Si Pierre Bourdieu a longtemps animé la vie intellectuelle française, le grand sociologue a perdu de son aura en ce XXIe siècle de plus en plus violent et religieux. Pourtant on aurait aimé avoir son avis sur les derniers événements actuels, tant en Ukraine qu’au Proche-Orient. Faute d’être du présent, Bourdieu revient sur le devant de la scène grâce à cette grosse BD très documentée sur ses années algériennes.
Jeune étudiant, il est mobilisé à la fin des années 50 pour « maintenir l’ordre » en Algérie. Quel sera son rôle exact au sein de la propagande de l’armée française ? Pas de réponse faute d’archives. Par contre la suite de son engagement est connue et marque le début de ses travaux de recherches en sociologie. Il décide d’aller enseigner à l’université d’Alger, un des rares Occidentaux à ne faire aucune différence entre étudiants pieds-noirs et musulmans. C’est au cours de ces années qu’il tombera amoureux de ce pays et nouera de nombreux liens d’amitié avec des intellectuels locaux, souvent actifs dans le processus de l’indépendance.
Pascal Génot a longuement enquêté sur place, rencontrant des survivants de cette période troublée. Il retrace ces années algériennes mais explique aussi l’origine de la sociologie, et raconte l’Algérie des années noires et d’aujourd’hui. Le tout dessiné par Olivier Thomas alternant images d’archives et vues sublimes de ce pays aux décors lumineux et d’une grande beauté.
Une somme, parfois un peu trop complexe, mais qui éclaire le lecteur sur le fondement de la pensée de Bourdieu et aussi l’histoire, passée et actuelle, de ce pays toujours en devenir qu’est l’Algérie.
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