Si Régis Loisel est longtemps resté sans rien publier de nouveau, l'attente valait la chandelle. Après trois années de travail intense, il sort pour cette fin d'année un nouvel album (une nouvelle grand œuvre diront les plus enthousiastes), gros, grand et fantastiquement passionnant.
Sur une idée de Jean-Blaise Djian, le scénariste, Loisel a imaginé ce petit monde délirant et l'a couché sur papier. Une histoire d'amour contrariée. Pierrot, facteur à bicyclette, est laid comme un pou. Un peu simple aussi. Persuadé qu'il est encore plus beau que les acteurs d'Hollywood, il collectionne les râteaux. Le soir, en rentrant chez lui, il admire Lola, lui déclare sa flamme. Lola est mannequin. Pas de celles qui défilent sur les podiums. Lola est un mannequin en plastique, planté immobile dans la vitrine d'un magasin de dessous affriolants.
Amour contrarié, voire impossible. A moins que la mère de Pierrot ne donne vie à Lola. La matrone, qui vit dans cette maison près de la forêt, est un peu sorcière et maîtrise le vaudou. C'est dans cet environnement que le petit peuple fantastique de Loisel prend vie : lutins aux noms de héros de BD (Akim, Bécassine, Zembla), serviteur rigide, père statufié et autres joyeusetés ou monstruosités. Sans oublier Mimi, sosie en chair et en os de Lola, jeune fille louée pour la soirée par la mère de Pierrot.
Sur plus de 150 pages Régis Loisel laisse son imagination et sa plume courir sans la moindre contrainte. C'est baroque, étonnant, beau et sensible. Du grand art, un futur classique de la bande dessinée.
« La dernière maison juste avant la forêt » de Régis Loisel et Jean-Blaise Djian, Rue de Sèvres, 168 pages, 35 € (Version en noir et blanc, 184 pages, 38 €)


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