mercredi 10 décembre 2008

BD - Lumière antique


Alix et Enak sont pensionnaires de la bibliothèque d'Alexandrie. Sous le couvert de faire des études, ils sont en mission pour César. Cléopâtre doit leur remettre un document prouvant la trahison de son frère, le pharaon Ptolémée. La lutte de pouvoir au sommet de la royauté égyptienne est en toile de fond de ce 27e album (écrit par Patrick Weber et dessiné par Christophe Simon) qui fait la part belle au phare d'Alexandrie trônant à l'entrée du port, sur l'île de Pharos. Le dénouement aura lieu durant la grande fête en l'honneur de Poséidon. Instructif et passionnant, cette aventure est totalement dans l'esprit du créateur, Jacques Martin.

« Alix » (tome 27), Casterman, 10 € 

mardi 9 décembre 2008

BD - Jolan, le fils prodige


Jolan, fils de Thorgal, a pris la relève de son père. Si Rosinski est toujours au dessin, Jean Van Hamme a cédé les rênes du scénario à Yves Sente. « Le bouclier de Thor » est la suite directe du précédent album. Jolan, en compagnie de quatre autres jeunes héros intrépides, a rejoint l'Entremonde. Il va tenter de dérober le bouclier de Thor pour Manthor, fils d'une déesse et d'un humain. Au même moment, dans un paisible village de vikings, Thorgal, revenu à la vie rurale, devra rendosser les habits de guerrier pour retrouver son dernier fils, Aniel, enlevé par les magiciens rouges.

« Thorgal » (tome 31), Le Lombard, 9,20 € 

lundi 8 décembre 2008

BD - Spirou de retour dans le temps Z


Morvan et Munuera, repreneurs de Spirou, auront donc réalisé cinq albums des aventures du groom rouge. Pour ce 50e tome intitulé 'Aux sources du Z », ils ont reçu l'aide de Yann qui a notamment mis son grain de sel dans les dialogues. 

Un album hommage, le héros devant faire des sauts dans le passé pour sauver Miss Banner, la dame de cœur de Zorglub et du comte de Champignac. Spirou (puis Fantasio qui le suit comme son ombre) revisite ainsi « La corne de rhinocéros », « La mauvaise tête » ou « Le gorille a mauvaise mine ». 

L'intrigue donne l'occasion de découvrir les premières recherches de Champignac, quand il était jeune et ami de Zorglub.

« Spirou et Fantasio » (tome 50), Dupuis, 9,20 € 

dimanche 7 décembre 2008

Polar - Secrets bien enfouis

La meurtrière de la jeune Abigail vient de se suicider en prison Mais elle serait finalement innocente. Un imbroglio pour la perspicace Vera Stanhope.

Dix ans de prison pour rien. Jeanie Long vient de faire dix ans de prison après sa condamnation pour le meurtre d'une jeune fille, Abigail Mantel. Elle n'a cessé de clamer son innocence. Alors qu'un témoin réapparaît et que l'enquête va être rouverte, Jeanie, à bout, se suicide dans sa cellule. Une raison supplémentaire pour Vera Stanhope, inspectrice de police pugnace, de démasquer le véritable meurtrier.

Ce polar noir d'Ann Cleeves fait un peu penser, par moment, à un bon Simenon. La policière est bourrue (comme le commissaire Maigret) et les différents protagonistes de l'affaire, sous des airs lisses et polis, ont de nombreux secrets à cacher. La petite bourgeoisie anglaise n'a rien à envier à celle de la province hexagonale. Avant que Vera n'intervienne, c'est par l'intermédiaire d'Emma que le lecteur découvre les événements, anciens et actuels. Emma, jeune mère au foyer, légèrement dépressive. Elle attend son mari James, marin, en fantasmant sur son voisin.

Une coupable trop idéale

Mais ce soir-là est différent. James lui apprend que le dossier du meurtre d'Abigail Mantel vient d'être rouvert. Jeanie Long, déclarée coupable, ne serait finalement pas la meurtrière. Une révélation qui fait remonter un flot de souvenirs dans la mémoire d'Emma. A l'époque, adolescente rebelle, elle était la meilleur amie d'Abigail. Abigail la fille de Mantel, riche promoteur immobilier. Emma de son côté rejetait sa famille : son père, pasteur rigoureux, sa mère, bibliothécaire effacée, docile, toujours dans l'ombre. Un dimanche soir, après une nouvelle dispute, elle sort dans la lande pluvieuse et balayée par le vent. C'est là quelle a découvert le corps d'Abigail, dans un fossé, étranglée. Les policiers ont rapidement trouvé une coupable idéale : la concubine du père d'Abigail. Jeanie affirme avoir passé la journée à Londres. Un alibi sans preuve.

Une preuve de sa présence à Londres qui réapparaît 10 ans plus tard. Mais trop tard... Vera Stanhope est chargée de l'enquête. La policière fait sa première apparition dans la petite paroisse d'Elvet au cours de la messe. Emma découvre une « femme corpulente et formidablement laide ». Elle était « vêtue d'une robe de crêpe informe constellée de petites fleurs violettes, et d'un gilet mauve pelucheux. Malgré le froid, ses pieds étaient chaussés de sandales de cuir plates ». Ann Cleeves force un peu le trait, mais il faut avouer que le personnage de Vera, teigneuse, buveuse, coléreuse, s'impose dans ce roman. Face aux atermoiements des différents protagonistes de l'affaire, elle élève la voix, les bouscule, pour faire enfin jaillir la vérité. Son face-à-face avec Emma fait des étincelles : « Pour la première fois, Emma se rendit compte que Vera était en colère, une colère volcanique, terrifiante. » La policière qui secouera tellement la fourmilière qu'un second meurtre sera commis, nouvelle preuve irréfutable de l'innocence de Jeanie.

Ce roman policier, parfois oppressant tant certains personnages sont tristes et résignés, fouille dans les tréfonds de l'âme humaine. Vera, heureusement, est là pour remettre tout en place. Quelles qu'en soient les conséquences...

« Morts sur la lande », Ann Cleeves, Belfond, 20 €

samedi 6 décembre 2008

BD - Les débuts de Sherlock Holmes


Sherlock Holmes inspire les scénaristes de BD. Cette fois, ce sont Didier Convard et Eric Adam qui se sont associés pour imaginer les débuts du célèbre détective. Une série confiée graphiquement à Jean-Louis Le Hir, dévoilant un nouveau pan de ses talents de graphiste. Après les très classiques (et rigides) Cholms et Stetson, les dessins d’humour à la Reiser sur l’entreprise (C’est qui le boss ?), il propose des planches très sombres, aux dessins stylisés utilisant des traits épais jouant à merveille avec les ombres. De loin ce qu’il a fait de mieux. 

Sherlock se lance donc dans le métier. Sa première enquête manque de prestige, mais il n’y a pas de petite affaire. Sur la piste d’un chat disparu, il découvre une fumerie d’opium. Devenu l’ami du patron, il se met à son service pour découvrir le meurtrier d’un client. Une quête qui conduira le jeune Holmes jusqu’aux confins du Penjab.

« Sherlock » (tome 2), Glénat, 12,50 € 

vendredi 5 décembre 2008

BD - Victoire à Waterloo


La belle uchronie que voilà : à la bataille de Waterloo, Grouchy n’est pas arrivé en retard. Résultat, Napoléon gagne cette bataille et la face du monde et de l’Histoire est totalement modifiée. 

Thierry Gloris, le scénariste, a donc imaginé une Europe en 1911 totalement différente. Les deux puissances coloniales (France et Grande-Bretagne), règnent sur le monde. A Paris, un détective privé fait de plus en plus parler de lui. Théophile Duroc a une façon très personnelle de résoudre les énigmes : observation et déduction. 

Duroc est la version française du Sherlock Holmes de notre réalité. Contacté par le conservateur d’un musée d'archéologie des colonies, Duroc se lance sur la piste du voleur d’un objet précieux et mystérieux. Un voleur roux, agile et à la force titanesque. 

Dessinée par Emiliano Zarcone, cette série mêlant enquête policière, science-fiction et fantastique, sans être radicalement originale, est une agréable variation sur l’histoire de France.

« Waterloo 1911 » (tome 1), Delcourt, 12,90 €. 

jeudi 4 décembre 2008

BD - Rêvons d’Ava…


Ava Dream est Anglaise, avocate et très belle. Quand ses patrons lui demandent d’aller s’occuper d’une succession dans le Sud-Ouest de la France, elle n’hésite pas. Même si elle a une certaine appréhension à travailler avec ces "frenchies" malodorants qui n’aiment pas l’eau. Un petit détail qui n’aura finalement que peu d’importance car la mission d’Ava est tout autre. 

Elle doit convaincre une riche héritière de fuir la secte qui l’a enrôlée. Action, charme, rebondissements : le cocktail des deux premiers tomes (parus simultanément et formant un tout, comme un pilote audiovisuel) de cette nouvelle série écrite par Eric Arnoux a tout pour convaincre le lecteur de BD de base. D’autant que le dessin de Queireix, tout en mettant en valeur les sublimes courbes d’Ava, fait des trognes d’exception aux personnages secondaires, notamment les "méchants".

« Ava Dream » (tomes 1 et 2), Le Lombard, 10,40 € chaque volume.

mercredi 3 décembre 2008

Roman - Le vieil homme et l'honneur

Hubert Mingarelli raconte une longue quête solitaire dans une nature hostile, pour des bottes, pour l'honneur.


Dans un pays d'Amérique latine, le village est réveillé par l'arrivée d'un groupe de rebelles dirigé par Raphaël Vallejo. Sur le chemin de la montagne où les combats font rage, Vallejo et ses hommes font une brève étape. Pour remplir les gourdes et surtout trouver de nouvelles chaussures. De magnifiques bottes sont dénichées dans une luxueuse maison de maître appartenant à Alvaro Cruz. Quand Eladio découvre le vol, son sang ne fait qu'un tour. Eladio, c'est le vieux domestique de Cruz. Malgré un rapport de force très déséquilibré, il réclame la restitution des chaussures sur le champ. Un coup de crosse sur la nuque clôt le débat.

Une bonne heure plus tard, Eladio reprend ses esprits, très énervé. Le nœud du roman écrit par Hubert Mingarelli se situe à ce moment précis. Le vieil homme aurait pu avouer sa défaite, se dire que finalement une paire de bottes ce n'est pas très grave. Mais une incroyable fierté va le faire agir en dépit de tout bon sens. Il récupère les anciennes chaussures de Vallejo et décide de jouer un bon tour à ces grossiers personnages.

Connaissant un raccourci pour rejoindre la route allant vers la montagne, il s'élance persuadé qu'il pourra les rattraper, leur passer devant sans qu'ils s'en aperçoivent et récupérer les bottes d'Alvaro Cruz. Hubert Mingarelli, dans son écriture, joue beaucoup sur l'opposition entre le style très parlé et populaire d'Eladio et des passages plus léchés, quand, par exemple, il décrit la rencontre entre le vieil homme et des biches : « Il aperçut les biches qui grattaient la terre à une quarantaine de mètres de là. L'une d'elles, en relevant le cou, l'aperçut et, sans qu'elle n'eût donné de signal, les autres biches cessèrent de chercher leur nourriture, et se tenant parfaitement immobiles, elles le regardèrent aussi ».

Rencontres merveilleuses, redécouverte de la splendeur de la nature : la quête du héros sera récompensée, mais pas comme il l'avait imaginé.

"Le voyage d'Eladio", Hubert Mingarelli, Seuil, 16 euros.

mardi 2 décembre 2008

BD - L'album anniversaire des Schtroumpfs

Pour célébrer le 50e anniversaire des Schtroumpfs de Peyo, un album a été spécialement édité. Cette histoire, hors-série, bénéficiant d'un tirage limité de 50 000 exemplaires (habituellement une nouveauté a un tirage trois fois plus important), explique en 28 planches l'origine de la flûte à six trous. Une flûte enchantée qui est commandée par un sorcier pour guérir un père de famille tombé dans une torpeur absolue. Le Grand Schtroumpf va donc livrer la flûte mais cette dernière va tomber dans de mauvaises mains. Il faudra l'intervention de Johan et Pirlouit pour que tout revienne en ordre. 

Un récit clin d’œil qui se poursuit presque naturellement dans l'aventure de Johan et Pirlouit.

Mais en plus de cette bande dessinée (écrite par Thierry Culliford et Luc Parthoens, dessinée par Jereon de Coninck), vous trouverez l'intégrale d'un cours de langage schtroumpf imaginé par Yvan Delporte et Peyo pour animer les pages d'un journal de Spirou paru en 1971.

« Les schtroumpfeurs de flûte », Le Lombard, 9,25 € 

lundi 1 décembre 2008

Science-fiction - Les mondes étranges des Fils du vent

Les personnages de ce roman fantastique de Robert Charles Wilson vont de monde en monde comme le commun des mortels change de chemise.

Où et quand peut-on affirmer que l'on est "chez soi" ? Dans son village natal, dans la ville où l'on travaille, près du lieu où l'on se sent le plus heureux ? Les différents protagonistes de ce roman de science-fiction signé de l'auteur canadien Robert Charles Wilson ont souvent déménagé. Ce sont des " Fils du vent", des nomades, sans domicile fixe. Karen est l'aînée. Un père alcoolique et violent, une mère très religieuse : bref rarement l'occasion d'être heureuse. Pourtant, une fois adulte, elle a rencontré Gavin, mariage et naissance de Mickaël dans la foulée. C'était il y a 16 ans.

De nos jours Karen recommence à faire des cauchemars. Depuis que la décision de divorcer a été prise. Pas exactement un cauchemar, simplement un rêve sombre et mystérieux. Elle se revoit enfant, sortant la nuit dans le jardin avec sa sœur Laura et son jeune frère Tim. Tim qui parvient à faire apparaître une porte dans le talus du jardin. En la franchissant, les trois enfants se retrouvent dans les rues noires et froides d'une ville industrieuse. Ils sont attirés par un homme en gris, cachant son visage derrière le rebord de son grand chapeau. Mais est-ce bien un rêve ? Quand Mickaël est lui aussi abordé dans la rue par le même homme en gris, Karen décide de quitter le Canada et de rejoindre sa sœur installée depuis des années dans la Californie d'un monde parallèle créée de toute pièce par Laura. Un don que les parents ont tout fait pour diaboliser. Karen a suivi l'avis de son père qui explique sa vision du pouvoir de Tim : "Il s'amusait avec les lucioles. Et puis tout d'un coup il s'est mis à tracer un cercle dans l'air. Et le cercle était rempli de la lumière des lucioles. Et il y avait des silhouettes dans cette lumière. Des visages, des corps, des choses avec des ailes. Ce pouvait être n'importe quoi mais - j'en étais certain - c'était l'enfer que Timmy venait d'ouvrir".

Ce roman précédemment publié il y a une quinzaine d'année, sans avoir le foisonnement imaginatif de "Darwinia", offre l'occasion à Robert Charles Wilson de lâcher la bride à son imagination. Mais il a mis tout son talent au service de la description psychologique des personnages. Notamment dans leurs relations fraternelles, souvent compliquées, encore plus dans une famille aux pouvoirs paranormaux.

"Les fils du vent", Robert Charles Wilson, Folio SF, 6,20 euros