Florian Zeller, jeune auteur de 25 ans aborde avec gravité dans ce roman la problématique de la création et de sa perception dans le monde musulman, l'Egypte en l'occurrence. Il met dans la bouche d'un de ses deux héros, Martin Millet, quelques vérités très éloignées de la pensée unique.
Martin n'y va pas par quatre chemins. Il déteste les pays arabes, cette religion et son corollaire de frustrations. Avec son collègue, écrivain beaucoup plus posé, modérateur et par ailleurs narrateur du roman, il doit donner une série de conférences au Caire à la demande de l'ambassade de France. Le choc des cultures sera frontal...
Ce roman nous entraîne dans des scènes parfois très tendues mais s'accorde de nombreuses respirations. Ainsi le narrateur, constatant qu'il n'a pas son téléphone portable, en tire cette constatation : en temps de guerre, "les mots avaient une force redoutable puisqu'ils décidaient des vies. On attendait, et on faisait confiance même sans nouvelle de l'autre pendant des périodes infinies. Aujourd'hui on commence à paniquer dès que l'on ne parvient pas à le joindre sur son portable. (...) L'angoisse a gagné du terrain. Nous sommes entrés dans une période sans retour qui signe la fin de l'attente, c'est-à-dire de la confiance et du silence." Entre les deux écrivains à peu près de la même génération, la confiance va petit à petit s'installer. Martin raconte son enfance malheureuse d'adolescent mal dans sa peau, trop gros et laid. Des confidences qui étonnent le narrateur : "Je n'aurai confié ma souffrance à personne, pour être absolument certain de ne chercher ni à l'exploiter ni à la dégrader. J'ai toujours été surpris par cette obstination collective à faire état de ses problèmes, de ses peines et de ses tracas. Chacun estime devoir vider son sac au grand jour. Aujourd'hui, tout le monde rêve d'avoir une âme publique." Intelligent, pertinent, abordant des problématiques d'actualité, ce roman de Florian Zeller offre en plus un dénouement astucieux remettant tout en cause.
Et si "La fascination du pire" n'était qu'un polar un tout petit peu plus sophistiqué ?
"La fascination du pire" de Florian Zeller. Flammarion, 16 € (en poches chez J'ai lu, 8,30 euros)
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