mardi 31 juillet 2007

BD - Déviances anglaises

Thème d'actualité pour le 5e album de la série « Les Rochester » de Jean Dufaux et Philippe Wurm. Le couple de héros vit à Londres. Une ville qui a radicalement changé depuis les attentats du 7 juillet 2005. Les bombes posées par les réseaux islamistes radicaux a provoqué un choc dans la population. La communauté musulmane est rejetée. Certains jeunes Anglais ont décidé de passer à l'action préventive. Ces « jeunes gens en colère » de très bonne famille sont au centre de l'album. Ils cherchent un certain Aziz, à la tête d'une branche préparant de nouvelles actions d'éclat. 

Aziz qui est fort occupé à endoctriner la belle Ledilia, sœur de Mosli, journaliste et ami de Jack Lord, le héros récurrent de la série, assez à côté de ses pompes dans ces 48 pages à l'intrigue soignée et implacable. 

Complot, violence, fanatisme d'un côté, insouciance, humour et dilletantisme de l'autre : vous ferez le grand écart dans cet album à l'esprit très british. Le tout dessiné dans un style ligne claire très « jacobsien » par Philippe Wurm. Comme pour renforcer le côté « gracieuse majesté » de l'ensemble.

 ("Les Rochester, Jeunes gens en colère", Dupuis, 13 €) 

lundi 30 juillet 2007

Roman - Bon appétit monsieur le critique !

Quand un critique gastronomique sans le sou a des idées et des relations géniales, cela donne un roman se dégustant comme un plat dans un quatre étoiles.


Sortez votre bavoir, pourléchez-vous les babines, affûtez vos papilles : ce roman de Pierre Rival, se déroulant entièrement dans le milieu de la grande gastronomie française et internationale est un véritable délice. Il a ce brin de folie qui de plus en plus fait tout le sel de la grande cuisine actuelle.

Paul Rebell est critique de restaurants. Un beau métier où il faut avoir du coffre et un solide estomac. A l'abri du besoin, il vit beaucoup plus des largesses de sa femme, banquière, que des revenus de ses écrits. Quand son épouse décide de le quitter, il se retrouve rapidement dans une situation financière délicate. Mais cette péripétie n'est là que pour mettre un peu de suspense dans ce roman destiné essentiellement à dévoiler les coulisses de la vie d'un critique gastronomique. Pierre Rival sait de quoi il parle puisqu'il fréquente les plus grands restaurants du monde entier depuis des années.

Il raconte donc comment son héros va de table en table, goûtant à ce qui se fait de mieux, ne vivant que pour cette excellence, de plus en plus chère, de plus en plus rare. Un livre bourré d'anecdotes comme ce repas d'un couple dans un célèbre établissement. La dame décide du menu : pour son mari ce sera salade de carottes, veau aux carottes et en dessert un gâteau aux carottes. Explication de la cliente au maître d'hôtel interloqué : « Vous comprenez, monsieur baise comme un lapin, alors il mange comme un lapin ! »

Goût neutre et tête de veau

Paul Rebell pour s'en sortir va devoir composer avec sa banquière. Pas son ex-femme, mais la simple employée, peu sensible aux découverts, même s'ils sont provoqués par l'achat de vins ou de whiskies exceptionnels. Un passage du livre très réussi. Le critique est persuadé que la jeune femme, pourtant moderne et très dans le vent, ne saura pas résister au luxe d'un dîner dans un palace. Il a besoin d'elle pour obtenir un prêt permettant de créer une société sur le net pour donner à rêver aux fortunés. Accompagné de son fils, il organise un repas d'affaires qui se termine dans la suite présidentielle. Où comment faire croire à une petite employée de banque qu'elle aussi peut profiter de certains privilèges... Il y a beaucoup de cynisme dans ces scènes, mais c'est souvent comme cela que fonctionne ce milieu.

Pour preuve, la société de Paul Rebell, Alimentation générale, propose au client de passer une soirée dans le saint des saints, une cuisine d'un grand restaurant, pourvoir connaître les secrets de fabrication, discuter avec les chefs, s'approcher de la légende. Rebell profite de ses connaissances pour proposer des soirées inoubliables à de riches héritières.

Parmi ces clientes, une veuve chinoise désireuse de découvrir « l'ultime expérience gastronomique française ». Le critique va organiser la dégustation d'ortolans, petits oiseaux strictement protégés. Difficile de ne pas saliver en lisant cet extrait « Le jus de l'ortolan jaillit comme une flaque de soleil sus sa langue, les os craquèrent comme des bâtonnets d'encens sous ses dents, et de toute cette bouillie de jour et de nuit il sentit que l'âme du passereau, après avoir longuement infusé, communiait enfin avec la sienne. A cet instant précis, il ne faisait plus qu'un avec l'oiseau mythique. »

Il séduira la veuve, ira vivre à Hong Kong, découvrira le goût du neutre et sombrera dans une dépression redoutable ne se nourrissant plus que de pâtes à l'eau ou de riz blanc. Il ne devra son salut qu'à son plat préféré : la tête de veau sauce tortue, tout un roman...

« Alimentation générale », Pierre Rival, Flammarion, 14 € 

dimanche 29 juillet 2007

BD - Spirou et Franquin pour toujours

Troisième volume de la reprise intégrale des aventures de Spirou et Fantasio par André Franquin. Ce gros volume de plus de 200 pages propose trois aventures du célèbre groom parues entre 1952 et 1954 : « La corne de rhinocéros », « Le dictateur et le champignon » et « La mauvaise tête ». 

Relire ces histoires est un véritable régal, renforcé par la présence de nombreuses illustrations pleines pages, couvertures du magazine Spirou ou des recueils du même titre. Comme pour les deux premiers volumes, un important dossier, richement illustré de dessins de Franquin, apporte quelques éclairages sur le travail de ce maître de la BD franco-belge. Comment il concevait ses intrigues, les passages qu'il préférait dans les albums ou les petites anecdotes intervenues en cours de réalisation. Ainsi il est expliqué pourquoi des gangsters poursuivent Spirou le poing fermé. 

La censure était passée par là, obligeant l'auteur à effacer des revolvers jugés trop agressifs pour le jeune public... Vous apprendrez également de qui Franquin s'est inspiré pour le personnage du dictateur et comment le rôle de Seccotine a pris de l'importance au fil des pages de ce même album.

 ("Spirou et Fantasio, voyages autour du monde", Dupuis, 16 €) 

samedi 28 juillet 2007

BD - "Célestin Gobe-la-Lune", fable romantico-révolutionnaire


Célestin, poète et traîne-savate, surnommé Gobe-la-Lune, a la fâcheuse manie de séduire les jeunes files avec quelques vers de mirlitons. Parfois cela passe, souvent cela casse. Comme ce rendez-vous galant avec une délicate future duchesse. Tout se déroulait à merveille jusqu'à l'intervention du père de la belle vierge. Une course poursuite s'engage dans les rues de la ville. 

Célestin ne doit son salut qu'à l'abordage d'une barque naviguant sur le canal. Il tombe alors sur la plus ravissante des jeunes filles. La plus inabordable également car c'est la princesse Pimprinule, la fille du roi. Célestin, malgré les conditions peu favorables, tente de la séduire. La jeune fille accepte finalement qu'il participe aux jeux de la fête du printemps. S'il gagne, elle lui donnera son coeur.

 Imaginée par Lupano, cette fable « romantico-révolutionnaire » se veut un hommage aux « azimutés, zozos, zigotos, zouaves en tous genre, aux agités du cœur et du bocal, bref à tous ceux qui ont le bon goût de n'être pas comme tout le monde ». Corboz, dont c'est le premier album, signe dessin et couleurs.

 ("Célestin Gobe-la-Lune", Delcourt, 12,90 €) 

vendredi 27 juillet 2007

BD - La plage, les vacanciers et les travailleurs

Période estivale oblige, le second recueil de gags des maîtres nageurs se déroule en grande partie au bord de la la grande Bleue. Juchés sur leur vigie, ils surveillent baigneurs et naïades. Surtout ces dernières, notamment quand elle sont en petit bikini. Et on les comprend quand on voit comment les personnages féminins, sous la plume de Reynès, ont des courbes particulièrement affolantes pour la gent masculine. 

Ce sont donc essentiellement les deux personnages masculins qui jouent les premiers rôles. Pascal, le tombeur de ces dames, toujours à l'affût du bon plan, n'hésitant pas à profiter du prestige de sa fonction pour décrocher un rendez-vous le soir au restaurant. Régis, le stagiaire, a un peu plus de mal. Ce roux n'arrive pas à bronzer. Difficile, dans ces conditions, pour frimer. Plein de bonne volonté, ses trouvailles pour plus d'efficacité sont rarement couronnées de succès. 

Sans grande prétention, cette BD humoristique est idéale pour faire passer le temps à la plage. Histoire de se payer une tranche de rire en comparant situations réelles et imaginaires.

 ("Les maîtres nageurs", Bamboo, 9,45 €) 

jeudi 26 juillet 2007

BD - Aux origines de Malefosse

François Dermaut, dessinateur de talent à l'origine des Chemins de Malefosse avec Daniel Bardet au scénario, a failli abandonner le métier d'illustrateur. Une période noire de sa vie est presque venue à bout de son envie de création. Il s'est remis en cause, a fait un gros travail sur lui-même, raconté en partie dans les remarquables Carnets de Saint-Jacques de Compostelle publiés par Glénat. Depuis, il s'est lentement mais sûrement remis au dessin. 

Il y a deux ans, il s'est lancé, avec Xavier Gelot au scénario, dans la narration de la rencontre des héros récurrents de Malefosse, Gunther et Pritz. Gunther, fils de bonne famille, accusé à tort du meurtre de son père, est obligé de fuir. Il deviendra garde du corps pour un fanatique religieux. C'est à La Rochelle qu'il croisera pour la première fois Pritz... chargé d'assassiner son client. Un premier tome bien rythmé, faisant traverser aux personnages la moitié de l'Europe du temps de Henri IV. 

Un album qui vaut essentiellement pour le dessin de Dermaut. Il a pris beaucoup plus d'ampleur en passant à la couleur directe. Un peu comme Hermann, c'est un véritable peintre qui s'amuse à faire de la BD... ("Malefosse", Glénat, 9,40 €) 

mercredi 25 juillet 2007

BD - Manipulation humaine et génétique

Richard Marazano, avant de se lancer dans l'aventure de la bande dessinée, a suivi des études scientifiques en physique et astrophysique. Une base qui lui a certainement inspiré en grande partie le scénario de cette série très ambitieuse dessinée par Jean-Michel Ponzio. 

Thomas Hale est un petit chercheur comme un autre, spécialiste de la mutation des abeilles dans un laboratoire de la multinationale pharmaceutique Genetiks. Solitaire, il se donne bonne conscience en s'occupant parfois de son père, artiste, se déplaçant en chaise roulante depuis un accident. Mais la carrière de Thomas va évoluer différemment quand le grand patron lui annonce que Genetiks est parvenu à décrypter entièrement le génome d'une cellule humaine. 

Cette cellule souche n'est pas n'importe laquelle. Elle appartient à Thomas. Genetiks considère dès lors que le chercheur est devenu sa propriété. Un changement de statut qui n'est pas sans conséquence pour Thomas Hale. 

Un futur inquiétant, un futur très plausible. Qui nous dit qu'il n'existe pas déjà un Thomas Hale quelque part sur le globe ? ("Genetiks", Futuropolis, 16,50 €) 

mardi 24 juillet 2007

BD - Musique et polar à Barcelone

Raule, le scénariste et Ibanez, le dessinateur, font partie de la vague montante de la BD catalane. La preuve avec le premier tome de Jazz Maynard, polar musical, musclé et saignant. Le héros, Jazz Maynard, a quitté Barcelone il y a une dizaine d'années. Il vit de sa musique à New York. Une fuite plus qu'un nouveau départ car il sentait que dans le quartier mal famé d'El Raval il était sur une très mauvaise pente. 

C'est sa sœur qui a provoqué son retour au pays. Laura, désireuse elle aussi de découvrir l'Amérique, a été victime d'un réseau de traite de blanches. Jazz a retrouvé sa hargne et son punch de jeunesse pour la délivrer. Mais en laissant pas mal de cadavres derrière lui. Résultat, ramenant Laura au bercail, en arrivant à Barcelone, il se retrouve rapidement entre les griffes des gangsters newyorkais bien décidés à se venger. 

La trompette en couverture n'est que peu utilisée par Jazz. Par contre ses poings et son automatique sont très sollicités. Un polar percutant et haletant dessiné, personne ne s'en plaindra, par un spécialiste des belles femmes peu vêtues. ("Jazz Maynard", Dargaud, 13 €) 

lundi 23 juillet 2007

BD - Lapins putrides

La longue dérive du peuple des rats au fil de l'eau se poursuit dans ce 9e album de la série. Ils vont aborder une nouvelle île peuplée de gentils lapinos. Est-ce enfin le terme de cette longue galère ? On peut faire confiance à l'esprit caustique de Ptiluc pour trouver de graves inconvénients à ce bout de terre qui pourrait être un petit paradis. En effet, le premier lapin rencontré à des problèmes de cohésion corporelle.

 En serrant la main d'un rat, il perd son bras. Quelques minutes plus tard, en éternuant, oreilles et yeux se désolidarisent du crâne. Mais cela ne semble pas spécialement l'affecter. Les lapinos, contaminés par un puissant virus, ont muté en cradolapinos, à peu près immortels, mais totalement difformes. L'auteur est allé très loin dans le gore pour bien situer ces monstres à poils. Régime alimentaire abominable, pratiques sexuelles répugnantes, ils sont en plus contagieux. 

Les rats, s'ils veulent sauver leur peau, vont devoir rapidement trouver une solution pour prendre la poudre d'escampette. Série totalement inclassable, Rats porte un regard décalé sur les maux de notre société.

 ("Cradolapino", Les Humanoïdes Associés, 9,45 €) 

dimanche 22 juillet 2007

BD - L'histoire des "Damnés de Nanterre"

Chantal Montellier, autrice complète de BD ayant beaucoup publié dans Métal Hurlant et (A Suivre) durant les années 80, s’était faite un peu plus rare. Pourtant la révoltée aux idées radicales d’extrême-gauche n’en avait pas fini de dénoncer les travers de notre société. Dans les Damnés de Nanterre elle revient en profondeur sur un faits divers qui a défrayé la chronique au milieu des années 90, quand Charles Pasqua était ministre de l’Intérieur. Un braquage raté dans une fourrière dégénère. 

Les deux jeunes idéalistes voulant récupérer des armes de poing prennent un taxi en otage et une course poursuite s’engage en région parisienne. Résultat quatre morts dont deux policiers, le chauffeur de taxi et Audry Maupin, un des agresseurs. L’autre, c’est Florence Rey, devenue en quelques heures le symbole de cette violence aveugle contre les forces de l’ordre. 

Chantal Montellier démonte les incohérences de cette équipée sauvage et surtout met en relief les agissements de plusieurs activistes qui semblent être en fait des indics policiers chargés de provoquer des incidents. Car après la fusillade la répression a été sévère et les crédits pour la police démultipliés… (Denoël Graphic, 20 €) 

samedi 21 juillet 2007

Récit - Philippe Labro s'est relevé

Dans "Tomber sept fois, se relever huit", le célèbre journaliste et écrivain raconte par le menu sa lutte contre une redoutable dépression nerveuse.

Personne n'est à l'abri. La dépression nerveuse, mal du siècle, peut fondre sur le petit employé comme le grand patron. En l'occurrence, Philippe Labro, journaliste, écrivain, cinéaste, homme de média reconnu, admiré, envié et en passe de devenir président de RTL, première radio de France, se retrouve un matin de septembre sous une chape de nuages noirs.

Réveils en sueur la nuit, plus d'appétit, désintérêt de ce qui l'entoure, perte de l'envie de découvrir et de rire : en peu de temps, cet homme qui avait pour habitude de briller en société comme sur les plateaux devient fade, sans esprit, éteint. Plus rien ne l'intéresse si ce n'est les soucis de sa vie quotidienne qu'il trouve de plus en plus insurmontables.

Philippe Labro raconte avec beaucoup de franchise son enfermement volontaire, cette tentation perpétuelle du repli sur soi reconnaissant que « le déprimé est fondamentalement un égoïste, autocentré, il ne s'intéresse qu'à sa maladie, il est incapable de se mettre à la place des autres. Il ne connaît plus l'affection. Il est même amoureux, d'une certaine façon, de sa propre dépression. »

« Il est foutu »

Le grand directeur tente de sauver les apparences. Mais personne n'est dupe dans on entourage. Celui qui avant insufflait une énergie à ses troupes est aujourd'hui totalement démobilisé. La phrase commence se répandre à grande vitesse dans les couloirs de la radio : « Il est foutu ». Certains s'inquiéteront de cette situation, d'autres y verront l'opportunité d'une place à prendre. « J'apprendrai plus tard, expique Labro, que l'un des plus "fidèles parmi les fidèles" se répand dans les couloirs et à l'extérieur de l'entreprise et va dire à plusieurs bavards professionnels, aux rumoristes parisiens qui se chargeront de la formule : "Il est foutu. On ne le reverra pas" ».

Après coup, l'auteur revient sur cette période noire, mais admet que sa dépression l'a empêché de voir venir l'épreuve et les retournements d'alliance. Il va, sur le conseil de sa femme, consulter un spécialiste qui va l'écouter et tenter de trouver le bon antidépresseur qui le remettra droit qui le remettra droit sur les rails.

La lente guérison. Après des mois d'échecs et de chute au plus profond de son âme, Philippe Labro retrouvera un peu de volonté. Un premier indice de la guérison : « Votre guérison est invisible, inaudible. Elle arrive à tout petits pas sur les toutes petites pattes d'un tout petit chat, on ne l'entend pas venir. Mais si on ne l'entend pas, on le perçoit, on le devine, on le renifle. » Au final, Philippe Labro ira mieux. Il parviendra même à écrire ce témoignage. Souvent pathétiques, parfois risibles, ces lignes seront cependant un secours appréciable pour ceux qui comme l'auteur se retrouvent un jour « l'esclave d'une chose indéfinissable qui est en train de me détruire et je lui obéis sans résistance. »

« Tomber sept fois, se relever huit », Philippe Labro, Albin Michel, 17 € (En poche chez Folio, 5,6 €)

vendredi 20 juillet 2007

BD - Redécouvrez la magie d'Isabelle

Les éditions du Lombard ont décidé d'exhumer une série qui a pourtant, en son temps, fait les beaux jours de Spirou, l'hebdomadaire concurrent du journal de Tintin de ces mêmes éditions du Lombard. Isabelle est une création de Will (dessin) Delporte et Macherot (scénario). 

Par la suite, Franquin est venu se greffer à la petite équipe. Cela a donné la bande dessinée la plus féerique de ces 40 dernières années. En trois gros volumes, c'est l'intégralité des histoires pleines de magie et de sortilèges de la petite Isabelle, de l'oncle Hermes, de Calendula et de la méchante sorcière qui vont être de nouveau disponibles. 

Une réédition qui débute en même temps que celle de Tif et Tondu, l'autre série majeure de Will, aux éditions Dupuis. Elle intervient également quelques mois après le décès d'Yvan Delporte, le génial barbu, ancien rédacteur en chef de Spirou, grand copain de Franquin, infatigable novateur. Dans ces 228 pages, vous trouverez les quatre premiers albums, un dossier de présentation de la série, des illustrations et une histoires d'une vingtaine de pages inédites. 

"Intégrale Isabelle", tome 1, Le Lombard, 29 €

jeudi 19 juillet 2007

BD - Diplomates spatiaux

Situation très délicate pour deux diplomates de la station Orbital. Sur la lune d'une planète éloignée, ils avaient pour mission de découvrir ce qui se passait dans une colonie minière. Sur place, ils se trouvent aux premières loges pour tenter d'enrayer une invasion de stilvulls. Ces sales bestioles vivent habituellement paisiblement dans de profondes galeries souterraines. 

Mais quand elles décident de mettre le nez à l'air libre, c'est avec une rare méchanceté qu'elles déchiquettent tout ce qui bouge à proximité. Un premier front, mais d'autres difficultés se profilent à l'horizon. Les colons sont en conflit ouvert avec la race dominante de la planète mère de la lune. Un affrontement semble inévitable. C'est dans cette poudrière que les deux héros de la série vont tenter de remettre de l'ordre. 

Le second tome de cette aventure, écrite par Runberg, est dessiné par Pellé. Un trait classique mis à profit pour créer quantité d'extraterrestres ou créatures imaginaires. Le dessinateur excelle également dans les vaisseaux spatiaux, scaphandres ou autres véhicules d'exploration. Bref il a inventé tout un monde de rêve on ne peut plus plausible.

 "Orbital" (tome 2), Dupuis, 13 €

mercredi 18 juillet 2007

BD - Les secrets de Maurice Leblanc


Sébastien Lenfant connaît le jour et la cause de sa mort. Le cou brisé, un poignard enfoncé dans la gorge, vidé de son sang dans son salon. Dans trois mois environ. Sébastien n'est pas médium. Il est commercial pour un éditeur de bandes dessinées. Mais le héros de cette série écrite par Christian Godard et dessinée par Claude Plumail est en possession d'un appareil photo qui a la faculté de fixer sur papier la scène de la mort de celui qui est devant l'objectif. Comment est-il arrivé entre ses mains ?

 C'est ce que raconte ces 44 planches se passant de nos jours et au début du XXe siècle. Sébastien, pour tenter de recoller les morceaux avec sa petite amie, lui propose quelques jours de vacances à La Baule dans la maison de sa tante. Une belle bâtisse qui a accueilli en 1940 un Maurice Leblanc, créateur d'Arsène Lupin, en fin de carrière. 

Dans le grenier, Sébastien découvre un manuscrit inachevé du maître du feuilleton. La véritable histoire d'Arsène Lupin. Leblanc y raconte comment retrouver cet appareil photo extraordinaire. Le début des ennuis pour Sébastien qui va tenter de contredire le futur. ("Dédales", Glénat, 12,50 €) 

mardi 17 juillet 2007

BD - Intrigue à travers le temps et les époques

Une série en trois tomes se déroulant à trois époques différentes avec trois personnages principaux. Mais le scénariste, Sébastien Viaud, a préféré tout mélanger dans un premier album dense et passionnant. De nos jours, la journaliste Marina Daumal est enfermée dans une cellule d'une clinique psychiatrique. Elle n'a pas pu poursuivre une enquête sur la découverte d'un mystérieux livre aux pouvoirs magiques. Un livre qui semble avoir fait sa première apparition en 1233, sous la plume d'un moine copiste. 

Livre qui intéresse également un inquiétant voyageur en provenance du futur. Le lecteur en apprend un peu plus en découvrant le récit de Marina. En cours de reportage, sentant que les choses risquaient tourner mal, elle a consigné ses découvertes. Notamment cette cavité, entre minéral et matière vivante, dans une galerie mise à jour sous Paris en creusant une nouvelle ligne de métro. 

Un premier tome dessiné par Adrien Villesange. A 40 ans ce sont les débuts de ce directeur artistique ayant auparavant travaillé dans le milieu de la publicité. Maîtrisant parfaitement la narration et la mise en page, il met son talent au service de ce récit très prometteur. ("Hypertext", Delcourt, 12,90 €)

lundi 16 juillet 2007

Polar - Mystère londonien

Qui a tué Fergus Millow, peintre londonien ? Nouvelle enquête du policier de Scotland Yard Joe Hackney, ancien malfrat, petit, boiteux et taciturne.


Sacré choc pour la femme de ménage. En découvrant en ce mois de mars 1891 le corps sans vie de Fergus Millow, elle perd son patron et son travail. Le peintre a succombé à un violent coup sur la tête. Dans cet immeuble londonien, le meurtre fait jaser. Scotland Yard doit rapidement trouver le coupable pour justifier sa réputation de meilleure police du monde. Le chef constable William Doffey, chef du département d'investigation criminelle, met sur le coup son meilleur élément : Joe Hackney. Le policier de paye pas de mine. Petit, boiteux, taciturne, cet ancien malfrat ayant tourné casaque vit encore chez sa mère. Son pragmatisme et son cynisme sont ses deux principales armes.

Il a déjà prouvé ses qualités dans les précédents romans noirs de Gilles Bornais. Cette fois, le flair d'Hackney va lui faire découvrir dans les cendres de la cheminée le bout d'une lettre récemment reçue par la victime. Une lettre anonyme qui lui annonçait tout simplement sa prochaine mort violente. Ecrite dans un style très particulier, elle est l'oeuvre, selon un graphologue, d'un « exalté affectif et déprimé ».

Ce meurtre peu banal a le don d'exciter Doffey, l'autre figure haute en couleur imaginée par l'auteur. Colérique, gros, fumeur, buveur et mangeur à l'excès, il a toujours une terrine à portée de main. Il ordonne à Hackney de tout découvrir de la vie du peintre assassiné. En connaissant mieux la victime, ils parviendront peut-être à découvrir une piste menant au coupable.

Chez les fous

Mais Millow est un véritable mystère. Cela fait des années qu'il habite à cette adresse et jamais il ne s'est fait remarquer. Pas de bruit, pas de visites, il s'absente toutes les après-midi, mais personne ne sait où il va. Ses toiles sont lugubres. Seule indication, à la belle saison, il passe plusieurs semaines dans un hôtel sur la côte.

C'est là que Hackney va découvrir les habitudes assez différentes de Millow hors de Londres. Il fréquente régulièrement une prostituée, boit dans des bars avec des amis peintres et peint des marines très colorées et lumineuses. Contre l'avis de son chef, Hackney va suivre la trace de la lettre anonyme. Il va avoir la certitude qu'elle a été postée près du plus grand hôpital psychiatrique de Londres.

En plongeant dans le monde des aliénés mentaux, Hackney va découvrir qui a rédigé cette lettre et surtout comprendre que l'affaire est encore plus complexe que prévue car manipulée par un criminel d'exception. Conséquence, Doffey va se prendre au jeu « l'affaire méritait un flic extraordinaire : lui. Le seul du Yard et du Royaume entier, pensait-il dans son cerveau de chef constable confit dans l'orgueil, le brandy et la galantine de canard, à pouvoir pénétrer les sphères de l'impensable et de l'indicible ». Hackney est plus modeste. Et tout en poursuivant le tueur, il doit soigner sa vieille mère, aider un ami d'enfance à la limite de la délinquance et subir les sarcasmes de son collègue Brunning. Tout un petit monde mis en musique par Gilles Bornais semblant particulièrement à l'aise dans ce Londres du 19e siècle.

« Le mystère Millow », Gilles Bornais, Grasset, 13,90 € 

dimanche 15 juillet 2007

BD - Saga enfumée

Boisserie s'attaque à la saga des cigares de Cuba dans cette série dessinée par Stalner et Lambert. La première partie se déroule sur deux époques différentes. De nos jours, Antoine Chatel découvre son patron, Charles Porter, assassiné dans sa chambre à Genève. Il venait pour le tuer. Le travail a déjà été fait. Il se plonge alors dans les souvenirs de famille de Porter. Tout débute en 1820 en plein océan Atlantique. Sur un navire négrier, le senor Castellano vogue vers Cuba. Il va prendre possession d'un lopin de terre pour y cultiver du tabac et fabriquer des cigares. 

Mais la traversée ne se déroule pas sans heurt. Une mutinerie de l'équipage, des esclaves jetés par dessus bord, des femmes violées. Un avant-goût des délices des tropiques. On suit le destin de Castellano, mais également de Lucia, fille d'un riche armateur, de Portero, un militaire aux ambitions démesurées et de Jahia, la princesse africaine devenue simple esclave sur le bateau. 

Le dessin réaliste très expressif de Stalner et Lambert est entièrement au service de cette épopée romantique et prometteuse. ("Flor de Luna", Glénat, 12,50 €) 

samedi 14 juillet 2007

BD - Ecrits néfastes dans le sillage de Noirhomme


Très étrange ce récit de Maurel illustré par Hamo se déroulant à la fin du XIXe siècle. Le héros, Noirhomme, semble être irréel, imaginaire. Il apparaît à deux des principaux personnages, Alceste, journaliste et Arthur de Grézieux, feuilletoniste du journal « La vie française ». Alceste, jeune plume prometteuse, était en train d'enquêter sur les accointances entre un banquier et un marchand d'armes. Mais comme il tombe amoureux de la fille du premier, il quitte le journal pour pantoufler dans des bureaux. 

Mais le soir, quand se retrouve seul dans sa petite chambre, Noirhomme intervient. Et le pousse à finir cet article, malgré son amour. Consciemment il ne le fait pas, mais un matin l'enquête est publiée sous son nom. Noirhomme a finit le travail. Alceste perd son amour et la raison. Quelques temps plus tard c'est Arthur qui rencontre Noirhomme. Il lui souffle des histoires fantastiques dont il est le héros. 

De plumitif inconnu il passe au statut de gloire du tout-Paris. Mais que se passera-t-il quand la muse, le nègre, s'évanouira ? Une BD étonnante et novatrice.

 ("Noirhomme", Casterman, 9,80 €) 

vendredi 13 juillet 2007

BD - Aëla, blonde et sauvage

Si Aëla est blonde, elle n'en est pas moins, et avant tout, Viking. Une princesse fière et déterminée. Aimant se battre, n'ayant peur de rien ni de personne. Mais elle reste femme. 

En ces temps reculés, seuls les hommes vont au combat et peuvent espérer détenir le pouvoir. Aëla a toutes les qualités pour accéder au trône, mais c'est son demi-frère Aïkan qui doit succéder au roi Gudruun. Aïkan enlevé par les Tatars, peuple venu d'Orient pour récupérer une armure d'or dérobée par les Saxons. Stéphane Duval signe ce scénario aux personnages forts et hauts en couleurs. 

L'héroïne, belle guerrière prête à tout sacrifier pour tenir sa parole, Oulikan, roi à la recherche du symbole de la force de son peuple, si loin de ses terres, comprenant parfaitement la blonde viking. Le rôle du méchant est dévolu à Tork, un ambitieux qui espère prendre le pouvoir par la ruse et la force. Un fourbe dans toute sa splendeur. 

Pour illustrer ces chevauchées dans les grandes étendues nordiques il fallait un dessinateur ayant du souffle. Bertho s'en tire avec brio... sans jamais faire penser à Rosinski. 

"Aëla", Dupuis, 9,80 €

jeudi 12 juillet 2007

Roman - Alexandre Jardin, dernier d'une étrange famille

Son image de «gentil écrivain » lui collant de plus en plus à la peau, Alexandre Jardin décide dans ce « Roman des Jardin », de faire toute la lumière sur les frasques de sa famille, vivier d'iconoclastes absolus.

Il y a le père bien évidemment, Pascal Jardin, scénariste et écrivain, libertin et homme à femmes. Alexandre avait déjà raconté ses aventures dans « Le Zubial », sorte de brouillon de ce roman vrai. L'auteur est plus discret sur sa mère, laissant la part belle à sa grand-mère surnommée l'Arquebuse. Un véritable phénomène que cette ancienne maîtresse de Paul Morand, régnant sans partage sur la propriété suisse, la Mandragore.

Futur président

Le week-end, son mari la rejoint, le Nain Jaune, éminence grise des hommes politiques de la IV et V république. Il a débuté sa carrière sous Vichy et depuis est au centre d'un vaste système de financement occulte des partis politiques, tous les partis politiques. Ce qui a permis au jeune Alexandre de côtoyer nombre de ministres ou de personnalités de gauche, promises à un bel avenir. Le jeune garçon, alors très Jardin par son déphasage avec les réalités, est persuadé que la seule profession digne pour lui est président de la République...

On trouve également dans cet antre suisse Merlin, oncle d'Alexandre Jardin, sexuellement déviant, mort pendu face à un miroir à la recherche d'une dernière érection.

Zouzou, raisonnable et normale

Reste le personnage principal de ce roman, Zouzou, la seule semblant normale. Engagée pour éduquer les petits-enfants et assurer la bonne marche de la maison, Zouzou est la seule encore en vie de cette période incroyable. Quand Alexandre Jardin décide de tout dire dans un roman coup de poing, il va d'abord la consulter. Pour chercher un assentiment chez cette femme qui aura été la maîtresse du Zubial mais également du Nain Jaune et même de Merlin.

Elle lui donnera la force de se lancer dans cette thérapie écrite avec ces quelques mots: « Il faut guérir un jour d'avoir, trop connu les Jardin. je ne vois pas d'autre remède que la vérité. Mais tu n'as pas tout dit : pourquoi cette retenue ? Déverrouille-toi intégralement et libère-nous. » Message reçu par l'écrivain du bonheur changeant de registre du tout au tout. Il va raconter, avec parfois force de détails, les errements de son entourage alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Comme dans une dimension parallèle, les Jardin s'amusent à enfreindre les interdits. Quelques passages sont carrément extrêmes et à la limite du supportable comme la scène du ténia de l'Arquebuse ou du grand amour (pas du tout platonique) entre Yves Salses (un grand ami de la famille, pornographe notoire) et une guenon.

« Le roman des Jardin », Alexandre Jardin, le Livre de Poche, 6,95 €

mercredi 11 juillet 2007

BD - Le périple de sa vie

Quand on a 16 ans et que l'on est issu d'une classe aisée et dominante, se retrouver seul dans une nature hostile se transforme vite en épreuve initiatique.

Joseph Keillo­ran, futur Maître d'un vaste domaine (grand comme un département fran­çais) dans la partie australe de la pla­nète Patrie, est réveillé en pleine nuit.

Il croit à un orage, mais il s'agit d'ex­plosions et de coups de feu. Une ser­vante vient le prévenir: le Peuple se révolte, il tue tous les Maîtres et leur descendance.

Il faut fuir avant que les insurgés ne le découvrent. Joseph est simplement en vacances dans ce domaine ami, dans le Nord de la planète, à plus de 10 000 km de sa terre natale. Après avoir découvert tous ses serviteurs égorgés, il prend peur et suit la femme dans les bois. Rapidement il se retrouve seul, se dirigeant vers le Sud, loin des combats.

Médecin des Indigènes.

Une entrée en matière violente et pleine de panique pour ce roman de Robert Silverberg, avant le calme et la solitude suivis du doute et du désespoir. Joseph, habi­tué à être servi par une escouade de valets, doit dans un premier temps trou­ver de la nourriture. Il serait mort de faim si un animal, doux et compatis­sant car doté d'une faible intelligence, n'avait pas partagé ses réserves avec le jeune humain.

Rassasié de larves et tubercules savou­reux, il débouche enfin dans un village indigène. La planète Patrie a une lon­gue histoire derrière elle. Colonisée par une première vague de Terriens, ces derniers vivaient en bonne harmonie avec les premiers habitants, humanoï­des moins évolués mais parfaitement pacifiques.

Une seconde vague de Terriens a boule­versé cet équilibre. La Conquête a vu l'apparition de Maîtres qui ont maté le Peuple, les grandes familles se parta­geant les meilleures terres.

Joseph est l'héritier d'un de ces Maî­tres. Sa conception de la vie est manichéen­ne. Les Maîtres ont tous les droits sur le Peuple. En échange, ils s'assurent que tout le monde a un toit et mange à sa faim. Joseph ne parvient pas à comprendre les motivations de la révolte dans le Nord de la planète. Mais pour l'instant il est bien loin des combats.

Quand ils découvrent que Joseph sait soigner les plaies et les fractures, les indigènes le transforment en médecin itinérant, allant de tribu en tribu dispensant son savoir minime mais suffisant

Aidé par le Peuple.

Quelques mois de quasi captivité lui permettent de se refaire une santé et de fausser compagnie à ses bienfaiteurs. Car Joseph, après des moments de doute n'a plus qu'une seule et unique envie: revoir sa famille. Il met le cap au Nord, franchit des montagnes et se retrouve épuisé dans une région où le Peuple n'a pas été colonisé par les Maîtres. L'adolescent sera obligé de réviser ses convictions sur le Peu­ple et les « bienfaits » apportés par les Maîtres. Mais le chemin est encore long avant le retour en pays natal.

Le lecteur découvrira cette nature magi­que à la faune merveilleuse dans les pas du jeune garçon. Un adolescent qui deviendra un hom­me au fil des kilomètres parcourus. L'évolution de Joseph fait tout le sel de ce roman de science-fiction, humaniste et un brin philosophique.

Le long chemin du retour, Robert Silverberg, Le Livre de Poche, 6,95 €

mardi 10 juillet 2007

BD - Attentats et amour à Bruxelles par Yslaire

Les tentatives d'attentats à la voiture piégée il y deux semaines en Angleterre nous rappelle que le terrorisme religieux est encore à nos portes. Une fatalité que Bernar Yslaire dénonce dans le second volume de cette histoire se déroulant à Bruxelles. Dans un grand hôtel de la capitale belge, le jour du déclenchement de la seconde guerre du Golfe, un homme et une femme se rencontrent, s'unissent. Pourtant tout les oppose. 

Jules est juif, Fadya est musulmane. Et surtout la jeune femme porte autour de la taille une ceinture d'explosifs qui sautera quand elle se trouvera dans la foule d'une manifestation pacifiste. Une bête histoire de portable (le détonateur de la bombe) tombé en panne leur a permis de se rencontrer. Depuis, malgré les réticences de la kamikaze, ils font l'amour, comme pour oublier la mort, la haine et la terreur. 

Un album sensuel, très charnel, avec de très belles scènes de sexe, sans faux-semblant ou pudeur mal placée. A l'opposé, Yslaire a repris des images diffusées à la télévision au moment de l'attaque américaine. Un album volontairement provocateur. Pour empêcher toute banalisation de l'atroce. 

"Le ciel au-dessus de Bruxelles", Futuropolis, 16 €

lundi 9 juillet 2007

BD - Fantasy pure et dure


Les amateurs de pure heroic-fantasy vont adorer cet album. Dès les pages de gardes, ils vont découvrir la carte du monde de Morkhisis imaginé par Mortenzen. Et rêver sur les possibles péripéties se déroulant sur l'île du désespoir, la forêt sans fin, l'océan des grands fonds ou le lac aux mille couleurs. Le début de l'intrigue est de sinistre mémoire. 

L'empereur Gorgull l'Immonde a décidé de faire disparaître de la surface de la planète la race des gnomes. Ils sont capturés arbitrairement et conduits dans des camps d'extermination. Une résistance se forme face à cette dictature sanguinaire, mais l'empereur a levé une armée de morts-vivants. Cela donne l'occasion à Dépé, le dessinateur, de signer quelques planches de batailles particulièrement denses et fouillées. Dans d'autres passages il fait merveille en créant des monstres du plus bel effet. 

On se bat, on s'égorge et on s'étripe beaucoup, dans ces 46 premières pages. Seul îlot de calme, l'apparition de la fée Yulinn, la seule pouvant s'opposer à la marche en avant des forces du mal. 

"Les lames de Yulinn", Soleil, 12,90 €

dimanche 8 juillet 2007

BD - Dans "Rafales", des surhommes dépourvus de sentiments

Seb Christie, au hasard d'un reportage photo, a découvert les agissements d'une mystérieuse organisation ayant pour but la destruction de l'Humanité. Exactement, l'extinction de la race humaine puisque après enquête, il a découvert que les membres de l'organisation sont des humains améliorés. Les sens plus aiguisés, ils sont surtout totalement dépourvus de sentiments. 

Parmi eux, India Allen, la principale protagoniste de ce troisième album de la série due à l'imagination de Desberg et au crayon de Vallès. India a des milliers de morts sur la conscience. Elle cherche maintenant à se venger de Seb qui l'a photographiée et par la même occasion condamnée au yeux de ses semblables. Mais le photographe a par ailleurs été contaminé par le sang de la jeune femme. 

Il est en train de se transformer lui aussi et se sent de plus en plus attiré par cette meurtrière insensible. Sur cette trame de complot global et de fin du monde programmée, les auteurs saupoudrent un peu de psychologie, pas mal d'action et un suspense allant crescendo. Tout pour nous donner envie de découvrir la suite dans le prochain épisode... 

"Rafales", Le Lombard, 9,80 €

samedi 7 juillet 2007

BD - "La confrérie du crabe" a une imagination de malades

Dans un vaste et vieil hôpital, quatre enfants sont devenus amis. Ils ont fondé la Confrérie du crabe. Société secrète de pacotille, elle leur permet de résister à la maladie qui les mange de l'intérieur, ce fameux crabe. Dans leur dortoir, un cinquième vient d'être admis. Comme eux, il sera le lendemain sur la table d'opération. Les médecins vont lui enlever le crabe qui lui dévore le cerveau. En pleine nuit, bien qu'il ne réagisse pas, il est intronisé dans la confrérie. 

Un début d'album très mystérieux et angoissant, des enfants attachants, déjà grands dans leurs têtes à cause de la maladie, « La confrérie du crabe » de Gallié (scénario) et Andreae (dessin) bascule dans le fantastique dans la seconde partie. On suppose que c'est après l'opération, les cinq gamins se réveillent dans une vaste demeure gothique. Un peu perdus il vont croiser trois femmes vampires, un loup-garou et des légions de chauve-souris. La vie avec le crabe n'était pas agréable, mais après, c'est un vrai cauchemar. Une série de la collection « Terres de légendes » prévue en quatre volumes. 

"La confrérie du crabe", Delcourt, 12,90 €

vendredi 6 juillet 2007

BD - Tony Corso au Togo

Tony Corso est détective privé. De ces privés qui ne choisissent pas toujours leurs clients. Et qui parfois ne les gardent pas très longtemps. C'est le cas dans les premières pages du quatrième album de ce héros aux chemises à fleurs voyantes imaginé par Berlion. Il est contacté par un éditeur pour retrouver un certain Kowaleski, l'informateur d'un journaliste d'investigation. 

Ce dernier enquêtait sur une vaste affaire de détournement de fonds. Au passé, car il a été retrouvé mort chez lui, une balle entre les deux yeux. L'éditeur est donc inquiet. A juste titre puisque quelques heures après il est retrouvé lui aussi mort, une balle dans la tête. Tony Corso, bien que sans commanditaire, va quand même se lancer dans l'affaire. La seule piste qu'il a le conduit au Togo. En compagnie d'une jeune et jolie journaliste, confrère du premier cadavre, il va se retrouver entre deux feux. D'un côté des malfrats agissant dans l'ombre, de l'autre des policiers français guère plus francs du collier. 

Un polar ensoleillé et exotique, avec beaucoup d'humour malgré le sérieux du sujet abordé. (Dargaud, 9,80 €)

jeudi 5 juillet 2007

Roman - Passé trouble

Un homme, après une enfance étouffante, fait une promesse mortelle à sa mère. Récit d'une dérive solitaire par Patrick Cauvin.

Le devoir de mémoire a mis en lumière les exactions commises par les nazis dans les camps de la mort. Mais leur pouvoir de nuisance ne s'est pas arrêté à la libération des rares survivants. Ces rescapés ont dû essayer de se reconstruire, de réapprendre à vivre malgré les horreurs vécues durant des mois, voire des années. Simon, le narrateur de ce roman noir de Patrick Cauvin est indirectement une victime de ces camps de la mort.

Au début de la guerre, ses parents, juifs, ont préféré l'exiler chez la grand-mère, à la campagne. Les rues de Paris devenaient de moins en moins sûres. Il a donc passé trois ans dans une ferme, sans nouvelles de ses parents. A la Libération, quand il revient à la capitale, il n'y a que sa mère pour l'accueillir. Victime d'une dénonciation, elle a été internée. Depuis le jour de la rafle, à son domicile, elle n'a plus de nouvelles de son mari. Les rares forces qui lui restent vont servir à tenter de le retrouver. En vain.

La promesse des derniers instants

A son fils, enfant triste et taciturne, sans amis, solitaire, elle va raconter l'enfer qu'elle a vécu. Ne négligeant aucun détail. Elle va se refermer sur elle même, entraînant dans sa solitude le jeune garçon qui devient des plus en plus asocial. Cette longue partie du roman, revenant sur l'enfance du narrateur, est essentielle pour mieux comprendre la réaction de Simon, alors âgé de 30 ans, quand sa mère, à l'article de la mort, va lui avouer un terrible secret : « Nous avons été dénoncés ». Et de lui donner la photo de la voisine, l'amie, qui a profité des événements pour tenter de s'accaparer l'appartement.

Dans un dernier effort, la mère fait promettre au fils de retrouver la traîtresse et de lui faire payer... De professeur de psychologie enfantine à la Sorbonne, vieux garçon avant l'heure, Simon va devoir se transformer en vengeur.

Coup de théâtre dans les Ardennes

Luttant contre son caractère casanier, il va endosser le costume d'un détective privé. La photo va lui donner une première piste. Il parvient à y identifier le monument aux morts d'une petite ville des Ardennes. La voisine, avant de vivre à Paris, aurait vécu là. Il va s'y rendre et découvrir un second secret familial dans une vieille maison perdue au fond des bois humides.

Il règne un peu une ambiance à la Simenon dans ce roman de Patrick Cauvin. En raison de l'époque, les années 50 et 60, et les personnages, gris, ternes, comme vieillis prématurément, blanchis sous le poids des secrets et des reniements. Simon, le narrateur, va aller au bout de lui-même dans cette quête imposée par sa mère sur son lit de mort. Découvrir la vérité, même si elle est plus complexe que ce qu'il croit au début de son enquête. Si l'ultime coup de théâtre est un peu prévisible, celui qui intervient au milieu du roman, dans la maison des Ardennes, redonne du tonus à une histoire qui n'est finalement pas si banale que cela.

« Venge-moi ! », Patrick Cauvin, Albin Michel, 16 €

mercredi 4 juillet 2007

BD - Joann Sfar, le voyageur

Joann Sfar, en très peu de temps, a imposé son style dans le milieu très fermé de la BD d'auteur. Scénariste prolifique, il dessine également, pour la jeunesse et parfois pour lui. Des cahiers de voyage qu'il avait pris l'habitude de publier chez l'Association. Désormais ces récits de voyage seront repris, en couleur, dans la collection Shampoing de Delcourt. « Missionnaire » explore le Japon et les USA. Deux populations radicalement différentes des origines méditerranéennes de l'auteur. 

Il parvient, en 250 pages, à mesurer les fossés séparant ces trois civilisations. Ne jugeant pas, mais n'hésitant pas à donner son avis, le Japon de Joann Sfar est poétique et inquiétant.

Missionnaire, Delcourt, 19,90 €

mardi 3 juillet 2007

BD - Natacha, hôtesse sexy en intégrale

Les éditions Dupuis ont décidé de donner une seconde jeunesse aux séries phares de leurs catalogues. Une collection d'intégrales qui après Buck Danny et Gil Jourdan, accueillent les aventures de Tif et Tondu, les exploits de Spirou par Franquin et depuis peu les courbes affolantes de l'hôtesse de l'air la plus sexy du monde : Natacha. L'héroïne créée par François Walthéry n'a rien perdu de sa splendeur. 

ouvelles couleurs, illustrations pleines pages (des couvertures de Spirou) et dossier replaçant la série dans le contexte de la fin des années 60 : cette intégrale est incontournable.

Natacha, l'intégrale, Dupuis, 16 €

lundi 2 juillet 2007

BD _ Pirates et Sang noir en intégrale

Rien de tel pour bien débuter les vacances qu'une bonne grosse intégrale de plus de 180 pages vous faisant voguer sur la mer des Caraïbes au temps de pirates. « Le sang noir » était le première collaboration au long cours entre Bernard Vrancken, le dessinateur, et Stephen Desberg, le scénariste. Ensuite ils ont connu le succès avec IR$. 

Le jeune Tristan est un quarteron. Il a un quart de sang noir. C'est peu mais cela suffit pour le classer dans les bannis de la société. Il deviendra pirate et perdra beaucoup de ses illusions et de son idéal. Une histoire romantique rééditée en intégrale de luxe grand format avec un dossier très complet sur les deux auteurs et leur parcours.

Le sang noir, Lombard, 38 € 

dimanche 1 juillet 2007

BD - Kung Foo Fighters, positions extrêmes

Ce gros album de plus de 80 pages couleurs n’est pas à mettre entre toutes les mains. En effet, il y est effectivement question d’art martial, mais également de positions acrobatiques dignes du Kama Sutra. Ces histoires complètes imaginées par un auteur Taïwanais, Richard Metson, et publiées mondialement dans les différentes éditions du magazine de charme Playboy, virent rapidement à la gaudriole. 

Sans êtres vulgaires ou pornographiques, ces scénettes ne sont pas dénuées d’humour, par exemple quand deux jeunes élèves, pour prendre la relève de leur maître, piochent dans son livre de chevet ses techniques secrètes. Le problème c’est qu’ils se sont trompé de livre et appliquent à la lettre ce qu’ils découvrent dans un « Voyage d’un pervers » pour lecteurs avertis. 

On croise également dans cet album quantité de belles jeunes filles, quelques mâles très actifs ainsi que des fantômes et autres extraterrestres qui donnent un ton décalé à cette sommité de la BD érotique. (Albin Michel, 18 €)