Quand le leader d'une bande de cinq amis décide de se marier, l'heureuse élue a toutes les chances de briser l'entente du groupe. Sauf si...
L'amitié face à la fatalité : tel est le match qui se déroule dans ce roman de Didier van Cauwelaert. Le romancier aime plus que tout ces personnages nécessitant beaucoup d'amour ou d'amitié pour tenir debout. Il en décrit carrément toute une bande dans « Les témoins de la mariée ». Quatre personnes qui se connaissent depuis l'adolescence et qui ont un unique centre de gravité : Marc. Marc le photographe des stars, celui transforme en or tout ce qu'il touche. Ses livres best-sellers lui ont donné l'aisance financière. Cette fortune lui a permis d'aider ses amis de toujours. Hermann Banyuls d'abord, son chauffeur, aide de camp, mécanicien, homme de confiance. Banyuls est également chargé par Marc de dégoûter ses multiples conquêtes. Ce grand séducteur ne supporte pas les histoires qui durent. Banyuls n'a pas son pareil, à la demande de son ami, pour le faire passer pour « un pervers en série ne songeant qu'à tuer sa mère en détruisant les autres femmes ». Marlène, la seule fille du groupe, est galeriste. Une galerie d'art moderne qui survit grâce à l'argent frais de Marc. Jean-Claude, en plein divorce compliqué, gère un hôtel dans Paris. Hôtel appartenant à Marc. Lucas, le dernier de la bande, est peut-être le moins dépendant de Marc. Du moins financièrement. Cet ancien journaliste, cloué dans un fauteuil roulant depuis un accident, broie du noir. Sans la joie de vivre de Marc il aurait certainement fait le grand saut.
Un enterrement et un mariage
A quelques jours de Noël, au cours d'un traditionnel repas à cinq, Marc annonce la grande nouvelle à ses amis : il va se marier avant la fin de l'année. Et il présente à la bande, sur photo, Yun-Xiang ce qui veut dire « Senteur de nuage ». Cette jeune Chinoise travaillait dans un atelier de copie de tableaux de maîtres. « Il nous a montré la photo de l'élue. Nous avons échangé un regard où la perplexité le disputait à la consternation. Le portrait en noir et blanc était superbement contrasté, comme tout ce que faisait Marc, mais la fille était l'incarnation parfaite de la banalité. Silhouette plate en blouse grise, sourire de commande, cheveux raides, regard droit, avec une expression de désarroi qui s'excuse. » Pour Marc elle est « magique ». Et il demande à ses amis d'être les témoins de son mariage. Deux pour lui, les deux autres pour la mariée.
« Créature de rêve »
Une fois le décor planté, Didier van Cauwelaert va lâcher les chevaux de son imagination. La veille de l'arrivée de la future mariée, Marc se tue en voiture. La bande des quatre se retrouve à Roissy pour accueillir Yun-Xiang et lui annoncer la mauvaise nouvelle. Mais il ont un tel choc en la découvrant qu'ils décident de mentir, prétendant que Marc a du partir en urgence en reportage, loin de Paris. « On avait devant nous une créature de rêve à mi-chemin entre Jackie Kennedy et une geisha de Playboy relookée haute couture. Tout ce qui restait de la petite ouvrière d'art à la chaîne que j'avais rangée dans ma poche, c'était le regard noisette à peine bridé sous le maquillage de scène. » Rapidement, ils vont simultanément tomber amoureux de la jeune Chinoise, impatiente de retrouver son futur époux.
Une situation semblant inextricable et se compliquant quand le frère de Marc prend les choses en mains et met des scellés sur la fortune du défunt. Un roman vivifiant, entre glamour, amour et amitié. Même si la fin est convenue, on apprécie quand même cette belle histoire tant les personnages, les témoins et la mariée, sont attachants.
"Les témoins de la mariée", Didier van Cauwelaert, Albin Michel, 19 €
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