jeudi 8 décembre 2016

Cinéma : Corruption à tous les étages dans "Baccalauréat"

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Bienvenue en Roumanie, ses villes grises et dé- pressogènes, sa délinquance, ses chiens errants. Et sa corruption. Surtout sa corruption, au centre du nouveau film de Cristian Mungiu. Roméo (Adrian Titieni), mé- decin dans une petite ville de province, ne vit que pour sa fille Eliza (Maria Dragus), lycéenne sur le point de passer son baccalauréat.

Pour cette surdouée, bosseuse et brillante, ce ne sera qu’une formalité. Mais il faut qu’elle ait au minimum 18 dans toutes les matières pour confirmer sa bourse universitaire. Pas n’importe laquelle : celle qui lui permettra d’intégrer l’université de Cambridge, la porte pour une vie forcément meilleure loin de cette Roumanie, plus communiste mais toujours horriblement étriquée et gangrenée par la corruption.
Pour Roméo, il n’y a plus d’avenir dans ce pays. Étudier en Angleterre c’est sortir du ghetto. La veille du bac, en allant au lycée pour les dernières révisions, Eliza est agressée. Un homme tente de la violer. Elle se défend. Se blesse au poignet. Roméo voit l’œuvre de sa vie s’écrouler. Si Eliza ne peut pas passer son bac, c’en est terminé de Cambridge. Bien que traumatisée, elle va aux examens, mais son poignet luxé ne lui permet pas d’écrire aussi vite.
Roméo, en se confiant à un ami policier chargé de l’enquête, va mettre le doigt dans l’engrenage de la corruption. Car en Roumanie, avec quelques appuis, tout est possible. Il suffit de rendre service à la bonne personne pour que cette dernière fasse le nécessaire pour arranger vos affaires. Roméo s’est battu toute sa vie contre ces pratiques. Mais pour sa fille, pour son avenir, il va faire une exception. Le film de Cristian Mungiu, d’une logique extrême, démontre que parfois, même les honnêtes gens n’ont pas le choix. Roméo le résume par cette métaphore « pour se battre, parfois, il faut utiliser les mêmes armes que les autres ». En l’occurrence cette corruption présente partout, à tous les niveaux de la société.
Le metteur en scène, déjà primé à Cannes, a de nouveau été récompensé cette année avec le prix de la mise en scène. Adian Titieni, présent sur 90 % des plans, aurait pu obtenir celle de l’interprétation masculine tant son personnage, plein de doute, dé- chiré dans ses convictions, marque cette œuvre d’un réalisme implacable. 

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