vendredi 28 décembre 2007

Roman - La vie de famille en réduction

Léon est petit. Solange, sa femme, est plus grande. De plus en plus grande car Pascal Bruckner s'est amusé à le faire rapetisser. Un mini roman délirant.


Dans un couple, habituellement, l'homme est plus grand que la femme. Rarement le contraire. Une exception qui a souvent du mal à passer dans toutes les civilisations. Quand Léon a séduit Solange, il ne s'imaginait pas qu'il allait en plus devoir batailler avec toute la famille de son aimée. Car Léon, sans être véritablement petit du haut de son mètre soixante-six, donne l'impression d'être un nabot à côté de Solange culminant à un mètre quatre-vingts.

Le jour de leur mariage, "Léon se hissa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres de Solange. Celle-ci, incapable de se baisser de peur d'abîmer sa longue robe blanche et de perdre sa couronne de fleurs qui ceignait son front, dut le saisir à bras-le-corps pour le soulever jusqu'à sa bouche."

39 centimètres de moins

Médecins tous les deux, ils emménagent dans un vaste appartement parisien et, l'amour aidant, donnent naissance à un garçon prénommé Baptiste. C'est quelques jours après la naissance de ce solide gaillard que Léon a constaté quelques changements. Il flottait dans ses habits, ses chaussures étaient plus grandes, il dut rajouter des trous à ses ceintures. Léon, à son grand étonnement, du se rendre à l'évidence : il avait rapetissé. En quelques jours il a perdu 39 centimètres devenant cette fois véritablement beaucoup plus petit que sa femme.

Malgré des analyses médicales de toutes sortes et la consultation d'un spécialiste, aucune explication rationnelle ne put être donnée. Léon, tout à la joie d'être père, s'adapta à sa nouvelle condition. Quant à Solange, elle restait toujours autant amoureuse de son "petit mari", d'autant que tout n'avait pas diminué dans cette opération...

"Un époux farfadet"

La situation se compliqua à la naissance de leur deuxième enfant, Betty. En sortant de l'hôpital, Léon ne faisait plus que 88 centimètres. Une nouvelle fois il venait de perdre 39 centimètres. Inexplicable, irrémédiable mais sans conséquence : "Pendant des mois, Solange fut ravie. Son mari miniature la contentait en tout. Elle n'en voulait pas un plus grand. Il était docile, peu encombrant, filait doux. Elle régnait dans un monde de gnomes, deux enfants plus un époux farfadet. Que demander de plus ?"

Avec une fantaisie de plus en plus débridée, Pascal Bruckner s'est amusé à décrire la vie au quotidien de cet homme obligé de s'adapter. Léon en perdant ces centimètres se retrouve également remis en cause dans son autorité de père. Baptiste devient plus fort physiquement que lui. Et jaloux.

Poussant l'idée à l'extrême, l'auteur, en donnant ensuite des jumeaux à ce couple de plus en plus dépareillé, transforme Léon en petite chose insignifiante. Un homme de 10 centimètres qui va devoir sans cesse être sur ses gardes s'il ne veut pas périr. Griffes du chat, galopades des enfants... les dangers sont multiples. Une fantaisie parfois totalement invraisemblable, mais c'est là tout le charme de ce petit roman, semblant sans queue ni tête mais qui au final nous en apprend beaucoup sur l'âme humaine, sa grandeur et sa petitesse.

« Mon petit mari », Pascal Bruckner, Grasset, 13,90 € 

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