mercredi 30 décembre 2009

Polar - Montagne vertigineuse

Ce thriller de Karine Giebel se déroule exclusivement en montagne. C'est d'ailleurs le personnage principal de ce roman vertigineux.


Envie d'une grande bouffée d'air pur ? Prenez ce roman policier de Karine Giebel et plongez dans cet univers merveilleux mais aussi très dangereux qu'est la montagne. Rendez-vous sur les hauteurs des Alpes de Haute-Provence, vers les villages d'Allos et de Colmars-les-Alpes. Des lieux touristiques, zones habitées de cette vallée vivant essentiellement de l'afflux des visiteurs du parc naturel du Mercantour.

C'est là que vit Vincent, guide touristique l'été, vivotant de petits boulots le reste du temps. Juste de quoi entretenir sa maison, l'Ancolie, dominant la vallée, plantée en haut d'un chemin escarpé et défoncé. Vincent, le personnage principal de ce drame psychologique mené de main de maître par un auteur qui s'impose de titre en titre comme une des plus brillante du genre.

Séducteur sans cœur

Vincent n'est pas spécialement sympathique dans les premiers chapitres. Ce quadragénaire parfaitement conservé, très sportif, est un grand séducteur. Mais il a un principe : jamais plus d'une nuit. Il séduit ainsi une jeune stagiaire de l'office de tourisme qui ne résiste pas plus de deux jours à son charme. Le lecteur apprendra un peu plus tard que cette attitude, par bien des aspects abjecte, est conditionnée par l'échec de son couple. Sa femme, un jour, est partie. Avec un touriste. Depuis elle occupe ses rêves. Ses cauchemars plus exactement. Accumuler les conquêtes c'est un peu comme une vengeance. Cela n'empêche pas qu'il est surnommé le « cocu »par les villageois. Et détesté par toutes les femmes qu'il a jeté comme un mouchoir en papier après utilisation.

Il ne faudra pas longtemps à Servane pour percer les défenses de Vincent. Cette jeune gendarme, dont c'est la première affectation, lui demande de lui faire découvrir la région. Il la conduit en excursion à travers les sentiers pour arriver sur les berges du lac d'Allos. Elle va découvrir un spectacle grandiose : « Quelques larges plaques de glace étincelante dérivaient à la surface, vestiges de l'hiver si rude à cette altitude. Le ciel et les tours se reflétaient dans ce lac-miroir, y dessinant un relief inattendu. »

Le roman alterne les descriptions de cette nature qui semble tant inspirer Karine Giebel et les moments de tension ou d'action. Ainsi, quand un de ses collègues est retrouvé mort au fond d'un ravin, Vincent ne croit pas à la chute accidentelle. Il va retourner sur les lieux avec Servane et tenter de retrouver les preuves du meurtre qu'il suspecte. Le roman va alors basculer vers sa partie thriller. Vincent devra faire face à certains fantômes du passé. Une épreuve qu'il tentera de surmonter avec l'aide de la belle Servane, de moins en moins insensible au charme du guide.

Si les précédents romans de Karine Giebel étaient courts et incisifs, allant droit au but, celui-ci est plus long (près de 500 pages) et plus abouti. Elle s'est concentrée sur l'exploration de la personnalité de ses deux héros. Le roman y gagne en densité.

« Jusqu'à ce que la mort nous unisse », Karine Giebel, Fleuve Noir, 19 € 

mardi 29 décembre 2009

BD - Intégrales made in Delcourt


Les éditions Delcourt se sont fait une spécialité d'éditer des intégrales essentielles en fin d'année. Cela donne de beaux cadeaux, des objets de collection et l'occasion de redécouvrir des séries. Ainsi ne manquez pas le premier tome de l'intégrale de Sillage de Morvan et Buchet. En 150 pages et pour 25 euros vous découvrirez les trois premiers tomes de la série SF de référence de ces 15 dernières années. Autre titre majeur du catalogue Delcourt, « Golden City ». 

Là aussi ce sont les trois premiers tomes de la BD de Pecqueur et Malfin que vous pourrez déguster d'un coup dans ce volume de la collection Long métrage. Golden City est une ville majestueuse bâtie sur l'océan, à l'abri de la surpopulation et de la violence qui règnent sur le continent. Un pays à part, qui a ses codes et ses secrets. 

Si vous accrochez, n'hésitez pas à acquérir la nouveauté de cette fin d'année, le tome 8, intitulé « Les naufragés des abysses ». Enfin pour les plus jeunes, ne manquez pas « Le vent dans les saules », la superbe adaptation du roman de Kenneth Grahame par Michel Plessix. Les quatre premiers tomes d'un coup, 126 pages de rêve, pour 25 euros. 

lundi 28 décembre 2009

BD - Hélène Bruller n'a plus d'amis

Dans le genre « je dis ce que je pense, même si cela fait mal » Hélène Bruller est championne olympique. Elle s'attaque cette fois à ses amis. Elle l'explique dans une préface destructrice : « Je vais dire plein de gentilles choses sur mes amis... Mais surtout des tas de saloperies au cas où ils m'auraient trahis sans que je le sache ». Et c'est parti pour une revue d'effectif où le cynisme est magnifié par un esprit d'observation exacerbé. 

Hélène présente sa tribu qu'elle réunit pour un grand repas. De Fabrizio, le hype gay à Loula la bombe, ils en prennent tous pour leur grade. On découvre au passage des personnages que l'on connaît par ailleurs, Humour man par exemple, alias Philippe, le mari de la dessinatrice, également connu sous le sobriquet de Zep. Cela donne une autre vision du créateur de Titeuf. Le portrait de l'éditeur d'Hélène Bruller, Benoît, est lui aussi gratiné. 

Le mix d'un premier de la classe avec un teenager trash... Un album décapant, qui nous venge d'amis qui nous énervent. Le problème c'est pour Hélène Bruller. Il y a de fortes chances pour qu'aujourd'hui elle n'ai plus beaucoup d'amis...

« Love », Drugstore, 13,90 € 

dimanche 27 décembre 2009

BD - Jessica Blandy épicée

Alors que le premier tome d'une intégrale Jessica Blandy est annoncé pour fin février, Renaud et Dufaux poursuivent la publication de ce spin off de la série originale. « La route Jessica » est un road movie mouvementé et sanglant. On suit le parcours de deux mercenaires, des tueurs, Soldier et sa fille. Ils ont une liste de noms. Ils ont pour mission d'éliminer ces personnes. Des hommes et femmes qui gravitent dans l'entourage de Jessica Blandy. 

Ils pistent donc la belle blonde. Cette dernière est au Mexique. Elle va tenter de sauver son fils adoptif, Rafaelle. Adolescent rebelle, il est sur le point d'intégrer le gang d'Atapulta. Un des plus sanguinaires de la région, dirigé par Anita Royola surnommée Piment rouge. Ce n'est pas parce qu'elle aime cette spécialité locale : « Anita est le piment rouge. Si tu la caresse, tes mains brûlent. Si tu l'embrasses, ta bouche est en feu. Si tu l'aimes, tu ne seras plus que cendres. » 

Cet album, en couleurs directes, est peuplé de belles femmes, toutes plus cruelles les unes que les autres. D'Anita à Salina en passant par la fille de Soldier ou la mystérieuse infirmière, elles sont toutes élégantes et... sans pitié. Elles font quand même rêver. Comme si la beauté pardonnait tous les excès...

« La route Jessica » (tome 2), Dupuis, 13,50 € 

samedi 26 décembre 2009

BD - Victor Sackville sur la frontière

En bande dessinée, il y a les héros immuables, où chaque aventure n'est qu'une péripétie sans conséquence sur son caractère (Ric Hochet en est l'archétype...) et puis ceux qui évoluent en fonction des événements qui traversent leur existence. Victor Sackville est un bel exemple de cette seconde catégorie, le 22e titre de la série marquant un tournant dans les aventures de ce héros imaginé par Borile et Rivière et illustré par Carin. 

L'agent secret anglais est envoyé à Anvers en Belgique. Le pays est occupé par les Allemands. Il s'agit pour Victor Sackville et son ami Pavel de trouver le successeur au chef du réseau de résistance de la ville de Vlissuigen, ville frontière essentielle dans la communication des informations collectées par les nombreux espions officiant durant la guerre 14/18. Dans une ville sous la coupe d'un occupant sans pitié, les deux héros vont découvrir que les apparences sont parfois trompeuses. Ils rencontrent Jeanne Laroche, résistante de la première heure, une des plus efficace, mais qui passe aux yeux de la population pour une traître vendue aux Allemands. 

Une belle parabole sur ces gens ordinaires, agents de l'ombre, mettant l'amour de leur patrie plus haut que leur réputation.

« Victor Sackville » (tome 22), Le Lombard, 10,40 € 

vendredi 25 décembre 2009

BD - Lanfeust, le retour

Il était parti, bien malgré lui, dans les étoiles. Il est de retour dans son monde d'origine. Lanfeust n'a vieilli que d'une année alors que presque 20 ans se sont écoulés en réalité. Se basant sur ce principe qui chamboule tout, Arleston, le scénariste, toujours secondé par Tarquin au dessin, se propose de raconter l'odyssée de Lanfeust, « Lanfeust Odyssey » après consultation des têtes pensantes du marketing des éditions Soleil. 

Alors que la belle C'Ian, mariée et retirée dans un castel protégé de la magie, élève ses enfants, Lanfeust est obligé de s'inscrire à la faculté pour achever ses études. Dans le même temps, Hébus, le troll, est envoûté et vendu à un vulgaire marchand qui l'utilise à de basses besognes. Ce premier tome est avant tout une mise en place. Il faut redécouvrir les personnages vieillis, Cixi, Nicolède et le fils de C'Ian, le très prétentieux chevalier Alcybiade Or-Azur. Il y a un peu moins de gags, plus d'action et le rythme est plus percutant. 

Tarquin sur ces 64 pages très dynamiques, a moins chargé son dessin. Il est plus épuré, encore plus en mouvement. Il semble avoir pris beaucoup de plaisir. Un plaisir qui est partagé par le lecteur, fan ou pas de la première série, tant l'ensemble est efficace.

« Lanfeust Odyssey » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

jeudi 24 décembre 2009

BD - La fin de la malédiction des trente deniers

Repris par Jean Van Hamme au scénario et divers dessinateurs, la série Blake et Mortimer est devenue un des best-sellers de fin d'année. Cette fois, l'illustration de cet album avait été confiée à René Sterne, le créateur d'Adler. Il n'a pu mener à bien son projet, fauché par une maladie foudroyante dans la force de l'âge. Après quelques années de mise en sommeil, « La malédiction des trente deniers » est enfin achevée. 

C'est Chantal de Spiegeleer, la femme de Sterne, qui a relevé le défi. Le résultat est très concluant, nombre
de lecteurs ne voyant aucune différence dans cette passation de témoin en cours d'aventure. Ce 19e titre débute par l'évasion d'Olrik d'une prison américaine. Il va devenir le bras armé d'un nouveau méchant, Belos Beloukian, riche armateur arménien derrière lequel se cache un criminel nazi, cruel et ambitionnant de devenir le maître du monde. Pour cela, il doit mettre la main sur les trente deniers qui représentent le salaire de la trahison de Judas. 

Ce mélange de croyance religieuse et de mégalomanie fasciste donne le ton incomparable de ces albums. Cette fois c'est Mortimer qui intervient le plus, en Grèce, aux paysages méditerranéens et lumineux.

« Blake et Mortimer » (tome 19), Blake et Mortimer éditions, 14,50 € 

mercredi 23 décembre 2009

BD - Les voyages de Jonathan

Jonathan, série portant sur l'histoire d'un jeune Européen amnésique, découvrant la vie et le Tibet, a lancé la carrière de Cosey. Cet auteur suisse a beaucoup mis de sa propre vie dans cette BD d'aventure penchant de plus en plus vers une certaine quête spirituelle. 

Dans cette réédition en intégrale (le tome 2 vient de paraître), vous bénéficierez d'un format un peu plus grand permettant de mieux apprécier la finesse du trait du dessinateur, ainsi que d'un dossier de présentation, richement illustré, replaçant ces histoires dans leur contexte historique. Une redécouverte à ne pas manquer. (Le Lombard, 20 €) 

mardi 22 décembre 2009

Romans-photos extrêmes

Hara-Kiri, journal bête et méchant, a marqué plusieurs générations. Les dessins de Reiser, Cabu, Wolinski, les fausses pubs et les romans-photos du Professeur Choron. Le meilleur de ces histoires courtes parodiant les productions style « Nous deux » est repris dans un best-of de 240 pages.

Une sélection des récits les plus emblématiques de ces années où tout était permis, où on pouvait rire de tout. Des premières séances en noir et blanc avec les auteurs du journal pour acteurs aux grandes productions avec stars (Renaud, Gainsbourg, Thierry Le Luron, Coluche) et jolies filles dénudées, c'est toute une époque de grande liberté qui revit. (Éditions Drugstore, 30 €) 

lundi 21 décembre 2009

BD - Offrez-vous le meilleur de Franquin

Les éditions Dupuis poursuivent la publication des aventures de Spirou et Fantasio par Franquin en intégrale. Le tome 8 reprend les « Aventures humoristiques » soit les derniers récits signés Franquin pour cette série, sur la période 1961-1968. Avec ces albums, les derniers qu'il réalise pour la série, Franquin accomplit un exploit paradoxal ; nerveusement épuisé, de surcroît lassé par le personnage de Spirou, il livre néanmoins trois ultimes histoires qui feront date dans la série, tant par leur tension graphique que par leur virtuosité narrative. (Dupuis 18 €)

Par ailleurs, Dupuis propose également pour ces fêtes de fin d'année le fac-simile de l'album "Spirou et Fantasio", paru en 1948, regroupant les quatre premières aventures dessinées par Franquin, aventures au cours desquelles il prend ses marques par rapport au style de son maître, Jijé, et affirme progressivement le sien. (Dupuis 32 €)


Vous pouvez également découvrir une autre facette de Franquin avec la réédition du recueil des 30 exemplaires du Trombone Illustré, le supplément clandestin et adulte publié dans l'Hebdo Spirou à la fin des années 70 et dont il a été le chef d'orchestre. On retrouve au sommaire Delporte, Roba, Jannin et quantité d'auteurs moins marqués jeunesse, de Moebius à Mézières en passant par Tardi ou Brétécher. (Dupuis 70 €) 

dimanche 20 décembre 2009

BD - Le Noël des éditions Dupuis

Les éditions Dupuis ont décidé cette année de proposer un « merveilleux Noël » mettant en avant quelques uns de leurs auteurs et séries vedettes. Ainsi le dernier album des Tuniques Bleues, « Sang bleu chez les Bleus » (53e titre de la série de Lambil et Cauvin) sort dans un coffret agrémenté de deux figurines en résine. En plus de la BD (toujours aussi désopilante), vous aurez deux pièces de collection avec un Chesterfield de 13,5 cm et un Blutch de 11,5 cm, le tout pour 29 euros.

Pour Boule et Bill, c'est la nostalgie qui est proposée dans un coffret reprenant les fac similé de trois petit livres qui ont fait rêver bien des enfants il y a quelques décennies. Roba, dessinateur, était également un excellent illustrateur aimant mettre ses personnages vedettes dans des images en couleurs directes, dignes de plus beaux albums jeunesse. La réédition des trois albums de la collection Carroussel propose des histoires de Boule et Bill en ville, à la montagne et à la campagne. Ce coffret de titres devenus introuvables est proposé au prix de 45 €.

Le cadeau le plus fun pour cette fin d'année c'est ce tirage spécial du tome 4 des Nombrils. Les trois filles imaginées par les Canadiens Dubuc et Delaf sont une caricature impitoyable mais très juste d'une certaine jeunesse. Les adolescentes se reconnaissent parfaitement et porteront certainement les badges offerts avec le livre. Quatre badges de 3 cm de diamètres et deux de 5 cm. L'un présente les trois héroïnes, le second cette affirmation définitive : « Marre d'être gentille » (15,95 €).

Enfin ne ratez pas l'intégrale du Privé d'Hollywood. Cette série policière écrite par Rivière et Bocquet a véritablement lancé la carrière de Berthet. Un classique de 160 pages à savourer dans une version noir et blanc (19 €). 

dimanche 13 décembre 2009

BD - Les intégrales Dargaud, luxueuses, rares et incontournables

Noël, Nouvel An... La période des cadeaux. Et une BD, si elle est bien choisie, fera toujours plaisir. Depuis quelques années les maisons d'édition ont parfaitement compris le phénomène. Car s'il est bine un moment où on regarde moins à la dépense, c'est en décembre. Pas étonnant donc si la période est marquée par un raz-de-marée d'intégrales. 

Les éditions Dargaud, dans cet exercice, sont en pointe. Et cette année encore, quelques titres sont incontournables. Voici une petite sélection de ces pépites, qui ne sont pas bon marché, mais qui contenteront tous ceux qui aiment les beaux objets ou les pièces de collection.

En premier lieu ne manquez pas l'intégrale de « Rapaces », la série de vampires urbains, très portés sur le sexe, écrite par Dufaux et dessinée par Marini. Les quatre tomes de la série sont regroupés dans ce recueil encore plus grand que le format original. 240 pages sous une couverture en relief donnant encore plus de cachet à l'ensemble. Et au final, c'est même moins cher que d'acheter les titres indépendamment puisq'il ne vous en coûtera que 39 euros.

 Un peu plus cher, mais aussi plus rare, le coffret Fred. Il reprend quatre albums indépendants les uns des autres. Des récits complets en dehors des séries, mais avec toute la poésie et l'inventivité du créateur de Philémon. « Le conteur électrique », « Le corbac aux baskets », « La dernière image » et « Le magic Palace Hotel » forment ce coffret mettant à l'honneur un créateur qui sera une nouvelle fois sous les projecteurs à Angoulême. Pour 54 euros, vous vous offrez une plongée dans un monde poétique si apaisant face à notre triste réalité...

 Autre maître de la bande dessinée de ces trente dernières décennies : Gotlib. Le maître de l'humour ne sort pas de sa retraite (bien qu'il vienne de signer une couverture de Fluide Glacial, exploit qu'il n'avait pas réalisé depuis des années), il s'agit de la réédition en intégrale des ses « Trucs-en-vrac ». Des fonds de tiroir inclassables. Mais des fonds de tiroir chez Gotlib, cela correspond à des chefs-d'œuvres d'auteurs à l'imagination et l'humour moins développés. C'est à redécouvrir, d'autant que ces 200 pages ne sont vendues que 20 euros.

 
Beaucoup plus récente, la série Kenya. Imaginée par Rodolphe et dessinée par Léo, cette histoire en cinq albums (242 pages) passionnera tous ceux qui aiment les animaux imaginaires, les grands espaces et le mystère. Vous pourrez lire d'une traite tout le premier cycle et ce pour 35 euros. Une bonne occasion de réviser avant la sortie, en mars prochain, du premier titre du nouveau cycle.

 
Enfin tous ceux qui n'aiment pas le politiquement correct retrouveront avec plaisir les aventures des Innommables. Ce trio, imaginé par Yann et Conrad dans les pages de Spirou, est devenu par la suite une série se déroulant en Asie puis aux USA. Le duo d'auteurs a délaissé le trio de choc depuis quelques années. Ils ne travaillent d'ailleurs plus ensemble, Conrad préférant dessiner ses propres histoires écrites avec sa compagne. Après une première intégrale se déroulant à Hong Kong, il s'agit cette fois du cycle coréen, 192 pages pour 25 euros. Les Mac, Tim et Tony ont secoué le monde parfois trop sage de la BD d'aventure. Osons le l'avouer : ils nous manquent...


samedi 12 décembre 2009

BD - Rafles et conséquences


Suite et fin de cette saga historique écrite par Richelle et dessinée par Wachs. Dans le Paris de 1941, occupé par les Allemands, les Français tentent de survivre. On suit la trajectoire de deux familles. Celle de Lucien et de Charlotte, deux jeunes qui s'aiment. 

Le premier, juif, verra sa famille déportée après avoir été victime de la rafle du Vel' d'hiv. La seconde abandonnera son père, policier et alcoolique. Il fera pourtant partie des rares fonctionnaires français à démissionner, ne cautionnant pas le zèle de l'administration dans la « politique d'épuration » demandée par l'Allemagne. 

Un récit qui sonne vrai. Rien n'était évident à l'époque. Survivre était une priorité. Mais certains, ils étaient rares, ont quand même fait des choix courageux.

« Opération vent printanier » (tome 2), Casterman, 15 € 

vendredi 11 décembre 2009

BD - Intrigues temporelles par Chanoinat et Castaza

Le succès d'une série d'aventure et d'action dépend souvent de la stature du « méchant ». Que serait Blake et Mortimer sans Olrik, Lefranc sans Axel Borg ? « Les aventuriers du temps », débuté comme une série fantastique assez classique, commence à prendre une nouvelle tournure avec l'arrivée de la méchante, Jade, belle blonde aimant voyager dans le temps pour trucider les grands tyrans de l'Histoire. 

Une Jade bien mystérieuse et à la plastique irréprochable. Ses courbes voluptueuses s'épanouissent sous le pinceau de Castaza, le dessinateur de la série écrite par Chanoinat. 

Si vous aimez les intrigues et paradoxes temporels vous accrocherez forcément à cette BD dont les épisodes sont publiés à un rythme effréné.

« Les aventuriers du temps » (tome 3), Le Lombard, 10,40 € 

jeudi 10 décembre 2009

BD - La renaissance du mystérieux Flagada


Imaginé au début des années 60 par Charles Degotte, le Flagada fait partie des animaux imaginaires légendaires de la BD. Avec le Marsupilami, il a survolé durant des décennies les pages de Spirou, dans des mini-récits puis des gags et des histoires à suivre. 

Son créateur l'a délaissé pour animer les Motards. Le Flagada qui renaît de ses cendres grâce à Zidrou (scénario) et Bercovici (dessin). La seconde aventure, « L'île Recto-Verso », se déroule sur une île où deux communautés s'affrontent. 

Le Flagada et ses amis (qui sont à la recherche d'une île à pignoufs, l'aliment préféré du héros, se retrouvent au centre de cette querelle surréaliste. Un hommage presque aussi délirant que l'original.

« Le Flagada » (tome 2), Glénat, 9,40 € 

mercredi 9 décembre 2009

Littérature - Nouvelles de genre

Trois anthologies de nouvelles, trois genres, un point commun : ces jeunes auteurs sont les futures stars de la littérature française.

Que vous soyez science-fiction, thriller ou littérature générale, ces trois recueils de nouvelles vous donnent l'occasion de découvrir la crème de la nouvelle génération. Si « Retour sur l'horizon » célèbre les dix ans de la collection « Lunes d'encre » de Denoël, « L'empreinte sanglante... » joue dans la catégorie thriller et « Disneyland » offre l'opportunité à neuf jeunes auteurs français de donner leur vision du célèbre parc d'attraction de la région parisienne.

Dix ans de « Lunes d'encre »


Ce livre-anniversaire célèbre les dix ans de la collection Lunes d’encre et les cent ans de la science-fiction française. Quinze nouvelles où on traverse un Canada hanté par les drones de Dieu. On chemine vers une forme de vie impalpable entre Mars et Jupiter, et dans les couloirs d’un lieu qui contient tous les lieux. On subit un lavage de cerveau magico-marxiste, on explore l’esprit des morts en quête d’œuvres d’art inédites, on prend contact avec des entités orbitales capables de changer l’Histoire.

On se pose aussi beaucoup de questions : sur les propriétés chimiques de la potasse, la tête robotisée de Philip K. Dick et d’autres mystères plus ou moins solubles dans le réel. En gardant l’esprit ouvert, on peut même y découvrir un poème en prose et deux romances postmodernes.

En quinze nouvelles sélectionnées par Serge Lehman, un panorama de la science-fiction la plus actuelle par quelques-uns des maîtres français du genre. On notera parmi ceux-ci : Fabrice Colin, Emmanuel Werner, Éric Holstein, Catherine Dufour, Jean-Claude Dunyach, Laurent Kloetzer, Thomas Day, Léo Henry, Philippe Curval ou Xavier Mauméjean. Un instantané très réussi de la littérature imaginaire française actuelle. (Denoël, 25 €)

Neuf auteurs au pays de Mickey

Quand la fine fleur de la nouvelle génération d'écrivains français se rend à Disneyland, ce n'est pas pour le plaisir, mais pour le travail. Ils sont neuf, d'Ariel Kenig en passant par Tania de Montaigne, Nicolas Rey, David Abiker, Barbara Israël, Nicolas Bedos, Pierre Stasse, Simonetta Greggio et Thomas Lélu qui ont accepté d'écrire une nouvelle inspirée d'un séjour à Disneyland. Le concept, qui serait une idée (pour ne pas dire une commande) de Disneyland, était assez casse-gueule, mais au final l'ensemble est plaisant et divertissant. Car ce pays magique a eu le don de débrider l'imagination des auteurs qui n'ont pas cherché à descendre ce temple de l'amusement tarifié. Le résultat est frais et distrayant. (Flammarion, 17 €)

Suivre l'empreinte sanglante


« L’Empreinte sanglante d’un pied nu, la suivre au long d’une rue… » Tel est le point de départ des sept nouvelles inédites de ce recueil. Huit auteurs de renom du thriller français contemporain se sont amusés à suivre les règles d’un petit jeu d’écriture : donner corps à une idée en devenir depuis presque un siècle et demi, posée par l’un des pères de la littérature américaine, Nathaniel Hawthorne, dans un texte au nombre de signes limité. Pour, à l’unisson, entraîner les lecteurs sur les traces de L’Empreinte sanglante en donnant plusieurs versions des faits et autres pistes à suivre, qui révéleront à l’occasion autant de reflets de leurs univers respectifs…

Raphaël Cardetti, Maxime Chattam, Olivier Descosse, Karine Giébel, Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Laurent Scalèse et Franck Thilliez ont relevé ce défi apportant chacun leur style et leur univers. Cela donne un ensemble très éclectique où chaque lecteur amateur du genre trouvera l'angoisse nécessaire à son bonheur... (Fleuve Noir, 18 €)

samedi 5 décembre 2009

Le destin brisé de la femme accident de Lapière et Grenson



La seconde partie de « La femme accident », un superbe portrait de femme signé Lapière et Grenson était très attendue. Le premier, scénariste de Charly ou du bar du vieux Français, offre un récit dense et social à Olivier Grenson que l'on n'attendait pas dans ce registre. Le dessinateur de Niklos Koda signe des décors industriels (terrils et usines abandonnées) criants de vérité. Mais ce diptyque doit sa réussite au personnage de Julie. Cette jeune femme a grandi dans la misère. Elle fait tout pour s'en sortir. Tout et plus. 

Aujourd'hui elle est devant les jurés, accusée du meurtre de Théo, son petit ami. En parallèle à l'audience, Julie se confie au lecteur, explique son parcours, de la crasse de Charleroi aux restaurants de luxe parisiens, maîtresse d'un riche homme d'affaires. Puis son retour au pays, son investissement dans une boutique avant le drame. 

Une histoire d'amour et de passion, simple et belle à la fois où le dessin en couleurs directes colle parfaitement à l'ambiance de l'intrique.

« La femme accident » (tome 2), Dupuis, 15,50 €

vendredi 4 décembre 2009

BD - Initiation d'un Parfait dans "Je suis Cathare"


La série « Je suis Cathare » de Makyo et Calore est avant tout une BD mystique. Une réflexion sur ces hommes et femmes qui en plein Moyen âge ont fait la démarche de devenir « Parfaits ». Une volonté de revenir aux sources du christianisme, au premier jour du Christ et de son humilité. Le lecteur, dans cette troisième partie, suit le parcours de Guilhem Roché.

 Il est en train de retrouver la mémoire. Petit à petit, lentement. Il vit de nouveau avec sa femme, a chassé son frère et est en route vers Aryens. Mais il se fait arrêter à Carcassonne. Le bûcher lui est promis. Heureusement il a un protecteur, une sorte de garde du corps, qui va réussir à le faire évader. Il est vrai que Guilhem a un don inestimable. Il peut guérir par simple imposition des mains. Dans ces 48 pages dessinées par Calore, on découvre comment le héros est devenu amnésique. 

L'occasion pour Makyo de décrire minutieusement les rites d'initiation imposés aux hommes désirant devenir des Cathares, des Parfaits...

« Je suis Cathare » (tome 3), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 3 décembre 2009

BD - "Marie des dragons", guerrière gironde


Les auteurs de fantasy connaissent parfaitement les recettes pour appâter le lecteur. Et dans le genre, l'héroïne « jeune, rebelle et à forte poitrine » est d'une redoutable efficacité. « Marie des dragons » en est l'exemple parfait. 

Écrite par Ange et dessinée par Démarez, cette série offre son lot de filles dévêtues se battant contre de grosses brutes ou des monstres improbables. Mais si le personnage principal avance tous charmes dehors, elle a quand même une personnalité. Ayant échappée, adolescente et par miracle, au massacre de son village, elle parcours le pays pour retrouver ses frères et sœurs transformés en esclaves. Mercenaire, elle se vend au plus offrant, tuant et massacrant avec une froide indifférence. Mais sa rencontre avec un moine soldat, ayant fait vœu de chasteté, va bouleverser sa vie et lui faire prendre conscience qu'un autre monde existe. 

Un album distrayant, agréable à l'œil et plaisant.

« Marie des dragons » (tome 1), Soleil, 13,95 € 

mercredi 2 décembre 2009

BD - Les souvenirs de Sologne de Françoise Xenakis

Françoise Xenakis, dans ce recueil de nouvelles, raconte le destin étrange des veuves blanches de Sologne.

Une France qui n'existe plus, une France du passé, de la tradition, est au centre de ces nouvelles signées François Xenakis. La romancière y raconte le destin des veuves blanches. En Sologne, après la première guerre mondiale, « chaque village avait ses veuves blanches, des jeunes femmes qui avaient perdu leur fiancé ou leur bon ami officiel à la guerre 14-18. » Un phénomène qui s'est reproduit après la guerre de 39-40. Elles ont été logées par la commune durant toute leur existence. A une condition : « Elles se devaient d'être des vierges irréprochables. » Ce sont quelques unes de ces existences, imaginaires mais fort plausibles, que Françoise Xenakis raconte dans des textes entre reportage social et vagabondage nostalgique dans la mémoire de femmes qui ont, pour la plupart, « connu une vie de recluses. »

Adrienne Couvreur écrit à Bernard Pivot

Dans les premiers textes, l'auteur mêle description minutieuse du phénomène et souvenirs personnels. « Mes veuves blanches habitaient, le plus souvent, de minuscules maisons d'une seule pièce, renfermant la cheminée où elles cuisinaient et le lit », se souvient Françoise Xenakis. « J'aimais leur foyer conçu d'évidence pour une personne. Oui, j'aimais ces vieilles maisonnettes et la chèvre, souvent blanche elle aussi, attachée à un piquet qu'elles déplaçaient chaque jour. »

Le texte principal est une longue lettre d'Adrienne Couvreur, fille de l'assistance publique, à Bernard Pivot. La veuve blanche s'adresse à l'animateur de télévision (on est en 1988), car elle estime qu'il peut comprendre son parcours à sa juste valeur. Tombée amoureuse, dès l'école, de Marcel Quenot, elle s'installe et se met en ménage avec lui, contre l'avis de leurs parents. Ils sont à peine sortis de l'adolescence.

Une petite période de bonheur avant que la guerre n'éclate en 1939. Marcel est mobilisé. Monte au front. Et disparaît... « J'attends donc Marcel et j'ai soixante-cinq ans » explique Adrienne. Jamais elle n'a abandonné l'espoir de son retour. Une certitude puis une obsession, voire une folie.

Elle allait tous les soirs à l'arrêt de bus, persuadée qu'il serait là, à l'attendre, un peu perdu après toutes ces années retenu prisonnier en Allemagne ou en Russie. Des années au cours desquelles elle s'est desséchée sur place, à oublier de vivre pour soi. Une lettre parfois pathétique et touchante.

Marcel et ses deux veuves

La nouvelle « Comment Marcel Lemoine épousa une veuve blanche. L'impensable arriva et tourna mal » elle aussi devrait prendre le lecteur aux tripes. Marcel, 42 ans, vieux garçon prend un jour son courage à deux mains et se rend chez Émilie, une veuve blanche qui lui a tapé dans l'œil. Elle n'est pas là. Mais sa voisine, Bernadette, veuve blanche elle aussi, discute un peu avec Marcel. Rapidement ils seront mariés et auront une petite fille Marilyn. Marcel, Bernadette et Émilie formeront un triangle amoureux sur plusieurs dizaines d'années, cherchant ou repoussant le bonheur au gré de leurs humeurs.

Un texte d'une vingtaine de pages qui aurait sans problème pu être développé pour devenir un roman dense et passionné.

« J'aurais dû épouser Marcel », Françoise Xenakis, Éditions Anne Carrière, 17 € 

mardi 1 décembre 2009

BD - Amours coupables


Récit intimiste, histoire de femmes, révélée par petites touches, « Les petits adieux » semblent marquer un tournant dans la carrière de Magda. Dessinatrice au trait réaliste et aérien, elle a connu la consécration avec « Charly ». Cette fois c'est Marvano qui signe l'intrigue de cet album de 70 pages. 

Christine, mère célibataire élevant seule sa fille, Fran, est bénévole dans une association d'écoute de personnes en détresse. Elle reçoit régulièrement des coups de fil d'une jeune fille se plaignant de sa mère. Des confidences qui font écho à sa propre vie

. Les auteurs ont choisi d'aborder un thème difficile, la pédophilie, sans rien montrer ni dire ouvertement. Avec subtilité et délicatesse. Le message n'en est que plus fort.

« Les petits adieux », Le Lombard, 15,50 €