mardi 7 mai 2013

Billet - Amitié et confiance, les deux mamelles de Facebook

Un milliard de profils Facebook. Et dans le lot un gros contingent de têtes de linotte. Ceux qui oublient leur mot de passe. Beaucoup plus courant qu'on ne le croit. Et récupérer le précieux sésame se révèle un véritable parcours du combattant. Certains d'ailleurs préfèrent recréer une page et repartir de zéro. En créant votre compte Facebook, vous avez dû choisir une question de sécurité et renseigner la réponse. Mais même celle-là, certains l'oublient. Autre possibilité, remplir un long formulaire pour prouver son identité et reprendre la main sur ses informations personnelles. Tout nouveau, Facebook a eu l'idée d'utiliser ce qui fait la force du réseau : l'amitié.
Désormais vous pouvez retrouver votre mot de passe par l'intermédiaire de vos amis. Pour cela vous devez désigner une liste de « contacts de confiance ». Imaginons, vous avez encore une fois oublié ce satané mot de passe, très compliqué sur les conseils de tous les paranos de service (des chiffres, des lettres... et le compte n'est pas bon). Vous envoyez alors un mail ou téléphonez à trois amis de confiance. Ils signalent votre bourde à Facebook et reçoivent trois codes distincts. Ce sont ces trois « clés virtuelles » qui vous permettront de récupérer votre identité.
Mais attention de faire les bons choix. Il est des amis qui parfois ne vous veulent pas que du bien. Ou pire, des connaissances aussi tête en l'air que vous... Et quand tout le monde aura oublié son mot de passe, Facebook se glorifiera de 2 milliards de comptes. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant.

Roman - "Celle qui dort", conte revisité par Bernard Foglino

Une belle endormie, un écrivain célèbre, un nain taxidermiste, une forêt magique : le décor est planté pour ce roman de Bernard Foglino.

Les salons du livre en province en prennent pour leur grade dans ce roman de Bernard Foglino. Le romancier en fait une description assez sévère, mais juste. Le narrateur, un certain Cheval pour l'état-civil, Fabrice Della Torre pour ses nombreux lecteurs, regrette amèrement d'avoir accepté cette invitation. Une petite ville de l'Est de la France, entre friche industrielle et forêts de sapins. Le public se fait rare. Le bar attire plus de monde que les tables de dédicaces. Il doit côtoyer le concepteur des blagues Carambar qui a compilé ses meilleures trouvailles dans un volumineux bouquin. Mais est-ce moins talentueux que les romans qu'il pond chaque année ? Des best-sellers, écrits pour un public féminin avide de belles histoires et de l'inévitable happy-end. Cheval prend son mal en patience. Mais trépigne quand même dès le samedi en rêvant au train qui va le reconduire dimanche soir vers son duplex de Saint-Sulpice à Paris.

La femme de Walter
Il tente de se détacher du moment, d'occuper ses moments libres à relire son dernier manuscrit. Jusqu'à l'arrivée de Walter. Un lecteur pas comme les autres qui demande une dédicace au nom d'une certaine Blanche. Walter est « un nain avec une tête démesurée et un front comme une falaise. Surmonté d'une crinière rousse. » Cheval s'exécute, malgré son malaise grandissant. Le romancier a la phobie des nains. Une raison de plus pour jurer de ne jamais plus revenir dans cette petite ville sinistre.
Mais le dimanche, au bar, dès l'ouverture du salon, Walter est de retour. « Posé sur son tabouret comme le plus dodu des choux à la crème culmine sur sa pièce montée, Walter le nain le toisait avec un air d'évidente satisfaction. Cheval comprit que l'infirme s'était mis en quatre pour lui. Il portait un costume sinon bien coupé vu son contenu, du moins d'honnête qualité. Derrière l'eau de toilette dont il avait fait un usage généreux, rôdait une odeur de feuilles et de sous-bois. » Walter demande alors à Cheval de venir faire la lecture à sa femme. Elle dort en permanence et le nain est persuadé que la voix de l'auteur favori de Blanche la sortira de ce quasi coma.
Cheval refuse bien évidemment, toujours pressé de retourner à Paris. Mais un enchaînement de circonstances fait que l'écrivain va finalement se retrouver dans la petite maison perdue dans les forêts sombres à faire la lecture à une jeune fille « étendue sur une couche de nuages. » « Elle était fraîche, charmante, son sommeil, neuf. » « Elle semblait faire un rêve extrêmement satisfaisant, et très personnel, qui peignait son sourire d'une sorte d'approbation douce. » Comme envouté par « Celle qui dort », titre du roman, Della Torre restera bien plus longtemps que prévu au chevet de la jeune femme.
Cette ambiance de conte de fée va rapidement se transformer en cauchemar pour Cheval. Walter, taxidermiste virtuose, a l'art de faire peur. Même Belle devient inquiétante quand ses doigts se mettent à frémir. Le roman de Bernard Foglino prend une toute autre tournure, entre thriller et fantastique, prétexte à une réflexion sur la création et l'importance que peuvent prendre dans la vie d'un auteur ses personnages de papier.
Michel Litout
« Celle qui dort », Bernard Foglino, Buchet-Chastel, 14 €

lundi 6 mai 2013

Billet - Sarkozy, réserviste depuis un an

Si Sarkozy était président... Ce week-end, alors que normalement tout le monde devrait célébrer le premier anniversaire de l'arrivée de François Hollande à l'Élysée, Twitter est pris d'une frénésie uchronique. L'uchronie consiste à imaginer notre monde, mais avec un cours différent de l'Histoire. Que serait devenue l'Europe si Bonaparte avait gagné toutes ses batailles ou si les Allemands n'avaient pas perdu la guerre ?
Ce week-end donc, des nostalgiques de la présidence bling bling ont distillé leurs envies sur internet. Si Sarkozy était à l'Elysée, « il effectuerait un 2e et dernier mandat décomplexé avec une politique dynamique et cohérente » prétend un laudateur de la première heure

D'autres admettent que cela reviendrait au même.
Et puis les sarcastiques ne peuvent s'empêcher de relever qu'en cas de victoire de l'UMP en 2012, « Jérôme Cahuzac aurait toujours un compte en Suisse et Guéant continuerait à vendre des tableaux », « Sarkozy ferait baisser le chômage comme il l'a fait de 2007 à 2012... », « Hollande aurait 80% d'opinions favorables »,

« François Fillon et Jean-François Copé seraient toujours amis et Nadine Morano porte-parole du gouvernement. » Quand à Frigide Barjot elle serait toujours marrante. Ou ministre de la famille...
Enfin, si Sarkozy était président, en ce 6 mai, sur Twitter, le jeu préféré des internautes serait d'imaginer comment se porterait la France si Hollande était président.
Insatisfaction, quand tu nous tiens...  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - François Hollande, un an, deux femmes....


Chaude, très chaude cette BD politique dessinée par Aurel sur un scénario-enquête de Renaud Dély, directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Après avoir dévoilé les dessous du sarkozysme, les auteurs s'attaquent à un autre gros morceau de la politique française : François Hollande. L'actuel président de la République, a eu deux femmes dans sa vie. Ségolène Royal, la mère de ses quatre enfants, rencontrée à l'ENA. Et Valérie Trierweiler, journaliste politique, devenue la maîtresse du patron du PS en pleine disgrâce. L'une a voulu devenir présidente de la république, l'autre veut que ce soit François qui accède à ce poste. L'une s'est sentie trahie, l'autre est capable de tout pour éliminer la rivale. François Hollande a souvent l'impression d'être balloté entre ces deux fortes femmes. Il subit souvent. Mais joue aussi très finement. Amoureux fou de sa Valérie, François Hollande a fait de nombreux sacrifices pour préserver cette passion. Les histoires d'amour ne finissent pas toujours mal...
« Hollande et ses 2 femmes », Glénat, 15,50 €

dimanche 5 mai 2013

BD - La Suède glaçante de Millénium

Devenue culte en quelques années, la saga Millénium de Stieg Larsson, après la littérature, la télévision et le cinéma investit la BD. Une adaptation très ambitieuse pour ce thriller suédois vendu à plus de 50 millions d'exemplaires depuis sa sortie. 
Runberg, le scénariste, connaît parfaitement la Suède pour y vivre une partie de l'année. Il a dû jongler avec les nombreuses scènes, coupant et raccourcissant le récit mis en images par Homs. 
Si le personnage de Blomkvist, le journaliste d'investigation, est un peu effacé, par contre les auteurs ont craqué sur Lisbeth Salander, personnage de légende. La jeune punk, hacker et asociale, est au centre de cette première partie. Elle éclipse l'intrigue principale, l'enquête sur la disparition, 44 ans plus tôt de la jeune Harriet Vanger.
« Millénium » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

samedi 4 mai 2013

Billet - Une année normale pour le président

Je me souviens de l'emballement médiatique après la tirade - l'anaphore exactement - de François Hollande en plein débat sur son « Moi, président... » C'était il y a un an. Sur internet restent des traces. Et des sites ont éclos récemment pour établir un comparatif entre promesses et décisions. Le gouvernement, discret sur ce premier anniversaire, a cependant publié sur son site internet un document dans lequel il fait le point sur les 60 propositions du candidat. 
Le bilan sans concession est à lire sur d'autres sites beaucoup moins indulgents. Comme bilanduchangement.fr concocté par  « une équipe de jeunes citoyens ayant pris part pour la première fois au vote lors d’une élection présidentielle en 2012. » Toutes les informations sont vérifiées et expliquées. Au total, le site a relevé plus de 291 promesses diverses et variées. Au bout d'un an, 40 sont accomplies et 27 en cours. Au rayon échec, 17 pastilles rouges comme l'impossibilité à faire passer la pilule du non cumul des mandats auprès des caciques socialistes ou le gel du prix des carburants. On constate également une bonne part de mauvaise foi quand le site estime que François Hollande n'a pas tenu sa promesse après avoir affirmé « Moi, président, je constituerai un gouvernement paritaire, autant de femmes que d'hommes. » Depuis la démission de Jérôme Cahuzac ce n'est effectivement plus le cas. Les femmes ministres sont majoritaires. Mais est-ce véritablement un échec ?  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 3 mai 2013

Billet - Cuivre ou fibre optique ?

Les voleurs de cuivre se frottent les mains. Désespérés par le déploiement de la fibre optique sur l'ensemble du territoire, ils ont repris espoir vendredi dernier en apprenant qu'« un comité d'experts a rendu au régulateur des télécoms, l'Arcep, un avis favorable à l'exploitation commerciale du VDSL2. » A l'automne, cette nouvelle norme de débit internet permettra à des millions d'abonnés de voir leur vitesse de transmission multipliée par deux. Et sans toucher aux câbles téléphoniques en cuivre qui gagnent quelques années d'espérance de vie.
Le très haut débit promis par Fleur Pellerin en 2022 doit passer par la mise en place d'un ambitieux réseau en fibre optique. Mais face à la lenteur des travaux, les experts ont finalement remis au goût du jour une technique testée depuis plus de 5 ans. Son avantage : elle passe par le réseau classique. D'où la joie des nouveaux Rapetou préférant délester les poteaux téléphoniques de leurs précieux ornements que les bourgeoises de leurs oripeaux aurifères. Paradoxe, si la France, contrairement aux autres pays européens, avait fait l'impasse sur le VDSL2, c'était pour favoriser la fibre. Avec 5 ans de décalage, on va essayer de combler un peu le retard, tous en sachant parfaitement que le nouveau réseau en sera d'autant plombé.
On a beau tourner la décision des « experts » dans tous les sens, l'amélioration annoncée ressemble plus à un rétropédalage qu'à une véritable innovation. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - La Beauce brûlante du "Canicule" de Vautrin et Baru


Classique du roman noir, « Canicule » de Jean Vautrin est un texte lumineux sur le côté sombre de l'âme humaine. Rendu célèbre grâce à son adaptation au cinéma, le polar va gagner de nouveaux fans avec cette transcription ne BD par Baru

Dessinateur de la banlieue et des milieux ouvriers, Baru quitte son monde de prédilection pour la blondeur d'un été sur la Beauce. Au milieu des blés, dans un corps de ferme, l'arrivée d'un malfrat et de son butin va révolutionner la petite communauté. Le père sadique et autoritaire, l'oncle débile, la fille nymphomane, la mère aigrie : personne n'est normal. Chim, le gamin, battu, voit lui aussi l'arrivée du gangster américain comme une chance à ne pas rater. 
C'est noir, sans concession, vrai. Baru est fidèle à l'œuvre, éclaircissant ses couleurs directes pour mieux éblouir le lecteur.
« Canicule », Casterman, 18 €


jeudi 2 mai 2013

Billet - L'amour au bureau avec "Beautiful Bastard"


Les timides adorent les nouvelles technologies. Avant, impossible de déclarer sa flamme à la plus belle fille de la classe, la prof captivante ou sa collègue si professionnelle. Aujourd'hui les voies numériques permettent de toucher le cœur désiré sans risquer l'évanouissement. Le phénomène Spotted sur Facebook, si l'on oublie les rares dérapages, est une solution vraiment géniale pour les coincés. Un petit message énigmatique et romantique constitue un immense pas pour les grands timides. Mais pourquoi réserver ce service aux plus jeunes ? En entreprise aussi certains se morfondent d'amour pour un ou une collègue. Comment le lui dire ? Les éditions Hugo, à l'occasion de la sortie du roman « Beautiful Bastard » de Christine Lauren (17 euros) proposent un petit jeu qui risque de rendre très chaudes les relations humaines au sein des entreprises. Dans ce roman, le patron noue une relation torride avec une de ses employées. Comme dans le livre, vous pouvez envoyer par mail une déclaration fougueuse à un ou une collègue. Il suffit de se rendre sur une page de e.card et de cocher la case (en l'occurrence un cœur...) la mieux adaptée. Cela va du plus édulcoré « En réunion j'ai tellement envie de te prendre dans mes bras » au plus direct « Je voudrais que tu me rejoignes au parking à 19 h... Capot ou banquette arrière ? » Attention, à utiliser avec parcimonie. Si dans les romans on appelle ça « coup de foudre », dans la vraie vie on le traduit vite par « harcèlement ».


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - L'Afrique de Joseph Conrad par Perrissin et Tirabosco

Joseph Conrad, avant se se mettre devant son bureau et de signer quelques chefs-d'œuvre du XXe siècle, a vécu d'innombrables aventures aux quatre coins de la planète. « Au cœur des ténèbres », nouvelle publiée en 1899, est inspirée de son propre voyage au Congo quelques années auparavant. Après six années passées en Asie, Joseph Konrad Korzeniowski, d'origine polonaise, se rend à Bruxelles. Grâce à une tante, il obtient un poste de capitaine de navire. Mais il va devoir délaisser les océans et autres mers immenses pour un fleuve mystérieux et autrement plus périlleux : le Congo. Perrissin, le scénariste de ce roman graphique, a raconté sans l'enjoliver le choc de cet aristocrate distingué confronté à la cupidité et la bêtise de colons blancs. Sous prétexte d'évangélisation et d'éducation des peuples, ils pillent sans vergogne. Avant les forêts et les sous-sols, c'est l'ivoire qui provoque cette ruée vers un pays, une région. Dessinée par Tirabosco dans son style noir et charbonneux caractéristique, cette BD, malgré son absence de couleurs, est parfois lumineuse comme une savane écrasée de soleil ou sombre comme la forêt vierge humide et hostile. Les hommes Blancs, dans cet enfer, survivent difficilement. C'est d'ailleurs la maladie qui a écourté le séjour de Joseph Conrad. Après cette escale au Congo il n'a quasiment plus voyagé, se contentant d'entraîner ses lecteurs dans ces contrées éloignées.
« Kongo », Futuropolis, 24 €