L'Islande, ses geysers, ses glaciers, ses maisons abandonnées propices aux cauchemars. « Je sais qui tu es » est un thriller qui fait froid dans le dos.
L'Islande, immense île glacée dans l'Atlantique nord n'est pas très peuplée. La population se concentre dans les zones urbaines autour de la capitale Reykjavík. Le reste du territoire est quasi désertique. « Je sais qui tu es », thriller de Yrsa Sigurdardottir, a pour cadre le nord-ouest du pays. La petite ville d'Isafjorour et le hameau abandonné d'Hesteyri au cœur d'un parc naturel protégé.
La crise économique a durement touché le pays au milieu des années 2000. Les faillites de plusieurs banques a laissé des traders habitués à vivre à crédit sur le carreau. Garoar est de ceux-là. Au chômage depuis quelques mois, il a investi ses dernières économies dans l'achat d'une maison à Hesteyri. Il a pour ambition de transformer la bâtisse en gîte. Idéalement située au cœur du parc naturel, elle ne devrait pas désemplir en été.
Trio isolé
Pour l'heure, il va en prendre possession et débuter les premiers travaux d'aménagement. Pour s'y rendre, seule solution en cette fin d'automne : le bateau. Il débarque donc avec matériel et vivres pour une semaine de travaux intensifs. Il n'est pas seul. Accompagné de sa femme, Katrin et de Lif, la veuve de son meilleur ami, associé mort d'une crise cardiaque avant l'aboutissement du projet. Pour ces trois trentenaires c'est une découverte complète. Dans cette baraque en bois, délabrée, sans électricité ni sanitaires, au chauffage rudimentaire, le séjour se transforme en cauchemar. Et pas uniquement en raison des contraintes matérielles.
Une inquiétante ambiance s'installe dans le hameau désert. Katrin est persuadée d'avoir vue une silhouette au loin. Lif aussi croise une ombre. La nuit des bruits de pas au rez-de-chaussée se font entendre. Le décor est planté, le lecteur frissonne. De froid et de peur.
Mais les tribulations du trio ne sont pas l'unique intrigue du roman. En parallèle, l'auteur suit les activités de Freyr, un psychiatre exilé dans cette ville de 2600 âmes, blottie au fond d'un fjord. Ce matin il est sollicité par la police pour une affaire de vandalisme dans une école. Tout le matériel a été cassé et des graffitis énigmatiques inscrits sur les murs. Est-ce l’œuvre d'un fou lui demande l'inspectrice Dagny ? Freyr découvrira avec stupéfaction que 60 ans auparavant, une scène identique s'est déroulée dans la même école.
Enfant disparu
Au même moment, une femme est retrouvée pendue dans une église. Un suicide. Mais il se trouve qu'elle était élève au moment du premier saccage. Et dans son mot d'adieu, elle fait allusion au fils de Freyr, disparu trois ans plus tôt. L'intrigue se met en place, avec quantité de possibilités, de recoupements et de fausses pistes. Freyr a l'impression de devenir fou. Les trois naufragés d'Hesteyri aussi. Une nuit, il voient au loin la silhouette d'un inconnu. « L'individu se tenait la tête penchée en avant, recouverte d'une capuche et les bras ballants. On aurait dit qu'il ou elle avait cédé sous le poids de toute l'injustice du monde. » Un premier choc suivi d'un second quand le trio découvre avec effarement que ce n'est qu'un enfant.
L'angoisse va alors aller crescendo, notamment dans le hameau perdu. Ce thriller vous dissuadera à vie de vous rendre dans des endroits isolés et coupés du monde. Le cadre majestueux et sauvage devient source inépuisable de terreur. Rarement un roman aura suscité autant d'angoisse au lecteur. A ne pas lire seul dans sa maison de campagne. A moins de rechercher des sensations fortes. Mais vous pourriez le regretter quand les hurlements poussés dans votre cauchemar vous réveilleront trempé de sueur froide...
Michel LITOUT
« Je sais qui tu es », Yrsa Sigurdardottir, Anne Carrière, 22 €
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