Ce thriller de Karine Giebel se déroule exclusivement en montagne. C'est d'ailleurs le personnage principal de ce roman vertigineux.
Envie d'une grande bouffée d'air pur ? Prenez ce roman policier de Karine Giebel et plongez dans cet univers merveilleux mais aussi très dangereux qu'est la montagne. Rendez-vous sur les hauteurs des Alpes de Haute-Provence, vers les villages d'Allos et de Colmars-les-Alpes. Des lieux touristiques, zones habitées de cette vallée vivant essentiellement de l'afflux des visiteurs du parc naturel du Mercantour.
C'est là que vit Vincent, guide touristique l'été, vivotant de petits boulots le reste du temps. Juste de quoi entretenir sa maison, l'Ancolie, dominant la vallée, plantée en haut d'un chemin escarpé et défoncé. Vincent, le personnage principal de ce drame psychologique mené de main de maître par un auteur qui s'impose de titre en titre comme une des plus brillante du genre.
Séducteur sans cœur
Vincent n'est pas spécialement sympathique dans les premiers chapitres. Ce quadragénaire parfaitement conservé, très sportif, est un grand séducteur. Mais il a un principe : jamais plus d'une nuit. Il séduit ainsi une jeune stagiaire de l'office de tourisme qui ne résiste pas plus de deux jours à son charme. Le lecteur apprendra un peu plus tard que cette attitude, par bien des aspects abjecte, est conditionnée par l'échec de son couple. Sa femme, un jour, est partie. Avec un touriste. Depuis elle occupe ses rêves. Ses cauchemars plus exactement. Accumuler les conquêtes c'est un peu comme une vengeance. Cela n'empêche pas qu'il est surnommé le « cocu »par les villageois. Et détesté par toutes les femmes qu'il a jeté comme un mouchoir en papier après utilisation.
Il ne faudra pas longtemps à Servane pour percer les défenses de Vincent. Cette jeune gendarme, dont c'est la première affectation, lui demande de lui faire découvrir la région. Il la conduit en excursion à travers les sentiers pour arriver sur les berges du lac d'Allos. Elle va découvrir un spectacle grandiose : « Quelques larges plaques de glace étincelante dérivaient à la surface, vestiges de l'hiver si rude à cette altitude. Le ciel et les tours se reflétaient dans ce lac-miroir, y dessinant un relief inattendu. »
Le roman alterne les descriptions de cette nature qui semble tant inspirer Karine Giebel et les moments de tension ou d'action. Ainsi, quand un de ses collègues est retrouvé mort au fond d'un ravin, Vincent ne croit pas à la chute accidentelle. Il va retourner sur les lieux avec Servane et tenter de retrouver les preuves du meurtre qu'il suspecte. Le roman va alors basculer vers sa partie thriller. Vincent devra faire face à certains fantômes du passé. Une épreuve qu'il tentera de surmonter avec l'aide de la belle Servane, de moins en moins insensible au charme du guide.
Si les précédents romans de Karine Giebel étaient courts et incisifs, allant droit au but, celui-ci est plus long (près de 500 pages) et plus abouti. Elle s'est concentrée sur l'exploration de la personnalité de ses deux héros. Le roman y gagne en densité.
« Jusqu'à ce que la mort nous unisse », Karine Giebel, Fleuve Noir, 19 €