Monument de la chanson française, Charles Aznavour a mis du temps avant de se retrouver en haut de l’affiche comme le raconte ce film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade.
Du travail, encore du travail, toujours du travail et une certitude inébranlable en son talent. Charles Aznavour, avant de triompher en France, puis partout dans le monde, a souvent douté. Mais jamais il n’a abandonné. Une force, une grandeur, au centre du film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade tout simplement intitulé Monsieur Aznavour. Oui, le petit réfugié arménien est devenu un grand de la chanson française. Mais que de galères avant d’atteindre les sommets, ce fameux « haut de l’affiche » dont il a tant rêvé.
Le film, d’un peu plus de deux heures, revient longuement sur la jeunesse d’Aznavour (Tahir Rahim), avant le succès, quand il s’obstinait à faire dans la chanson fantaisiste, malgré sa voix voilée. Avec son compère Pierre Roche (Bastien Bouillon), il multiplie les petits contrats. De bars de village en petites salles provinciales ou cabarets, ils tentent de distraire le public. Parviennent à en vivre.
Dans le sillage d’Édith Piaf
Mais difficilement. Quand ils rejoignent la tournée d’Édith Piaf (Marie-Julie Baup), c’est mieux, mais rien d’exceptionnel. Passage par le Canada et finalement Charles semble tirer un trait sur ses ambitions de devenir une star. Pour assurer le minimum à sa famille, en ces lendemains de guerre, il devient homme à tout faire d’Édith Piaf. Il continue à composer, mais n’a pas encore trouvé son style. Charles va finalement, comme sur un ultime coup de poker, miser toutes ses économies sur une tournée et quelques dates à Paris. Avec, dans la manche, une carte maîtresse : la chanson Je m’voyais déjà. Décembre 1960, une star vient de naître devant un public médusé. La suite ressemble à un conte de fées, avec son lot de doutes, de déprimes et de séparations. Mais le travail, encore le travail, permet à l’artiste de s’en sortir, à l’homme de rester debout.
Ce film, forcément synthétique et partisan, ne montre pas toute la complexité de Charles Aznavour, mais grâce à l’interprétation remarquable de Tahir Rahim (César en approche, assurément), on cerne la personnalité de ce fils de réfugié, toujours là pour sa famille, même si trop souvent il a dû la sacrifier pour continuer son irrésistible ascension. Incapable de s’arrêter de créer, de prendre du temps pour lui et ses proches, Aznavour était un bourreau de travail. Cela a payé et personne ne peut s’en plaindre tant les titres qui rythment ce biopic sont devenus des rengaines familières à la grande majorité des Français.
Film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir avec Tahar Rahim, Bastien Bouillon, Marie-Julie Baup
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