jeudi 12 juin 2025

Roman d'espionnage - Jeux troubles à Paris en 1919


Présenté comme la grande œuvre de Robert Goddard, Sur les chemins du monde, roman d'espionnage se situant à Paris en 1919, n'est que la première partie d'une trilogie qui se poursuivra en Écosse puis au Japon. Formidable conteur, l'auteur britannique plonge ses lecteurs dans le Paris de 1919. La capitale française est aussi le centre du monde. 

Au Quai d'Orsay, les grandes puissances (USA, Grande-Bretagne, France...) négocient une paix durable après les millions de morts de 14-18. Paris grouille d'espions. C'est dans cette ville décrite avec un luxe de détails, que Sir Henry, diplomate anglais, est retrouvé mort. Il a chuté du toit de l'immeuble de sa maîtresse française. Un scandale qui interpelle Max, son plus jeune fils, héros de l'aviation anglaise. Max va affronter cette jungle urbaine, face aux services secrets américains, police française, espions allemands et manipulateurs japonais. Car il est persuadé que son père a été assassiné après avoir dérobé des secrets d’État. 

Un roman historique passionnant, mené de main de maître par un écrivain qui a plus d'un tour dans son sac pour rendre son histoire palpitante.   

« Sur les chemins du monde », Sonatine, 528 pages, 24,90 €

mercredi 11 juin 2025

Polar - Qui a tué Miss Belladone à Santa Catalina ?

Michael Connelly fait une infidélité à Harry Bosch pour raconter le quotidien de Stilwell, shérif sur l'île de Santa Catalina à quelques encablures de Los Angeles. 

Si certains considèrent que la Californie, la région de Los Angeles notamment, est la région la plus ressemblante au Paradis, ils devraient faire un tour sur l'île de Santa Catalina. Reliée quotidiennement au continent par ferry, le port d'Avalon fait figure de capitale de cet Eden préservé. Notamment des voitures. Tout le monde se déplace en voiturette de golf. Même la police. Il n'y a donc pas de course poursuite dans la première enquête de l'inspecteur Stilwell, nouveau héros (sans doute récurrent) imaginé par Michael Connelly. 

Un cadre préservé un peu trop tranquille parfois. Stilwell est un ancien de L.A., muté à Avalon après avoir dénoncé un collègue corrompu. Un ripou très protégé. Il est toujours en poste aux affaires criminelles alors que Stilwell se contente de bagarres d'ivrognes le week-end ou de tentatives de cambriolages. Alors qu'il est sur le point de découvrir qui a décapité un bison dans la réserve, l'inspecteur est appelé sur le port. 

Un pêcheur vient de découvrir un sac contenant un cadavre dans le chenal. « De longs cheveux noirs flottaient librement dans l'eau et Stilwell vit qu'ils étaient rattachés à un crâne blanc. Du bout des doigts, il agrandit l'ouverture du sac jusqu'à ce qu'il découvre le visage cireux et tellement déformé par le gonflement dû aux gaz de décomposition qu'il n'en avait presque plus rien d'humain. Il remarqua aussi une mèche de cheveux teinte en violet et en déduisit que le corps était celui d'une femme. » Le lecteur va alors se plonger dans le quotidien de ce flic au placard mais qui n'a pas perdu ses réflexes de limier. 

Il découvre que la morte se nomme Leight-Anne Moss, serveuse dans un club huppé de pêche sportive. La mèche est sa signature, elle adore la couleur de la belladone. Une fleur par ailleurs extrêmement vénéneuse. Comme cette intrigante Miss Belladone ? 

Dans ce polar, à l'intrigue méticuleusement élaborée, on retrouve tout le savoir de Michael Connelly. Il n'a pas son pareil pour raconter le quotidien de ces hommes et femmes chargées de maintenir l'ordre sur Santa Catalina. Stilwell est triplement intéressant : pour son côté chien fou qui ne lâche jamais sa ploie, pour ses amours récentes sur cette île qu'il aurait dû détester, pour ses cas de conscience, cherchant toujours les moyens de prouver sa bonne foi dans l'affaire, encore en cours de jugement, contre le collègue indélicat. Autant de possibilités de suite pour cette première enquête brillamment résolue par un Stilwell de plus en plus sympathique.

« Sous les eaux d'Avalon », Michael Connelly, Calmann-Levy, 400 pages, 22,90 €

jeudi 5 juin 2025

Nouvelles – 19 dérapages par 19 Louves

Talentueuses et bourrées d'imagination, ces 19 autrices de polar ont planché sur le thème simple et assez large des « Dérapages ». Coordonné par l'association des Louves du Polar, ce recueil pas cher au format poche, publié par Pocket, offre un large panorama de ce qui se fait de mieux dans le domaine du roman policier ou tout simplement noir. 

Quelques noms connus (Céline Denjean, Johana Gustawsson, Céline de Roany..) mais aussi des signatures nouvelles, qui donnent envie d'aller plus loin, de découvrir leur production au long cours. Compliqué de mettre des textes en avant, mais on ne peut pas rester indifférent à la « Nuit bleutée » de Rosalie Lowie. Style percutant, horreur écrite noir sur blanc, fin peu conventionnelle : elle frappe fort dans un genre où il est compliqué de marquer les esprits. 

Dans un monde plus proche du fantastique, Marlène Charine propose « Séisme ». Le parcours d'un jeune Haïtien, symbole de l'exploitation de l'homme par l'homme. Ou plus exactement de la femme par l'homme. Piochez, frémissez, réfléchissez : les Louves vont assombrir votre été. 

« Dérapages », Pocket, 360 pages, 9 €

mercredi 4 juin 2025

BD - Jour J raconte l'autre histoire de la bombe atomique

Après des années de présence (et de succès) au sein du catalogue Delcourt, la collection Jour J tire sa révérence. Terminées les variations historiques imaginées par les très productifs scénaristes Pécau et Duval. Comme pour marquer cette fin dans une explosion dantesque, les deux tomes de Los Alamos, dessinés par Denys, viennent d'être réédités dans une édition spéciale en un seul volume augmenté d'un  cahier pédagogique sur la vie des nombreuses personnalités qui émaillent ce récit se déroulant aux USA en 1945. En plein désert du Nouveau-Mexique, plusieurs scientifiques, sous la surveillance étroite de l'armée US, travaillent à la mise au point de la première bombe atomique. Pour coordonner ce programme Manhattan, Robert Oppenheimer. Mais le savant a des doutes. 

C'est à ce moment que l'Histoire change. Duval et Pécau imaginent qu'Oppenheimer, terrorisé par son invention, quitte la base et fuit, en voiture, sans but. Une longue cavale au cours de laquelle il rencontrera quelques originaux, notamment le poète Jack Kerouac. Cela donne des dialogues assez surréalistes entre le chantre de la beat génération et l'inventeur de la plus terrible des armes. FBI et armée tenteront de retrouver celui qui permettra aux USA de remporter la guerre contre le Japon et d'étendre sa domination du monde face aux Soviétiques de plus en plus expansionnistes. On croise même Eliot Ness, vieux flic alcoolique lui aussi rongé par les remords. 

Distrayante, partant un peu dans tous les sens (la faute aux potes de Kerouac...), cette BD nous en apprend quand même beaucoup sur le fonctionnement des USA, la folie des hommes et la résilience de certains. On regrettera enfin  la mort de la collection Jour J et de ses nombreuses possibilités de modification de la marche du monde. Et en ce moment, il en besoin, le monde, d'une nouvelle direction plus safe et réfléchie...

"Jour J - Los Alamos" (édition spéciale), Delcourt, 120 pages, 23,75 €

mercredi 28 mai 2025

BD - Des Gorilles infaillibles au service du Général

Côte présidents, attentats et protection rapprochée, les USA avaient Kennedy, la France De Gaulle. A l'arrivée, les gorilles français ont fait un sans faute, le grand homme de la Libération échappant à plusieurs tentatives d'attentats alors que le jeune président Kennedy... 

Pourtant De Gaulle n'aura eu que qatre gorilles surant sa carrière de chef de l'Etat de la Ve République. Quatre amis, connus depuis la Libération, qui l'ont suivi durant sa traversée du désert et ont repris du service en 1958 alors que la guerre d'Algérie fait des ravages dans l'armée, les finances et l'opinion publique. Xavier Dorison, le scénariste, s'est très librement inspiré des mémoires des véritables gorilles pour transformer un peu l'Histoire, lui donner un air un peu plus romantique. Mais dans l'ensemble on retrouve au fil de ce premier tome se déroulant en septembre 59, l'essentiel des événements autour de De Gaulle. 

Un long récit pour mieux connaitre le quatuor chargé d'assurer la sécurité du président dès qu'il quitte l'enceinte de l'Elysée. On découvre l'arrivée, controversée, de Max Milan en remplacement d'un membre tombé en disgrâce (pourquoi ? réponse en fin de volume). Ce flic, ancien résistant, arrive tout d'oit des USA. Il vient d'être diplomé par le FBI à Quantico. Il apporte des méthodes plus modernes au trio restant, très à cheval sur les traditions et les habitudes. Mais le danger est de plus en plus présent. Du côté du FLN, mais aussi de l'extrême-droite. Bref, les quatre gorilles, tout en gardant leur calme, vont devoir puiser dans leurs réserves pour contrer complots et projets d'attentats. 

Une intrigue mouvementée qui devait sembler réaliste, au niveau du dessin, pour être crédible. Le choix de Julien Telo s'avère judicieux. Il propose du trait ferme et efficace, fidèle aux décors de l'époque sans occulter les "gueules" des fameux gorilles. Un premier tome percutant, très instructif pour les ignorants de l'histoire contemporaine française. D'autant qu'un cahier pédagogique complète la BD, avec parcours des véritables gorilles du général et présentation de seconds rôles de la BD, de Michel Debré à Jacques Foccart, chef de l'ombre dit le Chanoine. 

"Les gorilles du général" (tome 1), Casterman, 96 pages, 21,95 €

vendredi 23 mai 2025

BD - Quand Berthet chevauchait les grand espaces sauvages de l'Ouest américain

Auteur belge à l'oeuvre reconnue mais pas toujours à sa juste mesure, Philippe Berthet, en plus de séries au succès critique et commercial, a signé quelques albums isolés d'une exceptionnelle qualité. Parmi ces réussites, "Chiens de prairie", sur un scénario de Foerster et des couleurs de Dominique David. Paru en 1996 chez Delcourt, ce long western vient d'être réédité par les éditions Anspach, maison belge lançant de nouvelles séries mais qui aime aussi redécouvrir des classiques de ce style franco-belge loin d'être mort et enterré. 
Dans un long dossier en fin d'album, Berthet explique qu'il s'était lancé dans ce projet pour couper avec sa série Pin-up. Lassé de dessiner des voitures et les grandes villes américaines de la seconde guerre mondiale, il a soif de grands espaces et de nature. Foerster lui propose ce western et Berthet accepte avec enthousiasme, même s'il doit dessiner quantité de chevaux, exercice compliqué même pour les plus doués des dessinateurs réalistes.
Dans "Chiens de prairie" on suit la destinée de J. B. Bone, outlaw qui a croisé la route de Calamity Jane. Il la retrouve des années plus tard. Elle tente de racheter ses erreurs du passé en convoyant des orphelins vers des foyers d'accueil. Mais en cours de route, Bone récupère, à son grand désespoir, le petit Moïse. Un muet qui s'accroche au vieux cowboy. Bone se passerait bien de cette présence car il s'est lancé dans une mission peu reluisante : convoyer le corps de son complice pour l'enterrer à côté de la femme qu'il aimait. Un vieux grincheux (à la gâchette facile et efficace), un petit muet (plus futé qu'il n'y parait), un cadavre en putréfaction (qui cache un lourd secret) : le convoi va devoir affronter des chasseurs de prime, des Indiens et un pasteur fou. Un périple violent et bourré de symboles, comme tout bon western qui se respecte. 
Trente années après sa première édition, cette BD n'a pas pris une ride. A redécouvrir pour les nouvelles générations alors que les anciennes y retrouveront les émotions de leur jeunesse. 
"Chiens de prairie", Editions Anspach, 64 pages, 16,50 €

vendredi 16 mai 2025

BD - Wild West tome 5, premier acte d'un drame sanglant à Dolores City

Petite cité plantée entre la Californie et le Nevada, Dolores City a retrouvé prospérité et calme. C'est dans ce bled paumé du farwest authentique que les trois héros de la série Wild West de Gloris (scénario) et Lamontagne (dessin) tentent de retrouver une certaine sérénité. C'est vrai pour Wild Bill, devenu shérif, marié à l'institutrice. Un peu aussi pour Charlie Utter reconverti en postier. 

Par contre rien ne va plus pour Calamity Jane. La rebelle a sombré dans l'alcool. Elle est devenue la honte de la communauté. 

Dans les premières pages de l'album, après une  nuit de beuverie, elle est découverte, inconsciente, dans l'auge des cochons... Wild Bill tente de la protéger. Mais sa patience a des limites. Celle des notables de la ville aussi. 

C'est dans ce contexte qu'une nouvelle famille vient s'installer à Dolores City. Des fermiers. Ils relancent un ranch avec quelques bêtes à cornes. Mais derrière cette famille qui semble normale se cache une bande de hors-la-loi, habitués à attaquer les banques ou les trains. 

Cette nouvelle séquence (la troisième de la série), utilise au maximum les codes du western. Une ville isolée, des gangsters, un shérif, des habitants qui veulent se faire justice eux-mêmes... La tension monte durant ce premier acte. Suite et fin de l'aventure dans le sixième titre de la série, sans doute une des meilleurs créations dans le genre de ces dix dernières années. 

"Wild West" (tome 5), Dupuis, 48 pages, 15,95 €

jeudi 15 mai 2025

Roman – Belle-Maman m'a tuer


Entre thriller et roman horrifique, Elle est revenue d'Ainslie Hogarth est à déconseiller aux femmes résidant sous le même toit que leur belle-mère. La narratrice, Abigail, que tout le monde surnomme Abby, vit le parfait amour avec Ralph. 

Quand la mère de ce dernier commence à vieillir et à perdre un peu la tête, il impose à Abby d'aller vivre chez elle. Cela se passe mal jusqu'au suicide de Belle-Maman, retrouvée les veines ouvertes dans la cave. Abby, tout en soutenant son mari très touché par cette perte, jubile. Elle ne supportait plus les remarques perfides de la vieille acariâtre. Une joie de courte durée. En rentrant du boulot, quelques jours après le suicide, Abby découvre sa belle-mère dans la cuisine. Fantôme ? Entité maléfique ? 

La jeune femme va lutter pour la faire disparaître et récupérer son gentil Ralph de plus en plus dépressif et persuadé, lui aussi, que sa maman est revenue. On apprécie dans ce texte assez extrême les passages très crus placés dans la bouche de l'héroïne, une femme sans doute aussi dérangée que la suicidée. Mais vivante, elle !  

« Elle est revenue », Ainslie Hogarth, 10/18, 324 pages, 16,90 €

mercredi 14 mai 2025

BD - Agrippine, princesse de sang

La série des Reines de sang se penche sur le rôle des femmes dans la Rome antique. Pas évident d'être l'épouse d'un empereur ou d'un général. A part donner des héritiers mâles, leur utilité n'est jamais essentielle. C'est le cas de la jeune Agrippine. Rome est déchirée entre deux factions. Le peuple voudrait que le général César Germanicus, cantonné en Germanie, accède au pouvoir. Mais Tibère, le gendre d'Auguste, premier empereur, s'accroche au pouvoir. Agrippine est la fille du général. Un père qu'elle ne verra que peu. Entre guerres et négociations, il est souvent loin de la capitale. Et rapidement son pouvoir fait peur. Une dose de poison plus tard, il quitte définitivement la scène politique. La succession se fera donc entre les enfants de Tibère et ceux du général. Mais Agrippine a bien l'intention de tenir un rôle dans ce jeu politique dangereux. 

Racontée par Luca Blengino sur des dessins très expressifs de Roberto Ali, la vie d'Agrippine sera présentée en trois volumes (le second en septembre, le troisième en janvier 2026), agrémenté de deux autres titres sur des femmes importantes de la Rome antique : Messaline (septembre) et Poppée (janvier). Le quotidien d'Agrippine se partage entre études et plaisirs simples de la vie. Mais elle doit sans cesse être sur ses gardes. Notamment quand son frère Caligula est dans les parages. Il est persuadé que pour assurer la pérennité du sang céleste de la lignée, il doit faire un enfant à sa sœur...  Elle n'a pas encore 10 ans... 

Agrippine, une fois adulte, sera transformée en cadeau pour réconcilier les deux factions. Elle acceptera de baisser la tête et de se taire. Mais ce sera la dernière fois. De cette union non voulue, elle donnera le jour au redouté Néron, futur empereur. La suite de la série verra naître une des plus terribles reines de sang. 

"Agrippine" (tome 1), Delcourt, 48 pages, 15,50 €

mardi 13 mai 2025

BD - Les animaux de la fin du monde, de la tortue aux calamars géants


En pleine guerre froide, dans les années 50 aux USA, un petit film était régulièrement proposé aux élèves. C'est ce court-métrage de prévention qui sert de base à cette BD écrite par Scott Snyder et dessinée par Rafael Albuquerque. Dans "Duck and cover" une tortue  expliquait qu'en cas d'attaque nucléaire russe, il suffisait de se réfugier sous son bureau, en classe, pour en sortir indemne. C'est peut-être ce film qui a donné la passion du cinéma à Delmont Reeves, lycéen terne de la petite ville de Schellville. Il réalise sa première œuvre enfant. un tournage qui se termine mal : un chien l'attaque et lui fait perdre un œil. 

Quelques années plus tard, devenu projectionniste dans un drive durant les vacances, il a toujours très peur des chiens, mais espère encore de devenir réalisateur. Avec plusieurs de ses camarades de classe, il est collé après une bagarre. Aussi quand les sirènes retentissent, ils se précipitent sous les bureaux et échappent au feu nucléaire. Cependant, si l'attaque vient bien des Russes, ce sont des aliens ressemblant à des pieuvres volantes ou des calamars géants qui dominent désormais le monde. Tous les adultes sont morts. Ne restent que les enfants protégés par leurs bureaux. 

Si au début, ce récit semble totalement invraisemblable, Snyder avec une précision chirurgicale va combler tous les trous. On va donc suivre avec intérêt l'épopée de cette bande improvisée, tentée dans un premier temps de se réfugier dans un bunker, avant de trouver un moyen de détruire les envahisseurs. Une bataille dantesque, dessinée avec force de détails et de réalisme par un Albuquerque très à l'aise dans ce genre de comics. 

Et comme Snyder est un excellent scénariste, le final délivre un message d'espoir tant au niveau de la résistance aux forces obscures que de la nécessaire solidarité pour être plus fort.  

"Duck and cover", Delcourt, 128 pages, 17,50 €