jeudi 22 septembre 2011

Roman - SnOOp bOOk : lisez comme vous êtes

Un livre sous forme de carnet de bord, des indices au fil des pages : plongez dans le monde du SnOOp bOOk des éditions Soleil

Ceux qui pensent que le livre est appelé à disparaître car totalement dépassé par les nouvelles technologies oublient que c'est aussi un objet. Ce côté manuel, les éditions Soleil ont décidé de le mettre en avant dans une nouvelle collection, un nouveau concept : le SnOOp bOOk.

S'adressant plus spécialement aux adolescents, il a la forme d'un carnet de bord tenu par le héros ou l'héroïne. Le lecteur est à ses côtés pour découvrir les événements, il a lui aussi la possibilité de manipuler les indices qui vont de coupures de journaux à des documents officiels en passant par des badges avec codes secrets. Rajoutez des illustrations couleurs et une dernière partie à ne lire que si on pense avoir découvert la solution de l'énigme et on comprend mieux pourquoi ce SnOOp bOOk est bien plus qu'une simple somme de feuilles de papier.

Trois titres viennent d'être lancés à la fin du mois d'août et ils ont fière allure dans les rayons des nouveautés. Différents univers sont abordés, de la science-fiction à celui des geeks en passant par la musique rock. Un large choix pour exploiter au maximum les nombreuses possibilités de ce nouveau concept.

Mission M'Other

SnOOp bOOk, Mission m'other, Pierre Bordage, Soleil, Melanyn, Nicoloff, Geek battle, Dark ligntMission M'Other est écrit par Mélanyn avec Pierre Bordage. Si la première n'a que quelques scénarios de BD à son actif, le second est une pointure de la SF française. Lia, 15 ans, seule survivante de la Mission M’Other, revient sur terre dans une capsule de détresse. Elle se rend vite compte que toute la population a disparu, laissant derrière elle les vestiges de notre civilisation. Elle va donc entamer un périple à travers la France pour retrouver les hommes, comprendre ce qui s’est passé, étudiant sur sa route les moindres indices qu’elle pourra glaner : messages, photos, plans, carte d’accès… Lui permettront-ils de découvrir à temps le rôle qu’elle a à jouer ?

Geek Battle

Geek Battle de Sarmiento et Mady plonge le lecteur au cœur du monde des geeks, ces passionnés d'informatique vivant dans un monde virtuel. Wilfried est en première année à Stanford, l’université où se déroule le plus grand concours Geek jamais imaginé : le Geek Battle. Il décide de tenir un journal de bord pour rendre compte de ses aventures dans ce tournoi qui dure plusieurs semaines. Mais un jour à peine après le lancement, un jeune étudiant est retrouvé mort au pied d’un immeuble. La police conclut au suicide, mais sa petite amie est persuadée que c’est impossible. Wil va être malgré lui poussé à mener l’enquête.

Chloé and the Dark Light

Le milieu de la musique rock est au centre du troisième titre écrit par Nicoloff (lui aussi scénariste de BD). Chloé vient de gagner le concours de ses rêves : elle part en tournée avec les Dark Light, son groupe de musique préféré. Avec sa meilleure amie Emma, elles vont vivre au rythme des concerts, et fréquenter leurs idoles. Mais le groupe reçoit des lettres de menace et les incidents se succèdent sur la tournée.

Originaux, alliant inventivité et imagination, ces trois titres sont vendus 19,90 euros chacun.


mardi 20 septembre 2011

BD - Les monstres débarquent au Lombard


Les monstres changent de crèmerie. Habitués à batifoler chez Soleil, ils seront désormais abrités par Le Lombard. Les monstres ce sont ceux de « Monster Allergy », la série phénomène lancée par Centomo, Artibani, Barbucci et Canepa. Des auteurs italiens qui ont su faire fructifier cet univers en s'entourant d'un studio. Une productivité qui se retrouve dans la forme des albums. 

Ce n'est plus une aventure qui est proposée dans chaque volume, mais trois. Pour inaugurer la série, les deux jeunes héros, Zick qui voit les monstres et son amie Elena devenue une « abriteuse » vont aller dans une citadelle secrète suspendue au-dessus de falaises à la recherche du Gorka Blanc, puis ils seront face à deux sœurs menacées par des fantômes et enfin ils devront affronter l'Ombre. 

Entre manga et univers Disney, Monster Allergy est (avec WITCH des mêmes auteurs) la série jeunesse symbole des années 2000. Elle se décline également en dessin animé diffusé, entre autres, sur M6.

« Monster Allergy next gen » (tomes 21 à 23), Le Lombard, 14,95 € 

lundi 19 septembre 2011

BD - Jack l'éventreur au pays des Indiens : fin de « Wounded » de Marie et Malnati


Qui se cachait derrière le personnage de Jack l'éventreur ? Ce fait divers ayant lancé la carrière de tant de serial killers reste totalement inexpliqué. Une occasion en or pour tous les écrivains et autres scénaristes en mal de théorie du complot (notamment autour des turpitudes de la famille royale). Damien Marie, le scénariste de « Wounded » va plus loin. 

Deux ans après les meurtres londoniens, plusieurs prostituées sont assassinées selon le même rite dans une ville d'Amérique, à proximité de Wounded Knee Creek en territoire sioux. Rapidement, les autorités soupçonnent Edwards Norman, un photographe qui vient de Londres. Ce dernier, à moitié fou, semble se persuader qu'il est effectivement ce célèbre Jack. Blessé, recueilli par les Sioux et soigné, il pourra aller au plus profond de son inconscient grâce à des rites indiens. 

Ce mélange improbable des genres (fantastique et western) fonctionne à merveille. Marie soigne la psychologie de ses personnages et Loïc Malnati, au dessin, donne beaucoup de force aux hallucinations d'Edwards.

« Wounded » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 13,50 € 

dimanche 18 septembre 2011

BD - Les vampires sont résistants, notamment le Dracula de Dufranne et Kowalski

Bram Stoker fait partie de ces œuvres qui, comme son héros, semble éternelle. Les adaptations sont nombreuses et une suite a même été éditée récemment. Dacre Stoker, l'arrière petit-neveu du créateur du maître des vampires a prolongé cet univers pour les éditions Michel Lafon et ces dernières, en association avec Casterman, proposent une adaptation en BD. Michel Dufranne s'est chargé du scénario et Kowalski, graphiste polonais, assure les dessins. 

L'action se déroule en 1912. Cela fait 25 ans que Dracula a été vaincu. Ceux qui ont mis fin aux agissements du prince de la nuit sont inquiets : de nouveaux vampires semblent vouloir faire régner la terreur. De la Provence à Londres en passant par Paris, de ravissantes et néanmoins redoutables femmes vampires vont tenter de tuer les protagonistes de l'époque (du psychiatre au notaire) et leurs descendants. Seule Mina sera épargnée. Mina, toujours aussi belle et n'ayant pas pris une ride.

Du sang, du sexe, de la folie, le tout parfaitement dessiné : les amateurs seront aux anges.

« Dracula l'immortel » (tome 1), Casterman, 12,95 € 

vendredi 16 septembre 2011

Roman - Dans « Brut » de Dalibor Frioux et « Mondial Nomade » de Philippe Pollet-Villard, notre futur proche est sombre, très sombre.

Deux romans français abordent, indirectement, la crise économique qui secoue le monde occidental. Ce n'est pas à proprement parlé de la science-fiction, mais une réalité sinistre et pourtant très vraisemblable. Celle que nous préparons à nos petits-enfants. Épuisement des ressources pétrolières ou délocalisations à outrance : ces romans pourraient nous faire ouvrir les yeux et réagir avant qu'il ne soit trop tard.


La Norvège était à la Une de l'actualité cet été. Un fou extrémiste, en tuant des dizaines de jeunes militants, a braqué les projecteurs du monde entier sur ce petit royaume pourtant béni des dieux. Béni car regorgeant de pétrole dans ses eaux territoriales. Ce pétrole, les richesses qu'il induit et la pollution qu'il provoque sont au centre du roman « Brut » de Dalibor Frioux. Un premier roman de près de 500 pages, dense et foisonnant, où le premier effort du lecteur est de se mettre dans la tête de ces personnages qui trouvent normal d'être immensément riche sans avoir à faire le moindre effort. Il y a Sigrid, la fille de Katrin, ancien mannequin. Belle et intelligente, elle va intégrer la principale banque du royaume grâce à l'appui de son oncle Kurt, le vice-président.

Kurt est de loin le personnage le plus complexe, le plus fascinant de ce roman. Agé de plus de 60 ans, il envisage de profiter encore au maximum de la vingtaine d'années qui lui reste à vivre. Son grand but est d'intégrer le comité du prix Nobel. Il juge les gens, intrigue, donne des ordres et place ses hommes. Le prototype même du grand bourgeois décideur, toujours sûr de lui, ne concevant pas que les choses ne se déroulent pas comme il le prévoit. A l'opposé, Henryk est un jeune philosophe. Amoureux de Sigrid, il est à la tête du fond d'éthique. Ce fond est le trésor du pays. Quand les premiers pétrodollars ont inondé la Norvège, il a été mis en place pour capitaliser ces millions. Puis ces milliards. Conséquence, tous les Norvégiens, en théorie, sont immensément riches : « On ne parlait pas de personnes démesurément riches, mais d'un pays tout entier ; non plus de richesses disponibles à l'échelle d'une vie humaine, mais sur des générations. On ne parlait plus d'une aubaine, d'un trésor trouvé au fond du jardin, mais de l'équivalent de centaines de millions d'heures de travail du royaume tout entier, déposées chaque mois à leurs pieds. Peut-être était-ce la raison pour laquelle tous ces jeunes mourraient avant l'âge. » Car la Norvège, dans ce futur proche, souffre d'un mal nouveau, une « épidémie de mortalité » comme la nomment certains commentateurs. Un pays en pleine période électorale. Les électeurs vont élire les députés, mais également le couple royal. Les conservateurs risquent de perdre le pouvoir au profit des nationalistes. Malgré le mur qu'ils ont construit tout autour du pays (pour empêcher les invasions de rats...), la découverte de nouveaux champs pétroliers et le renvoi de milliers d'étrangers chez eux. Le pays décrit par Dalibor Frioux semble presque exister. Paradis pour certains, c'est un drôle d'enfer qui se profile pour d'autres.

Garde meuble

La crise économique est beaucoup plus grave dans le roman de Philippe Pollet-Villard. Le capitalisme triomphant a découvert que les délocalisations permettent de multiplier les profits. La différence c'est que les usines déménagent vers l'Asie ou l'Afrique, avec les ouvriers français et leurs familles. La seule solution pour garder son emploi, c'est l'exil. Jean-Charles Rem, entrepreneur, a flairé le bon filon. Il va implanter un peu partout le long des autoroutes des entrepôts où, pour un prix modique, on peut laisser ses meubles personnels. Car les départs ne sont que provisoires. A la base... C'est « Mondial Nomade ».

Rem, à l'heure de la retraite, revend l'entreprise au fils du président qui va s'empresser de transformer les entrepôts en prisons. Et le héros, inactif, un peu perdu, va profiter de sa fortune pour tenter de retrouver un ami de jeunesse, croisé quand il était routard en Inde. L'envie de revivre l'aventure du voyage.

Philippe Pollet-Villard décrit un pays devenu presque totalitaire, vidé de ses forces vives. Un fantôme de nation où tout espoir de progression sociale, d'épanouissement et de bonheur a déserté. Par contre en Inde, la débrouillardise française rayonne. Alors, faut-il déjà se préparer au grand exode ?

« Brut » de Dalibor Frioux, Seuil, 21,50 € (disponible au format poche chez Points)

« Mondial Nomade » de Philippe Pollet-Villard, Flammarion, 18 € (disponible au format poche chez J'ai Lu sous le titre de "Voyage au pays des meubles défunts") 

jeudi 15 septembre 2011

BD - Alien et faille spatio-temporelle : Berberian et Gaultier sont tombés du ciel

Berberian abandonne très rarement son acolyte Dupuy (ils seront d'ailleurs ensemble au festival du disque et de la BD de Perpignan les 24 et 25 septembre). Avec « Tombé du ciel » il ne signe que le scénario de cette fantaisie spatio temporelle dessinée par Christophe Gaultier. 

Le héros, Emile, va aider un extraterrestre à se cacher. Un « petit gris » qui a le pouvoir de revoir le passé. Emile pourra ainsi savoir ce qui s'est exactement passé le 21 juin 1982 en Bretagne. Il aurait pu devenir chanteur de rock, il a complètement raté son audition. 

La seconde partie de ce copieux roman graphique de 140 pages en noir et blanc est aussi une réflexion sur le destin et les fameux grains de sable qui, parfois, dérèglent une machine bien huilée.

« Tombé du ciel » (tome 2), Futuropolis, 20 € 

mardi 13 septembre 2011

BD - Revue de pouvoirs avec Ralph Azham de Lewis Trondheim

Ralph Azham, nouveau héros imaginé par Lewis Trondheim, passionnera tous les lecteurs amateurs de fantasy et nostalgiques des Donjon. Les enfants ayant un pouvoir sont capturés et conduits à l'oracle. Ce dernier saura si l'un d'eux pourra vaincre les hordes de Vom Syrus. Dans ce second tome, les pouvoirs sont parfois redoutables (notamment celui de Ralph) ou plus anecdotiques comme celui qui ne dort jamais ou cet autre qui sait si une femme est enceinte en la regardant. 

Tous devront fuir quand une menace mortelle pénètrera dans le dortoir. On rencontrera également des magiciens, un fylphe et la sœur de Ralph. Un peu d'humour vient saupoudrer cette BD essentiellement d'aventure, un retour au genre pour le créateur de Lapinot.

« Ralph Azham » (tome 2), Dupuis, 11,95 € (et pour ceux qui en veulent encore plus, la troisième aventure de Ralph Azham est à retrouver chaque semaine dans Spirou à partir de ce mercredi) 

lundi 12 septembre 2011

BD - Libertinages : le siècle des Lumières vu par Joann Sfar chez Dargaud

Retour à la BD pour Joann Sfar. Le succès de son film sur Gainsbourg ne l'a pas totalement détourné des planches à dessin. Après le Chat du rabbin, il lance une nouvelle série se déroulant au siècle des Lumières. 

Les premières pages semblent une réflexion sur l'esclavage mais rapidement le personnage de la comtesse Eponyme impose une ligne directrice beaucoup plus libertine à la BD. 

Cela donne un ensemble un peu bancal rattrapé par des scènes d'un érotisme torride. Elle s'ennuie, son mari, plus philosophe qu'amant, lui laissant la possibilité de se rattraper auprès du personnel masculin, notamment un cuistot italien allant au four et au moulin. 

C'est léger, intelligent et pertinent : tout ce qui a fait le succès de cet auteur de BD ayant considérablement élargi son lectorat.

« Les Lumières de la France » (tome 1), Dargaud, 13,95 € 

vendredi 9 septembre 2011

BD - Sherlock Holmes revient d'entre les morts chez Soleil

Sherlock Holmes n'en finit plus d'inspirer les scénaristes de BD. Sylvain Cordurié, après avoir confronté le héros de Conan Doyle à des vampires, le met de nouveau face à son ennemi de toujours, le professeur Moriarty. 

Mais ce dernier est mort dans la dernière aventure du détective anglais. Qu'à cela ne tienne, le scénariste le ressuscite, le transformant en une sorte de zombie désirant récupérer l'intégralité de sa personnalité enfouie dans l'inconscient de Holmes. Cela semble un peu tiré par les cheveux, mais une fois dans l'ambiance, le personnage de Holmes semble tout à fait adapté à ces histoires fantastiques très à la mode au XIXe siècle. 

Un album dessiné par Laci, auteur serbe ne lésinant pas sur les décors d'époque. Efficace et prenant, la première partie vous donnera forcément envie de découvrir la fin du duel. Rendez-vous pour le tome 2 dans quelques mois...

« Sherlock Holmes et le Necronomicon » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

jeudi 8 septembre 2011

BD - Fantômes masqués chez Delcourt : une BD de Fabien Grolleau sur les fans de comics

La BD a toujours fait rêver. Et parfois plus. Sacha rêve d'en vivre. Un vieillard milliardaire rêve qu'il est le héros qui a bercé son enfance. Ensemble, ils vont se retrouver dans une folle course poursuite au cœur d'une ville corrompue. Fabien Grolleau, grâce au format de la collection Shampoing (200 pages en noir et blanc par volume), parvient à plonger le lecteur dans un album aux multiples facettes. 

Dans la réalité, le Fantôme masqué est un vieillard se déplaçant difficilement. Il retrouve toute sa splendeur aux yeux du milliardaire complètement maboul. Sacha, le dessinateur, est entre les deux mondes. Il soutient son mécène, et le comprend puisque lui aussi sait se projeter dans ces comics bon marché où le Bien triomphe toujours du Mal. Le second volume clôt cette aventure qui voit l'arrivée de SDF rejetés en périphérie de la ville. Des indésirables profitant du carnaval pour se venger d'autorités sectaires et racistes. 

Un peu d'amour, de l'humour, de l'aventure et du social : le cocktail est détonnant et très séduisant au final.

« Le masque du fantôme » (tome 2), Delcourt, 9,40 €