Chaque pays a sa devise. Face à « Liberté, égalité fraternité » si chère aux Français, les habitants du Liberland ont préféré « Vivre et laissez vivre ». Devise toute théorique comme le pays, utopie libertarienne qui n’a jamais réussi à passer l’épreuve de la reconnaissance par une autre nation. La brève histoire du Liberland est racontée par Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, deux auteurs qui ont rencontré le président de ce micro-état situé sur la Danube, sur une bande de terre non revendiquée entre Croatie et Serbie.
Ce document, raconté comme un roman politico-diplomatique, est par moment incroyable. Comment un Tchèque, homme politique qui a tenté en vain d’importer le parti libertarien des USA dans son pays, a cru possible de créer un état indépendant sur cette bande de terre coincée dans les méandres du Danube entre deux pays qui il y 20 ans à peine étaient en pleine guerre ?
Pourtant Vit Jedlicka y a cru jusqu’au bout. Tout a débuté en 2015. Vit, sa compagne et un ami, posent le pied sur ces terres, les revendiquent et hissent les couleurs du Liberland. Ils sont vite chassés par les gardes-frontières croates. Ce qui était considéré comme une plaisanterie devient plus compliqué quand des milliers de personnes veulent devenir citoyens du Liberland. L’argent afflue, Vit entreprend de longues tournées pour recevoir le soutien de pays. Il croit arriver à son but quand il est officiellement invité comme chef d’État à l’investiture de Trump.
Mais malgré se solides appuis chez les Républicains américains, les USA ne bougent pas. Et sur place, les centaines de colons sont obligés de rester loin des terres revendiquées.
Ces péripéties sont racontées avec gravité, parfois humour, par les deux auteurs qui loin de banaliser cet état où tout serait permis, soulignent aussi que c’est essentiellement l’extrême-droite, les racistes et les complotistes qui apprécieraient qu’un tel état voit le jour. Pour l’instant ce n’est pas le cas. Mais d’autres tentatives pourraient voir le jour, sur d’autres terres reculées et vierges.
« Voyage au Liberland » de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, Marchialy, 20 €
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