mercredi 28 décembre 2022

Roman - Elie Semoun raconte ses amours tragicomiques

Pour son premier roman, Elie Semoun s’inspire en grande partie de sa propre vie. Pas une autobiographie (il a déjà donné), mais de sa dernière passion amoureuse. Dans ce texte, sorte de long poème à la première personne, il raconte de façon chronologique et très talentueuse, les différentes étapes de cette période durant laquelle il espérait « Compter jusqu’à toi ». Tout commence au travail. Pour Elie Semoun au théâtre donc. Il donne une représentation de son dernier spectacle et immédiatement, il remarque une jeune femme dans le public. Un coup de foudre improbable.  Dans les premières pages du roman il énumère toutes les circonstances heureuses qui vont transformer la soirée en bonheur durant quelques années : « Et si mon regard ne s’était pas alors, ensuite, posé sur toi ? Et si ta beauté n’avait pas accroché mon œil comme un ballon d’enfant au bout de sa ficelle ? » Sans s’épargner, il va aussi raconter comment la passion va lentement mais sûrement s’atténuer, l’amour s’éloigner, les joies des retrouvailles (sa fiancée vit à l’étranger et ne le rejoint qu’épisodiquement à Paris) s’estomper. On est loin des vannes qui font rire. Mais les comiques ont souvent des amours tristes. 

Venu récemment dans la région rencontrer ses admirateurs aux clap ciné de Canet et de Leucate, Elie Semoun est revenu sur l’écriture de ce roman et ses passions littéraires. « Je préfère parler de récit que de roman, ça prend la forme d’un journal intime car c’est mon histoire que je raconte au fond. Je l’ai écrit un peu comme une série. Je ne dis pas que ce sont des chapitres mais des épisodes. J’ai voulu écrire le plus simple, reprenant des phrases que j’avais dans la tête depuis pas mal de temps.  C’est mon histoire, mais je l’ai un peu fictionnée, je n’ai pas tout mis.  Je suis un grand lecteur et pendant l’écriture de mon roman j’ai été influencé par l’écriture de Sagan, Colette, Annie Ernaux parfois, une écriture très claire, très limpide, un mélange de quotidien et de poésie. »

Dans ce texte, on sent un homme qui plus peur du désamour que de l’amour : « J’ai été traumatisé par la perte de ma mère quand j’avais 11 ans. L’abandon, la perte de quelqu’un qu’on aime guide un peu mes histoires. J’ai besoin assez souvent d’être rassuré. » De cette expérience amoureuse, il a fait un livre dans lequel beaucoup de ses lecteurs se reconnaissent. « comme quand tu attends des textos et tu es tout seul chez toi alors que ta copine va faire la fête, tu es en même temps rongé par une sorte de jalousie et une inquiétude et ça c’est quelque chose qu’on a tous vécu. » Et s’il reconnaît qu’il « ne s’est pas donné le beau rôle », Elie Semoun souligne surtout que « cette histoire est le mélange des amours que j’ai vécus. » Et comme dans la chanson, les histoires d’amours des comiques finissent mal, en général.  

« Compter jusqu’à toi » d’Elie Semoun, Robert Laffont, 19 €


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