles civilisations extraterrestres.
Mais le véritable but de Mika est de retrouver son père, car entre-temps, elle a appris sa « reconversion » en droïde. Scénario plein d'invention d'Antoine Ozanam donnant toute latitude à Vastra pour dessiner planètes et créatures imaginaires. (Vents d'Ouest, 12,50 €)
samedi 17 février 2007
BD - Oukase, crise à la CIA
Rien ne va plus à la CIA. Le numéro 2 du département infiltration, Sirweed Galver, à quelques jours de son départ à la retraite, échappe de peu à un attentat. Sa voiture a été piégée à l'intérieur même du garage souterrain du siège de la CIA à Langley en Virginie. Visiblement ce sont des professionnels qui ont opéré au cœur même de l'institution américaine.
Derniers jours de travail agités donc pour Galver qui en plus doit tenter de retrouver un de ses agents disparu depuis quelques jours en Russie. Sans compter ses filles, adolescentes cherchant à le recaser quelques années après le décès de leur mère. Il doit donc surveiller ses arrières tout en tentant de progresser dans l'enquête.
Après une nouvelle attaque sur la route puis une troisième dans un bar, il se doute que ses jours sont comptés. D'autant qu'un de ses informateurs l'avertit que le contrat lancé sur sa tête viendrait directement des plus hautes sphères de l'Etat.
Scénario palpitant de Stoffel et Brahy, dessiné par Michel Espinosa visiblement nourrit de séries américaines. (Bamboo, 12,90 €)
vendredi 16 février 2007
BD - Le côté sombre de la finance
Canadien passé par l'école des comics américains, Clément Sauve, dessinateur réaliste, en impose dès son premier album européen. « Black Bank » marche sur les traces des grands thrillers américains. Adrian Clark, citoyen américain, est incarcéré à Guantanamo.
Comment en est-il arrivé là ? C'est la première séquence action de cet album. En Palestine, il était sur le point d'arnaquer plusieurs millions de dollars à un trafiquant d'armes quand des agents américains interviennent et le capturent. Mais Adrian ne va pas rester longtemps dans la prison cubaine. Il est embauché par un financier philanthropique qui veut utiliser son art de l'arnaque pour traquer les gros capitalistes malhonnêtes.
Le scénario de Tackian et Miquel utilise ce premier album pour assurer la présentation des hommes de la Black Bank.
Clark sera associé à Alicia Jones, blonde à la double vie, sous la responsabilité de James Baeckes. Une mise en bouche savoureuse laissant présager une suite copieuse et originale. (Soleil, 9,45 €)
jeudi 15 février 2007
BD - Un classique voyageur
Le Scrameustache a fait les beaux jours de Spirou. Mais la belle histoire entre les éditions Dupuis et Gos a cessé en 2004 et le dessinateur belge, aidé par son fils Walt, a prolongé les aventures de ce gentil extraterrestre chez Glénat.
Le 37e épisode de ses aventures l'entraîne, en compagnie de Khéna et de quelques Galaxiens, dans un voyage dans le temps. Après avoir été happé par un trou bleu, ils se retrouvent 50 ans en arrière, tentant de réparer leur vaisseau en pleine tempête de neige. Pour compliquer le tout des Kromoks décident de voler les moteurs de leur engin spatial.
Réservé aux plus jeunes, cette série a vieilli mais fera encore rêver les plus ouverts à ce type d'histoire.
« Le Scrameustache », Glénat, 9,40 euros
mercredi 14 février 2007
BD - Magique : Zowie de Bosse et Darasse
Mais Zowie renaît de ses cendres et c'est complètement dépoussiéré qu'il revient dans une première aventure, « Aux portes de Magisterra ». Zowie est pensionnaire dans une institution pour enfants turbulents. Son problème, il rêve tout le temps, préférant la magie des livres à la dure réalité.
Il va découvrir un grimoire magique et être projeté avec trois copains dans un monde féerique.
« Zowie », Dargaud, 8,70 euros
mardi 13 février 2007
BD - Basil et Victoria, les petits ramoneurs de Yann et Edith
Sur les toits de Londres, une bande de petits ramoneurs tente de rêver. A des lendemains meilleurs, à une vie moins dure. Parmi eux, le beau Félix.
Ce Frenchy tape dans l’œil de Victoria, la petite fille pauvre, héroïne de la série en compagnie de Basil. Victoria va s'enrôler dans la patrouille des hirondelles alors que Basil, resté au ras du bitume, va devoir retrouver les six corbeaux chargés de veiller sur la tour de Londres.
Ecrit par Yann qui oublie son humour noir pour un humanisme de bon aloi, le cinquième tome de la série est toujours dessiné par Edith, dessinatrice très à l'aise dans ce Londres du XIXe siècle
« Basil & Victoria », Les Humanoïdes Associés, 12,90 euros
lundi 12 février 2007
BD - Usurpation de visage
L'école italienne a encore de belles années devant elle. Les dessinateurs réalistes de la péninsule sont légion et de plus en plus impressionnants. On se souvient du choc provoqué par un Manara ou un Liberatore, Mastantuono, dans un autre genre, affiche une telle maestria qu'il marche sur leur pas.
Le tome 2 d'Elias le Maudit, écrit par Sylviane Corgiat, donne de nombreuses occasions au dessinateur de donner libre cours à son imagination ou sa science de l'action et de la mise en scène. Elias, roi déchu à qui le sorcier Melchior a même volé le visage, croupit dans les oubliettes. La ville l'a oublié car la peste rousse fait de dizaines de victimes chaque jour.
Elias qui a quand même encore quelques amis. Notamment Aranéo le géant, son compagnon nain et la belle Evangele, médecin, passant des nuits blanches à la recherche d'un remède contre la redoutable maladie.
Après avoir lu cet album, un conseil : reprenez-le et passez du temps sur les dessins. Chaque détail dans chaque case mérite que l'on s'y attarde. Mastantuono fait partie des très grands...
("Elias le maudit", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €)
dimanche 11 février 2007
BD - Planquez-vous, ils vont vous plaquer !
Planquez-vous ! Ils reviennent ! Les Rugbymen foulent à nouveau la pelouse des stades dans le quatrième recueil de leurs gags signés Béka et Poupard. En quelques années ils ont conquis une célébrité incroyable. 150 000 albums vendus, c'est devenu une série vedette et en cette année 2007, ils sont là pour le début du Tournoi des VI Nations et de nouveau en septembre pour la Coupe du Monde.
Loupiotte, la Teigne, l'Anesthésiste, la Couane sont quelques-uns des joueurs du Paillar Athlétic Club, le PAC. Ce village, du Sud, fait vivre le rugby de clocher, celui qui permet de se défouler sur et au bord du stade. Un petit monde caricatural impayable. Cet album débute par une histoire complète racontant l'enfance des joueurs.
On appréciera le retour du couple d'Anglais, installé dans cette campagne française mais ne comprenant plus rien au rugby, sport qu'ils ont pourtant inventé. Bourrichon, l'arrière dragueur, séduira encore quelques belles supportrices et Loupiotte, le plus savoureux, ne marquera toujours pas d'essai à la plantureuse Katia. (Bamboo, 9,45 €)
samedi 10 février 2007
BD - "Kia Ora", dramatique exil austral par Jouvray et Efa
"Kia ora" cela veut dire au revoir en maori, la langue des tribus de Nouvelle-Zélande. Le premier tome raconte les déboires de Nyree, une fillette arrachée à son milieu d'origine. Un récit touchant et sensible. Au début du XXe siècle, une jeune institutrice se souvient.
Quand elle n'était qu'une fillette, rechignant à apprendre, turbulente. Ses parents parviennent difficilement à subvenir aux besoins du foyer. Quand le père se retrouve au chômage, la situation semble désespérée. C'est à ce moment qu'un Anglais débarque dans le petit village Maori. Il cherche à présenter au public européen des spectacles typiques de cette région du monde.
Il propose donc aux membres de la troupe de danse du village de partir six mois en Europe pour donner une dizaine de représentation de danses guerrières. Le salaire est correct et surtout il est payé d'avance. Le père et la mère de Nyree décident de partir, laissant la fillette, avec l'argent, aux grands-parents.
Olivier Jouvray a écrit le scénario avec son épouse, Virginie Ollagnier-Jouvray. Efa, dessinateur catalan, installé en France assure le dessin. (Vents d'Ouest, 13 €)
vendredi 9 février 2007
BD - Elsie tape dans l’œil de Kurdy
Le monde dans lequel évolue Jeremiah est plein de paradoxes. Dans le petite ville de Langton se côtoient une armée de voleurs, des commerçants opulents, de riches propriétaires, des flics intègres, des puritains, des putains, des ambitieux, des lâches.
Toute une Humanité en réduction dans laquelle l'arrivée de Jeremiah en compagnie de Kurdy et de la jeune et naïve Milova va provoquer un beau chambardement. Jeremiah s'est installé chez sa tante Martha.
La vieille femme acariâtre a Kurdy dans le nez. Ce dernier, est en mal d'affection. Il la trouvera dans les bras d'Elsie, voleuse en rupture de ban. Elsie, personnage libre et calculateur, héroïne de cette 27e aventure. Elle découvrira tout le potentiel de Milova, trahira puis se rachètera.
C'est violent, âpre, sans concession : c'est du Hermann. Cet auteur à part n'aura jamais infléchi ses histoires en fonction d'un politiquement correct de plus en plus de mise de nos jours. Il nous en met toujours plein la vue avec ses cadrages dynamiques, son souci du détail et surtout ses couleurs directes. (Dupuis, 9,80 €)
jeudi 8 février 2007
BD - Le tueur et le flic : Malone de Michel Rio et Rovero
Le commissaire Francis Malone n'intervient que dans les dernières pages du premier tome de l'adaptation du roman "Faux pas" de Michel Rio. Les 3/4 de l'album se résument à un face à face entre un tueur implacable et sa victime désignée. Dessin réaliste au cordeau de Pierpalo Rovero, longues séquences muettes, cette BD offre au lecteur cette ambiance typique des œuvres de Michel Rio qui a signé l'adaptation.
Dans un pavillon de banlieue, le tueur, après avoir visité les lieux de fond en comble, s'installe dans le bureau, regarde longuement une photo de famille (une mère et sa fille), prend un livre dans la bibliothèque et se met à lire. Plus tard, quand le propriétaire des lieux pénètre dans sa maison, le tueur lui explique qu'il est là pour le tuer, mais qu'il a la possibilité de racheter le contrat.
Il suffit de lui donner la photo de sa femme et de sa fille en échange de la vie de l'homme qui a payé pour l'éliminer. Drôle de marché, qui se termine dans un bain de sang. Une dizaine de cadavres, bonne raison pour demander à Malone de s'occuper du problème. (Casterman, 9,80 €)
mercredi 7 février 2007
BD - Nina, fille de la favela
La vie de Nina n'est pas enviable. Cette petite fille habite dans une favela. Sa mère, très malade, ne peut plus subvenir à leurs besoins. Nina va donc aller avec les autres enfants travailler. Un travail éprouvant et dangereux : récupérer des objets dans un immense champ d'ordures régulièrement approvisionné avec les restes de la grande ville. Mais Nina n'est qu'une fillette.
Au lieu de se précipiter sur les meilleures pièces, elle cherche de quoi s'amuser. En fouillant, elle découvre une petite main qui dépasse des gravats. Elle dégage un adorable nounours, pratiquement intact, comme jamais elle n'aurait rêvé en posséder.
Un trophée qu'elle serre sur son cœur et refuse de céder. Un rayon de soleil qui va cependant lui coûter cher. Des voyous vont tenter de s'en emparer, et pour se venger d'avoir échoué, ils tuent la maman de Nina. La fillette, désespérée, se croit seule et abandonnée quand elle découvre que le nounours parle et se déplace. Il s'agit d'un prototype aux pouvoirs immenses.
Une BD pour les plus jeunes, dessinée par Loïc Sergeat et mise en couleurs par Emmanuel Lepage. (Albin Michel, 12,50 €)