mardi 30 juin 2009

Littérature jeunesse - Selon Christophe Galfard, « La science peut alimenter l’imaginaire »

Avec son « Prince des nuages », Christophe Galfard nous emmène dans l’atmosphère - au sens propre - qui le fascine et dont personne ne sortira indifférent.


Grand, svelte, brun aux yeux tour à tour malicieux ou sérieux, le sourire ravageur, à 33 ans, Christophe Galfard a tout pour séduire. D’autant qu’il ne se contente pas d’avoir la tête bien faite mais également bien pleine ! Bref, impossible de résister à ce scientifique de haut niveau - école d’ingénieurs en France suivi d’un DEA en mathématiques à Cambridge (excusez du peu !) pour finir par un doctorat en physique théorique sous la direction du célèbre astrophysicien Stephen Hawking, grâce auquel il devient spécialiste des trous noirs et de l’origine de l’univers.

Tout le passionne !

Mais la plus grande qualité de C. Galfard reste sans doute son humilité désarmante et aussi son désir de transmettre son savoir. « Cela fait partie d’un être humain que d’essayer de comprendre le monde qui nous entoure » déclare-t-il. Même si vous êtes un parfait néophyte en la matière, il aura le plaisir et la patience de vous expliquer simplement les choses et je puis vous l’assurer, vous vous sentez nettement plus intelligent après son intervention ! « J’adore les histoires, confie-t-il, les raconter, vivre au travers d’elles nous ramènent vers notre réalité. Ce qui me plaît c‘est l’échange parce qu‘en transmettant je reçois énormément aussi ».

Selon lui, « la science est obligatoire parce que les solutions sont basées sur des choses rationnelles ».

N’allez pourtant pas vous imaginer que, comme pas mal de scientifiques, tout le reste lui paraît dérisoire. Son livre le prouve d’ailleurs, où l’on trouve des passages poétiques, d’autres drôles qui forment un parfait équilibre avec les encadrés scientifiques. « J’ai lu beaucoup de poésies. La science est incroyablement poétique. Une des caractéristiques de la poésie est de se retrouver minuscule dans un monde incompréhensible. »

Un roman en symbiose avec la science


Entre le jeune Tristam, le « rêveur » du groupe, son ami Tom et Myrtille, fille du roi des nuages du nord , détrôné par le Tyran, existent une complicité sans faille. Tous vivent dans un village bâti sur un nuage destiné à cacher Myrtille et paradoxalement, on entre dans l’histoire avec une facilité déconcertante, même si chacun sait que s’exiler sur un nuage paraît plutôt allégorique ! Le paradoxe est d’ailleurs toujours présent puisque les habitants y font pousser du riz ! « J’ai beaucoup réfléchi à ce qui pourrait croître sur ce qui n’est finalement que de l’eau et j’ai donc pensé au riz », sourit C. Galfard.

Hélas le Tyran finit par retrouver le nuage et décide de faire non seulement de tout le peuple ses esclaves mais en sus d’interférer sur le climat de la terre pour en faire une arme de guerre. Seule Myrtille se voit proposer par le Tyran lui-même de régner à ses côtés. Quant à Tristam et Tom, ils ont réussi in extremis à s’enfuir avant la capture générale sur une moto libellule programmée pour arriver dans un lieu bien précis. Tristam réussit à emmener un petit paquet soigneusement ficelé par sa mère, quant à Tom, il serre contre son cœur un livre qu’il a découvert quelques jours plus tôt à la bibliothèque « L’art subtil de la guerre des nuages ». Il est persuadé que, grâce à sa trouvaille, il pourra devenir Maître des Vents, battre le Tyran et ainsi sauver son peuple.

Le roman est scandé d’encadrés scientifiques, dosés juste comme il faut pour ne pas lasser le lecteur et extrêmement intéressants. Agrémentés de graphiques, ils sont à la portée des enfants à partir de neuf ans mais les adultes y trouveront aussi leur compte ! Les illustrations de Vincent Dutrait, auquel on doit aussi la couverture, toutes en noir et blanc, sont très expressives et traduisent un petit côté mélancolique qui n’est pas sans rappeler que sur terre - et dans les nuages - il se passe des choses terribles au niveau de l’écologie pour ne citer que celle-là. Et la guerre bien évidemment. « Une terrible vérité venait de le frapper de plein fouet : les batailles, les conflits et les guerres impliquent toujours des enfants ». Mais comme le fait remarquer C. Galfard, « il faut bien commencer par la mélancolie pour trouver la joie ! »

Un travail de chaque instant

C. Galfard ne s’en cache pas, il a beaucoup travaillé sur ce qui est devenu un petit bijou. « Parfois, j’ai du mal, mais j’adore quand même ! La recherche c’est un peu pareil, il faut faire preuve d’une imagination incroyable. La vraie recherche commence là où l’on ne sait plus ce qui se passe. Et mon inspiration est basée à 95% sur la science, le reste vient des lectures et d’un peu d’imagination ». Quand je vous disais qu’il n’avait pas la grosse tête… « Et puis, j’ai adoré faire de petits clins d’œil aux lecteurs mais aussi à moi-même ».

On attend avec impatience la suite dans un an.

Alors, chers parents de vos petites ou grandes têtes blondes, à présent que les vacances arrivent, petit conseil d’initiée, privilégiez le livre de C. Galfard à quelques devoirs de vacances. Ils en retiendront et en retireront certainement beaucoup plus. Et rien de vous empêche de le leur emprunter ! Parce qu’à mon sens, Christophe Galfard est sans conteste un vrai prince des nuages.

Fabienne HUART

« Le Prince des nuages », Christophe Galfard, Pocket Jeunesse, 19 €.

Christophe Galfard a également participé à l'écriture de “Georges et les secrets de l'univers” de Stephen et Lucy Hawking (Pocket jeunesse, 6,90 €) Photo : François Lebel 

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