jeudi 9 juillet 2009

BD - La guerrière Aria en plein cauchemar


Aria, guerrière indépendante allant au gré des vents, poursuit sa découverte du pays de l'Ovéron. La contrée était calme et prospère. L'arrivée d'une secte a bousculé l'équilibre. Les trigyres imposent terreur et arbitraire. Ils sont aidés par le grand maître Dragannath qui a pris le pouvoir. Mais si le peuple fait le dos rond, la résistance s'organise. Aria, naturellement, est enrôlée dans les forces libres. Mais elle trouve que ces dernières manquent d'ambition. Elle va donc être au centre d'un plan qui devrait définitivement supprimer les tyrans d'Ovéron. 

Pour cela, elle devra utiliser les pouvoirs magiques de la Mamaïtha. Un produit qui provoque d'horribles cauchemars. Elle en goûtera un peu et se retrouvera face à des monstres terrifiants. Un plan qui oblige Aria à se jeter dans la gueule du loup. Elle mènera sa mission sous les atours d'une courtisane au cours d'une grande fête décadente. 

La série d'heroic fantasy de Weyland, une des plus ancienne du genre, est toujours aussi efficace. L'héroïne est belle, téméraire et ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Un caractère de cochon qui ne peut que séduire le public BD.

« Aria » (tome 31), Dupuis, 10,40 € 

mercredi 8 juillet 2009

BD - Quand Christophe Bec imagine la fin du monde


L'avantage avec la bande dessinée, c'est que contrairement au cinéma, un créateur un peu ambitieux n'est pas limité par son budget. Christophe Bec l'a bien compris, se permettant des scènes qui n'auraient pas été imaginables dans la réalité. Le second tome de sa nouvelle série, « Prométhée », donne à voir la chute de milliers d'avions de ligne, la réapparition du Titanic, la destruction de New York par une pluie de déchets spatiaux et l'arrivée de vaisseaux spatiaux extra-terrestres sur les USA. Le tout avec des dessins réalistes criants de vérité. On s'y croirait. 

Toute la planète est en émoi. A 13 h 13, chaque jour, des catastrophes frappent l'Humanité. Les médias tentent de comprendre et certains dénoncent une manipulation planétaire des USA. Un projet secret destiné à imposer un nouvel ordre, une nouvelle religion... Mais dans la coulisse, la vérité serait ailleurs. Il s'agirait d'une invasion d'extra-terrestres hostiles.

 Beaucoup de souffle dans cette nouvelle série où l'auteur, originaire de l'Aveyron, retrouve avec bonheur toute la spécificité de son univers fantastique très personnel.

« Prométhée » (tome 2), Soleil, 12,90 € 

mardi 7 juillet 2009

Polar - Marseille lave plus blanc avec Franz-Olivier Giesbert

Un tueur en série sévit à Marseille. Il égorge ses victimes. Qui sont souvent des crapules finies. L'Immortel enquête.


Ce roman policier, truffé de rebondissements, de morts violentes et de personnages tous plus délirants les uns que les autres, plonge le lecteur dans une ville de Marseille gangrénée par la corruption et les ambitions de quelques gros nababs. Ecrit par Franz-Olivier Giesbert, on prend autant de plaisir à lire ces 300 pages que le journaliste en a éprouvé à les écrire. Car ce polar est avant tout une œuvre de divertissement, un exercice de style parfaitement maîtrisé, idéal pour cette période de vacances et de farniente.

Tout commence par le meurtre de la femme du commissaire Thomas Estoublon. Après une journée de travail, en solitaire, il la retrouve égorgée dans son lit. Très rapidement ses collègues le soupçonnent car le couple battait de l'aile. Seule Marie Sastre, commissaire elle aussi, est persuadée de l'innocence de Thomas. Mais elle ne peut empêcher son incarcération. Le policier, très déprimé, se pendra aux barreaux de sa cellule. Alors que le tueur sévit une seconde fois,, le disculpant à retardement. La presse s'empare des faits divers et baptise l'assassin du sobriquet le « Lessiveur » car il nettoie les scènes du crime avant ses forfaits. Un Lessiveur qui semble mener un combat très personnel, les victimes ne se connaissent pas mais ont au moins un point en commun : elles ne sont pas aussi innocentes qu'il n'y paraît.

Croutes de flic

Franz-Olivier Giesbert déroule son récit en suivant plus spécialement les agissements de trois personnages. Marie Sastre, la policière, pugnace mais si fragile, si attendrissante : « avec son menton décidé et sa bouche à baisers, elle était si naturelle qu'elle n'avait pas à se préoccuper de le paraître. Elle se fichait des apparences. De la sienne, notamment. » Elle tentera de démasquer le Lessiveur avec l'aide de Charly Garlaban, l'Immortel. Ayant survécu après avoir été criblé de balles, il ne sera pas insensible au charme de Marie malgré ses étranges manies, par exemple de s'entretenir des croûtes purulentes en divers endroits cachés de son corps. Un bon palliatif quand son chef s'en prend à elle : « Pendant cet échange, Marie Sastre s'était gratté le bras, puis l'aisselle où elle s'acharna sur une croûte qui finit par tomber. »

Tueur utile

Le troisième personnage clé c'est le Lessiveur. Dans certains chapitres, il commente ses exploits à la première personne. Le lecteur ne sait pas encore qui il est ni ses motivations, mais il a parfaitement conscience de la folie de cet homme, maniaque, sadique mais pas si inutile à la société alors qu'il est en pleine réflexion devant une de ses victimes se vidant de son sang : « Je dois à la vérité que j'éprouvais de la jouissance à le regarder mourir et que cette jouissance n'était pas seulement intellectuelle. Toutes les fibres de mon corps vibraient en même temps. Ce n'était pas tant à cause de la puissance que j'éprouvais devant cette pauvre chose qui se ventrouillait à mes pieds. Non, c'était l'idée d'avoir été utile à quelque chose en punissant une pourriture. J'avais le sentiment du travail accompli. »

Enfin il faut rajouter dans cette galerie des plus réussie la ville de Marseille. Toujours aussi belle et convoitée, elle donne une dimension supplémentaire à ce polar radical.

« Le Lessiveur », Franz-Olivier Giesbert, Flammarion, 19,90 € 

lundi 6 juillet 2009

BD - "Les cairns rouges", quatrième épisode de la série Seuls


Autant le dire d'entrée : un des personnages principaux de « Seuls » meurt à la fin de ce quatrième titre. Fabien Vehlmann, le scénariste, maîtrise parfaitement son sujet. Il parvient à développer l'intrigue générale, tout en donnant une tonalité particulière à chaque opus. 

Cette fois, ce sont des singes qui sont au centre de l'intrigue. Ils semblent s'être échappés du cirque, comme les autres animaux qui traînent en ville. Mais des singes en liberté, dans une ville déserte, adoptent rapidement une attitude étrange. Ils construisent des cairns, des amoncellement d'objets, qu'ils recouvrent de peinture rouge. 

Comme pour délimiter leur territoire. Ils campent dans un théâtre. C'est là qu'ils ont fait prisonnier un bébé. Dodji, Leila, Camille, Yvan et Terry, rejoints par d'autres enfants, eux aussi derniers survivants de l'Humanité, vont tenter de libérer l'enfant. 

Bruno Gazzotti, au dessin, impose de page en page la fluidité de ses cadrages et de sa mise en page. C'est passionnant. Du pur suspense comme on n'en fabrique que trop rarement.

« Seuls » (tome 4), Dupuis, 9,45 € 

dimanche 5 juillet 2009

BD - Fuite spatiale de plusieurs "Fugitifs"


Laurent Verron a longtemps été l'assistant de Roba. Logiquement il a repris les personnages de Boule et Bill. Mais ce dessinateur talentueux a toujours, en parallèle, développé des séries personnelles. Après avoir animé les iconoclastes aventures d'Odilon Verjus (avec Yann au scénario), il vient de lancer une série de science-fiction destinée plus spécialement aux jeunes lecteurs.

 « Fugitifs sur Terra II » raconte la rencontre entre trois jeunes que tout oppose mais qui devront s'unir et se comprendre pour survivre. La princesse Balti est l'héritière du trône. La junte vient de renverser ses parents. Les militaires voudraient bien l'éliminer définitivement. Son vaisseau vient de se crasher près de Pablo, un jeune paysan. De l'épave sort une autre jeune fille, Tiph, la fille du cuisinier du palais. Un trio qui aura l'aide de Bakou, un orang-outang amélioré. 

Si le scénario de Cric est un peu trop simple, on est en admiration devant le dessin, nerveux et très expressif de Verron.

« Fugitifs sur Terra II » (tome 1), Dargaud, 9,45 € 

samedi 4 juillet 2009

BD - Souvenirs émus de la toute première fois


Pour vous, la première fois, c'était à quel âge, où, dans quelle condition et avec qui ? Ces interrogations sont toutes comprises dans le concept de ce recueil d'histoires courtes dessinées par Krassinsky sur la base de récits authentiques d'amis ou d'anonymes. On parle beaucoup de sexe dans cet album, mais jamais de façon vulgaire. 

Par contre, ces premières fois sont souvent originales et comiques. Et sont tout à fait crédibles malgré leur incongruité. Ainsi le témoignage de Juliette qui se souvient : « pendant tout le temps que ça a duré, j'avais cet air dans la tête. Tata Yoyo. Impossible de penser à autre chose ». Ou Charlotte qui se focalise sur la personnalité de son partenaire : « Avec le plus beau mec du lycée. Qui se trouvait être aussi le plus con. » 

Cela touche à l'intime, mais approche de l'universel. Des situations à déguster avec gourmandise car si personnellement on n'a qu'une seule et unique première fois, dans cet album il y en a des dizaines.

« Toutoute première fois », Fluide Glacial, 9,95 € 

vendredi 3 juillet 2009

BD - Cette Afrique tant aimée par "Le Landais volant"


Jean-Dextre Pandar de Cadillac, baron et Landais, part à l'aventure en Afrique. Il arrive plein de bonne volonté, comme pour rattraper toutes les horreurs de ses ancêtres. Mais le continent noir a bien évolué. La naïveté du héros est du pain béni pour quelques aigrefins qui font commerce de l'attrape-nigaud. Mais comme il a bon fond, il fait aussi de remarquables rencontres. 

Cette BD de Nicolas Dumontheuil est très librement inspirée de ses périples en Afrique alors que le personnage est plutôt la représentation de Jean-Denis Pendanx, autre dessinateur des éditions Futuropolis. On retrouve dans ces trois premiers chapitres une Afrique envoutante, celle qui fera toujours rêver les jeunes aventuriers blancs.

« Le Landais volant » (tome 1), Futuropolis, 16 euros 

jeudi 2 juillet 2009

BD - Fuir loin de la banlieue et « Faire semblant les jours d'orage »


Deux jeunes de banlieue. Mike, rêvant de grands espaces, JP, quasi muet, à la force de frappe dévastatrice. Ils végètent entre beau-père violent et mère accro aux soap de la télévision. Pas intégrés, sans avenir. Il faudra un gros fait divers pour qu'ils franchissent le pas. Fuir pour échapper à la prison. Dans leur cavale ils vont croiser la route de Basile, vendeur de lunettes démodées sur le marché. Un trio improbable qui va mettre du temps à s'apprivoiser pour finalement s'entraider efficacement. 

Ce récit de Nicolas Poupon débute dans la noirceur totale et s'achève sur une belle note d'optimisme. Une BD sociale dans l'air du temps.

« Faire semblant les jours d'orage », Delcourt, 16,50 euros 

mercredi 1 juillet 2009

BD - Transition avant une naissance


Un premier enfant, dans un jeune couple, n'est jamais sans conséquence. Et dès les premières semaines de grossesse le fragile équilibre est mis à rude épreuve. C'est la trame de ce récit de Nicolas Vadot. Mais l'auteur aimant mettre en place un univers très personnel, le futur père, durant ces neuf mois, va passer de nuits loin de la réalité. 

En passant sous un un tunnel, il se retrouve sur une route rectiligne au milieu d'un désert. Là, il va rencontrer un marchand de sable, une psychologue, Morphée, et un bûcheron. Sans oublier un jeune chat. 

Poétique, merveilleuse, cette vision de la naissance, éternel recommencement, ne laisse pas indifférent.

« Neuf mois », Casterman, 15 euros 

mardi 30 juin 2009

Littérature jeunesse - Selon Christophe Galfard, « La science peut alimenter l’imaginaire »

Avec son « Prince des nuages », Christophe Galfard nous emmène dans l’atmosphère - au sens propre - qui le fascine et dont personne ne sortira indifférent.


Grand, svelte, brun aux yeux tour à tour malicieux ou sérieux, le sourire ravageur, à 33 ans, Christophe Galfard a tout pour séduire. D’autant qu’il ne se contente pas d’avoir la tête bien faite mais également bien pleine ! Bref, impossible de résister à ce scientifique de haut niveau - école d’ingénieurs en France suivi d’un DEA en mathématiques à Cambridge (excusez du peu !) pour finir par un doctorat en physique théorique sous la direction du célèbre astrophysicien Stephen Hawking, grâce auquel il devient spécialiste des trous noirs et de l’origine de l’univers.

Tout le passionne !

Mais la plus grande qualité de C. Galfard reste sans doute son humilité désarmante et aussi son désir de transmettre son savoir. « Cela fait partie d’un être humain que d’essayer de comprendre le monde qui nous entoure » déclare-t-il. Même si vous êtes un parfait néophyte en la matière, il aura le plaisir et la patience de vous expliquer simplement les choses et je puis vous l’assurer, vous vous sentez nettement plus intelligent après son intervention ! « J’adore les histoires, confie-t-il, les raconter, vivre au travers d’elles nous ramènent vers notre réalité. Ce qui me plaît c‘est l’échange parce qu‘en transmettant je reçois énormément aussi ».

Selon lui, « la science est obligatoire parce que les solutions sont basées sur des choses rationnelles ».

N’allez pourtant pas vous imaginer que, comme pas mal de scientifiques, tout le reste lui paraît dérisoire. Son livre le prouve d’ailleurs, où l’on trouve des passages poétiques, d’autres drôles qui forment un parfait équilibre avec les encadrés scientifiques. « J’ai lu beaucoup de poésies. La science est incroyablement poétique. Une des caractéristiques de la poésie est de se retrouver minuscule dans un monde incompréhensible. »

Un roman en symbiose avec la science


Entre le jeune Tristam, le « rêveur » du groupe, son ami Tom et Myrtille, fille du roi des nuages du nord , détrôné par le Tyran, existent une complicité sans faille. Tous vivent dans un village bâti sur un nuage destiné à cacher Myrtille et paradoxalement, on entre dans l’histoire avec une facilité déconcertante, même si chacun sait que s’exiler sur un nuage paraît plutôt allégorique ! Le paradoxe est d’ailleurs toujours présent puisque les habitants y font pousser du riz ! « J’ai beaucoup réfléchi à ce qui pourrait croître sur ce qui n’est finalement que de l’eau et j’ai donc pensé au riz », sourit C. Galfard.

Hélas le Tyran finit par retrouver le nuage et décide de faire non seulement de tout le peuple ses esclaves mais en sus d’interférer sur le climat de la terre pour en faire une arme de guerre. Seule Myrtille se voit proposer par le Tyran lui-même de régner à ses côtés. Quant à Tristam et Tom, ils ont réussi in extremis à s’enfuir avant la capture générale sur une moto libellule programmée pour arriver dans un lieu bien précis. Tristam réussit à emmener un petit paquet soigneusement ficelé par sa mère, quant à Tom, il serre contre son cœur un livre qu’il a découvert quelques jours plus tôt à la bibliothèque « L’art subtil de la guerre des nuages ». Il est persuadé que, grâce à sa trouvaille, il pourra devenir Maître des Vents, battre le Tyran et ainsi sauver son peuple.

Le roman est scandé d’encadrés scientifiques, dosés juste comme il faut pour ne pas lasser le lecteur et extrêmement intéressants. Agrémentés de graphiques, ils sont à la portée des enfants à partir de neuf ans mais les adultes y trouveront aussi leur compte ! Les illustrations de Vincent Dutrait, auquel on doit aussi la couverture, toutes en noir et blanc, sont très expressives et traduisent un petit côté mélancolique qui n’est pas sans rappeler que sur terre - et dans les nuages - il se passe des choses terribles au niveau de l’écologie pour ne citer que celle-là. Et la guerre bien évidemment. « Une terrible vérité venait de le frapper de plein fouet : les batailles, les conflits et les guerres impliquent toujours des enfants ». Mais comme le fait remarquer C. Galfard, « il faut bien commencer par la mélancolie pour trouver la joie ! »

Un travail de chaque instant

C. Galfard ne s’en cache pas, il a beaucoup travaillé sur ce qui est devenu un petit bijou. « Parfois, j’ai du mal, mais j’adore quand même ! La recherche c’est un peu pareil, il faut faire preuve d’une imagination incroyable. La vraie recherche commence là où l’on ne sait plus ce qui se passe. Et mon inspiration est basée à 95% sur la science, le reste vient des lectures et d’un peu d’imagination ». Quand je vous disais qu’il n’avait pas la grosse tête… « Et puis, j’ai adoré faire de petits clins d’œil aux lecteurs mais aussi à moi-même ».

On attend avec impatience la suite dans un an.

Alors, chers parents de vos petites ou grandes têtes blondes, à présent que les vacances arrivent, petit conseil d’initiée, privilégiez le livre de C. Galfard à quelques devoirs de vacances. Ils en retiendront et en retireront certainement beaucoup plus. Et rien de vous empêche de le leur emprunter ! Parce qu’à mon sens, Christophe Galfard est sans conteste un vrai prince des nuages.

Fabienne HUART

« Le Prince des nuages », Christophe Galfard, Pocket Jeunesse, 19 €.

Christophe Galfard a également participé à l'écriture de “Georges et les secrets de l'univers” de Stephen et Lucy Hawking (Pocket jeunesse, 6,90 €) Photo : François Lebel