Martine Victoire est un sacré personnage. De ces héroïnes qui marquent les mémoires. Exubérante, grande gueule, vulgaire, enchaînant navet sur navet, cette star déchue du cinéma français est au centre du roman de Christophe Donner.
Pourtant il n'y a que peu d'invention dans ce personnage qui au fil des pages se révèle être la version féminine d'un acteur bien réel. Martine Victoire est donc une vedette. Le public va voir ses films. Pas pour l'histoire, mais pour elle, toujours si drôle avec ses mimiques et son langage ordurier.
Martine Victoire voudrait bien tourner dans de bons films. Elle en est d'ailleurs persuadée au début de chaque tournage. Mais rapidement elle prend conscience que le scénario ne tient pas la route, le réalisateur est incompétent et que la solution pour sauver l'entreprise c'est de faire du Martine Victoire. Elle part alors en croisade, faisant la promotion de ses productions à grand renfort de scandale sur les plateaux télé, friands de déclarations tonitruantes d'une actrice généralement ivre au moment de la prise d'antenne.
QUAND LE MARI PARLE
Et puis un jour, ce monstre médiatique est tombé sous le charme d'un simple chroniqueur hippique lors d'une soirée au cours d'un festival en Normandie.
C'est ce mari improbable qui raconte l'histoire de Martine Victoire, celle qui aura été sa femme plus de dix ans.
Son statut a changé quand ses patrons ont appris qu'il vivait avec la star.
Ils se sont mariés et ont eu une petite fille. Mais si Martine Victoire fait des miracles sur les tournages, elle manque singulièrement de talent quand il faut élever ses enfants. La petite Gaëlle mais également Alexandre conçu avec un premier mari. Alexandre qui va prendre de plus en plus d'importance dans ce récit.
Pour ce qui est de la partie hippique du roman, la grande passion de l'auteur, il glisse quelques portraits de propriétaires et employés gravitant dans ce milieu si exigeant et chante les louanges de chevaux légendaires. Mais ce que l'on retiendra de ce "Bang ! Bang !", loin d'être une farce grossière, c'est le côté profondément humain de cette femme en perpétuel équilibre instable. On la comprend dans ses tentatives de destructions massives et répétées. Nous aussi on aurait aimé l'aduler, la chérir et l'aider.
"Bang ! Bang !", Christophe Donner, Grasset, 18 euros
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire