mardi 21 août 2007

Roman - Le pouvoir d'un livre

Un banquier, pour faire plaisir à ses clients, est souvent capable de tout. Même de faire l'inventaire d'une bibliothèque vieille de plusieurs siècles.

Prototype du jeune banquier surmené, sans cesse les yeux rivés sur les cours de la bourse, gérant des dizaines de dossiers, brassant des millions pour des clients très fortunés, Edward Wozny est presque en vacances. Après quelques années très concluantes à New York, il vient d'être nommé à un poste plus important à Londres.

Alors qu'il est en train de clôturer ses derniers dossiers et qu'il prépare son déménagement, Edward est « réquisitionné » par son patron pour rendre service à un couple de nobles anglais. Il se rend donc, sans grand enthousiasme mais avec une pointe de curiosité dans ce grand appartement gardé par un vigile imperturbable. Une secrétaire lui explique que le duc et la duchesse de Went désirent qu'il dresse l'inventaire d'une bibliothèque familiale stockée dans le dernier étage de l'immeuble. Dans une pièce bien climatisée et plongée dans la pénombre, Edward découvre des caisses en bois jamais ouvertes depuis leur arrivée de l'autre côté de l'Atlantique au début des années 40.

Il se laisse séduire par ces vieux livres, soigneusement emballés dans des journaux d'époque. Il découvre de vieux volumes et même des manuscrits datant d'avant l'invention de l'imprimerie. Si dans un premier temps il voulait décliner l'offre, il décide finalement d'accepter le travail. Par envie de changer son quotidien, en se demandant également « ça remonte à quand la dernière fois qu'il avait terminé un bouquin ? Un vrai, pas un polar. »

Le banquier et l'étudiante

Une décision renforcée par le fait que la duchesse lui demande de retrouver un manuscrit particulier, signé de Gervase de Langford. Intrigué, Edward cherche à se renseigner sur cet auteur du moyen âge anglais. C'est dans une autre bibliothèque, publique cette fois, qu'il rencontre Margaret Napier, une spécialiste de cette période. La jeune étudiante va se joindre à Edward pour classer les livres. Ils vont se passionner pour ce manuscrit qui semble plus être une légende qu'une réalité tangible. Mais quand le duc ordonne à Edward de cesser les recherches, le jeune banquier ne sait plus que faire. C'est Margaret, de plus en plus captivée, persuadée de l'existence du manuscrit, qui le pousse à poursuivre sa quête.

Ce roman captivant de Lev Grossman a pour véritable héros le fameux livre ayant traversé les siècles, échappant à plusieurs autodafé car porteur d'un terrible secret. On suit avec passion l'errance du trop sérieux Edward. Plus il se captive pour le livre oublié, plus sa vie, réglée comme du papier à musique, vire à l'anarchie complète.

Pour couronner le tout il découvre un jeu vidéo, type « Second life », qui lui prend une grande partie de ses nuits. Il découvre même des indices pour le guider dans sa recherche du livre de Gervase dans certaines scènes du jeu. Bref, il sent que la folie le guette. Il tombe amoureux de Margaret, a des rapports de plus en plus bizarres avec la duchesse, repousse son départ vers Londres quand il sent qu'il est proche du but. Un simple livre, en quelques jours, met toute sa vie en l'air. Mais, et c'est un peu le message caché du premier roman de ce critique littéraire newyorkais, un livre, quel qu'il soit, n'est jamais anodin et a souvent un pouvoir caché sur certains lecteurs...

« Codex, le manuscrit oublié », Lev Grossman, Calmann-Lévy, 19,50 € 

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